CELUI QUI EST, LE DIEU VIVANT ET VRAI DE GRÉGOIRE PALAMAS Hiéromoine Athanase (Jevtić) Pour célébrer la mémoire de saint Grégoire Palamas, archevêque de l’Église du Christ à Thessalonique, théologien et Père de l’Église catholique et universelle répandue dans le monde, j’ai choisi de vous parler d’une question de portée générale. Le sujet de mon intervention est en effet Celui qui est [oJ [Wn, c’est–à–dire Yahweh comme Dieu vivant et vrai], tel que Le confesse théologiquement saint Grégoire Palamas, et tel qu’il en portait témoignage dans sa vie bienheureuse comme dans sa théologie. Pour commencer, je dois confesser la crainte et l’embarras qui me saisissent de devoir parler d’un sujet aussi théologique devant un auditoire aussi théologien, venu de ma chère ville de Thessalonique, de la sainte Montagne et de la Grèce, ma seconde patrie. La crainte qui me saisit est surtout de ne savoir exposer et commenter comme il le conviendrait devant votre charité, la foi et la théologie de ce Père si grand parmi les Pères et les théologiens de l’Église orthodoxe, et la confession si inspirée qu’il a exposée de ces vérités bibliques et patristiques qui représentent le noyau même de notre foi chrétienne, de notre identité orthodoxe. Si j’ai choisi de vous parler de ce sujet, je dois le dire d’entrée, c’est que la théologie de saint Grégoire Palamas ne constitue toute entière qu’un grandiose commentaire de l’Évangile selon saint Jean — qui était lui–même “le plus théologien des évangélistes”1, — et surtout de son chapitre 17, verset 3 : Car ceci est la vie éternelle qu’ils te connaissent [dans le sens biblique de la connaissance = communion], Toi le seul vrai Dieu, et Celui que tu as envoyé, Jésus Christ.2 Saint Grégoire Palamas est un théologien véritablement biblique et évangélique, sa théologie se trouve dans la filiation vivante des grands théologiens de l’Église du Christ, en commençant par saint Jean le Théologien et en poursuivant sans interruption par Irénée de Lyon, Athanase le Grand, les Cappadociens et en particulier Grégoire le Théologien, puis 1 . Œuvres , 1, 93. Les Œuvres de saint Grégoire Palamas sont citées d’après l’édition critiques grecque publiée par le professeur P. Christou à Thessalonique Suggravmata [ Œuvres écrites complètes ], tomes I-III, 1962-1970 (citées ci-dessous Œuvres ); puis les Homélies: d’après l’édition de la “Patrologie grecque” (PG 150151), et d’après l’édition de OECONOMOU (Athènes 1961), et les Chapitres et autres Ïuvres d’après la “Philocalie”, 4ème éd. (Athènes 1961, tome 4). Pour le lecteur français, rappelons que les Triades ont été éditées (avec une traduction française) par le P. J. MEYENDORFF, tomes I-II (Louvain 1973), un recueil de Douze Homélies pour les fêtes, traduites par J. CLER (Paris 1986) et Sur la déification de l’être humain traduit par M.-J. MONSAINGEON et J. PARAMELLE (Paris 1990).. 2 . Le compagnon d’ascèse de saint Grégoire Palamas dans les exploits de l’hésychasme et de la théologie, SAINT GREGOIRE LE SINAÏTE, commente ainsi ce passage de Jean 17, 3 : Error! Reference source not found. (Chapitre 32 — “Philocalie”, tome 4, p. 36, Athènes 1961). Denys l’Aréopagite, Maxime le Confesseur, Syméon le Nouveau Théologien, et tant d’autres parmi les plus grands des Pères et théologiens de l’Orthodoxie. Cette théologie vivante, biblique, apostolique et patristique, continue et poursuit essentiellement la “théologie révélatrice de la Vérité–même du Christ”, de ce Christ que saint Grégoire Palamas qualifie aussi de “Premier Théologien”3. Cette “théologie de la manifestation” ou, pour reprendre les paroles de Palamas lui–même, cette théologie révélatrice et manifestante, c’est–à–dire cette théologie de la théophanie et de l’eschatologie, n’est pas simplement une philosophie sur Dieu, ce n’est pas non plus une théologie philosophique; c’est le témoignage béni, vivant et véritable, que nous délivrons en envoyés de Dieu, face à Dieu, parlant en Christ, sur le Dieu vivant et véritable, en démonstration d’Esprit et de puissance, dans l’exploit béni de l’hésychasme, dans l’Église : le visage découvert, nous réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur4. Le Dieu de saint Grégoire Palamas n’est pas “le dieu des philosophes”, c’est bien “le Dieu de nos Pères”, c’est–à–dire le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, des saints Prophètes, des Apôtres et des Pères, c’est–à–dire aussi le Dieu biblique de la Révélation et du salut; c’est encore le Dieu de l’alliance et du conseil avec l’homme, le Dieu de la Tradition vivante, judéo–chrétienne, ecclésiale, c’est le Dieu qui s’est révélé en Christ par la puissance de l’Esprit saint. On peut tenir pour assuré que toute la théologie et tout le témoignage de saint Grégoire Palamas prennent leur source dans ce témoignage évangélique du saint apôtre Jean le Théologien : Dieu, personne ne l’a jamais vu; le Fils unique, Celui qui est dans le sein du Père, Lui nous L’a révélé5. Cette parole suprêmement évangélique de l’apôtre Jean l’Évangéliste contient à l’évidence les deux affirmations bibliques fondamentales sur Dieu. Première affirmation : Dieu, personne ne l’a jamais vu. Elle témoigne du mystère inaccessible et inconcevable du Dieu transcendant de la Bible — ce qui représente donc la moitié à peu près de la théologie de saint Grégoire Palamas : la théologie apophatique, qui confirme précisément la totale impuissance de l’esprit humain à comprendre, et du discours humain à exprimer dans toute son authenticité le mystère de Dieu6. Tout ce que l’esprit humain pourrait comprendre et dire du Dieu inconnaissable, invisible et inconcevable, ne représenterait encore qu’une sorte de “philosophie sur Dieu” ou de “théologie philosophante”. Elle se révélerait indigne de susciter la moindre confiance en sa fidélité et en son authenticité. Une telle “théologie” ne pourrait au maximum qu’apporter et citer quelques éléments qui établissent l’existence “d’une énergie contemplée seulement en ses créatures”7; elle ne saurait fournir un témoignage véritable de l’existence du Dieu vivant et véritable, du “Dieu par essence et en trois hypostases”8. Cependant la deuxième affirmation contenue dans le passage de saint Jean l’Évangéliste que nous avons cité porte aussi témoignage