
Tremblement orthostatique : une pathologie cérébelleuse ?
Cécile Gallea, Traian Popa, Daniel Garcia-Lorenzo, Romain Valabregue, Andre-Pierre
Legrand, Emmanuelle Apartis, Lea Marais, Bertrand Degos, Cecile Hubsch, Sara
Fernandez-Vidal, Eric Bardinet, Emmanuel Roze, Stéphane Lehéricy, Sabine Meunier,
et Marie Vidalhet. Centre de Neuroimagerie de Recherche-CENIR, Institut du Cerveau
et de la Moelle épinière-ICM, Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière, 75651 Paris, Cedex
13, France.
Introduction.
Le tremblement primaire orthostatique (TOP) est un tremblement de fréquence 13-
18 Hz caractéristique et spécifique des muscles des jambes et du tronc qui survient
lors de la station debout immobile. Il est associé à un sentiment d’instabilité, une
peur de tomber, une fatigue et souvent de la douleur. Une impression subjective
d’augmentation de l’instabilité est perçue au cours du temps par le patient sans
changement concomitant de la fréquence du tremblement. A ce jour, une question
se pose : cette sensation désagréable d’instabilité est-elle la cause ou la conséquence
du tremblement orthostatique ? Un dysfonctionnement cérébelleux a été impliqué
bien qu’aucune démonstration directe n’ait été faite. Cependant, des arguments sont
en faveur de cette hypothèse, parmi lesquels, des troubles de la posture
(oscillations), la présence d’un second pic à la fréquence du tremblement cérébelleux
(3-5 Hz), l’existence d’un TOP chez des patients porteurs de lésions du cervelet ou du
pont. Cependant sont-ils spécifiques au TOP ou participent-ils à d’autres
tremblements tels que le tremblement essentiel ou le tremblement de Parkinson ?
Les rares études disponibles en neuroimagerie ne clarifient pas ce point. Une seule
étude utilisant le 18 F-fluorodexoxyglucose comme traceur dans l'imagerie par
tomographie par émission de positons rapporte chez un patient un hyper
métabolisme bilatéral au niveau du cortex moteur primaire et du vermis cérébelleux.
Le métabolisme énergétique cérébral redevient cependant normal lorsque le
tremblement est supprimé par stimulation cérébrale profonde du noyau ventral
intermédiaire (VIM) du thalamus. Dans le même ordre d’idée, des études rapportent
que la stimulation du VIM améliore le tremblement orthostatique. Dans la
physiopathologie du TOP et du tremblement essentiel, les boucles cérébelleuses
motrices mis en jeu sont différentes. Ainsi, dans le TOP, des oscillateurs situés au
niveau du tronc cérébral semblent impliqués dans la régulation de l’attitude et du
tonus. De plus, le TOP perturbe la boucle de rétroaction proprioceptive qui contribue
à stabiliser la contraction musculaire au niveau des jambes ce qui entraîne une
aggravation du tremblement.
Le but de cette étude est de caractériser par une approche multimodale, les déficits
anatomo-fonctionnels de la voie cérébelleuse motrice dans le TOP.