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Croissance, développement, changement social.
Première partie : Accumulation du capital, organisation du travail et
croissance économique
Premier thème : Croissance, capital et progrès technique
Chap 1 : Source, limites de la croissance économique
TACHES ET ORGANISATION DU COURS.
I) Introduire le dossier.
1) Présentation des thèmes.
Lire CQFR pages 48 / 49
2) Lire les deux sujets d’oraux( annexe 7 ) et page 55
II) Développer l’argumentation.
1) Deux siècle de croissance et de développement.
A)
La mesure de la croissance et du développement
1) Définir la croissance
- Doc 1 ( 30 ) : question 3.
2) Mesurer la croissance
a) Les indicateurs de croissance
- Doc 2 ( 31).
b) Les résultats
- Doc 5 ( 24 )
c) Les limites des indicateurs
- Doc 4 (32 )
3) Définir le développement et le développement durable.
- Doc 1 ( 30 ) / 5 ( 32 ) et annexe 1
4)
Mesurer le développement
a) L’IDH
- Doc 6 ( 33 )
: question 2
b) Les résultats
- Doc 8 ( 34 ) : questions 3 et 4
c) Les limites
- Doc : annexe 2 .
B)
Les phases de la croissance et du développement et les inégalités de développement
1) Une réalité
a) Les pays développés
- Doc 13 ( 37 ) et 4 ( 23 )
b) Le Tiers Monde
-Doc 10 ( 35 ) / 8 ( 26 ) et 6 ( 25 )
2) Des analyses
- Doc 12 ( 36 ) et annexes 3 et 4.
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2) Croissance et développement : des causes multiples.
A) Croissance et facteurs de production
- Doc 15 ( 38 ) et 17 ( 39 ) : question 3
B) Croissance et gains de productivité
- Schéma du document 19 ( 40 ) et Doc 20 ( 41 )
C)
Le rôle de la demande, des profits et de l’environnement socioculturel
- Doc 22 ( 42 ) / 26 ( 44 ) et 27 ( 45 )
D) Les facteurs endogènes de la croissance
- DOC 29 ( 46 ) / 31 ( 47 ) et 32 ( 47 )
Conclusion : de multiples théories ( annexe 5 )
III)
CONCLURE .
1) Relire CQFR pages 48 / 49, résumer.
2) Vocabulaire : page 28, être capable de faire une phrase .
3) Lire la synthèse : annexe 6.
4) Reprendre les sujets d’oraux ( annexe 7 et page 55 ).
5) repérer les sujets d’écrit dans la « liste » et ceux du manuel ( 52 à 54 )
TES D1 : annexe 1.
La notion de développement durable
I) Historique du concept de développement durable
A) Une réalité
Les 20% d'habitants vivant dans les pays les plus riches consomment:
45% des protéines animales du monde
58% de l'énergie (et émettent 53% du CO2 rejeté dans l'atmosphère)
84% du papier
disposent de 88% des véhicules.
Si la consommation par habitant enregistre une progression de 6,1% par an en Asie de l'Est et de 2% en Asie du Sud, celle
d'un ménage africain moyen a régressé de 20% en 25 ans.
2,6 milliards d'individus sont privés d'infrastructures sanitaires, 2 milliards vivent sans électricité, 1,3 milliard de personnes
sont privées d'accès à l'eau potable, 1 milliard n'ont pas de logement correct, 880 millions de personnes sont sans accès
aux services de santé et 840 millions souffrent de malnutrition. 22% des enfants en âge scolaire ne sont pas scolarisés
(109 millions), 885 millions de personnes de 15 ans et plus sont analphabètes.
Les 3 personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres; les 32 les plus
riches, au PIB de toute l'Asie du Sud, et les 84 les plus riches, de la Chine entière (1,2 milliard d'habitants).
Le monde dépense par an 780 milliards de $ pour la défense, 400 milliards en stupéfiants, 50 milliards représentent le coût
des cigarettes fumées par an en Europe, et 435 milliards les dépenses annuelles de publicité. On estime qu'un Américain
moyen aura vu dans sa vie 150'000 spots publicitaires à la TV.
Néanmoins, entre 1960 et 1995, l'espérance de vie dans les pays en développement a passé de 46 ans à 62 ans, le taux
de mortalité infantile a diminué de 50%, le taux de malnutrition infantile de 25%. Le taux d'alphabétisation a passé de 48% à
70%, entre 1970 et 1995. En 30 ans, les pays en développement ont progressé davantage qu'en un siècle les pays
industrialisés. Reste à apprendre une saine gestion des ressources naturelles, sans lesquelles il n'y a pas de développement.
B) Une constatation.
Or, entre 1950 et 1995, la consommation d'énergies fossiles s'est multipliée par cinq, et les émissions de CO2 par quatre.
Celles-ci sont très inégalement réparties: 20,5 tonnes par an et par habitant pour les États-Unis, 10,3 pour l'Allemagne, 3,9
pour le Mexique, 2,7 pour la Chine, 1,6 pour le Brésil...
Depuis 1970, la proportion de zones boisées est passée de 11,4 km2 pour 1000 habitants à 7,3 km2. La déforestation touche
surtout les pays en développement, et la perte de la forêt tropicale est pratiquement irréversible.
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Quelque 12% des espèces de mammifères et 11% des espèces d'oiseaux sont menacées.
Par suite de surpâturage ou d'autres pratiques inadéquates, 9 millions d'hectares de sols sont fortement dégradés, et 2
milliards d'hectares, soit un sixième des terres émergées sont moyennement dégradées.
Depuis 1950, les prélèvements d'eau ont triplé, alors que le volume d'eau disponible par habitant a passé de 16'800 m3 par an
à 7'300. 20 pays, dans lesquels vivent 132 millions d'habitants, disposent de moins de 1000 m3 d'eau par an et par personne.
Les prises en mer ont quadruplé entre 1950 et 1996, et des pénuries de poisson sont annoncées.
Cependant, les taux de recyclage sont en progression, et le taux de croissance annuel de la demande de métaux a passé de
6% dans les années 60 à 2% actuellement. L'utilisation par habitant d'acier, de bois et de cuivre est en recul dans les pays
industrialisés.