d’une autre vérité — et c’est bien en cela qu’elle constitue véritablement l’ “Év–angile“ ( = la Bonne nouvelle, la joyeuse annonce) pour nous les hommes comme pour notre connaissance et notre discours sur Dieu. Cette affirmation nous parle en effet de l’apparition et de la révélation de ce Dieu jusqu’alors inconnu : Le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui nous l’a révélé. C’est dans cette vérité évangélique, révélée par Dieu, que réside l’autre moitié de la théologie de saint Grégoire Palamas, sa théologie cataphatique, celle qui représente le point de départ de son exploit d’hésychaste et de théologien ainsi que de son expérience spirituelle dans l’Église. C’est la Personne du Fils unique de Dieu, venu du sein du Père, pour nous révéler Dieu le Père; elle est aussi la source première et authentique, le gage du témoignage théologique et vécu du saint archevêque de Thessalonique et Théologien de toute l’Orthodoxie. Aussi est–ce bien cette personne du Fils de Dieu incarné, du Dieu–homme, le Christ, qui révèle au monde 3 . Discours démonstratifs, I, Œuvres , tome I, P. 25. . 2 Cor. 2, 17 et 3, 18; 1 Cor. 2, 4. 5 . Jean 1, 18. 6 . Cf. Lettre 1 (à Akindynos), Œuvres , 1, 211. 7 . Homélie 16 (PG 151; 204 B); cf. Œuvres 2, p. 582. 8 . Ibid. 4 et aux hommes la sainte et vivifiante Trinité, Celui qui est [Yahweh, oJ [Wn], réellement et véritablement Dieu, l’unique Dieu vivant et vrai; ainsi nous sont révélés et offerts, à nous autres les hommes, la véritable connaissance et le véritable discours sur Dieu [la théologie], et par là même la véritable connaissance, l’union vraie avec Dieu et la vie éternelle9 Si nous avons dit ces quelques mots en guise d’introduction, c’est pour souligner qu’il ne serait pas exact d’isoler et de mettre en valeur la théologie de saint Grégoire Palamas comme une théologie qui serait avant tout “consacrée à distinguer l’essence et l’énergie en Dieu”. S’il a certes souvent mentionné et souligné dans ses œuvres la vérité théologique de la distinction entre essence et énergie en Dieu, la visée de sa théologie garde tout entière un caractère à la fois biblique et personnaliste marqué, c’est–à–dire un caractère trinitaire. Ce qui saute d’entrée à nos yeux dans la théologie palamite est bien cette vérité de la communion et de l’union vécue de l’homme avec le Dieu vivant et véritable, c’est–à–dire la manifestation de la sainte Trinité, la vérité de la participation totale de l’homme au corps du Christ incarné par la grâce de l’Esprit, et ainsi à la vie d’amour éternelle et incréée de la sainte Trinité, Père, Fils et saint Esprit. La réalité et le caractère expérimental de cette union vécue avec le Dieu qui est, incluent, pour la théologie de saint Grégoire Palamas, aussi bien la vérité de la transcendance et de l’imparticipabilité de l’essence divine que de la participation et de la communion aux énergies divines incréées du Dieu trinitaire. Ce sont donc justement ces éléments théologiques fondamentaux, c’est–à–dire le Dieu comme Trinité de Personnes, mais aussi son essence transcendante (inaccessible) et la participation, la communication, à ses divines énergies — incréées mais participables, — qui constituent la théologie orthodoxe de saint Grégoire de Thessalonique sur Celui qui est, c’est–à–dire sur le Yahweh biblique, le Dieu vivant et véritable. Pour le souligner, citons seulement certains des textes de saint Grégoire Palamas qui manifestent sa vision théologique catholique (universelle) du Dieu vivant et véritable, du Dieu de la tradition biblique, judéo–chrétienne ecclésiale et vivante. Je voudrais tout d’abord que nous nous tournions vers cette Prière merveilleuse et inspirée de saint Grégoire qui se trouve au début du premier Discours démonstratif sur la procession du saint Esprit. Très caractéristique et très exacte est cette observation de certains auteurs orthodoxes qui ont étudié la théologie hésychaste palamite, entre autres le P. Amphiloque Radovic10, que la théologie hésychaste palamite sur la distinction entre l’essence et les énergies divines, trouve à la fois son point de départ et sa confirmation dans la vérité théologique de la procession hypostatique et du don de la grâce du saint Esprit, c’est–à– dire qu’elle découle de l’expérience de la vie pleine de grâce dans l’Esprit, dans l’Église comme Corps du Christ et demeure de Dieu le Père, ou en d’autres termes du lien étroit qu’elle établit entre Pneumatologie et Christologie selon la tradition et la foi de l’Église orthodoxe. La Prière de saint Grégoire Palamas que nous avons citée, précède sa présentation de la théologie de la procession personnelle et du don bienheureux du saint Esprit, et cette théologie est, nous l’avons dit, une “théologie manifestante (auto–révélatrice) de la Vérité– 9 En voici un exemple caractéristique tiré des Triades de saint Grégoire Palamas (De la défense des saints hésychastes, 2-3, 45-46, Œuvres 1, 578-579) : Aujourd’hui, Dieu nous est apparu dans la chair, cru par les gentils, préché dans le monde (1 Tim. 3, 16), lorsque la loi de grâce a été révélée jusqu’aux confins de la terre, lorsque nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu pour connaître les dons précieux que Dieu nous a faits (1Cor. 2, 12), alors que nous sommes enseignés par Dieu (Jean 6, 45) et que nous sommes devenus élèves du Paraclet [_], alors que nous possédons l’intellect du Christ (1 Cor. 2, 16) et les yeux de l’Esprit [_]; [Maintenant nous sommes enseignés, non pas] par la contemplation des créatures, mais par la contemplation de Celui qui a été établi Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté (Rom. 1, 4). [_] Nous n’avons maintenant qu’un seul Maître, le Christ (Mat. 23, 10) [_]. La connaissance de Dieu qui nous est accessible se glorifie d’avoir Dieu pour Maître ! Ce n’est ni un homme ni un ange, mais le Seigneur Lui-même qui nous a donné un enseignement et qui nous a sauvés. Ce n’est plus par des approximations que nous connaissons Dieu, car telle est la connaissance de Dieu qui nous vient des créatures, aujourd’hui, la vie s’est manifestée, [la vie] qui était auprès du Père et qui s’est manifcstée à nous (1 Jean 1, 2) pour nous annoncer que Dieu est lumière, et qu’en Lui il n’est pas de ténèbres (1 Jean, 1, 5]; ceux qui auront cru en Lui, il en a faits enfants de lumière (Éph. 5, 8) [_] et nous serons semblables à Lui parce que nous Le verrons Tel qu’il est (1 Jean 3, 2). 