TP 1 de génétique appliquée : Recombinaison mitotique Introduction La recombinaison mitotique est un phénomène qui a lieu dans les cellules somatiques, entre deux chromosomes homologues (après la réplication). Dans ce TP, nous allons étudier différents phénotypes issue de la recombinaison mitotique. Celle-ci peut être induite par une enzyme particulière, la flippase, ainsi que des séquences particulières appelées frt, au niveau desquelles la flippase va induire des recombinaisons (système flp/frt). En croisant différentes souches transgéniques de drosophiles, on va créer des individus, au niveau desquels la flippase va s’exprimer et initier des recombinaisons mitotiques, que l’on pourra identifier grâce à phénotypes particuliers observables (mosaïque). Pour chaque croisement, on connait le génotype des parents. On peut alors en déduire le génotype de la descendance, et alors prédire les phénotypes de celle-ci. On s’intéressera alors aux descendants au niveau desquels les recombinaisons mitotiques sont possibles grâce à l’expression de la flippase. On observera leur phénotype puis on l’interprétera d’après leur génotype. On dégagera également l’intérêt des techniques d’induction de la recombinaison mitotique employées, et de leur utilité en génétique. L’expérience est séparée en deux parties, d’une part, un travail sur le phénotype des yeux, d’autre part sur les soies. Pour le travail sur les yeux, on induit les recombinaisons grâce au promoteur eyeless et au système GAL4-UAS. Eyeless n’est actif que dans les yeux, ce qui nous permet de réaliser des recombinaisons mitotiques juste dans les yeux, le système GAL4-UAS permet la révélation de l’action de la flippase. La deuxième partie sur le phénotype des soies utilise des promoteurs HS (heat choc). On induit alors les recombinaisons mitotiques, cette fois sur toute la drosophile, par simple incubation à 37°C. Pour les deux expériences, on cherche à faire exprimer la flippase pour qu’elle initie des recombinaisons entre les séquences frt. Les recombinaisons vont engendrer un phénotype particulier, et ceci grâce à l’introduction de gènes particuliers de façon a ce que les recombinaisons mitotiques les touches. On élabore des structures sur les chromosomes, qui vont permettre, plus ou moins directement, l’élaboration d’un phénotype particulier. Système GAL4-UAS On utilise le système GAL4 et le gène lacZ précédé par un promoteur de type AUS (induit par GAL4). Gal 4 est sur le chromosome qui contient les séquences FPS, et ne se verra transcrit que s’il y a recombinaison mitotique au niveau de ces séquences. S’il est transcrit, Gal4 ira activer la transcription de lacZ grâce au promoteur AUS, situé sur un autre chromosome. Flippase Eyeless Facteur de terminaison P(actine) Gal4 FRT FRT Chromosome 2 LacZ AUS Sur le chromosome 2, le promoteur de l’actine est un promoteur constitutif. La transcription a lieu continuellement. La transcription est cependant stoppée très rapidement au niveau du terminateur situé entre les deux séquences FRT. Dans les yeux, la flipase va s’exprimer, grâce au promoteur eyeless, et va agir au niveau des séquences FRT, situées sur le chromosome 2, en effectuant des crossing-over. La partie du génome situé entre les 2 FRT est alors remplacé par un fragment sans séquence terminatrice (fragment correspondant de l’autre chromosome 2). La transcription n’est alors pas stoppée et on va alors avoir transcription du gène Gal4. GalA va alors activer sur le chromosome le portant, la transcription du gène lacZ : on va alors avoir production de la βgalactosidase. On aura production de Bgal exclusivement dans les cellules où il y aura eu recombinaison mitotique, donc dans les cellules des yeux. Dans les autres cellules, la Bgal ne sera pas synthétisée. Premier croisement : 4410 x 5618 Souche 4410 : Chromosome X : (w, P {ey-Gal4}) Chromosome 2 : (P {UAS-lacZ) / Cyo (balanceur)) Souche 5618 : Chromosome X : (w, P {ey-FLP3}) Chromosome 2 : + CROISEMENT 1a: 4410 CROISEMENT 1b : 5618 Seuls les individus marqués d’un point rouge nous intéressent : on a le gène FLP, précédé par eyeless, qui permettra des recombinaisons mitotiques seulement dans l’œil. On a le gène gal4 qui va pouvoir être transcrit grâce aux recombinaisons mitotiques, qui vont supprimer