CONCLUSION
On le voit: un développement est indispensable - mais le mode de développement que nous connaissons
n'est pas généralisable. Sortir de ce dilemme est l'objectif du Développement durable.
II) Développement durable
Définitions
Selon la Commission Brundtland (1987) :
Mme Brundtland directrice générale de l'OMS :
«Le développement soutenable est un développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux
leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion: le concept de [besoins], et
plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient
d'accorder la plus grande priorité, et l'idée des limitations que l'état de nos
techniques et de notre organisation sociale imposent sur la capacité de
l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir».
Autrement dit, il s'agit d'affirmer une double solidarité:

dans l'espace: chaque habitant de cette terre a le même droit humain aux ressources de
la terre;

dans le temps: nous avons le droit d'utiliser les ressources de la terre mais le devoir d'en
assurer la pérennité pour les générations à venir.
Le développement durable est avant tout une échelle de valeurs, un cadre éthique comportant
des références comme celles-ci:
Justice sociale;
Prudence écologique;
Efficacité économique;
Diversité culturelle;
Solidarité intergénérationelle;
Aménagement équilibré de l'espace;
Citoyenneté et la concertation.
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Exemples de quelques conditions environnementales favorisant un développement durable

Le rythme d'utilisation des ressources naturelles renouvelables n'excède pas celui de leur
régénération.
Exemple
Un arbre peut mettre plusieurs années avant d'atteindre une taille acceptable pour être abattu et utilisé
comme matériel de construction par exemple. Il faut s'assurer de ne pas couper une quantité plus grande
que ce qui repousse.

Le rythme d'épuisement des ressources non renouvelables ne dépasse pas le rythme de substituts
renouvelables.
Exemple
La quantité de pétrole baisse à tous les jours. Donc, un substitut devrait remplacer cette perte tel l'énergie
solaire et électrique pour faire avancer nos voitures.

Le type et l'ampleur de la pollution et des matières résiduelles ne dépassent pas ce que l'environnement
peut dégrader.
Exemple
Avec des systèmes de production et de consommation inefficaces, il y a augmentation de matières
résiduelles. Les milieux naturels ne peuvent en dégrader qu'une certaine quantité. Il faut donc trouver des
moyens pour diminuer les matières résiduelles. En plus de l'utilisation des technologies propres de
production et de la prévention de la pollution, l'application du principe des 3R (réduction à la source de la
consommation, le réemploi des ressources à la fabrication et à l'usage ainsi que le recyclage par les
systèmes de production et les consommateurs) devrait être mis davantage en pratique.
TES D1 : annexe 2
Document 1
Mesure du développement humain.
Si l'IDH mesure les progrès généraux accomplis par les pays sur la voie du développement humain, il ne tient cependant pas
compte de la répartition de ces progrès au sein de la population. C'est pourquoi a été élaboré l'indicateur de pauvreté humaine
(IPH) en 1997.
L'IPH-l mesure la pauvreté humaine dans les pays en développement en privilégiant les domaines où les manques sont les
plus importants. Il s'agit notamment de la longévité (calcul de la probabilité de décéder avant quarante ans), du savoir (taux
d'analphabétisme des adultes) et de l'accès aux moyens indispensables à l'existence (accès à un point d'eau aménagé).
Cet indicateur permet de constater au sein d'un pays des poches de pauvreté accentuées. Ainsi, au Honduras, l'IPH des zones
urbaines' était en 1999 inférieur de plus de 50 % à celui des zones rurales.
L'IPH-2 mesure la pauvreté humaine dans 17 pays de l'OCDE et privilégie la mesure de l'exclusion au sein de ces pays. Sont
ainsi pris en compte la probabilité de décéder avant l'âge de soixante ans, la part de la population vivant en dessous du seuil
de pauvreté et la part dans la population active des chômeurs de longue durée.
On remarque grâce à cet indicateur que derrière un niveau de développement humain presque identique, on trouve de
sensibles différences dans la répartition du développement entre ces pays. Alors que l'IPH-2 est de 6,8 % en Suède, il s'élève à
15,8 % aux États-Unis. Afin de refléter également les différences entre genres dans le développement humain, le PNUD a
introduit depuis 1995 l'indicateur sexospécifique de développement humain (ISDH). Ce dernier se fonde sur les mêmes
variables que l'IDH en tenant cependant compte des disparités entre hommes et femmes sur chacune de ces variables.
Pour les 146 pays pour lesquels l'ISDH a été calculé cette année, la valeur de cet indicateur est partout inférieure à celle de
l'IDH, ce qui signifie que dans tous ces pays, il existe des inégalités entre hommes et femmes.
Malgré des progrès notables depuis trente ans, le taux de scolarisation des filles reste dans de nombreux pays largement
inférieur à celui des garçons. Cette différence est de plus de 22 points en Inde, en Algérie et même de 35 points au Népal..
Dans la même logique, l'indicateur de participation des femmes (IPF), évalué depuis 1995, s'attache à mesurer les inégalités
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entre hommes et femmes dans la vie économique et politique, sous l'angle de la participation effective aux décisions. Pour
cela, l'IPF repose notamment sur le pourcentage de femmes parmi les parlementaires, le gouvernement, les dirigeants
d'entreprises et les membres de la haute fonction publique.
Là aussi, les différences entre pays sont considérables. Seuls trois États sur les 64 où ce calcul a été possible obtiennent un
IPF
supérieur à 0,800 (Islande, Norvège et Suède), ce qui illustre les, inégalités encore présentes en termes d'accès au pouvoir
décisionnaire entre hommes et femmes.
Un nouvel indicateur: l'IDT
L'indicateur de développement technologique (IDT) a été introduit dans le Rapport mondial sur le développement humain
2001 du PNUD. La création de cet indicateur synthétique vise à permettre une évaluation du niveau d'innovation et de
diffusion des nouvelles technologies dans chaque pays, afin de mesurer la capacité à participer à l'ère des réseau.