10 Cf. son œuvre historique Le mystère de la sainte Trinité selon saint Grégoire Palamas (en grec), Thessalonique 1973. même, le Christ”, qui, selon les paroles de saint Grégoire Palamas, “comme Celui qui est prééternel, est devenu pour nous théologien, puisqu’étant réellement la Vérité substantielle il nous est apparu par amour de l’homme en hérault de la Vérité, car c’est bien pour cela qu’il est venu en ce monde pour rendre témoignage à la Vérité, et quiconque est de la vérité et cherche la vérité voudra suivre sa voix véritable11.» Sous un aspect ramassé, la Prière de saint Grégoire Palamas s’exprime ainsi : Ô Dieu de l’univers, maître unique et seul garant de la vraie théologie, de tous ses dogmes et de toutes ses paroles, unique Trinité au principe unique, non seulement comme seul maître de l’univers, mais unique aussi parce qu’en toi est l’unique Principe au–dessus des principes, unique Monade sans cause [= le Père] de qui procèdent et vers qui remontent hors du temps et sans cause et le Fils et l’Esprit [_] Père seul inengendré, qui ne procède pas et qui pour tout dire es sans cause, Père unique de Lumières non séparées et égales à Toi en gloire [= le Fils et l’Esprit] [_] Accorde–nous de t’être agréables pour dire ta Divinité [qeologhsai] d’une même voix que ceux qui t’ont été agréables depuis les siècles, par la parole ou par les actes [_] Afin que nous te connaissions tous, seule et unique Source de la Divinité, seul Père, le seul qui fait procéder et ton Fils unique et ton unique Esprit et que nous glorifions un seul Dieu, dans l’unité et la simplicité, dans l’abondance, dirai–je, incontenable de la Divinité pour que nous soyons glorifiés en retour par Toi dans l’abondance de la déification et le rayonnement de ta triple lumière [= les énergies divines], maintenant et aux siècles sans terme. AMEN Si nous voulions simplement énumérer les principaux points de cette Prière, nous pourrions dire que dans ce petit texte de prière et de doxologie de saint Grégoire Palamas nous pouvons trouver toutes les questions fondamentales de sa théologie hésychaste : sa Triadologie orthodoxe, avec une insistance si caractéristique sur la Monarchie du Père, Source du Fils et de l’Esprit, mais aussi centre et garantie de l’unité de l’Être divin, qui se trouve Error! Reference source not found., c’est–à–dire dans l’unique et simple Essence divine, avec l’abondance qui Lui est propre de sa Gloire, de sa Lumière et des Énergies, qui ne sont pas impersonnelles, mais trinitaires et hypostatiques (“dans le rayonnement de ta triple lumière” [ejn trissofaeiv fwtocusiva/]) déifiantes pour toute créature (“dans l’abondance de la déification [ejn plousiva/ qewvsei]”), c’est–à–dire que ce sont les énergies divinisantes 11 . Œuvres 1, 26. qui sont communes au Père, au Fils et à l’Esprit saint, de même que leur sont communs l’Être divin, l’Essence ou la Nature divines. Nous pourrions donc dire que cette courte Prière de saint Grégoire Palamas constitue bien une confession liturgique de sa foi véritable ( = orthodoxe) — c’est–à–dire un symbole résumé de sa foi, — et un court chant de gloire théologique exprimé dans la langue de la prière. Or nous trouvons la même structure théologique dans la Confession de foi proprement dite de ce saint de la sainte Montagne et de Thessalonique, mais bien sûr un peu plus développée et exposée avec plus de précision théologique, ainsi que dans son Tome Hagiorite et dans certaines de ses Homélies (p. ex. la 8ème Homélie contient une Confession de la foi et la 16ème est vraiment importante). Partout donc, saint Grégoire Palamas suit cette même perspective théologique correcte de la tradition biblico–patristique dans la conception chrétienne de la sainte Trinité et de notre rapport avec elle. Il est également évident que dans sa conception et dans sa confession de foi théologiques, saint Grégoire Palamas suit particulièrement les grands Cappadociens et saint Maxime le Confesseur. Étudions brièvement la structure fondamentale de sa Confession de foi : dès le début il y souligne que le Dieu chrétien est Error! Reference source not found., de Qui viennent Error! Reference source not found.t en tant qu’homme tout ce qui est le propre de l’homme», et Error! Reference source not found. Après avoir ainsi souligné le caractère personnel ainsi que l’unité des trois divines Hypostases, il pose au centre la Personne de Dieu le Père qui, tout en engendrant le Fils et en faisant procéder l’Esprit, conserve sa monarchie et réalise l’unité de la sainte Trinité, l’unité de l’être et de la vie divine. Il sauvegarde ainsi le principe orthodoxe selon lequel Error! Reference source not found. (comme cela est expressément souligné dans le Tome hagiorite)13. Saint Grégoire Palamas poursuit alors sa Confession de la vraie foi et dès le commencement même de cette Triadologie correcte de la distinction entre essence et Hypostases divines, il procède à la distinction entre essence divine et énergies divines. Voici exactement ce qu’il en dit : Error! Reference source not found.. Et le saint de poursuivre : Error! Reference source not found. Ce texte de la Confession de foi palamite que nous venons de citer montre donc à l’évidence que la question de la distinction théologique entre essence divine et énergie prend bien place, pour la théologie de saint Grégoire Palamas, dans le cadre global de la théologie orthodoxe. C’est juste après avoir déjà parlé et témoigné théologiquement selon la Révélation chrétienne de la distinction entre les différentes Hypostases de la sainte Trinité, qu’il parle de la différence entre l’essence divine et les énergies communes aux trois Personnes. Cela apparaît clairement dans la suite du texte de sa Confession de foi, où il dit que : Error! Reference source not found. Il ne fait donc pas de doute que la théologie de saint Grégoire Palamas est avant tout une théologie du Dieu vivant et véritable. En effet la distinction théologique entre essence divine et énergies est fondée dans la théologie palamite avant tout sur la distinction trinitaire révélée par Dieu, c’est–à–dire sur