CELUI QUI EST,
LE DIEU VIVANT ET VRAI
DE GRÉGOIRE PALAMAS
Hiéromoine Athanase (Jevtić)
Pour célébrer la mémoire de saint Grégoire Palamas, archevêque de l’Église du
Christ à Thessalonique, théologien et Père de l’Église catholique et universelle pandue dans
le monde, j’ai choisi de vous parler d’une question de portée générale.
Le sujet de mon intervention est en effet Celui qui est [oJ [Wn, c’est–àdire
Yahweh comme Dieu vivant et vrai], tel que Le confesse théologiquement saint Grégoire
Palamas, et tel qu’il en portait témoignage dans sa vie bienheureuse comme dans sa théologie.
Pour commencer, je dois confesser la crainte et l’embarras qui me saisissent de devoir parler
d’un sujet aussi théologique devant un auditoire aussi théologien, venu de ma chère ville de
Thessalonique, de la sainte Montagne et de la Grèce, ma seconde patrie. La crainte qui me
saisit est surtout de ne savoir exposer et commenter comme il le conviendrait devant votre
charité, la foi et la théologie de ce Père si grand parmi les Pères et les théologiens de l’Église
orthodoxe, et la confession si inspirée qu’il a exposée de ces vérités bibliques et patristiques
qui représentent le noyau même de notre foi chrétienne, de notre identité orthodoxe.
Si j’ai choisi de vous parler de ce sujet, je dois le dire d’entrée, c’est que la théo-
logie de saint Grégoire Palamas ne constitue toute entière qu’un grandiose commentaire de
l’Évangile selon saint Jean qui était lui–même “le plus théologien des évangélistes”
1
, et
surtout de son chapitre 17, verset 3 : Car ceci est la vie éternelle qu’ils te connaissent [dans le
sens biblique de la connaissance = communion], Toi le seul vrai Dieu, et Celui que tu as
envoyé, Jésus Christ.
2
Saint Grégoire Palamas est un théologien véritablement biblique et évangélique,
sa théologie se trouve dans la filiation vivante des grands théologiens de l’Église du Christ, en
commençant par saint Jean le Théologien et en poursuivant sans interruption par Irénée de
Lyon, Athanase le Grand, les Cappadociens et en particulier Grégoire le Théologien, puis
1
. Œuvres , 1, 93. Les Œuvres de saint Grégoire Palamas sont citées d’après l’édition critiques grecque
publiée par le professeur P. Christou à Thessalonique Suggravmata [ Œuvres écrites complètes ], tomes I-III,
1962-1970 (citées ci-dessous Œuvres ); puis les Homélies: d’après l’édition de la “Patrologie grecque” (PG 150-
151), et d’après l’édition de OECONOMOU (Athènes 1961), et les Chapitres et autres Ïuvres d’après la
“Philocalie”, 4ème éd. (Athènes 1961, tome 4). Pour le lecteur français, rappelons que les Triades ont été éditées
(avec une traduction française) par le P. J. MEYENDORFF, tomes I-II (Louvain 1973), un recueil de Douze
Homélies pour les fêtes, traduites par J. CLER (Paris 1986) et Sur la déification de l’être humain traduit par M.-J.
MONSAINGEON et J. PARAMELLE (Paris 1990)..
2
. Le compagnon d’ascèse de saint Grégoire Palamas dans les exploits de l’hésychasme et de la théologie,
SAINT GREGOIRE LE SINAÏTE, commente ainsi ce passage de Jean 17, 3 : Error! Reference source not found.
(Chapitre 32 “Philocalie”, tome 4, p. 36, Athènes 1961).
Denys l’Aréopagite, Maxime le Confesseur, Syméon le Nouveau Théologien, et tant d’autres
parmi les plus grands des Pères et théologiens de l’Orthodoxie. Cette théologie vivante, bi-
blique, apostolique et patristique, continue et poursuit essentiellement la “théologie révélatrice
de la Vérité–même du Christ”, de ce Christ que saint Grégoire Palamas qualifie aussi de
“Premier Théologien”
3
.