Il ne s'agit pas de classer les pays selon leur développement technologique, mais .bien plutôt de rendre compte de la
participation de chaque pays dans son ensemble à l'innovation et à l'utilisation des technologies. De fait, la Finlande obtient
un IDT supérieur à celui des États-Unis, alors même que ces derniers comptent beaucoup plus d'ordinateurs connectés à
internet que la Finlande, car dans ce pays, la diffusion d'internet par rapport au nombre d'habitants est plus développée et
mieux répandue à l'ensemble de la population. Le calcul de l'IDT (dont la valeur est comprise entre 0 et 1) repose sur
quatre caractéristiques de la diffusion technologique en relation avec l'avènement des réseau à l'échelle mondiale:
- l'innovation technologique. L'IDT mesure le niveau d'innovation technologique à partir du nombre de brevets délivrés par
habitant et du montant par habitant des redevances et des droits de licences perçus du reste du monde;
- la diffusion des technologies récentes. Outre la diffusion d'internet, mesurée par le nombre d'ordinateurs connectés à la
Toile, l'IDT considère le niveau de diffusion des nouvelles technologies par la proportion des exportations de produits à
contenu technologique moyen ou fort dans la totalité des exportations du pays;
- la diffusion de technologies anciennes. Ont été retenus le nombre de téléphones pour 1 000 habitants (nombre
d'abonnements à une ligne fixe ou portables) ainsi que la consommation d'électricité en kilowattheures (kWh) par habitant.
L'accès à ces deux technologies conditionnent la possibilité d'une diffusion plus large des nouvelles technologies de
l'information et de la communication (NTIC) ;
- les compétences humaines. Une masse critique de connaissances est une condition nécessaire au développement
technologique. C'est pourquoi le calcul de l'IDT inclut la durée moyenne de scolarisation et le taux brut d'inscription
d'étudiants dans l'enseignement supérieur en sciences, en mathématiques et en ingénierie.
Si la mesure du développement technologique semble indispensable pour une vision la plus complète possible du
développement humain, son estimation reste encore pour le moment soumise aux faiblesses des données disponibles. Le
calcul de l'IDT n'a ainsi pu être réalisé que pour 72 pays. Par ailleurs, les séries disponibles sont loin de toujours refléter
parfaitement le niveau d'innovation et de capacité technologiques. Un nombre élevé de brevets délivrés dans un pays peut, par
exemple, provenir d'un système de protection de la propriété intellectuelle insuffisant. De même, les innovations peuvent être
sous-évaluées car faisant l'objet d'un usage informel et non clairement défini.
. La rédaction de Problèmes économiques N°2727 du 12 / 09 / 2001.
Document 2
« Le classement des pays en termes de mortalité infantile a autant de sens pour l'évaluation du niveau de vie réel que le PIB
par tête, sans correction par les parités de pouvoir d'achat. Le pays leader, dans les deux cas est, au cœur des années 90, le
Japon. Si l'indicateur démographique est biaisé, c'est dans le sens d'une prime à la modernité technologique, parce qu'il est
fortement déterminé par l'expansion d'une médecine qui est à la fois de pointe et de masse. C'est la raison de son potentiel
prospectif. L'efficience technologique et sociale produit des effets positifs simultanés dans le domaine économique et dans le
champ médical. Il est donc normal de constater, au début des années 90, une corrélation significative entre PIB par tête et
taux de mortalité infantile, de – 0.67, négative puisque la mortalité est d'autant plus basse que le PIB est plus élevé. En
revanche, le calcul en PPA fait tomber la corrélation avec la mortalité infantile au niveau non significatif de – 0.29. Il n'y a
plus de rapport statistique entre mortalité infantile et richesse calculé en PPA. Une telle absence de lien est un défi au bon
sens. Le calcul en PPA, qui prétend rapprocher de la réalité physique des biens, nous éloigne de la réalité physique de la vie.
Une conclusion s'impose: la diffusion massive du calcul en PPA, dans la deuxième moitié des années 80, fut un phénomène
idéologique plutôt que scientifique. »
Emmanuel Todd. L’Illusion Economique. Gallimard. 1998
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TES D1 : annexe 3
Les théories des cycles.
1. Le cycle de juglar, base de toutes les fluctuations
Le cycle est le mouvement élémentaire de base qui rythme l'économie , observée sur longue période; le XIXe siècle,
dominé par un capitalisme concurrentiel en fut même rythmé comme par une horloge de la vie économique frappant tous les
huit ans le retour au même point du cycle. Le cycle de base découvert par Clément Juglar ( 1819 / 1905 ) comprend
essentiellement quatre temps qui ponctuent son mouvement: l'expansion, la récession, l'assainissement et la reprise.
L'expansion. L'expansion est un moment favorable aux affaires, les entrepreneurs ont de vastes débouchés, les profits sont
satisfaisants, le crédit est abondant pour l'investissement. C'est une accélération conjoncturelle du taux de croissance qui
devient alors supérieur au taux de croissance moyen sur une longue période.
Mais il se produit progressivement une «surchauffe» qui se traduit par des spéculations boursières, une hausse des prix
des marchandises qui ne sont pas assez abondantes pour satisfaire une demande insatiable. Les salaires sont orientés à la
hausse du fait d'une certaine pénurie de main d'œuvre, les taux d'intérêts montent.
La récession. La récession va naître des déséquilibres forgés pendant la période d'expansion... La hausse des salaires, des
prix et du crédit va laminer la rentabilité des entreprises. C'est une décélération conjoncturelle, autrement dit le taux de
croissance devient alors inférieur au taux de croissance moyen de longue période. On dit généralement qu'un pays est en
récession quand son PIB diminue pendant au moins deux trimestres de suites.