le caractère personnel (tri–personnel) du Dieu biblique vivant et vrai, qui nous a été révélé dans le Christ, dans la personne de l’Un de la Trinité, Celui qui en Lui et par Lui révèle le Père et donne l’Esprit. Que la Personne du Verbe incarné soit le point de départ de la théologie palamite, c’est bien ce qui ressort, entre autres, de sa 15 XVIème Homélie ( “sur l’économie de l’incarnation” ) , où saint Grégoire Palamas s’exprime ainsi : IF le Verbe de Dieu ne s’était incarné, le Père ne se serait pas montré véritablement Père, ni le Fils véritablement Fils, ni Esprit saint Celui qui procède également du Père. Ce n’est pas Dieu qui se serait montré dans son Essence et dans ses Hypostases, ce serait une énergie qu’on aurait seulement contemplée dans ses créatures, comme le disaient jadis les sages insensés et aujourd’hui ceux qui pensent selon Barlaam et Akindynos. Car c’est bien 12 . Lettre au moine Denys, Œuvres 2, 494-6. . Œuvres 2, 568. 14 . Œuvres 2, 496. 15 . Homélie 16 (“Sur l’économie de l’incarnation”) (PG 151, 204 B). 13 ainsi que le Seigneur s’est manifesté Lui–même autant qu "’il est possible, ainsi que son Économie [du salut], et qu’il a manifesté le Père suprême comme étant véritablement le Père [wJ_ ajlhqw`_ o[nta].» Dans ce texte merveilleux de saint Grégoire Palamas, unique sans doute dans toute la littérature patristique, apparaît clairement le caractère personnel de la révélation chrétienne sur Dieu, c’est–à–dire que l’on y voit que c’est la révélation personnelle de Dieu dans la Personne du Christ incarné qui constitue la base de la théologie, la base de la véritable connaissance de Dieu. Car si nous n’avions pas cette révélation de Dieu par Lui–même, cette incarnation et cette hominisation “auto–opérée” du Fils de Dieu, comme le disent les Pères et comme le réaffirme saint Grégoire Palamas après eux, nous ne connaîtrions pas le Dieu personnel, vivant et véritable, nous ne saurions rien d’authentique ni de sûr à son sujet. Cette révélation n’a pu se réaliser que grâce au Fils unique de Dieu, qui, étant (éternellement) dans le sein du Père, nous a révélé et expliqué par son incarnation personnelle et par son hominisation dans le monde et dans l’histoire, le Dieu jusqu’alors inconnu et invisible16. Sans cette auto–révélation et sans cette auto–manifestation de Dieu dans la Personne du Dieu–homme, le Christ, toute notre “théo–logie” humaine n’aurait pu être, comme l’ont dit les Pères, qu’une “techno–logie” [un discours composé avec art], aucunement un discours véritable, un véritable témoignage vécu sur le Dieu vivant et véritable, sur Celui qui est, le Yahweh biblique. Après tout ce qui vient d’être dit et cité, nous ne pouvons pas maintenant parler plus concrètement du Dieu vivant et véritable de saint Grégoire Palamas, c’est–à–dire du Dieu biblique Yahweh, Celui qui est, tel que le voit et tel qu’en parle divinement le saint de Thessalonique. Dans son ouvrage d’une si grande richesse de théologie hésychaste qui porte le titre de Défense des saints hésychastes [ÔUpe;r tw~n iJerw~n hJsucazovntwn], et que l’on appelle aussi plus brièvement les Triades, le saint écrit donc : Error! Reference source not found. Nous le savons tous, ce passage de saint Grégoire Palamas est l’objet d’une certaine controverse théologique entre certains théologiens orthodoxes (en particulier entre le P. Meyendorff ici présent et le P. Romanidis18), mais nous ne nous attarderons pas à cette discussion. Ce qui ressort avant tout du passage que nous venons de citer, c’est l’ontologie biblique, c’est–à–dire personnelle, personnaliste si l’on peut dire, du Dieu vivant et véritable, qui n’est pas défini par autre chose, pas même par sa propre nature ou essence, mais bien comme Celui qui en tant que Personne, en tant qu’Existence personnelle, en tant qu’Hypostase divine, contient et embrasse son essence même et sa nature de Divinité. Selon le passage cité de saint Grégoire Palamas, la Personne de Dieu n’est pas un simple “produit” de sa Divinité, de sa nature divine, mais il est justement Celui qui est, comme Personne divine, Celui qui “enhypostasie”, c’est–à–dire qui rend hypostatique sa nature divine en lui donnant son “mode personnel d’existence” [trovpo_ uJpavrxew_], en lui permettant de subsister réellement, concrètement et personnellement. Sinon, selon saint Grégoire Palamas et les saints Pères de l’Église d’Orient, sans Personne ( = Hypostase), l’essence ou la nature serait “ajnupovstato_“, c’est–à–dire inexistante, inessentielle. C’est donc bien Lui le Dieu biblique, “Celui qui est“ [oJ “Wn], Yahweh, tel qu’Il s’est révélé dans l’Ancien Testament à Moïse, et tel qu’il s’est auto–révélé personnellement autant qu’il lui était possible dans le Nouveau Testament en la Personne de son Fils incarné, du Dieu–homme, le Christ. Partant de la divine Personne du Christ, de la divine Hypostase du Fils unique et bien–aimé de Dieu, qui du sein du Père révèle et “explique” Dieu le Père19, saint Grégoire Palamas pouvait avoir une telle vision biblique de Dieu comme Personne, c’est–à–dire comme Triade de personnes : Père, Fils et Esprit saint. Voilà pourquoi encore le saint 16 . Jean 1, 18_ . Ex. 3, 14. 18 . Cf. à ce sujet les références données par le P. AMPHILOQUE RADOVIC, op. cit., pp. 189-190, où l’on pourra trouver sa position sur cette question. 19 . Jean 1, 18. 