Brouty & A…lex 25/02/09 3- Tumeurs primitives des organes génitaux Elles sont plus fréquentes chez le chien que chez le chat même si elles existent aussi chez cette espèce. On va les retrouver sur tous les segments : fourreau, scrotum, prostate, pénis… a) Tumeurs du fourreau et du pénis Elles nous renvoient aux tumeurs sexuellement transmissibles et peuvent être des papillomes, un sarcome de Sticker, des carcinomes, des fibromes, malin ou bénin, de taille et de forme très variées. Le traitement se fait par exérèse de la tumeur voire amputation du pénis… Il y a nécessité de castrer l’animal pour empêcher ce dernier de garder son comportement de mâle. Sans pénis, ça serait assez sadique de lui laisser sa libido… Dans ce cas bien sur on prévient le proprio avant l’opération. On retire aussi les nœuds lymphatiques inguinaux par sécurité au cas où il y aurait des métastases. b) Tumeur du scrotum Leur nature est variable, maligne ou bénigne. Lors que l'on effectue l'exérèse du scrotum ce qui se trouve à l'intérieur n'a plus sa place c'est pour cela que l'on effectue la castration en même temps. c) Tumeurs des testicules 90% des tumeurs des testicules se retrouvent chez le chien. Cela concerne surtout les animaux de plus de 7 ans. Avec une prévalence de 0,4 pour 1000 sur tous les chiens, 1,5 % pour les cryptorchides et 7% si l’animal est cryptorchide de plus de 7ans. L’expression clinique est variable selon la tumeur. On va retrouver 3 types de tumeurs : - Le leydigome, c’est la tumeur des cellules de Leydig, c’est la plus fréquente chez le chien de plus 10 ans (plutôt vers 12-14 ans). Elle concerne les testicules en place (rarement les testicules ectopiques) et souvent une seule testicule est touchée et devient très volumineuse. On observe des nodules dans le testicule de 1 à 2 cm de diamètre. Il n’y a pas de retentissement sur l’état général de l’animal ni sur l’autre testicule. C’est souvent associé à une hypertrophie de la prostate (la taille de la prostate augmente avec l'âge) et à un adénome des glandes anales. A la coupe on retrouve une couleur orangée qui peut servir à confirmer le diagnostic. - Le séminome est une tumeur des cellules germinales concernant surtout le chien vers 1012 ans. Elle est plus précoce et plus fréquente en cas d’ectopie testiculaire. Elle forme des nodules de quelques mm à quelque cm de diamètre (jusqu'à 10 cm) de tissu homogène lobulé, ferme et ne métastasant pas. Il n’y a pas non plus de retentissement sur l’état général de l’animal. Dans ce cas on castre l’animal (de toute façon il est vieux) et on fait une histologie pour confirmer le diagnostic. - Le sertolinome est une tumeur des cellules de Sertoli et concerne le chien vers 7-10 ans. Il apparait plus tôt et de façon plus fréquente en cas d’ectopie testiculaire. Concerne un seul testicule et forme un tissu lobulé de couleur grise à la coupe. Dans 1/3 des cas il y a production, par la tumeur, d’œstrogènes à l’origine d’un syndrome de féminisation de l’animal : plus de libido, développement de la mamelle (gynécomastie), il attire les autres mâles, il a le fourreau pendant et il urine comme un chiot. On peut observer aussi une alopécie bilatérale avec éventuellement une hyperpigmentation de la peau dans les zones dépilées. La prostate est de taille variable et il peut y avoir une aplasie médullaire à cause des œstrogènes. Reprologie –Pathologies des organes génitaux mâles– page 1/4 Souvent (90% des cas) il y a développement de métastases et une atrophie du testicule sain, ainsi qu’une atteinte de l’état général. On fait une exérèse du testicule et il y a ainsi retour à la normale en quelques semaines s’il n’y a pas eu de métastase. Le diagnostic est facile puisqu'il est clinique (on palpe les testicules et on peut éventuellement faire une écho), surtout s’il y a féminisation mais il peut être difficile en cas d’ectopie testiculaire (on doit toujours y penser) et un dosage des œstrogènes circulant peut aider. Mais si on voit un chien monorchide ou cryptorchide avec une alopécie bilatérale, dans ce cas le diagnostic est quasi immédiat. A ne pas confondre avec une inflammation testiculaire = orchite (diagnostic différentiel). Le pronostic est bénin pour le leydigome et le séminome, réservé pour le sertolinome à cause des métastases. Le traitement chirurgical peut être unilatéral ou bilatéral c’est à voir avec le proprio. En retirant les deux testicules, on va prévenir le développement de tumeur sur le testicule encore sain et éviter ainsi d’avoir à réopérer 1 ou 2 ans après. Mais si le chien a encore un rôle en tant que reproducteur, lui laisser le testicule non atteint peut lui permettre de procréer encore… 4- Affections diverses Les inflammations de