Dès que les capacités productives mises en place dans l'euphorie de l'expansion deviennent excédentaires vis-à-vis de la
demande solvable, la surproduction menace... La mévente frappe des entreprises en situation financière fragile. La crise se
déclenche généralement à partir de quelques faillites, de l'écroulement de certaines banques ou d'un krach boursier. Elle ruine
les spéculateurs imprudents, entraîne des retraits dans les banques et provoque ainsi une contraction brutale du crédit et des
investissements... La rentabilité est laminée, les faillites multipliées, l'investissement se languit et le reflux conduit à la
récession. C'est le chômage et la misère pour ceux qui ne sont pas protégés par leur épargne et qui n'ont pas encore d'Étatprovidence pour fournir allocation-chômage, retraites, et assurance maladie... Le point le plus bas de l'indice du PIS
correspond au point critique de la crise. Au sens strict, la crise est donc un moment assez bref et particulièrement déprimé de
l'activité économique; un usage extensif du mot fait parler de crise lorsque la dépression est particulièrement vive, de plus, le
mot désigne souvent dans son emploi courant l'ensemble de la phase de chute de l'activité...
L'assainissement est une conséquence positive qui, de la crise, va faire naître un nouveau dynamisme. La situation est
assainie lorsque les entreprises les plus fragiles ont succombé, que leurs actifs dévalorisés ont été repris par des firmes plus
puissantes, que les salaires ont baissé et les prix diminué sous l'effet de la déflation (baisse des prix qui accompagne la c hute
de l'activité).
Les conditions du retour à la rentabilité sont alors réunies: les prix de revient se sont améliorés et l'outil de production rajeuni
avec la mise à l'encan des biens d'équipement les moins productifs. Les stocks sont écoulés; la main-d'œuvre abondante
devient moins exigeante, elle accepte des taux de salaires qui rendent l'embauche rentable... L'économie repart sur des bases
plus saines (selon les critères capitalistes classiques).
La reprise est permise par l'assainissement... Les revenus des agents économiques se gonflent à nouveau, la soif de
consommer est forte. Le PIB est une fois de plus prêt à croître.
2) Le cycle séculaire de Kondratieff.
Nikolaï Dimitrievitch Kondratieff est un économiste soviétique qui, de 1920 à 1928, dirigea l'Institut de conjoncture de
Moscou où il mit en évidence de nombreuses régularités statistiques dans les rythmes économiques.
Le cycle de Kondratieff. Un cycle «Kondratieff» est caractérisé par la longue période: la durée du cycle entier est de 50 à 60
ans selon les cas et il se divise en deux phases alternées de 25 à 30 ans, la première phase (A) étant marquée par son
caractère dynamique de forte croissance, la seconde phase dite (8), est au contraire une phase sinistre où les indicateurs
économiques sont au rouge (baisse de la production, montée du chômage, prix déprimés, commerce mondial contracté, etc.).
Le cycle a un caractère mondial (tous les pays sont touchés) et généralisé à l'ensemble de l'appareil productif (toutes les
branches sont atteintes).
La phase A est le moment ascendant du cycle; produits nouveaux, inventions nouvelles se succèdent, la demande est
dynamique, l'investissement se développe, les revenus distribués sont à la hausse. Le climat est à l'euphorie et les
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entrepreneurs ont de nombreuses occasions de trouver de nouvelles combinaisons productives, les profits sont facilités par
les débouchés croissants et la montée de l'échelle de production... Progressivement, les prix montent, les salaires aussi, les
tensions inflationnistes rendent le crédit plus cher.
La phase B succède alors à la phase A.
Les occasions d'investir se raréfient, le coût des facteurs nuit à la rentabilité, l'inflation désorganise les circuits financiers, la
hausse des taux d'intérêts fragilise les entreprises et les pousse vers des faillites qui créent du chômage, une contraction des
revenus et des profits. L'investissement se fait rare, les occasions d'innover sont limitées. La déflation est alors atteinte: les
prix sont à la baisse et l'activité chute. Comme précédemment, ce n'est qu'une fois la situation assainie que l'on pourra
retrouver une nouvelle phase ascendante.
Plusieurs grilles d'interprétation sont disponibles pour comprendre les cycles Kondratieff : les changements dans les
techniques sont, depuis Schumpeter, un élément explicatif majeur de ces cycles longs: des innovations fondamentales ouvrent
des marchés et des nouveaux procédés de production permettent d'atteindre une grande masse de consommateurs.
L'action du progrès technique se propage par l'offre: Innovations - Investissements rentables - Profits - Croissance - Emplois
créés - Revenus distribués - Demande solvable pour écouler la production.
TES D1 : annexe 4.
« Comment ne pas voir que le ressort principal de la croissance réside dans cette fuite en avant généralisée que
stimule une inégalité délibérément entretenue, dans ce que Ivan Illich appelle la « modernisation de la
pauvreté » ? Dés que la masse peut espérer accéder à ce qui n’était jusque là qu’un privilège de l’élite, ce
privilège ( le bac, la voiture, le téléviseur ) est dévalorisé par là même, le seuil de la pauvreté est haussé d’un
cran, de nouveaux privilèges sont créés dont la masse est exclue. Recréant sans cesse la rareté pour recréer
l’inégalité et la hiérarchie, la société engendre plus de besoins insatisfaits qu’elle n’en comble, « le taux de
croissance de la frustration excède largement celui de la production » ( Illich )
Tant qu’on raisonnera dans les limites de cette civilisation inégalitaire, la croissance apparaîtra à la masse des
gens comme la promesse, pourtant entièrement illusoire, qu’ils ne cesseront un jour d’être « sous-privilégiés », et
la non-croissance comme leur condamnation à la médiocrité sans espoir. Aussi n’est-ce pas tant à la croissance
qu’il faut s’attaquer qu’à la mystification qu’elle entretient, à la dynamique des besoins croissants et toujours
frustrés sur laquelle elle repose, à la compétition qu’elle organise en incitant les individus à vouloir, chacun, se
hisser au-dessus des autres. La devise de cette société pourrait être : ce qui est bon pour tous ne vaut rien. Tu ne
seras respectable que si tu as mieux que les autres.
Or c’est l’inverse qu’il faut affirmer pour rompre avec l’idéologie de la croissance : seul est digne de toi ce qui est
bon pour tous. Seul mérite d’être produit ce qui ne privilégie ni n’abaisse personne. Nous pouvons être plus
heureux avec moins d’opulence, car dans une société sans privilège il n’y a pas de pauvres.