6 théologien de Thessalonique a pu si souvent souligner la signification de l’Incarnation et de la manifestation de Dieu par le Dieu-homme, le Christ : Error! Reference source not found. Il est très caractéristique que la théologie de Palamas prenne ainsi son point de départ dans la christologie. C’était bien déjà là en effet le point de départ de la perspective théologique biblique des Prophètes de l’Ancien Testament, et plus encore de celle des Apôtres du Nouveau Testament, et tout particulièrement des apôtres Pierre et Paul. Telle est aussi la perspective théologique de tous les Pères de l’Église orthodoxe et de ses Conciles Ïcuméniques; aussi n’est–il point du tout étonnant que saint Grégoire ait fondé sa théologie hésychaste sur la confession dogmatique de Chalcédoine et du VIème Concile Ïcuménique. Voici ce que le Tome hagiorite dit en 1351 de la théologie de saint Grégoire Palamas : Error! Reference source not found. C’est justement en partant du témoignage théologique et de la confession dogmatique du VIème Concile Ïcuménique sur la Personne du Christ — que c’est Lui qui a uni Error! Reference source not found., — que saint Grégoire Palamas pouvait parler de la distinction théologique en Dieu entre nature (ou essence) divine et énergie divines. Ceux qui n’admettent pas cette distinction non seulement de deux natures, mais aussi de deux volontés et énergies, dans la Christologie, c’est–à–dire dans le Christ, sont, selon saint Grégoire Palamas, des hérétiques monothélites et monoénergites. Par conséquent ceux qui n’admettent pas en Théologie, c’est–à–dire en Triadologie, en Dieu même, la vérité de la distinction entre nature divine et énergie divine, sont également les hérétiques sabelliens, car ces hérétiques confondent en Dieu l’existence personnelle prééternelle de Dieu comme Trinité d’Hypostases et la puissance créatrice volontaire, l’énergie des trois Personnes divines, énergie que la Trinité a, par sa propre puissance et librement, manifestée par la création dans le temps du monde et de l’homme. La théologie du VIème Concile Ïcuménique représente donc bien le point de départ du témoignage théologique de saint Grégoire Palamas sur la distinction en Dieu de l’essence (ou nature) divine et de la divine volonté et énergie incréées. Mais c’est avant tout la Personne même du Christ qui est au premier plan — tant dans la théologie du VIème concile Ïcuménique que dans la théologie de saint Grégoire Palamas, — car c’est précisément sa Personne divino–humaine qui nous révèle et qui nous manifeste la véritable théologie, la connaissance de Dieu authentique et salutaire, la vérité pleine et universelle de l’Unique Dieu vivant et véritable. Et ce que la Personne du Verbe incarné, le Christ, révèle au monde et à l’homme, c’est principalement et par excellence la Personne du Père, la Personne de “Celui qui est et qui préexiste [kurivw_ w[n kai; prowvn]”, selon les paroles de saint Grégoire Palamas, “et le seul qui soit simplement et uniquement Celui qui est22.” La Personne de Dieu le Père est une Personne qui contient la nature divine (ou essence) mais c’est aussi une Personne possédant sa liberté, sa volonté et son énergie. Dieu le Père comme Existence personnelle [oJ [Wn], comme Divinité inengendrée, source et Père de la Divinité [_Agevnnhto_, Phgai~a Qeovth_ qeogovno_ oJ Pathvr 23, a son Fils personnel, engendré par Lui, et son Esprit personnel, qui procède de Lui, et qui, et le Fils et l’Esprit, ont la même nature divine (ou essence) que le Père, mais aussi la même volonté et la même énergie divines et sont également des Hypostases possédant la liberté, la volonté et l’énergie divines. Il nous a aussi révélé la vérité sur la Personne du Christ, du Fils incarné de Dieu, lors de son hominisation auto–opérée avec la bienveillance du Père et la coopération du saint Esprit. C’est de ce Christ que témoignent les IVème et VIème Conciles Ïcuméniques et par la suite notre saint théologien hésychaste. Voilà pourquoi sa théologie est bien véritablement un développement fidèle de la confession théologique de la foi conciliaire de l’Église sur le mystère du Dieu–homme, le Christ, qui nous révèle aussi le mystère de la sainte Trinité comme Dieu personnel (tri–hypostasié) vivant et qui est. Et comme l’a justement dit le 20 . Homélie, 51, 1. . Dans le Tome synodal de 1351 (PG 151, 436). 22 . Lettre 2 à Barlaam, Œuvres 2, 274. 23 . Discours démonstratif 1 (Œuvres 1, 25, 42). 21 P. Amphiloque Radovic, étudiant la théologie de Palamas, Error! Reference source not found. Ce dernier thème de la théologie palamite que citait le P. Amphiloque, le thème des énergies personnelles de Dieu, nous introduit au point central de la théologie hésychaste de saint Grégoire Palamas, mais aussi au noyau de la Révélation judéo–chrétienne, c’est–à–dire au point central de l’expérience et de la tradition de l’Évangile et de l’Église sur le Dieu vivant et véritable. Le témoignage théologique palamite et hésychaste orthodoxe sur les énergies divines incréées, qui diffèrent réellement de la nature divine sans la diviser, est en réalité une nouvelle démonstration et confirmation sur le Dieu Personnel de la Bible. Bien qu’inaccessible et imparticipable selon sa nature et son essence divines, il se révèle cependant véritablement et réellement au monde et à l’homme par ses saintes énergies personnelles, qui sont ses “puissances révélatrices25“. C’est grâce à elles que nous autres les hommes nous pouvons prendre part à la vie incréée, à la grâce et à la gloire de la Divinité éternelle. Selon saint Grégoire, “les énergies de la nature divine” sont les propriétés éternelles, incréées et inséparables du Dieu personnel, vivant et véritable. Ce sont ses “sorties [provodoi] et ses révélations [ejkfavnsei_]“, ses “énergies naturelles”, ses “mouvements divins”, ses “sorties prévenantes”, “les divines sorties et énergies de la Divinité tri–hypostatique”. C’est par ces énergies que le Dieu de vie et d’amour ( = l’Ami de l’homme) s’est révélé et qu’il a agi dans le monde, qu’il l’a créé du néant, qu’il a pourvu à son salut, c’est–à–dire qu’il a Ïuvré au salut de l’homme et du monde, comme en témoigne la Révélation biblique tout entière, la divine Économie du salut tout entière, qui culmine à son apogée dans l’incarnation et l’hominisation personnelles — ”auto–opérées”, — du Fils de Dieu, le Dieu–homme, le Christ. La théologie de saint Grégoire Palamas, justement sur la base de la Bible et en particulier sur la base de l’Économie [oijkonomiva] incarnée et personnelle du Christ, établit cette vérité que le Dieu suressentiel et transcendant ne se révèle jamais ni en aucune manière selon son essence, mais seulement selon son énergie naturelle, essentielle, qui est toujours “opérée” [ejnergopoiei`], mise en action, par le Dieu personnel, par l’Hypostase divine. C’est Lui qui en–hypostasie sa nature et en manifeste l’activité, qui en actualise volontairement et librement les puissances. Or c’est aussi selon ces capacités créatrices du Dieu vivant qu’il peut créer “hors” de Lui, sans pour autant altérer sa nature, ni soumettre sa Divinité à un quelconque changement. Il nous suffira ici de citer certains