les terminateurs de transcription. Gal4 pourra induire la transcription du promoteur UAS, ce qui permettra la transcription de LacZ et donc de repérer l’emplacement des clones cellulaires concernée par la recombinaison mitotique, en ajoutant du Xgal. On observe les larves issues de ces croisements. On va révélée la présence de recombinaisons mitotiques en révélant la présence de βgalactosidase, en « colorant » au Xgal. Pour ce faire, on suit un protocole particulier, permettant cette révélation. On constate une coloration au niveau des disques imaginaux des yeux. Seulement les yeux sont colorés : on a orienté les recombinaisons dans l’œil grâce au promoteur eyeless : FLP est activée, la recombinaison entre les deux FRT a lieu, ce qui permet la transcription de Gal4. Gal4 va induire la transcription de LacZ. Remarque : on utilise un balanceur pour inhiber les recombinaisons méiotiques. Ici, cette caractéristique n’est pas utile, mais la souche utilisée la possède. Deuxième croisement : 5618 x 2296 Souche 5618 : Chromosome X : w, P (ey-FLP) Chromosome 2 : P(FRT en 80B) Souche 2296 : Chromosome X : w Chromosome 2 : P(white) 70C (= mini white w+), P{FRT}80B / Tm6 (Balanceur) Mâle 5618 (w, ey-FLP / Y ; FRT80 / FRT80) [œil blanc] x F1 : et Mâles : (w / Y ; FRT80 / TM) [œil blanc] Femelle : (w / eyFLP ; FRT80 / TM) [œil blanc] et Femelle 2296 (w / w ; w+, FRT80 / Tm6) [œil rouge] (w / Y ; FRT80 / FRT80, w+) [œil rouge] (w / w, eyFLT ; w+, FRT80 / FRT80) [œil rouge]* FRT w+ Chr 2 FRT Chr 2 Après la réplication, voici le génotype de la cellule de l’œil. Chaque chromosome s’est répliqué, on a alors 2 chromatides appareillées avec w+ et 2 autres sans w+. La cellules exprime la flippase. Pendant la mitose, les centromères se retrouvent sur la plaque équatoriale et chaque chromatides ira dans l’une ou l’autre des cellules. On aura donc formation de cellules filles hétérozygotes comme la cellule mère. Dans le cas de CO mitotique, on va avoir un échange au niveau des séquences FRT, entre les chromatides sœurs. FRT w+ FRT w+ Lors de l’anaphase, on aura alors 1 chance sur 2 d’avoir formation de 2 cellules filles différentes et homozygotes : une sera w+ et l’autre ne portera pas l’allèle w+. On a alors, dans le cas de CO mitotiques, formation d’une cellule rouge (qui ne redonnera que des rouges par la suite) et d’une cellule blanche (qui ne donnera que des blanches par la suite) après la mitose. La séparation des chromatides à l’anaphase peut redonner des hétérozygotes, qui auront alors le phénotype rouge (dû à w+). Statistiquement, on doit trouver ¾ de cellules rouges et ¼ de cellules blanches. Refaire schéma pour ca Observation des mouches : Quand on observe les yeux des drosophiles femelles, on constate alors que l’œil est principalement rouge, mais que certaines zones sont blanches. On confirme plus ou moins l’hypothèse, car la majorité de l’œil est rouge et une petite partie est blanche. Cependant il semble y avoir plus de facettes rouges que prévu. On peut penser qu’il n’y pas eu recombinaison mitotique dans toute les cellules, les cellules sont donc restées rouges, ce qui expliquerait le nombre plus important que prévu de facettes rouges. Croisement 3 : 5621 x 1988 On veut ici contre-sélectionner les clones rouges issus de la recombinaison mitotique. On associe à l’allèle w+, un allèle létal à l’état homozygote. Lors d’un CO mitotique, on aura alors formation d’homozygote sans w+ et d’homozygote w+/w+. w+ étant associé de très près au gène létal, il n’y aura pas de clone rouge visible, les cellules mourant. Le gène létal est le gène rps. F1 Les seuls qui nous intéressent sont marqués d’un point rouge. Il présente le promoteur eyeless qui permet l’expression dans les yeux, le gène white à l’état homozygote qui va donc s’exprimer, frt80 à l’état homozygote qui permet la recombinaison par la flippase. Il contient aussi le gène rps, associé à w+ (miniwhite). Les clones cellulaires issus de la recombinaison mitotique ayant l’allèle rps homozygote et donc de phénotype [rouge] (car homozygote W) moment. On ne les observera donc pas, au profit des clones mitotiques [blancs]. Cellule somatique des disques imaginaux qui donneront les yeux Recombinaisons mitotiques possibles grâce aux 2 séquences frt et à la flp