Essayer d’imaginer une société fondée sur ces critères. La production de tissus pratiquement inusables, de
chaussures durant des années, de machines faciles à réparer et capables de fonctionner un siècle, tout cela est,
dés à présent, à la porté de la technique et de la science, de même que la multiplication d’installations et de
services collectifs ( de transport, de blanchissage, etc.) dispensant chacun de l’achat de machines coûteuses,
fragiles et dévoreuses d’énergie.
Supposez dans chaque immeuble collectif deux ou trois salles de télévision ( une par programme ) ; une salle de
jeux pour les enfants ; un atelier bien équipé de bricolage ; une buanderie avec aire de séchage et de repassage :
aurez-vous encore besoin de tous vos équipements individuels, et irez-vous encore vous embouteiller sur les
routes s’il y a des transports collectifs commodes vers les lieux de détente, des parc de bicyclettes et de
cyclomoteurs sur place, un réseau dense de transport en commun pour les banlieues et les villes ?
Imaginez encore que la grande industrie, planifiée centralement, se borne à ne produire que le nécessaire :
quatre ou cinq modèles de chaussures et de vêtement qui durent, trois modèles de voitures robustes et
transformables, plus tout ce qu’il faut pour les équipements et services collectifs. C’est impossible en économie
de marché ? Oui. Ce serait le chômage massif ? Non : la semaine de vingt heures, à condition de changer de
système. Ce serait l’uniformisation et la grisaille , Non, car imaginez encore ceci :
Chaque quartier, chaque commune dispose d’ateliers, ouvert jour et nuit, équipé de gammes aussi complètes que
possible d’outils et de machines, où les habitants, individuellement, collectivement ou en groupes, produiront pour
eux-mêmes, hors marché, le superflu, selon leurs goûts et désirs.
André Gorz, « Le Sauvage » 1974.
In : « Ecologie et politique » Edition du Seuil, collection Politique, Paris 1978 , pages 14 et 15.
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TES / dossier 1 : annexe 5.
LES ANALYSES THEORIQUES DE LA CROISSANCE
La question à laquelle doivent répondre les théories de la croissance est la suivante: quel est l'effet sur la production et sa
variation, d'une variation, séparée ou simultanée, de la quantité de facteurs de production employée et de leur efficacité ?
Les réponses sont différentes suivant les paradigme étudiés.
1 / Les théories de la croissance: de A. Smith à K. Marx.
A.Smith met en avant la division du travail. De la division du travail « découlent tant d'avantages» qui permettent
d'augmenter les performances de l'industrie et des rendements. Cet accroissement de la productivité est source de croissance
économique si elle s’accompagne d’une extension des marchés pour permettre le développement . L’individu est poussé par
une main invisible à rechercher son intérêt et donc l’intérêt général. Il envisage la possibilité d’une croissance indéfinie.
Pour D. Ricardo, la croissance est nécessairement plafonnée, sous l'effet du mécanisme de fixation de la rente foncière. Cette
conception est exposée dans ses Principes de l'économie politique et de l'impôt
( 1817).Les propriétaires fonciers tirent de la terre une rente qui se justifie par la différence de fertilité des terres mises en
culture. Avec l'accroissement de la population, les terres moins fertiles doivent être mises en culture. Le prix des denrées
agricoles s'établit en fonction du coût de production correspondant à la terre la moins productive. Les propriétaires des
meilleures terres bénéficient donc d'une rente différentielle, qui ne correspond pas à une contribution spécifique à la
production, mais à un avantage naturel procuré par les meilleures terres à leurs possesseurs. Le renchérissement du prix des
denrées alimentaires augmente le coût du travail, ce qui réduit les profits des capitalistes, et donc la rentabilité du capital: à
terme, les investissements supplémentaires sont impossibles, car non rentables.
Du point de vue de la fonction de production, l'analyse ricardienne peut être présentée ainsi: si le facteur travail augmente,
du fait de l'accroissement de la population, la quantité de capital ne peut croître indéfiniment, sous l'effet des rendements
décroissants, et l'économie atteint un « état stationnaire ».
Pour K. Marx, les techniques jouent un rôle dans le processus d'accumulation et dans la croissance.
Les entrepreneurs capitalistes sont en concurrence entre eux; cette concurrence s'exerce notamment par la mise en œuvre de
techniques nouvelles, ce qui conduit à l'accumulation du capital, et au développement des forces productives. Cette
accumulation a pour résultat la modification de la « composition organique du capital », caractérisée par une augmentation de
la part du « capital constant» ( non créateur de plus value ), et une diminution de la part du « capital variable» ( seul créateur
de plus value) ; aujourd'hui, on dirait que le capital / travailleur ou par tête, augmente. Le résultat de ce processus
d'accumulation est une« baisse tendancielle du taux de profit» ( plus value / capital constant + capital variable ). A terme
l'accumulation du capital doit s'interrompre, faute d'une rentabilité suffisante.
Marx envisage une croissance simultanée du travail et du capital; mais la croissance du second est plus rapide, ce qui aboutit
à un plafonnement de la production. Cela revient à considérer que la croissance de la production n'est possible que dans la
mesure de la croissance de la population. Mais la baisse des taux de profit va pousser les capitalistes à augmenter le taux
d’exploitation ce qui va conduire à la révolution.
2) Les théories contemporaines de la croissance et la prise en compte du progrès technique
La théorie de R. Solow. (né en 1924, prix Nobel en 1987, courant néo-classique)
Sa contribution principale est la prise en compte du rôle du progrès technique dans la croissance économique. Selon lui, le
progrès technique a pour effet d'accroître la quantité de travail utilisée, mesurée non pas en unités physiques (nombre d'heures
travaillées) mais en unités d'efficience. Ce pourrait être une « amélioration du modèle de machine à écrire qui donnerait à une
secrétaire la valeur de 1, 04 secrétaires au bout d'un an » . Le progrès technique agirait donc comme un agrandisseur du
nombre d'heures travaillées, et tout se passe comme si la population effective était supérieure à la population réelle.
La fonction de production devient: Y = f (K, L, A ) ou A est le progrès technique.
