2/ Socialement nécessaire: nécessaire en moyenne dans une société donnée, caractérisée par un certain
degré de développement des forces productives, c.à.d. de la productivité du travail. (1/54). Ce degré ne
varie pas seulement de pays à pays, il change avec le temps; par travail socialement nécessaire il faut
entendre ainsi "le travail nécessaire dans les conditions actuelles de la société." (1/208). Une marchan-
dise qui a exigé plus de temps de travail parce qu'elle n'a pas été exécutée "avec le degré moyen d'ha-
bileté et d'intensité" ne peut s'en prévaloir. Pas davantage une marchandise ayant exigé un temps de
travail socialement nécessaire autrefois.
3/ Direct et indirect. Le premier, le travail actuel ou vivant, sert immédiatement à produire la marchan-
dise dont il s'agit; le deuxième, travail passé ou mort, a servi à produire les moyens ou matières néces-
saires à la production de cette marchandise. (1/184-5).
4/ Simple, et complexe ou qualifié; ce dernier sera considéré comme du "travail simple multiplié, de
sorte qu'une quantité donnée de travail complexe correspond à une quantité plus grande de travail
simple," (1/59).
2. - Preuve.
Le trait fondamental de l'échange marchand est l'exigence que les objets échangés "vaillent autant" l'un
que l'autre. L'échange marchand est un échange valeur contre valeur équivalente. Il ne consiste pas a
troquer du blé contre de l'argent, puis de l'argent contre d'autres objets, mais telle mesure de blé contre
telle somme d'argent, puis celle-ci contre une marchandise déterminée, c.à.d. à échanger des biens (ou
des services) selon des proportions précises, où se trouve réalisée leur égalité en valeur. "L'échange ne
peut avoir lieu sans l'égalité". Aristote.
"Ni l'égalité sans la commensurabilité", le même, cité par Marx. (1/73). Cette égalité en valeur, pour
pouvoir être vérifiée, requiert une mesure commune. Les marchandises en question, pour pouvoir être
reconnues de valeur égale, doivent pouvoir être ramenées à quelque chose qui leur soit commun, à un
"troisième élément" qui leur serve de référence commune, sous le rapport de laquelle on puisse les
comparer, du fait qu'elles en "représentent un plus ou un moins" (1/53); dans le cas présent, qu'elles en
participent dans une mesure égale. Elles ne peuvent pas se servir mutuellement de mesure.
Exemple: un morceau de fer sur l'un des plateaux d'une balance et un sac de pommes de terre sur
l'autre ne peuvent être reconnus directement de valeur égale. Il faudrait qu'ils soient comparables, et
directement ils le sont aussi peu que la projection d'un film et un bouquet de fleurs etc. Ils ne le de-
viennent que par leur relation à quelque chose qui leur est commun, qui est présent dans l'un et l'autre
selon une certaine mesure tout en étant différent des deux. Ce quelque chose de commun, ce "troisième
élément" est ici leur pesanteur. (Nous verrons que la comparaison cloche; ici elle est valable).
Ce "troisième élément" ne peut pas être la valeur d'usage des objets de l'échange:
a) Sous le rapport de leurs valeurs d'usage, les objets de l'échange sont différents, estimés différents, et
il faut qu'ils le soient si l'échange doit se faire: personne n'échange un objet contre un autre d'utilité à
ses yeux identique. Or on vient de le voir: sous le rapport de ce "troisième élément" les objets sont de
valeur identique, estimés de valeur identique; faute de quoi l'échange n'a pas lieu.
b) Pour que les échangistes potentiels puissent s'accorder sur l'égalité en valeur de leurs marchandises,
pour que l'échange devienne possible, il faut que l'élément qui doit mesurer les valeurs respectives des
dites marchandises soit une grandeur susceptible d'être mesurée de son côté et socialement reconnue.
Ce dont la valeur d'usage est par nature incapable. L'utilité d'un objet relève d'une appréciation subjec-
tive et individuelle, elle dépend de l'échelle des valeurs d'un chacun.