Cette “théologie de la manifestation” ou, pour reprendre les paroles de Palamas
lui–même, cette théologie révélatrice et manifestante, c’est–àdire cette théologie de la théo-
phanie et de l’eschatologie, n’est pas simplement une philosophie sur Dieu, ce n’est pas non
plus une théologie philosophique; c’est le témoignage béni, vivant et véritable, que nous déli-
vrons en envoyés de Dieu, face à Dieu, parlant en Christ, sur le Dieu vivant et véritable, en
démonstration d’Esprit et de puissance, dans l’exploit béni de l’hésychasme, dans l’Église : le
visage découvert, nous réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, transformés
en cette même image, allant de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur
4
. Le Dieu de
saint Grégoire Palamas n’est pas “le dieu des philosophes”, c’est bien “le Dieu de nos Pères”,
c’est–àdire le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, des saints Prophètes, des Apôtres et des
Pères, c’est–à–dire aussi le Dieu biblique de la Révélation et du salut; c’est encore le Dieu de
l’alliance et du conseil avec l’homme, le Dieu de la Tradition vivante, judéochrétienne,
ecclésiale, c’est le Dieu qui s’est révélé en Christ par la puissance de l’Esprit saint.
On peut tenir pour assuré que toute la théologie et tout le témoignage de saint
Grégoire Palamas prennent leur source dans ce témoignage évangélique du saint apôtre Jean le
Théologien : Dieu, personne ne l’a jamais vu; le Fils unique, Celui qui est dans le sein du
Père, Lui nous L’a révélé
5
. Cette parole suprêmement évangélique de l’apôtre Jean l’Évangé-
liste contient à l’évidence les deux affirmations bibliques fondamentales sur Dieu.
Première affirmation : Dieu, personne ne l’a jamais vu. Elle témoigne du mystère
inaccessible et inconcevable du Dieu transcendant de la Bible ce qui représente donc la
moitié à peu près de la théologie de saint Grégoire Palamas : la théologie apophatique, qui
confirme précisément la totale impuissance de l’esprit humain à comprendre, et du discours
humain à exprimer dans toute son authenticité le mystère de Dieu
6
. Tout ce que l’esprit hu-
main pourrait comprendre et dire du Dieu inconnaissable, invisible et inconcevable, ne repré-
senterait encore qu’une sorte de “philosophie sur Dieu” ou de “théologie philosophante”. Elle
se révélerait indigne de susciter la moindre confiance en sa fidélité et en son authenticité. Une
telle “théologie” ne pourrait au maximum qu’apporter et citer quelques éléments qui établis-
sent l’existence “d’une énergie contemplée seulement en ses créatures”
7
; elle ne saurait fournir
un témoignage véritable de l’existence du Dieu vivant et véritable, du “Dieu par essence et en
trois hypostases”
8
.
Cependant la deuxième affirmation contenue dans le passage de saint Jean l’Évan-
géliste que nous avons cité porte aussi témoignage d’une autre vérité et c’est bien en cela
qu’elle constitue véritablement l’ Évangile“ ( = la Bonne nouvelle, la joyeuse annonce) pour
nous les hommes comme pour notre connaissance et notre discours sur Dieu. Cette
affirmation nous parle en effet de l’apparition et de la révélation de ce Dieu jusqu’alors
inconnu : Le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui nous l’a révélé. C’est dans cette
vérité évangélique, révélée par Dieu, que réside l’autre moitié de la théologie de saint
Grégoire Palamas, sa théologie cataphatique, celle qui représente le point de départ de son
exploit d’hésychaste et de théologien ainsi que de son expérience spirituelle dans l’Église.
C’est la Personne du Fils unique de Dieu, venu du sein du Père, pour nous révéler Dieu le
Père; elle est aussi la source première et authentique, le gage du témoignage théologique et
vécu du saint archevêque de Thessalonique et Théologien de toute l’Orthodoxie. Aussi est–ce
bien cette personne du Fils de Dieu incarné, du Dieuhomme, le Christ, qui révèle au monde
3
. Discours démonstratifs, I, Œuvres , tome I, P. 25.
4
. 2 Cor. 2, 17 et 3, 18; 1 Cor. 2, 4.
5
. Jean 1, 18.
6
. Cf. Lettre 1 (à Akindynos), Œuvres , 1, 211.
7
. Homélie 16 (PG 151; 204 B); cf. Œuvres 2, p. 582.