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Dans cette théorie, le progrès technique est « autonome», il constitue un « résidu »
Le modèle de Solow implique une convergence de la croissance des différents pays. En effet, les économies peuvent
accumuler du capital à concurrence du taux de croissance de la population effective, mais pas au-delà car on retomberait dans
l'hypothèse des rendements décroissants. En conséquence, le taux de croissance de la production est plafonné. Un pays
partant d'un bas niveau de capital par tête (PED ) peut accumuler du capital, jusqu'à rejoindre le rythme de croissance des
pays plus avancées ( à rapprocher de la thèse du « retard de développement» de Rostow ).
Deux limites à ce modèle de Solow : il n'explique pas l'origine du progrès technique qui «tombe du ciel» ( exogène). La
convergence des taux de croissance des différents pays ne s'est pas produite.
Les théories de la croissance endogène : P. Romer ; R. Lucas. ( nouveaux classiques )
.Il s'agit de théories de la croissance économique qui intègrent le progrès technique, c'est à dire en font un
élément endogène au modèle de croissance, en en indiquant l'origine.
Deux courants se manifestent.
Un courant est représenté par l'économiste américain Paul Romer. Il considère qu'une société accumule des connaissances
techniques spontanément, en produisant: produire développe un savoir-faire qui permet par la suite de produire plus
efficacement . Dès lors, les possibilités de croissance et de développement sont conditionnées par l'état initial des économies (
les sociétés moins développées ont moins l'occasion de bénéficier des effets du progrès technique, parce qu'elles produisent
moins , ceci explique la non convergence des économies ).
Un autre courant est représenté par l'économiste américain Robert Lucas ( Nobel en 1995 ). Il reprend la notion de capital
humain: le progrès technique a pour origine l'accumulation du capital humain, par l'éducation et la formation. L'économie
accumule du capital humain, comme elle accumule du capital physique.
Bien que s'inscrivant dans le courant néo-classique et libéral, ces analyses justifient une intervention de l'Etat: il
peut intervenir en favorisant la mobilisation de l'épargne et l'accumulation, pour donner« des occasions de
produire» (ROMER), pour favoriser l'accumulation du« capital humain, en développant le système éducatif (
LUCAS ).
3) Les approches keynésiennes de la croissance
J.-M. Keynes (1883-1946) étudie principalement l'équilibre de sous-emploi à court terme, dans un cadre statique. Il faut
attendre la fin des années 1940 pour que les hypothèses de Keynes soient reprises dans un cadre dynamique afin d'étudier la
croissance, grâce au travail de deux économistes keynésiens,
R. Harrod (1900-1978) et E. Domar (né en 1914).
La croissance équilibrée est improbable.
Le modèle proposé par Harrod et Domar repose sur l'hypothèse d'une rigidité du coefficient de capital: il faut augmenter dans
la même proportion la quantité de travail et de capital pour produire davantage, car les facteurs sont complémentaires. Pour
produire davantage, une hausse de l'investissement est nécessaire. Elle a deux effets indépendants:
- un effet-revenu sur la demande, selon le principe du multiplicateur keynésien, qui dépend du taux d'épargne.
- un effet de capacité, c'est-à-dire une augmentation de l'offre dans une proportion fixée par le coefficient de capital.
Rien ne garantit à l'avance que l'augmentation de la demande et l'augmentation de l'offre se compensent, car le taux d'épargne
et le coefficient de capital sont des variables indépendantes. La croissance a donc toutes les chances d'être déséquilibrée. Par
ailleurs, le plein emploi est aussi improbable car il dépend d'une troisième variable indépendante, l'augmentation de la population active.
L'approche keynésienne de la croissance justifie donc l'intervention de l'État, indispensable pour maintenir l'économie au
voisinage d'un sentier de croissance de plein emploi.
La croissance est instable.
D'après le modèle Harrod-Domar, la croissance est par ailleurs instable, car les déséquilibres ont tendances à s'accentuer. Par
exemple, une croissance supérieure aux prévisions d'équilibre incite les entrepreneurs à investir d'avantage pour répondre à la
demande imprévue, ce qui augmente encore la demande en raison de l'effet multiplicateur, et donc le déséquilibre initial.
Selon l'expression d'Harrod, la croissance est donc « sur le fil du rasoir », car un léger déséquilibre a tendance à s'accentuer
irrémédiablement.
L'État doit donc mener une politique des revenus judicieuse pour conduire la croissance vers son niveau d'équilibre et de
plein emploi.
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TES D1 : annexe 6
1. Croissance et développement: deux notions proches mais distinctes
A. Définitions
Au sens strict, la croissance économique est un processus d'accroissement sur une longue période de
la quantité de ressources produites dont peuvent disposer les membres d'une société. Enclenché historiquement par la
Révolution industrielle au XVIIIe siècle, ce processus se caractérise par une hausse de la productivité (du travail
notamment) résultant d'innovations techniques et organisationnelles et se traduit généralement par une augmentation de la
quantité moyenne de ressources disponibles par habitant. Il ne doit pas être confondu avec un autre processus de longue durée
qui « englobe et soutient la croissance" (F. Perroux): le développement. On désigne ainsi les transformations structurelles
économiques et sociales (au sens large) qui accompagnent souvent - mais pas toujours - la croissance et qui se traduisent - en
principe - par une amélioration durable du bien-être de la population. Ces transformations structurelles touchent des
domaines aussi divers que les institutions (politiques ou publiques notamment), la stratification sociale, la répartition des
richesses (notamment de la valeur ajoutée), les secteurs d'activité économique, l'insertion dans les relations économiques
internationales, les relations entre les individus ou entre les groupes sociaux, les valeurs et normes sociales, etc. C'est dire si,
comme l'affirmait Simon Kuznets (Prix Nobel d'économie en 1971), «La croissance économique n'est ni pleinement
intelligible ni correctement mesurable et analysable si l'on se limite aux variables économiques traditionnelles".
B. Les indicateurs et leurs limites
Comment mesurer la croissance et le développement? Pour la croissance, on se borne généralement à calculer le taux de
croissance du Produit intérieur brut (PIB) réel (c'est-à-dire en volume ou à prix constants) sur une période donnée , le PIB
représentant la valeur ajoutée totale créée et donc la somme des revenus distribués à l'occasion de la création de cette valeur
ajoutée.