l’appareil génital Eczéma des bourses : C'est un problème dermatologique et on peut l'apparenter à l'eczéma vulvaire. Si celui est limité à l’appareil génital c'est qu'il est dû à une intolérance cutanée au support de couchage (béton, allergie au linoleum). La peau des testicules est fine parfois glabre (enfin chez le chien en tous cas, n’est-ce pas Mr ROUICH), et on peut avoir des complications à cause du léchage ou une surinfection bactérienne, ceci entraine une inflammation et donc une augmentation locale de la température ce qui va avoir une influence sur la spermatogénèse. Le prurit engendré est quasi incoercible et peut finir quasiment en automutilation (le fameux gratte qui couille de trop pour vous messieurs), on va donc poser une collerette pour empêcher le léchage et appliquer un traitement local contre l’eczéma pour éviter la surinfection et limiter l’inflammation. Si l’eczéma est généralisé, on traite par voie systémique. Balanoposthites : (balano- pour pénis, posth- pour fourreau et -ite pour… inflammation) Elles sont de causes traumatiques, dus à la présence d’un corps étranger (épillet), ou consécutifs à un phimosis. Il y a là encore un risque de surinfection ou encore d’herpès et de la maladie de Carré… Elles concernent les chiens à tout âge. Cliniquement, on observe une inflammation du fourrreau et du pénis, un écoulement plus ou moins purulent du prépuce et une possible augmentation de la libido. Il existe un forme aiguë = écoulement catarrhal (forme catarrhale) ou purulent (forme suppurée) voire sanguinolent s’il est ulcéré (forme ulcérée) avec une possible inflammation des follicules lymphoïdes (granulations blanches) à la base du pénis et une forme chronique avec plages nécrotiques sur le pénis et constituer une adhérence c'est à dire un phimosis. Le pronostic est bénin car il met rarement la vie de l'animal en danger mais le traitement est difficile et les récidives sont fréquentes (ce qui est préoccupant). C’est un traitement long et ingrat : Localement on fait une antisepsie : irrigation matin et soir avec une solution gynécologique. Eventuellement on applique des pommades antibiotiques et anti-inflammatoires localement (hors AMM avec un traitement intramammaire pour bovins). Il faut empêcher le léchage qui entretient l'inflammation (collerette). Question? Pourquoi on ne fait pas de traitement antibiotique par voie générale? L’antibiothérapie par voie générale est exceptionnelle car elle inonde l'organisme en entier pour quelque chose que l'on peut traiter localement. De plus, elle s'avère moins efficace puis que la concentration en antibiotiques qui arrive jusqu'à la zone concernée est plus faible que lors d'une application locale. Reprologie –Pathologies des organes génitaux mâles– page 2/4 Elles ne se font que pour prévenir une éventuelle infection urinaire ascendante avec des β– lactamines à large spectre associées à l’acide clavulanique (SYNULOX) ou des macrolides et apparentés avec l’inconvénient toutefois d’un spectre étroit pour les bactéries à gram + et les mycoplasmes. Orchites et épididymites : C’est une inflammation de la vaginale du scrotum résultant d’une infection ascendante pvia l'urètre avec des germes banals (buccaux et fécaux), voire virus de la maladie de Carré ou des germes spécifiques comme Brucella canis (mais là c’est beaucoup plus rare, le prof nous a à cette occasion cité un prof de médecine d’Alfort, car si personne n’est parfait, certaines personnes se rapprochent plus de la perfection que d’autres, et il va de soi qu’un prof de médecine d’Alfort fait partie de cette élite. Et donc ce monsieur disait : « quand j’entends des bruits de sabots dans la cours, je ne me dis pas c’est un zèbre », parce qu’il y a bien plus de chance que ça soit un cheval, et ce n’est que si ce n’est pas un cheval alors on va voir si c’est un zèbre… Nous vous laissons méditer sur la pertinence de ce passage du cours…) C’est une atteinte généralement unilatérale. La forme aiguë se caractérise par des symptômes généraux : une hyperthermie, un abattement, des difficultés locomotrices, un œdème, de la douleur la palpation (réaction de défense), des symptômes locaux d'inflammation (augmentation de volume et de température) entrainant d'un point de vue fonctionnel, une baisse de la production de semence = oligospermie, une tératospermie, ainsi qu’une leucospermie (augmentation de la concentration de leucocytes dans le sperme). D’autre part l’hyperthermie peut engendrer des problèmes sur l’autre testicule de par sa proximité. Si l'inflammation perdure, on observe une dégénéréscence du testicule. La forme chronique ne se traduit quant à elle généralement pas cliniquement. C'est une inflammation épididymaire (atrophie et induration) associée plus ou moins à des adhérences, puis cette inflammation va gagner vers le haut (funiculite), puis on a des spermatocoeles (kystes de sperme). On fait un diagnostic clinique par une palpation et une récolte de la semence que l'on analyse. Il faut par ailleurs faire un diagnostique différentiel avec tumeur, hernie, torsion testiculaire et ezcéma des bourses. On peut faire une biopsie mais il faut alors faire attention à ne pas généraliser l’inflammation et provoquer une orchite : il faut travailler proprement ! Le pronostic est sombre pour le reproducteur. Le traitement se fait avec des antibiotiques à large spectre sur 15 jours minimum, 3 ou 4 semaines au mieux, ainsi que des anti-inflammatoires (pour le bien être de l'animal et pour faciliter la diffusion de l’antibiotique). Il faut encore et toujours empêcher le léchage. En cas d’échec du traitement, et c’est généralement le cas, il faut envisager le plus souvent la castration, qui peut être unilatérale. Autres affections : - blessures : suite à un traumatisme (exemple: séparation brutale à la saillie) ou à des bagarres, on observe des écoulements sanguinolents du prépuce qui nécessitent une inspection clinique puis une antisepsie voire de la chirurgie. Il est possible de cathétériser l’urètre pour que la miction reste possible voire faire une urétrostomie. Empêcher le léchage jusqu'à la cicatrisation. Amputer si le pénis à commencé à gangréner (complication d’un phimosis également). - Fracture de l’os pénien : cela est rare, souvent à l’issue d’une séparation brutale pendant le coït et chez le chien âgé (ostéodystrophie). On observe un écoulement sanguinolent, une augmentation du volume du fourreau, une miction difficile voire impossible (œdème voire rupture de l’urètre), un possible crépitement à la palpation. La fracture est simple en général. Le diagnostic est clinique, on peut également poser un cathéter urinaire et voir si la miction est ainsi possible et faire une radio pour confirmer le diagnostic. Le traitement est facile s’il n’y a pas de rupture urétrale, sinon il suffit alors de laisser la sonde pendant quelques jours Reprologie –Pathologies des organes génitaux mâles– page 3/4 - - - - - pour prévenir une éventuelle cystite. Il est possible également de faire une urétrostomie rétropénienne (= aboucher l'urètre à la peau en arrière du pénis) voire une amputation du pénis. Prolapsus urétral : c’est rare. C'est un retournement en doigt de gant de l’urètre. On peut remettre en place par cathétérisme si on intervient assez tôt, sinon il faut faire de la chirurgie fine : on ampute le manchon qui dépasse, on suture la muqueuse et on laisse une sonde le temps de la cicatrisation. On associe également un antiseptique local afin d’éviter les cystites. Hyperplasie du scrotum : c’est un classique du vieux chien. On observe une augmentation de volume du scrotum et un épanchement localisé : réaction de type cal à force de frottements. La peau apparaît plissé, elle est dépilée et dépigmentée. Elle est associée à une hyperkératose. Ce n’est pas une pathologie grave. En cas de gène à cause de son volume, on peut envisager une ablation du scrotum et des testicules en vérifiant au passage qu’il n’y avait pas de tumeur. Varices du pénis : on observe des lésions vasculaires sur la partie libre du pénis. Le problème peut être une rupture lorsque celles-ci sont surélevées et alors un saignement assez spectaculaire. Ça se traite par cautérisation au bistouri électrique et nécessite d’intervenir rapidement sous anesthésie générale avec analgésie. Protrusion et paralysie du pénis : la paralysie concerne les muscles rétracteurs du pénis (origine médullaire), tandis que la protrusion est d’origine congénitale. Le pénis est alors extériorisé en permanence et sujet à la dessiccation et à des blessures et à du léchage, ce qui peut conduire à son amputation. On cherche à remettre le pénis dans son fourreau, pour cela on commence par traiter par des anti inflammatoires. Si cela ne régresse pas on effectue une ligature en bourse ou on ampute. Priapisme (connue pour ses nombreuses chapelles) érection fréquente voire permanente, éventuellement douloureuse, mais sans augmentation de la libido avec une congestion du pénis qui peut être due à la compression des veines honteuses (fréquent lors d’hypertrophie de la prostate) ou une lésion de la moelle épinière. On fait une anesthésie générale avec des barbituriques en intra musculaire, puis en épidurale (solution alternative) si on suspecte une origine médullaire, associée à un traitement local des lésions qui ont pu s’installer. Ne pas oublier de palper la prostate Reprologie –Pathologies des organes génitaux mâles– page 4/4