qui s’exprime Meurt car homozygote rps [rouge] [blanc] On retrouve les génotypes parentaux On contre-sélectionne les individus obtenus après recombinaison mitotique, homozygotes pour rps et présentant un phénotype rouge Système HS (heat shoc) Ce sont les promoteurs des gènes codant pour des protéines impliquées dans une réponse cellulaire de défense contre stress (augmentation de température, manque d’oxygène. Ces protéines sont nommées HSP (heat choc protéin) et vont engendrer des phénomènes visant à préservée la cellule en cas de stress important, pour permettre une survie (dans la limite du possible). Elles vont, par exemple, stabiliser les complexes protéiques comme les microfilaments pour éviter une désorganisation de la structure cellulaire. Ce sont des facteurs de transcriptions, les HSF, dont le taux augmente lors d’un stress, qui ciblent les régions régulatrices des promoteurs des protéines HSP. Ils permettent alors l’expression des gènes sous contrôle de ce type de promoteur. HSF HRE Gène HSP ADN Promoteur HSP : contient HRE (Heat Response element) sur lequel se fixe HSF Protéine HSP Ici on détourne ce système de promoteur pour induire l’expression d’un gène rapporteur : le gène de la Flippase, flp. On place le promoteur juste devant le gène de la flippase. Pour induire la synthèse de la flippase, on va augmenter la température, ce qui va alors activer les HSF. HSF HRE Gène Flippase Promoteur HSP : HSF va s’y fixer dans le cas d’un choc thermique, ce qui va activer le promoteur et permettre la transcription du gène de la flippase Protéine HSP ADN Avec FLP activée, on augmente événements de recombinaisons mitotiques. On dispose de différentes souches de drosophiles. La souche 1740 contient, sur X, le gène sn et Frt 19 (zone de recombinaisons induites par la flippase). L’allèle sn, est responsable, si celui-ci est à l’état homozygote, d’un phénotype particulier [soie frisée, courte et épaisse]. La souche 5132 contient, sur X, Frt 19 et HsFlp (configuration décrite ci-dessus). 1740 5132 5132 1740 On incube les larves à une température qui déclenche l’activation des promoteurs HSP (37°C). Les recombinaisons mitotiques pourront alors se faire pendant le développement larvaire (larve stade 3) et on aura la possibilité de voir apparaitre des soies frisées partout sur la drosophile adulte. Ici ce sont sur les cellules somatiques en multiplication au niveau de la F1 que se font les recombinaisons et pas au niveau des cellules germinales chez les parents. C’est le stade 3 qui est choisi, car on se situe avant la différentiation des soies. A partir du génotype des individus encadrés précédemment, qui ont subit une recombinaison mitotique, on déduit les génotypes des cellules de la lignée somatique. Sur les chromosomes des cellules somatiques, les loci des différents gènes sont importants. En effet, le gène sn doit se trouver à l’opposé du centromère, par rapport à Frt, pour que le crossing-over ait une conséquence. La position de HsFrt est cependant peu importante, mais ici, le locus de ce gène se trouve entre celui de Frt et le centromère. Frt sn Frt 1 sn 2 Réplication HS FLP Frt 3 HS FLP HS FLP Frt sn Frt sn Frt 4 Recombinaison 1 [sn] sn 3 2 Homozygotes pour sn sn Frt HS FLP 2 HS FLP Frt 1 Frt 3 Frt 4 4 [+] Hétérozygotes pour sn Frt sn [+] HS FLP Frt Frt 1 4 [+] HS FLP Frt 2 sn 3 Après avoir décrits les différents clones cellulaires attendus, on va étudier le phénotype de drosophiles ayant été exposées plus ou moins longtemps à 37°C, pendant leur stade larvaire. On observe des drosophiles, de 6 tubes différents, issues de ce croisement. Les tubes A, B, C, D, F et E contiennent respectivement des drosophiles dont les larves, au stade 3, ont été exposées 5, 10, 20, 30, 45 et 60 minutes. On va dans un premier temps, compter le nombre d’individu possédant un phénotype mosaïque, en fonction du tube. On va pouvoir apprécier l’action de la durée d’exposition sur le nombre d’individu mosaïque. On regroupe les résultats des deux groupes de TP dans le tableau suivant. Pourcentage de femelles mosaïques E F D C B A Groupe 1 72,7 45,5 43,9 31,3 17 Pas de comptage Groupe 2 69,00 60 55 21 8 3 Le comptage des témoins semble avoir été omis pour les deux groupes. Cependant, ceux n’ayant pas été exposé au choc