8
. Ibid.
et aux hommes la sainte et vivifiante Trinité, Celui qui est [Yahweh, oJ [Wn], réellement et
véritablement Dieu, l’unique Dieu vivant et vrai; ainsi nous sont révélés et offerts, à nous
autres les hommes, la véritable connaissance et le véritable discours sur Dieu [la théologie], et
par là même la véritable connaissance, l’union vraie avec Dieu et la vie éternelle
9
Si nous avons dit ces quelques mots en guise d’introduction, c’est pour souligner
qu’il ne serait pas exact d’isoler et de mettre en valeur la théologie de saint Grégoire Palamas
comme une théologie qui serait avant tout “consacrée à distinguer l’essence et l’énergie en
Dieu”. S’il a certes souvent mentionné et souligné dans ses œuvres la vérité théologique de la
distinction entre essence et énergie en Dieu, la visée de sa théologie garde tout entière un ca-
ractère à la fois biblique et personnaliste marqué, c’est–àdire un caractère trinitaire. Ce qui
saute d’entrée à nos yeux dans la théologie palamite est bien cette vérité de la communion et
de l’union vécue de l’homme avec le Dieu vivant et véritable, c’est–àdire la manifestation de
la sainte Trinité, la vérité de la participation totale de l’homme au corps du Christ incarné par
la grâce de l’Esprit, et ainsi à la vie d’amour éternelle et incréée de la sainte Trinité, Père, Fils
et saint Esprit. La réalité et le caractère expérimental de cette union vécue avec le Dieu qui est,
incluent, pour la théologie de saint Grégoire Palamas, aussi bien la vérité de la transcendance
et de l’imparticipabilité de l’essence divine que de la participation et de la communion aux
énergies divines incréées du Dieu trinitaire. Ce sont donc justement ces éléments théologiques
fondamentaux, c’est–àdire le Dieu comme Trinité de Personnes, mais aussi son essence
transcendante (inaccessible) et la participation, la communication, à ses divines énergies
incréées mais participables, qui constituent la théologie orthodoxe de saint Grégoire de
Thessalonique sur Celui qui est, c’est–àdire sur le Yahweh biblique, le Dieu vivant et
véritable.
Pour le souligner, citons seulement certains des textes de saint Grégoire Palamas
qui manifestent sa vision théologique catholique (universelle) du Dieu vivant et véritable, du
Dieu de la tradition biblique, judéochrétienne ecclésiale et vivante.
Je voudrais tout d’abord que nous nous tournions vers cette Prière merveilleuse et
inspirée de saint Grégoire qui se trouve au début du premier Discours démonstratif sur la
procession du saint Esprit. Très caractéristique et très exacte est cette observation de certains
auteurs orthodoxes qui ont étudié la théologie hésychaste palamite, entre autres le
P. Amphiloque Radovic
10
, que la théologie hésychaste palamite sur la distinction entre
l’essence et les énergies divines, trouve à la fois son point de départ et sa confirmation dans la
vérité théologique de la procession hypostatique et du don de la grâce du saint Esprit, c’està
dire qu’elle découle de l’expérience de la vie pleine de grâce dans l’Esprit, dans l’Église
comme Corps du Christ et demeure de Dieu le Père, ou en d’autres termes du lien étroit
qu’elle établit entre Pneumatologie et Christologie selon la tradition et la foi de l’Église
orthodoxe.
La Prière de saint Grégoire Palamas que nous avons citée, précède sa présentation
de la théologie de la procession personnelle et du don bienheureux du saint Esprit, et cette
théologie est, nous l’avons dit, une “théologie manifestante (auto–révélatrice) de la Vérité
9
En voici un exemple caractéristique tiré des Triades de saint Grégoire Palamas (De la défense des saints
hésychastes, 2-3, 45-46, Œuvres 1, 578-579) : Aujourd’hui, Dieu nous est apparu dans la chair, cru par les
gentils, préché dans le monde (1 Tim. 3, 16), lorsque la loi de grâce a été révélée jusqu’aux confins de la terre,
lorsque nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu pour connaître les dons précieux que Dieu nous a faits
(1Cor. 2, 12), alors que nous sommes enseignés par Dieu (Jean 6, 45) et que nous sommes devenus élèves du
Paraclet [_], alors que nous possédons l’intellect du Christ (1 Cor. 2, 16) et les yeux de l’Esprit [_]; [Maintenant
nous sommes enseignés, non pas] par la contemplation des créatures, mais par la contemplation de Celui qui a
été établi Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté (Rom. 1, 4). [_] Nous n’avons maintenant qu’un
seul Maître, le Christ (Mat. 23, 10) [_]. La connaissance de Dieu qui nous est accessible se glorifie d’avoir Dieu
pour Maître ! Ce n’est ni un homme ni un ange, mais le Seigneur Lui-même qui nous a donné un enseignement et
qui nous a sauvés. Ce n’est plus par des approximations que nous connaissons Dieu, car telle est la connaissance
de Dieu qui nous vient des créatures, aujourd’hui, la vie s’est manifestée, [la vie] qui était auprès du Père et qui
s’est manifcstée à nous (1 Jean 1, 2) pour nous annoncer que Dieu est lumière, et qu’en Lui il n’est pas de
ténèbres (1 Jean, 1, 5]; ceux qui auront cru en Lui, il en a faits enfants de lumière (Éph. 5, 8) [_] et nous serons
semblables à Lui parce que nous Le verrons Tel qu’il est (1 Jean 3, 2).