passages de ce saint Père de l’Église et Théologien de Thessalonique et de la sainte Montagne qui viendront appuyer cette vérité fondamentale biblique et patristique. L’un des textes peut–être les plus caractéristiques pour la théologie palamite des énergies divines incréées, mais aussi pour son insistance sur le caractère personnel – triadique, – de ces énergies, est peut–être sa 3ème lettre à Akindynos26. Bien que cette lettre soit consacrée presque toute entière à notre sujet, nous n’en citerons que deux passages : Error! Reference source not found. Du passage que nous venons de citer, il ressort clairement que dans le Dieu que confesse Grégoire Palamas avec toute l’Orthodoxie, c’est–à–dire dans le Dieu vivant et véritable de la divine Révélation, l’essence divine et les énergies divines sont différentes, bien qu’elles ne soient ni séparées ni divisées, mais qu’elles existent seulement et uniquement dans le Dieu qui est et qui vit, dans les Personnes divines de la sainte Trinité, mais pas indépendamment, ni à côté, ni au–dessus d’Elles. C’est bien en effet la Personne qui est le porteur de l’essence (ou de la nature) et c’est Elle qui actualise les énergies de cette essence. Le Dieu tri–personnel (tri–hypostatique) Error! Reference source not found. Qu’il se révèle et qu’il agisse par les énergies, et pas seulement par l’essence, cela ne constitue pas une moindre révélation ou une action d’espèce inférieure, cela représente la révélation et l’action tout 24 . Op. cit., p. 71. . Homélie 34, (PG 151, 436). 26 . Œuvres 1, 296-312. 27 . Œuvres 1, 302. 28 . Triades 3, 2, 7 (Œuvres 1, 662-3). 25 entières du Dieu tout entier, mais du Dieu personnel – car le Dieu personnel ne se révèle qu’ainsi, c’est–à–dire par l’action, par l’énergie, tout en restant caché selon l’essence. Au cas où l’on ne confesserait pas, où l’on ne reconnaîtrait pas le Dieu personnel et agissant, c’est–à–dire le Dieu vivant et ami de l’homme, le tout–Puissant [Pantoduvnamo_] (= Celui qui a toute puissance = toute énergie), écrit encore Palamas à Akindynos29, puisque Barlaam le Calabrais et ses partisans ne le reconnaissent pas, cela voudrait dire que l’on adorerait “un Dieu inactif” [ajnenevrghto_], qu’on ne pourrait même pas le qualifier “d’agissant en créateur” ou encore d’“agissant divinement” [qeourgovn], et pas même d’“agissant”, et c’est ainsi que l’hérésie de Barlaam Error! Reference source not found. Toujours dans la suite de cette 3ème lettre à Akindynos, saint Grégoire Palamas dit encore que celui qui dit que “Dieu n’a pas d’énergies naturelles ou essentielles” est en réalité comme un athée, car c’est comme s’il disait “qu’il n’y a pas de Dieu”. Une telle “théologie” n’est pas même chrétienne, puisqu’elle nie le Dieu–homme, le Christ : Error! Reference source not found.” Le saint archevêque de l’Église de Thessalonique développe également dans ses autres Ïuvres inspirées le trésor de la théologie biblico–patristique sur le Dieu vivant et véritable, le tout–Puissant et l’Ami de l’homme, le Père et le Fils et le saint Esprit. C’est ainsi par exemple qu’il écrit dans sa lettre à l’évêque Daniel que : Error! Reference source not found.]. En témoigne, continue saint Grégoire Palamas, le grand Théologien Grégoire [de Nazianze] lorsqu’il dit, parlant contre ceux qui appellent le Fils `Fils de la volonté’ [il s’agit des Ariens] : `si le Père l’a engendré volontairement [qevlwn], autre est Celui qui veut et autre la volonté, autres sont Celui qui engendre et la génération, autre Celui qui parle et la parole, si du moins nous n’avons pas l’esprit embué par l’ivresse. Le premier est celui qui bouge [oJ kinouvmeno_], le second est son mouvement [kivnhsi_].’ Par conséquent ce qui est voulu [l’œuvre] ne vient pas de la volonté, ni Celui qui est engendré de la génération, ni la Parole entendue de la prononciation, mais de Celui qui veut, de Celui qui engendre, de Celui qui parle» [c’est–à–dire que le Fils n’est pas “fils de la volonté” mais de Celui qui a la volonté, du Père]; donc le Fils est fils personnellement du Père, et non de quelque volonté impersonnelle32. Le caractère personnel des énergies divines du Dieu vivant et véritable est donc bien évident dans les textes des deux saints Grégoire – l’archevêque de Thessalonique et l’archevêque de Constantinople, – et par conséquent aussi la signification primordiale des divines Hypostases triadiques apparaît clairement pour l’ensemble de la théologie des saints Pères et de saint Grégoire Palamas, en même temps que la distinction théologique concrète de l’essence et de l’énergie en Dieu. De nombreux autres passages des œuvres de Palamas confessent cette vérité. Citons–en seulement quelques–uns. Le saint écrit par exemple, dans son ouvrage de l’union et de la distinction, que : Error! Reference source not found. Dans la suite du même texte, notre saint Père de l’Orthodoxie lie étroitement sa théologie sur les énergies divines à la vérité de la vie divine intérieure et de l’étreinte réciproque [pericwvrhsi_] des Personnes de la sainte Trinité : Error! Reference source not found. Les dernières paroles de ce texte de Palamas soulignent indubitablement la participation et le rôle particulier de chacune des Personnes de la Trinité à l’Ïuvre de la création du monde, de la divine Providence et du salut, c’est–à–dire à toute l’Économie divine. Certains théologiens occidentaux accusent cependant saint Grégoire Palamas de négliger dans son enseignement le rôle et la signification des Personnes divines dans 29 . Toujours dans la 3ème Lettre. . Œuvres 1, 298. Cf. aussi ces paroles de saint GREGOIRE PALAMAS, Chapitres 72 (PG 150, 1172) : Error! Reference source not found. 31 . Ibid. p. 98. 32 . Œuvres 2, 384-385, citant le Discours théologique 3, 6 de saint GREGOIRE LE THEOLOGIEN, où se trouve le passage ci-dessus. 33 . Œuvres 2, 80; cf. aussi les Chapitres 91 (PG 150, 1185).. 34 . Ibid., p. 84. 