thermique, il n’y a aucune raison pour que la flippase ait été synthétisée et que des recombinaisons mitotiques aient eu lieu. On devrait donc observer 0 individu mosaïque. On ne peut cependant pas exclure le fait de trouver un pourcentage infime d’individu mosaïque dans ce pool de drosophile, car une des larves aurait pu être confrontée à un stress d’une origine indépendante de la volonté du manipulateur. On constate premièrement que selon le groupe de TP, on ne trouve pas les mêmes résultats. Il y a donc une variation en fonction de l’expérimentateur, qui vient surement du manque d’attention de certains manipulateurs qui bâcleraient le travail. Il est vrai qu’observer une drosophile sous toutes ses coutures pour déterminer si c’est un individu mosaïque peut s’avérer être un exercice fastidieux. Le constat de ce comptage est que le nombre d’individu mosaïque augmente avec la durée d’exposition à 37°C. En théorie, si on exposait suffisamment longtemps les larves, on aurait 100% des individus qui seraient mosaïques. Le fait que certains le soient, et d’autre non, vient du fait que la réponse individuelle au choc thermique de chacune des larves est différente. Les drosophiles, qui au bout de 5 minutes d’exposition, ont un phénotype mosaïque déclenchent très rapidement la synthèse de HSF. Par contre celles qui ne sont pas mosaïque au bout d’une heure d’exposition nécessitent d’avoir plus de temps pour déclenché cette synthèse et donc l’activation du promoteur HS. On comprend alors que, plus le temps d’exposition est important, plus la quantité d’individus mosaïque sera grande. Dans un second temps, on va s’intéresser au nombre de soies frisées sur un individu mosaïque. En effet c’est également un moyen d’estimer l’action de la durée d’exposition sur le phénotype mosaïque, donc sur les recombinaisons mitotiques et l’activité du promoteur HS. On s’intéresse aux individus de deux tubes, les tubes E et D, exposés respectivement 60 et 30 minutes. E (60 min) D (30 min) Nombre de soies nombre de mouche 16 13 14 6 61 25 29 9 11 11 6 7 6 6 3 9 6 6 5 5 5 3 On peut calculer les moyennes : Pour E, on a donc 164 soies frisées pour 43 mouches, ce qui fait 3,81 soies par mouches. Pour D, on a 37 soies pour 18 mouches, ce qui fait 2,05 soies frisées par mouche. On constate bien que le nombre de recombinaisons mitotique augmentent en fonction du temps croissant d’exposition des larves à 37°C. Cependant ces résultats sont moins appréciables que ceux obtenus pour le comptage des mouches mosaïques, ils sont plus durs à interpréter : ici on met plurôt en évidence des variations entre les cellules d’un même individu et non les différences entre deux individus. Il n’y aura jamais des individus 100% mosaïque : le maximum est d’un quart. En effet, si on regarde le schéma de mitose présentée précédemment dans ce contexte, statistiquement, seulement ¼ des cellules filles sont homozygotes pour sn, donc présentant ce phénotype, dans le cas d’une recombinaison mitotique au niveau de la cellule qui donnera l’ensemble des cellules impliquées. Conclusion On a pu mettre en évidence les recombinaisons mitotiques à travers ce TP et comment les induire au niveau d’un organe spécifique ou selon un taux particulier. Les techniques utilisées ont permis d’approcher la façon de travailler en génétique moléculaire. En utilisant un promoteur particulier, on peut faire exprimer n’importe quel gène, dans une drosophile et alors faire des animaux transgéniques. Le promoteur eyeless permet de faire exprimer le gène souhaité dans l’œil. Le promoteur HS permet d’induire la transcription du gène situé juste derrière lui (gène rapporteur) selon les besoins de l’expérimentateur. Par exemple, le promoteur UAS peut être induit par la protéine GAL4 que l’on peut faire exprimer d’une des deux façons citées précédemment. Déterminer le lignage d’une cellule, c’est-à-dire la portion de territoire qui descend d’elle par divisions successives ; Etudier l’expression d’un gène après son stade de létalité : en effet si une mutation dans un gène est létale pour l’organisme à un stade très précoce on ne pourra pas savoir, autrement que par analyse clonale, quel est son rôle ensuite c’est-à-dire quel sera le phénotype cellulaire chez le mutant à un stade plus tardif.