10
Cf. son œuvre historique Le mystère de la sainte Trinité selon saint Grégoire Palamas (en grec),
Thessalonique 1973.
même, le Christ”, qui, selon les paroles de saint Grégoire Palamas, “comme Celui qui est
prééternel, est devenu pour nous théologien, puisqu’étant réellement la Vérité substantielle il
nous est apparu par amour de l’homme en hérault de la Vérité, car c’est bien pour cela qu’il
est venu en ce monde pour rendre témoignage à la Vérité, et quiconque est de la vérité et
cherche la vérité voudra suivre sa voix véritable
11
Sous un aspect ramassé, la Prière de saint Grégoire Palamas s’exprime ainsi :
Ô Dieu de l’univers,
maître unique et seul garant de la vraie théologie,
de tous ses dogmes et de toutes ses paroles,
unique Trinité au principe unique,
non seulement comme seul maître de l’univers,
mais unique aussi parce qu’en toi est l’unique Principe au–dessus des
principes,
unique Monade sans cause [= le Père]
de qui procèdent et vers qui remontent
hors du temps et sans cause et le Fils et l’Esprit [_]
re seul inengendré, qui ne procède pas et qui pour tout dire es sans
cause,
Père unique de Lumières non séparées et égales à Toi en gloire [= le Fils et
l’Esprit]
[_] Accorde–nous de t’être agréables pour dire ta Divinité [qeologhsai]
d’une même voix que ceux qui t’ont été agréables depuis les siècles, par la
parole ou par les actes
[_] Afin que nous te connaissions tous, seule et unique Source de la Divinité,
seul Père, le seul qui fait procéder
et ton Fils unique
et ton unique Esprit
et que nous glorifions un seul Dieu,
dans l’unité et la simplicité,
dans l’abondance, dirai–je, incontenable de la Divinité
pour que nous soyons glorifiés en retour par Toi
dans l’abondance de la déification et le rayonnement de ta triple lumière [=
les énergies divines], maintenant et aux siècles sans terme. AMEN
Si nous voulions simplement énumérer les principaux points de cette Prière, nous
pourrions dire que dans ce petit texte de prière et de doxologie de saint Grégoire Palamas nous
pouvons trouver toutes les questions fondamentales de sa théologie hésychaste : sa
Triadologie orthodoxe, avec une insistance si caractéristique sur la Monarchie du Père,
Source du Fils et de l’Esprit, mais aussi centre et garantie de l’unité de l’Être divin, qui se
trouve Error! Reference source not found., c’est–à–dire dans l’unique et simple Essence
divine, avec l’abondance qui Lui est propre de sa Gloire, de sa Lumière et des Énergies, qui
ne sont pas impersonnelles, mais trinitaires et hypostatiques (“dans le rayonnement de ta triple
lumière” [ejn trissofaeiv fwtocusiva/]) déifiantes pour toute créature (“dans l’abondance de
la déification [ejn plousiva/ qewvsei]”), c’est–àdire que ce sont les énergies divinisantes
11
. Œuvres 1, 26.
qui sont communes au Père, au Fils et à l’Esprit saint, de même que leur sont communs l’Être
divin, l’Essence ou la Nature divines. Nous pourrions donc dire que cette courte Prière de
saint Grégoire Palamas constitue bien une confession liturgique de sa foi véritable
( = orthodoxe) c’est–àdire un symbole résumé de sa foi, et un court chant de gloire
théologique exprimé dans la langue de la prière.