30 l’économie du salut du monde et de l’homme, car dans sa théologie, prétendent–ils, les énergies prendraient le pas sur ce rôle ! C’est ainsi que, selon eux, saint Grégoire Palamas montrerait une certaine tendance à “défonctionnaliser” les Personnes de la Trinité dans l’économie du salut, car il ignorerait le rôle particulier de chaque Hypostase. Selon ces théologiens occidentaux, les Pères cappadociens et saint Athanase le Grand auraient déjà eu dans une certaine mesure une telle attitude. À ces critiques occidentaux des saints Pères, d’autres théologiens occidentaux ont déjà répondu en soulignant fort justement contre eux le fait inverse : que c’est justement saint Grégoire Palamas qui a introduit par sa théologie à la fonctionnalité des Hypostases divines, c’est–à–dire à leur rôle actif et personnel dans le salut du monde et de l’homme. Sans vouloir dans le cadre de la présente conférence nous aventurer dans une discussion des critiques formulées à l’encontre de la théologie palamite35, soulignons encore une fois cette Confession de la foi de saint Grégoire Palamas que nous avons déjà citée, et qui est théologiquement parfaitement claire et catégorique sur le caractère trinitaire, personnaliste, de toute sa théologie, et en particulier sur le centrage trinitaire de sa théologie des énergies divines, comme nous l’avions d’ailleurs déjà constaté dans les autres textes cités (en particulier dans la Confession de foi de Palamas). La difficulté que rencontrent certains théologiens occidentaux, tant catholiques–romains que protestants, vient précisément de leur incompréhension des fondements bibliques de la tradition de l’Église sur la nécessité de distinguer en Dieu entre ce que Dieu est et ce que Dieu fait, c’est–à–dire entre, d’une part, la nature divine ou essence, et d’autre part la volonté et l’action divines, les énergies. En l’absence de cette indispensable distinction théologique, il n’existe plus aucune possibilité réelle de distinguer entre Théologie et Économie, c’est–à–dire entre d’une part l’être et la vie intérieurs et prééternels du Père, du Fils qu’il a engendré selon la nature et éternellement et de l’Esprit qui procède par nature et éternellement de Lui, et d’autre part l’acte créateur libre et volontaire de Dieu dans le temps, acte qu’il a posé par Lui–même et en toute puissance, et qui est l’œuvre commune du Dieu personnel et tri–hypostatique : du Père Cause initiale, du Fils co–Cause agissant par Lui–même, et de l’Esprit saint co–Cause de l’accomplissement, comme le répète souvent saint Grégoire Palamas, en fidèle disciple des Pères Cappadociens et de saint Athanase le Grand. Nous l’avons déjà dit, Saint Grégoire Palamas est un fidèle disciple des saints Prophètes, des saints Apôtres et des saints Pères de l’Église, et c’est pourquoi sa théologie part avant tout du Dieu vivant et véritable, de Celui qui est = Yahweh, et non point d’une vision “essentialiste” de Dieu telle que celle qui prévaut dans toutes les philosophies, et en particulier dans cette scolastique médiévale d’Occident, que Palamas avait rencontrée en la personne de Barlaam le Calabrais. Le point de départ de la théologie de Palamas est bien la Triadologie orthodoxe, dont la Christologie et de la Pneumatologie sont inséparables, c’est–à–dire qu’il part de l’expérience pleine de grâce de la foi droite [= orqodoxia] et de la vie correcte dans l’Église, de l’expérience de la véritable communion avec le Dieu vivant et véritable, qui est Lui–même communion en tant que Trinité de personnes, et qui en Christ appelle l’homme aussi à une communion éternelle d’amour, de vie et de grâce avec Lui, c’est–à–dire à communier à sa Gloire et à sa Sainteté incréées – et ce sont là justement les énergies incréées de la Divinité trinitaire. Citons encore quelques passages des Ïuvres de saint Grégoire Palamas montrant bien ces dimensions bibliques de sa théologie. Citant la Lettre 189 de saint Basile, il écrit que Error! Reference source not found. Selon le divin Grégoire de Nysse et tous les autres 35 . Voir à ce sujet D. WENDENBOURG, Geist und Energie, München 1980, ainsi que la critique qui en est faite par F. VON LILIENFELD : “Kirche im Osten” (Göttingen) 25, 1982, 193-206. En outre J. KUHLMANN, Vergottung in Heiligen Geist, “L’esprit saint dans la théologie de saint Grégoire Palamas”, donnée au cours de ce même symposium à Thessalonique, et qui sera prochainement publiée, avec les autres conférences, dans un recueil particulier. [Pères], ajoute saint Grégoire Palamas, Error! Reference source not found. Et saint Grégoire Palamas ajoute son propre commentaire : Error! Reference source not found. C’est cette même vérité théologique que développe également saint Grégoire Palamas dans ses autres œuvres, et en particulier dans ses célèbres Triades et dans ses Chapitres, c’est–à–dire la vérité du Dieu qui est véritablement le Dieu de la Révélation, Celui qui est et qui vit, en tant que Monade divine et unique Trinité des Personnes, en tant que Dieu absolument autonome et libre, Dieu d’amour véritable et de grâce, etc. Il écrit par exemple dans le chapitre 137 que : Error! Reference source not found.Celui qui est en Hypostase [ejn uJpostavsei w[n] et non pas en une essence sans Hypostase [oujsiva ajnupovstato_ = une essence impersonnelle et non subsistante]. Mais comme toutes ces énergies ne reposent pas sur un seul, Dieu se fait alors connaître à nous comme Celui qui est en trois Hypostases, mais ceux qui s’y opposent [les hérétiques anti–hésychastes ] disent que Dieu n’a pas d’énergie naturelle qui le démontrerait Lui–même et qui différerait en cela de son Essence; ils disent qu’il n’existe pas en une Hypostase, et privent complètement d’hypostase le Seigneur tri–hypostatique, dépassant ainsi la cacodoxie [la foi erronée] de Sabellius le Libyen, qui niait la Trinité des Hypostases, dans la mesure même où l’athéisme dépasse en perversité la cacodoxie38.» Ce passage de la théologie palamite que nous venons de citer montre clairement toute la signification de la différence théologique entre l’essence non révélée et les énergies révélatrices de Dieu – ces énergies justement par lesquelles le Dieu vivant et personnel démontre et révèle sa volonté et sa liberté, son immuabilité sans “nécessité naturelle”, l’infinité de son essence (ou nature), sa personnalité vivante et libre, ou plus exactement sa triple personnalité (son caractère tri–hypostatique) dans l’unité de l’Être divin et de la Vie divine. Le travail théologique et le témoignage personnel de saint Grégoire Palamas consistent justement à commenter correctement la divine Révélation, c’est–à–dire