On peut affiner l'analyse de la croissance en tenant compte de l'augmentation phénoménale de la productivité du travail au
cours du siècle dernier. Globalement, on produit aujourd'hui beaucoup plus de biens et de services qu'il y a un siècle en
beaucoup moins d'heures de travail. C'est ce qui permet de qualifier la croissance d'intensive. Cependant, pour comparer les
niveaux de vie moyens des différents pays à un moment donné ou leur évolution au cours d'une période donnée, il faut tenir
compte également de leur population. On compare alors le PIB par habitant censé tenir lieu de revenu par tête .
Le niveau de développement d'un pays ne se réduit pourtant pas au niveau de vie moyen de ses habitants (surtout lorsque
cette moyenne dissimule de profondes inégalités internes). Le caractère multidimensionnel du développement exige la
construction d'un indicateur synthétique combinant plusieurs critères du développement. Le plus usité est l'indicateur du
développement humain (IDH) élaboré par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L'IDH combine
trois critères représentant trois dimensions du développement humain selon le PNUD (capacité à vivre longtemps et en
bonne santé, accès à l'éducation et au savoir et la possibilité d'atteindre un niveau de vie décent) symbolisées respectivement
par: l'espérance de vie à la naissance, le niveau d'instruction (combinaison du taux d'alphabétisation des adultes et du taux
brut de scolarisation) et le PIB par habitant en parités des pouvoirs d'achat. Ainsi, deux pays ayant le même niveau de PIB
par habitant n'ont pas nécessairement le même niveau d'IDH et réciproquement, un même niveau de développement humain
peut être atteint par des pays de niveau de vie différent. Mais la complexité du phénomène de développement est telle qu'il
serait vain de vouloir en mesurer toutes ses dimensions (économique, sociale, culturelle, politique, technique) par un seul
indicateur, aussi synthétique soit-il: certaines d'entre elles échappent en effet à la quantification, d’ou l’IPH 1 et 2, l’ISDH et
l’IDT .
C. Les disparités de la croissance dans le temps et dans l'espace
Moyennant quelques précautions d'interprétation des données liées à leurs limites, les indicateurs de la croissance et du
développement permettent d'établir des comparaisons dans le temps ou dans l'espace. On constate notamment que la
tendance à la croissance du PIB sur le long terme recouvre de multiples fluctuations à court terme d'amplitude et de
périodicité variables. La croissance française a retrouvé son rythme séculaire (2,4 % par an) après la parenthèse des trente
glorieuses (5,5 % par an). Sur l'ensemble de la deuxième moitié du XXe siècle, les PIB français et américain évoluent ainsi
pratiquement au même rythme moyen (3,6%) même si, depuis 1980, les performances américaines sont légèrement
supérieures (en partie à cause d'un changement de mode de calcul du PIB réel américain). Sur très longue période, les travaux
de Maddison montrent de profondes disparités des taux de croissance du PIB par habitant entre les grandes zones
géographiques. Ainsi, au cours des deux derniers siècles, la croissance du niveau de vie au Japon a été deux fois plus rapide
qu'en Europe occidentale et une fois et demie plus rapide que dans les pays d'immigration européenne (hors Amérique latine).
Alors que le niveau de vie moyen dans le monde était multiplié par 8, il n'était multiplié que par 3 en Afrique et par 5 en Asie
(hors Japon) contre 30 au Japon (ces chiffres ne sont que des ordres de grandeur). Au cours du dernier quart du XXe siècle, le
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niveau de vie moyen en Afrique a stagné, et il a régressé dans les pays de l'ex-URSS. On est donc loin d'une convergence
générale des niveaux de vie même si, ici où là, quelques pays parviennent à rattraper progressivement leur retard. Quant aux
niveaux de développement (tels que les appréhende l'IDH), là aussi les écarts restent considérables et s'accroissent même
en termes absolus entre certaines régions du monde (pays membres de l'OCDE par rapport à l'Afrique ou par rapport aux
anciens pays communistes «de l'Est » pour nombre desquels la transition à l'économie de marché s'est traduite - au moins
dans un premier temps - pas une régression de leur IDH).
2. Croissance, développement et changement social: les interactions
A. Les interrelations entre croissance et développement
Confondre la croissance et le développement revient à confondre les moyens avec la fin (ou le but). Si personne - ou presque
- ne conteste que le développement reste un objectif à défendre, d'aucuns s'interrogent sur les meilleurs moyens d’y parvenir.
La croissance en fait-elle partie? Tout le monde - ou presque s'accorde pour dire que la croissance économique est une
condition nécessaire - ou favorable tout du moins - au développement et ce d'autant plus que le niveau de développement est
faible. Si l'on se limite aux seuls critères constitutifs de l'IDH, il n'est pas douteux que la croissance des revenus peut
permettre une amélioration des conditions de vie d'un point de vue tant quantitatif que qualitatif. Pour autant, si deux pays de
même niveau de vie moyen et connaissant le même taux de croissance peuvent avoir un niveau d'IDH différent, c'est que
d'autres facteurs (extra-économiques) que la seule croissance entrent en jeu. Cette dernière n'est donc pas une condition
suffisante au développement. D'ailleurs, les exemples de pays ayant connu une croissance soutenue s'accompagnant d'une
hausse de leur taux de pauvreté ne sont pas rares. Il peut donc y avoir croissance sans développement en particulier lorsque
la plus grande partie de la population est privée des fruits de cette croissance.
En revanche, la relation en retour suscite moins de débats. Un relatif consensus règne autour de l'idée que le développement
«soutient » la croissance. Une meilleure santé et un meilleur niveau d'instruction par exemple favorisent les facultés
productives de la main-d'œuvre.
B. Les interrelations entre développement et changement social
Dans l'histoire du développement des pays occidentaux, le processus d'industrialisation connu sous le nom de Révolution
industrielle s'est accompagné de profondes transformations de la structure sociale. De nouvelles catégories sociales sont
apparues, l'urbanisation a affecté les liens de solidarité traditionnels (familiaux, communautaires, etc.). De nouvelles valeurs
se sont diffusées progressivement dans l'ensemble de la société. Mais comme souvent en sciences sociales, les relations entre
les phénomènes ne sont pas univoques. Depuis la célèbre étude de Max Weber sur L'Éthique protestante et L'esprit du
capitalisme et les débats qu'elle a suscités, la question de l’influence (religieuses notamment) sur le développement
économique est périodiquement reposée. On oublie néanmoins trop souvent que Max Weber lui-même n'a jamais eu
l'intention de substituer un déterminisme culturel au déterminisme économique marxiste. Reconnaître à la culture une
influence indéniable n'implique pas d'en faire une explication causale unique ce qui n'aurait guère de sens tant les phénomènes étudiés sont complexes et entremêlés.
C. Les limites de la croissance et du développement
La croissance, on l'a dit, ne débouche pas nécessairement sur le développement. Mais elle peut même avoir parfois des effets
contraires au développement. C'est le cas lorsqu'elle se paye au prix d'une détérioration des conditions de vie et de travail des
populations, d'une augmentation des inégalités et/ou de la pauvreté ou d'une dégradation de l'environnement et d'un
épuisement des ressources primaires non renouvelables. C'est ce que certains nomment le mal-développement. Aussi, la
prise en compte de ces effets pervers de la croissance, a conduit à préciser les qualités que devrait réunir un bon développement: c'est ce qui a abouti en 1987 à la définition par les Nations unies de l'objectif de développement durable comme «un
développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux
leurs" (Rapport Brundtland). Quelques auteurs récusent néanmoins l'idéologie «développementiste" en ce qu'elle participe
d'une occidentalisation du monde. En outre, la généralisation des modes de croissance «énergivore" des pays industrialisés à
l'ensemble de la planète ne pourrait qu'aggraver les problèmes écologiques. La solution réside donc au moins autant dans une
meilleure répartition mondiale des ressources existantes que dans une croissance généralisée mais plus économe en énergie
et moins polluante (ce qui peut sembler chimérique).
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TES D1 annexe 7
Sujet 1
THEME: Croissance, développement et changement social
Document 1
Comparaison IDH et PIB/hab.
-- --
Pays
Etats-Unis
France
Clùne
Gabon
Singapour
Vietnam
PIB/habitant
26967
21176
2935
3766
26910
1570
IDH
0,943
0,946
0,650
0,568
0,896
0,560
Rang selon le
PIB/habitant
2
12
91
60
3
130
Rang selon l'IDH
4
2
106
120
28
122
Source: D'après le Rapport mondial sur le développement humain PNUD. et Banque mondiale 1996.
Document 2
Il n'existe pas de lien automatique entre croissance et développement humain. les deux sont pourtant
inséparables. Difficile. en effet, d'améliorer le développement humain sans croissance économique.
Celle-ci permet pour une bonne part de créer des emplois. de distribuer toujours plus de salaires, de
dégager les ressources nécessaires au développement humain (construction d'écoles, d'hôpitaux).
d'améliorer le système de protection sociale... À l'inverse, il n'y a pas de croissance durable sans développement humain, car un pays ne peut espérer développer sa productivité à long terme sans améliorer le
niveau d'éducation et les conditions de vie de sa population.
Source: Alternatives économiques, hors série n°32, 3ième trimestre 1997.
QUESTIONS PREALABLES:
1. Indiquez les critères pris en compte pour établir l'IDH. (DOCUMENT N°l)
2. Comparez le PIB/habitant et l'IDH, d'une part pour les Etats-Unis et la France, d'autre part pour le
Gabon et le Vietnam. (DOCUMENT N° 1 )
3. Expliquez la phrase en italique. (DOCUMENT 2)
QUESTION GENERALE :
Vous montrerez d'une part que la croissance est une condition du développement et
que d'autre part le développement soutient la croissance.
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Sujet 2
THEME : Introduction générale: Croissance, développement et changement social.
Document 1 : Le PIB de la France.
en volume )
PIB total
(1)
PIB par
Tête (2)
1785
1800
1850
1900
1920
1950
1979
320
400
530
900
1410
1640
5000
8,6
7
18.9
35
37
68
280
J.c. Toutain, Le PIB de la France, Ed. du CNRS, 1983.
(1) En milliards de francs constants (1905). (2) En francs constants (1905).
(2)
Document 2
Le développement permet d'appréhender les aspects qualitatifs de la croissance, c'est à dire les
effets spatiaux, répartition sociale de la croissance, évolution des mentalités, évolutions
sectorielles, ouverture, structure de consommation. C'est la notion de transformation qui fonde
la distinction croissance - développement.
Pour F.Perroux, «le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux
d'une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son
produit réel».(...)
Le rapport mondial sur le développement humain de 1986 a défini le développement humain
comme le processus d'élargissement des possibilités qui s'offrent aux individus; ce rapport
insiste sur les choix essentiels du développement: la possibilité de mener une longue vie en
bonne santé, d'acquérir des connaissances, d'accéder à l'emploi, aux revenus nécessaires pour
bénéficier d'un revenu décent.
L'indicateur synthétique (par exemple le PIB) qui rend compte de la croissance, ne concerne
pas les transformations englobées sous le terme de développement. L'indicateur de
développement humain (IDH), qui combine PIB réel par tète, taux d'alphabétisation des
adultes et espérance de vie, serait plus apte à cerner la réalité du développement.
S.Brunel, Les Tiers-monde: controverse et réalités, Ed. Economica, 1987.
QUESTIONS PREALABLES:
1. Quel est l'intérêt d'exprimer le PIB en volume? (document 1).
2. Exprimez en indices (base 100 pour 1785) le PIB total et le PIB par tête de la
France en 1950.
(document 1).
3. Quels sont les indicateurs retenus dans la construction de l'IDH? (document 2).
4. Quelle différence permet de distinguer la croissance du développement?
(document 2).
SYNTHESE : Montrez en quoi le PIB est un indicateur nécessaire mais non suffisant
du développement.
Tesd1/EB05/06.
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