Or nous trouvons la même structure théologique dans la Confession de foi pro-
prement dite de ce saint de la sainte Montagne et de Thessalonique, mais bien sûr un peu plus
développée et exposée avec plus de précision théologique, ainsi que dans son Tome Hagiorite
et dans certaines de ses Homélies (p. ex. la 8ème Homélie contient une Confession de la foi et
la 16ème est vraiment importante). Partout donc, saint Grégoire Palamas suit cette même
perspective théologique correcte de la tradition biblicopatristique dans la conception
chrétienne de la sainte Trinité et de notre rapport avec elle. Il est également évident que dans
sa conception et dans sa confession de foi théologiques, saint Grégoire Palamas suit particu-
lièrement les grands Cappadociens et saint Maxime le Confesseur.
Étudions brièvement la structure fondamentale de sa Confession de foi : dès le
début il y souligne que le Dieu chrétien est Error! Reference source not found., de Qui
viennent Error! Reference source not found.t en tant qu’homme tout ce qui est le propre de
l’homme», et Error! Reference source not found.
Après avoir ainsi souligné le caractère personnel ainsi que l’unité des trois divines
Hypostases, il pose au centre la Personne de Dieu le Père qui, tout en engendrant le Fils et en
faisant procéder l’Esprit, conserve sa monarchie et réalise l’unité de la sainte Trinité, l’unité
de l’être et de la vie divine. Il sauvegarde ainsi le principe orthodoxe selon lequel Error!
Reference source not found. (comme cela est expressément souligné dans le Tome
hagiorite)
13
. Saint Grégoire Palamas poursuit alors sa Confession de la vraie foi et dès le
commencement même de cette Triadologie correcte de la distinction entre essence et
Hypostases divines, il procède à la distinction entre essence divine et énergies divines.
Voici exactement ce qu’il en dit : Error! Reference source not found.. Et le
saint de poursuivre : Error! Reference source not found.
Ce texte de la Confession de foi palamite que nous venons de citer montre donc à
l’évidence que la question de la distinction théologique entre essence divine et énergie prend
bien place, pour la théologie de saint Grégoire Palamas, dans le cadre global de la théologie
orthodoxe. C’est juste après avoir déjà parlé et témoigné théologiquement selon la Révélation
chrétienne de la distinction entre les différentes Hypostases de la sainte Trinité, qu’il parle de
la différence entre l’essence divine et les énergies communes aux trois Personnes. Cela appa-
raît clairement dans la suite du texte de sa Confession de foi, il dit que : Error! Reference
source not found.
Il ne fait donc pas de doute que la théologie de saint Grégoire Palamas est avant
tout une théologie du Dieu vivant et véritable. En effet la distinction théologique entre essence
divine et énergies est fondée dans la théologie palamite avant tout sur la distinction trinitaire
révélée par Dieu, c’est–àdire sur le caractère personnel (tripersonnel) du Dieu biblique vi-
vant et vrai, qui nous a été révélé dans le Christ, dans la personne de l’Un de la Trinité, Celui
qui en Lui et par Lui révèle le Père et donne l’Esprit. Que la Personne du Verbe incarné soit le
point de départ de la théologie palamite, c’est bien ce qui ressort, entre autres, de sa
XVIème Homélie ( sur l’économie de l’incarnation )
15
, saint Grégoire Palamas s’exprime
ainsi : IF le Verbe de Dieu ne s’était incarné, le Père ne se serait pas montré véritablement
Père, ni le Fils véritablement Fils, ni Esprit saint Celui qui procède également du Père. Ce
n’est pas Dieu qui se serait montré dans son Essence et dans ses Hypostases, ce serait une
énergie qu’on aurait seulement contemplée dans ses créatures, comme le disaient jadis les
sages insensés et aujourd’hui ceux qui pensent selon Barlaam et Akindynos. Car c’est bien
12
. Lettre au moine Denys, Œuvres 2, 494-6.
13
. Œuvres 2, 568.
14
. Œuvres 2, 496.
15
. Homélie 16 (“Sur l’économie de l’incarnation”) (PG 151, 204 B).
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