la manifestation et l’action du Dieu vivant et véritable dans l’économie de la création et du salut du monde et de l’homme, dont témoignent toute la tradition judéo–chrétienne de la Bible et de l’Église, et toute l’expérience bienheureuse des hésychastes. En aucun cas Palamas ne s’est fixé comme but de fabriquer ni sa propre “philosophie” théologique, ni sa “théologie” philosophique, sur un “être” métaphysique (par exemple “l’être véritable” [to; o[ntw_ o[n] du platonisme, ou ”l’Unique” [to; e{n] du néo–platonisme). Celui–ci n’était en réalité que mort et inexistence, qu’un être impersonnel, sans hypostase et sans vie, totalement incapable tant de se révéler que d’agir personnellement dans le monde et dans l’histoire humaine, que ce fût comme créateur, comme providence ou comme véritable sauveur et ami de l’homme, comme être communiable et réellement participable [koinwnikov_, meqektov_] par nous autres les hommes, c’est–à–dire comme Celui qui éternellement vivifie et déifie l’homme, sans s’altérer Lui–même, ni altérer l’homme, sans dépersonnaliser ni absorber en Lui cet être personnel créé à l’image de Dieu. Contre une telle conception de la “Divinité”, si profondément étrangère au Christianisme, saint Grégoire Palamas écrit dans ses Triades39 qu’Error! Reference source not found.ffisant [c’est–à–dire sans ressentir aucun manque ni aucune nécessité], mais au–delà de toute plénitude [uJperplhrevstaton]. C’est ainsi en effet que, lorsqu’il voudra, dans sa bonté, faire le bien, il le pourra : il ne sera ni impuissant ni immobile, mais il pourra se mettre en mouvement; c’est ainsi qu’il sera présent à tout et à tous par ses sorties et par ses énergies créatrices et providentielles. En un mot, il nous faut chercher un Dieu qui soit participable d’une manière ou d’une autre [Qeo;n o[nta pw`ς meqektovn], afin qu’en y participant chacun de nous reçoive, de la façon qui lui est propre et en proportion de sa participation, l’être, la vie et la déification [o[nte_ kai; zw`nte_ kai; e[nqeoi ejsovmeqa]40.» 36 . Cette citation de saint GREGOIRE PALAMAS est tirée de saint MAXIME LE CONFESSEUR. . Triades 3, 2, 7 (Œuvres 1, 662). 38 . PG 151, 1217. 39 . Triades 3, 2, 24. 40 . Triades 3, 2, 24 (Œuvres 1, 675-6). 37 Il ressort, je crois, tout à fait clairement de ces lignes que le Dieu que saint Grégoire Palamas confesse, dans sa théologie hésychaste, est bien l’unique Dieu qui est, qui vit, et le seul vrai, non pas “le Dieu des philosophes”, mais “le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob”, que ce Dieu est le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Dieu des Prophètes et des Apôtres et de nos Pères, le Dieu de l’ancien et du nouvel Israêl, le Dieu de l’Église du peuple de Dieu, le Dieu de tous les saints glorifiés dans le seul Saint, de l’Église des vivants glorifiés dans le seul Vivant et Créateur de la vie, de l’Église de la participation à la communion de vie, de lumière, de gloire et d’amour du Père et du Fils et du saint Esprit. C’est le Dieu vivant de l’histoire de la Révélation, de la Bible et de l’Église, de la création, de la providence, du salut et de la déification du monde et de l’homme, ce n’est pas une idole morte ni un schéma philosophique de la “divinité”, c’est Yahweh (“Celui qui est”, qui est personnellement), Celui qui embrasse en Soi tout l’être de la Divinité, mais qui n’est ni embrassé par rien ni subordonné à rien. C’est le “Saint” d’Israêl, le “Saint” totalement différent de nos représentations et de nos catégories logiques sur “l’être” ou sur la “divinité”, c’est le Dieu de gloire : c’est Lui qui est revêtu de lumière et de magnificence, le Dieu de l’Amour et l’Ami des hommes; c’est Lui aussi qui nous a appelés à sa gloire et à sa vertu, de l’ombre à sa merveilleuse lumière, afin que nous puissions “contempler sa vertu et devenir participants à sa nature divine41, c’est–à–dire des participants vivants et personnels à la gloire; c’est Lui encore qui, alors qu’il était Lui–même “plein de grâce et de vérité”, nous a appelés nous aussi à recevoir grâce pour grâce, à nous emplir de toute plénitude divine42, bien que nous restions, dans son amour et dans sa liberté, des personnes vivantes et sans altération, semblables à Dieu et unies avec Lui, et Lui avec nous, à l’image de l’étreinte mutuelle [pericwvrhsi_] d’union et d’unité trinitaires du Père, du Fils et du saint Esprit. Il faudrait ici faire une comparaison avec les Psaumes de l’Ancien Testament ainsi qu’avec les écrits néo–testamentaires, ceux par exemple de Jean, de Paul et de Pierre, que d’ailleurs Palamas cite si fréquemment, pour constater combien sa théologie est authentiquement biblique et nourrie du même esprit qu’eux. La distinction théologique palamite entre les énergies divines et l’essence divine nous fournit ainsi l’itinéraire théologique qui nous est nécessaire pour que nous puissions exprimer les vérités révélées par Lui–même sur le Dieu vivant et véritable, créateur, sauveur et déifiant, sur Celui qui reste absolument transcendant mais en Qui et avec Qui nous avons une union réelle, sans aller rechercher aucune sorte d’identité de nature ( = l’hérésie monophysite en Christologie) ni perdre notre identité personnelle ( = l’hérésie de Sabellius, et les abîmes du panthéisme impersonnel et du mysticisme sans grâce). Comme nous l’avons déjà dit, la distinction entre essence divine et énergies en Dieu dans la théologie hésychaste palamite se fonde sur toute la théologie des plus grands parmi nos Pères de l’Église d’Orient et particulièrement sur la théologie des grands Cappadociens et de saint Maxime le Confesseur. Cette distinction a comme base, nous l’avons déjà dit, l’inconcevable et inexplicable distinction qui existe en Dieu entre les Hypostases divines et la Nature divine – distinction qui repose elle–même sur la vérité de la “Monarchie” du principe divin qu’est l’Hypostase du Père, Celui qui engendre prééternellement le Fils et fait procéder le saint Esprit. Selon cette théologie des plus grands parmi nos Pères de l’Église d’Orient, ce sont les Personnes ou Hypostases divines qui ont ici une signification primordiale : le Père, le Fils et le saint Esprit, car l’essence ou la nature divine, à la fois une et unique, n’existe qu’en Elles. