troubles du mouvement. Pour la première fois, des patients TE sont recrutés au sein
d’une population informée par la presse et n’ayant jamais songé à consulter.
Dans cette étude, les 110 patients diagnostiqués atteints d’un TE probable ou
définitif répondent à des critères épidémiologiques en accord avec les données
classiques concernant les symptômes, la localisation du tremblement, l’âge, la
sensibilité à l’alcool, l’histoire familiale, l’âge d’apparition et la durée du TE. Il ressort
que les patients TE présentent de plus, une apathie, une anxiété et un déficit cognitif
plus importants que les sujets sains. Concernant les diverses composantes mentales
(MCS) et physiques (PCS) de la qualité de vie (QoL), le score réduit de QoL chez les
patients TE semble dû aux facteurs mentaux plutôt qu’aux anomalies physiques; il
serait alors intrinsèquement lié à la pathologie TE.
L’apathie est le symptôme neuropsychiatrique majeur suivi par l’anxiété chez les
patients TE. Ces symptômes neuropsychiatriques sont indépendants de la sévérité
ou la durée du TE. De plus, l’anxiété est indépendante des caractéristiques du
tremblement. Ce résultat est surprenant, car l’anxiété a été souvent corrélée au
handicap fonctionnel. Il est intéressant de noter que bien que l’apathie et l’anxiété
soient des symptômes de dépression, les auteurs n’ont pas trouvé d’augmentation
des symptômes dépressifs. De même, l’altération de la fonction exécutive frontale a
peu d’impact au niveau clinique. Pour la première fois, le test PANDA met en
évidence chez des patients TE un déficit cognitif léger qui est fonction de la sévérité
du TE. Comme les déficits neuropsychiatriques (apathie, anxiété, dysfonction
exécutive frontale) impliquent les régions fronto-temporales et des structures
mésolimbiques, des études d’imagerie s’avèrent nécessaires chez les patients TE
pour détecter d’éventuelles anomalies. Enfin, en dépit de processus
neurodégénératifs impliqués dans la pathologie TE, le système olfactif semble
épargné.
L’interprétation des résultats soulève des remarques. 1- Il conviendrait d’inclure un
groupe contrôle lors des prochaines études pour vérifier ces résultats, les
comparaisons se référant dans cette étude à des valeurs psychométriques
standardisées. 2- Des investigations longitudinales devraient permettre un suivi des
NMS chez les patients TE. 3- La sélection devrait être plus sélective incluant seul les
patients les plus intéressés et les plus aptes à répondre aux sondages. 4- Enfin, des
sous-groupes de patients TE devraient être constitués pour tenir compte du sexe, de
la localisation du tremblement et des traitements médicamenteux.
Conclusion. Les données épidémiologiques et cliniques rapportées dans cette étude
sont représentatives du phénotype connu de la pathologie TE. Les déficits
neuropsychiatriques et la diminution de l’index QoL doivent être considérés comme
des caractéristiques phénotypiques propres et non comme des effets secondaires
dus aux symptômes moteurs. Ces déficits peuvent constituer un état psychique pré-
morbide. Il convient de les explorer lors d’études longitudinales car ils peuvent
impacter la qualité de vie et le traitement des patients.
Article original:
Thomas Musacchio, Veronika Purrer, Aikaterini Papagianni, Anna Fleischer,
Daniel Mackenrodt, Carolin Malsch, Götz Gelbrich, Frank Steigerwald et
Stephan Klebe. Non Motor Symptoms of Essential Tremor are Independent of
Tremor Severity and Have Impact on Quality of Life. Tremor and Othe Hyperkinetic
Movements, 2016, 6, 1-9.
Résumé : Drs Nicole SARDA et Marie-Hélène BASSANT dans le cadre du réseau
ScienSAs’-INSERM.