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INDEX : AMR 51/074/2010, 19 AOÛT 2010
URGENT ACTION
UA 181/10
UNE FEMME AU FAIBLE QUOTIENT INTELLEC-
TUELLE RISQUE D’ETRE BIENTOT EXECUTEE
ÉTAS-UNIS
L’exécution de Teresa Lewis est prévue pour le 23 septembre en Virginie, aux États-Unis. Cette femme, dont le quotient
intellectuel a été évalué comme se situant à la limite du retard mental, a été condamnée à la peine capitale pour avoir
planifié l’homicide de son mari et de son beau-fils. Les hommes qui ont perpétré les meurtres ont été condamnés à la
réclusion à perpétuité.
Matthew Shallenberger et Rodney Fuller ont abattu Julian Lewis et son fils adulte, Charles Lewis, chez eux, très tôt le 30
octobre 2002. Le 15 mai 2003, Teresa Lewis a plaidé coupable de meurtre passible de la peine de mort pour son rôle dans ces
homicides. De ce fait, sa sentence devait être prononcée par un juge, et non par un jury. L’accusation a affirmé que cette
femme avait attiré Matthew Shallenberger et Rodney Fuller en couchant avec eux, en leur offrant des cadeaux et en leur
promettant de partager le montant de l’assurance vie – et les avait poussés à commettre ces meurtres. S’appuyant largement
sur la manière dont le procureur avait présenté l’affaire, le juge a estimé que Teresa Lewis en était le « cerveau » et il l’a
condamnée à la peine capitale. L’accusation a convenu que Rodney Fuller devait être condamné à la réclusion à perpétuité
pour avoir plaidé coupable et coopéré, et le juge a déclaré qu’il ne pouvait pas, « en toute conscience », condamner Matthew
Shallenberger à une peine plus lourde que celle de Rodney Fuller. Un psychologue a fait passer un test à Teresa Lewis avant
qu’elle plaide coupable et a évalué son quotient intellectuel (QI) à 72, un niveau à la limite du retard mental. Des examens
menés après sa condamnation ont apporté d’autres éléments mettant en évidence ses handicaps mentaux. Un second
psychologue, désigné par l’État, a évalué le QI de cette femme à 70. Des experts médicaux ont diagnostiqué chez elle un
trouble de la personnalité dépendante et une dépendance aux analgésiques, deux problèmes dont elle souffrait déjà avant le
double homicide, ce qui remet encore plus en cause l’idée qu’elle puisse avoir planifié ces meurtres (voir en seconde page). Le
QI de Matthew Shallenberger, en revanche, a été évalué à 113 (et celui de Rodney Fuller à 68). Dans un entretien mené en
2004 par l’équipe chargée de la défense de Teresa Lewis, Matthew Shallenberger a déclaré qu’il avait tout orchestré et que les
meurtres avaient été son idée. Selon l’un des enquêteurs de la défense, Shallenberger lui aurait dit que « dès qu’il [avait]
rencontré Teresa, il [l’avait] jaugée comme quelqu’un de pas trop intelligent et de facile à manipuler ». L’enquêteur a affirmé que
Matthew Shallenberger avait déclaré que s’il avait commis ce crime pour obtenir l’argent des polices d’assurance vie qu’il
pensait que les victimes avaient souscrites, « lui et Teresa n’ont jamais précisément parlé d’argent, de l’assurance, ou du fait
que Teresa le “paierait” pour un meurtre ». Dans une lettre qu’il avait envoyée à un de ses amis et que les avocats ont obtenue,
Matthew Shallenberger a écrit : « la seule raison pour laquelle j’ai couché avec [Teresa Lewis] c’était pour l’argent, pour qu’elle
tombe amoureuse de moi et me donne l’argent de l’assurance ». D’autre part, en 2004, Rodney Fuller a déclaré qu’« il [lui]
semblait que madame Lewis faisait à peu près tout ce que Shallenberger pouvait lui demander » et que « c’était clairement
Shallenberger le chef, pas madame Lewis ».
INFORMATIONS GÉNÉRALES
Les avocats de Teresa Lewis ont obtenu une évaluation de sa santé mentale après sa condamnation en 2003. En 2004, une professeure de
psychiatrie de l’université de Virginie a conclut qu’« avant, pendant et immédiatement après les meurtres, la santé mentale et les capacités
intellectuelles de madame Lewis étaient affaiblies de manière significative par plusieurs troubles dont elle était atteinte. Elle présentait
notamment : 1. un retard de développement - diagnostic de fonctionnement intellectuel limite ; 2. des caractéristiques d’une personnalité
passive-dépendante ; et 3. une dépendance aux médicaments […] Je suis d’avis que du fait de ces limitations, il est hautement improbable
qu’elle ait été capable d’imaginer ce crime et de le planifier […] Au moment des meurtres, son jugement était gravement altéré par ses
handicaps et sa dépendance et elle aurait pu être facilement manipulée par d’autres. » Cette professeure a également conclut que l’usage
excessif de médicaments par Teresa Lewis et sa dépendance à ces substances pouvaient expliquer son apparente absence de remords au
moment des crimes, qui avait été citée par l’accusation et les tribunaux pour justifier sa condamnation à mort. Selon la psychiatre, « il semble
évident que madame Lewis éprouve un fort sentiment de culpabilité et qu’elle a énormément de remords face à ses actes. Elle souffre d’un
syndrome de stress post-traumatique et suit un traitement médical et une psychothérapie. Elle dit que des souvenirs des événements lui
reviennent fréquemment, qu’elle en rêve, qu’elle a encore des insomnies et qu’elle repense à ce qu’il s’est passé au moment de dormir. Elle a
les larmes aux yeux quand elle décrit la nuit des meurtres ou l’impact sur sa famille, en particulier sur son fils. »
Toujours en 2004, un autre spécialiste de la santé mentale, professeur de psychologie à l’université Duke, en Caroline du Nord, a fait part de
son opinion. Il a conclu que « lorsque plusieurs sources d’information sont prises en compte, il devient parfaitement évident que Teresa ne
possédait ni l’intelligence verbale, ni le degré d’initiative indépendante nécessaires pour élaborer et mettre en place un plan visant à tuer les
victimes. L’idée que Teresa ait pu conduire deux hommes à commettre ces crimes n’est pas non plus cohérente avec les profils de personnalité
établis par les tests, ni avec les schémas de personnalité mis en évidence par ses choix de vie. Teresa a passé sa vie à prendre des “ordres”
venant d’hommes et à obéir à leurs souhaits afin de leur plaire […] D’un point de vue psychologique, une femme qui souffre d’un retard mental
fonctionnel et d’un trouble de la personnalité passive-dépendante et qui a pour habitude, tout au long de sa vie, de chercher l’approbation des
hommes en se soumettant à eux fait une mauvaise candidate pour le rôle de cerveau complotant un meurtre odieux. » Il a déclaré, à propos de
l’évaluation du QI de Teresa Lewis au moment de sa condamnation, qu’« en pratique, la différence de niveau de fonctionnement intellectuel
d’une personne ayant un QI de 72 n’est pas discernable de celui d’une personne ayant un QI de 69. Sans aucun doute, il serait déraisonnable,
d’un point de vue professionnel, de fonder une décision de vie ou de mort sur trois points de QI. » Il est en effet interdit, aux États-Unis,
d’exécuter des personnes souffrant d’un « retard mental ». Or, un QI de 70 ou moins peut indiquer un retard mental.
Ces témoignages ont été présentés devant le tribunal lors d’une audience consacrée à l’examen d’éléments de preuve qui a eu lieu après que
Teresa Lewis eut été condamnée. L’État a présenté l’évaluation d’un autre spécialiste de la santé mentale, qui contestait les diagnostics de
trouble de la personnalité dépendante et de dépendance aux médicaments. Ce spécialiste estimait que Teresa Lewis avait la capacité mentale
de planifier ce crime et de mettre son plan à exécution. Le juge a maintenu la condamnation à la peine capitale et les cours d’appel ont confir
cette décision.
Depuis sept ans, Teresa Lewis, qui est actuellement la seule femme condamnée à mort en Virginie, est détenue en unité d’isolement à la prison
pour femmes de Fluvanna. Son maintien dans cette unité n’est pas lié à une mesure disciplinaire. Elle passe pratiquement tout son temps seule
dans sa cellule. Lorsqu’elle est autorisée à sortir pour « se détendre », elle est seule. Lorsque d’autres détenues sont placées temporairement
en unité d’isolement pour des probmes de discipline ou de comportement perturbateur au sein du reste de la population carcérale, elle peut
les entendre et parler avec elles. Elle est également autorisée à rencontrer régulièrement l’aumônier de la prison.
Amnesty International s’oppose catégoriquement à la peine de mort, en toutes circonstances et dans tous les pays. Depuis la reprise des
exécutions judiciaires aux ÉtatsUnis en 1977, les autorités de ce pays ont ôté la vie à 1 224 personnes : 1213 hommes et 11 femmes (soit 99
% d’hommes). Cent-sept de ces ecutions ont eu lieu en Virginie. Virginia Christian est la dernière femme à avoir été exécutée dans cet État.
Elle a été tuée sur la chaise électrique le 11 août 1912 pour un meurtre commis alors qu’elle était âgée de 17 ans. La dernière femme à avoir
été exécutée aux États-Unis était Frances Newton. Elle a été mise à mort au Texas en septembre 2005. Trente-six personnes ont été
exécutées aux États-Unis cette année, dont deux en Virginie.
DANS LES APPELS QUE VOUS FEREZ PARVENIR LE PLUS VITE POSSIBLE AUX DESTINATAIRES MENTIONNÉS CI-
APRÈS et que vous rédigerez (en anglais ou dans votre propre langue) en utilisant vos propres mots :
dites que vous ne cherchez aucunement à excuser le meurtre de Julian et Charles Lewis ;
mettez en avant les troubles mentaux de Teresa Lewis et le fait que les éléments présentés en appel par les avocats de
cette femme jettent le doute sur la version des faits présentée par l’accusation, qui avait été largement acceptée par la
Cour ;
rappelez que les deux hommes qui se sont rendus physiquement coupables de ces homicides ont été condamnés à la
réclusion à perpétuité et soulignez que l’un d’eux a, depuis, affirmé être à l’origine de ces meurtres ;
exhortez le gouverneur à gracier Teresa Lewis et à commuer la peine de mort prononcée contre elle.
ENVOYEZ VOS APPELS AVANT LE 23 SEPTEMBRE 2010.
APPELS À
Governor Bob McDonnell
Office of the Governor
PO Box 1475
Richmond
Virginia 23218
États-Unis
Courriel : via son site Internet (en anglais) : http://www.governor.virginia.gov/AboutTheGovernor/contactGovernor.cfm
Fax : +1 804 371 6351
Formule d’appel : Dear Governor, / Monsieur le Gouverneur,
COPIE À
Ambassade des Etats-Unis d'Amérique,
Case postale,
Sulgeneckstrasse 19,
3007 Berne.
Fax : 031 357 73 44
Internet: http://bern.usembassy.gov/
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