s’accompagner d’une concurrence intraeuropéenne plus importante. Or, la France est
pénalisée par son inflation qui détériore ses performances commerciales. Par ailleurs, dans le
cadre du SME (1979), la France doit défendre sa parité, or, là aussi, l’inflation est un facteur
de dépréciation de la monnaie. Le Franc est ainsi dévalué en 1981/1982/1983 et 1986. Le FF
passe ainsi d’une parité de 2,32FF pour 1 DM à 3,33FF pour un DM. L’intégration
européenne conduit donc de plus en plus la France à chercher à éliminer les tensions
inflationnistes. A partir de 1983, l’Allemagne apparaît de plus en plus comme un modèle à
suivre. Une première mesure visant à lutter contre l’inflation porte sur le fonctionnement du
marché du travail et consiste à pratiquer la désindexation salariale (1983), c’est-à-dire à ne
plus fixer la hausse des salaires de manière automatique sur l’inflation. On doit à P.Bérégovoy
(Ministre de l’Economie et des finances de 1988 à 1991) la mise en œuvre de la politique du
« franc fort » à partir de 1988. Cette politique consiste tout d’abord à ancrer le FF sur le DM
allemand. Tant que l’inflation en France est supérieure à l’inflation allemande, le prix des
biens produits en France augmente plus vite qu’en Allemagne, la conséquence est une chute
de la compétitivité prix de l’économie française. Prenons un exemple pour illustrer : le taux
de change nominal reste stable, par exemple 1DM pour 3,33FF ; admettons qu’un producteur
allemand fabrique un bien qui coûte 1DM, le producteur français va, lui, le fabriquer à un prix
qui augmente peu à peu en raison de l’inflation, par exemple 3,33 FF, puis 3,80 FF, puis 4 FF
… le taux de change nominal est stable mais le taux de change réel lui évolue : un bien
identique devient plus cher en France qu’en Allemagne. L’inflation pénalise les producteurs
français. L’ancrage sur le DM a donc pour objectif d’inciter les agents économiques français à
contrôler l’évolution des prix et à limiter l’inflation. Tant que l’inflation en France est
supérieure, les agents sont pénalisés. Cela doit engendrer un cercle vertueux : la baisse de
l’inflation conduit les agents à anticiper une baisse de l’inflation, les salariés limitent alors
leur demande d’augmentation salariale, les producteurs limitent leur hausse de prix ; ce qui
renforce la baisse de l’inflation …
Dans le document 3, on constate qu’à partir du début des années 1990, l’inflation française se
rapproche de l’inflation allemande et passe au-dessous de celle-ci. Le pari de la désinflation
est gagné ; il se poursuivra à partir du Traité de Maastricht lorsque les pays candidats à
l’entrée dans l’euro adopteront les critères de convergence.
1.2 L’ancrage sur le DM réduit l’autonomie de la politique monétaire française
Le fait d’adopter un régime de change fixe en ancrant sa monnaie sur une devise étrangère
conduit à adopter de fait la politique monétaire de l’autre pays. C’est ce qui s’est passé en
France. Cela ne serait pas un problème si les deux économies suivaient les mêmes cycles
économiques mais il en est autrement quand les économies suivent deux cycles différents.
C’est ce qui va se passer après la réunification allemande. Cet événement historique produit
une poussée inflationniste en Allemagne au début des années 1990, la Bundesbank réagit en
augmentant ses taux d’intérêt, la Banque de France est alors obligée de faire de même. En
effet, un écart de taux d’intérêt conduirait les capitaux à sortir de France pour l’Allemagne,
obligeant la Banque de France à intervenir sur le marché des changes pour défendre la parité
du FF en DM. La hausse des taux en France est donc nécessaire pour respecter la fixité du
change en situation de libre circulation des capitaux. On retrouve ici une des situations
décrites dans le triangle des incompatibilités de Mundell.
Bien sûr cette hausse des taux d’intérêt a un effet récessif sur l’activité économique ; la
France n’étant pas en surchauffe économique comme l’Allemagne après 1989, le choix
d’ancrer le FF sur le DM se paie d’une politique monétaire qui au lieu d’être contracyclique
(baisse des taux quand activité faible) devient procyclique (hausse des taux quand activité
faible). On peut alors comparer la situation française à la situation britannique. Les anglais
décident en 1992 de sortir du SME (donc d’abandonner un régime de change fixe) pour avoir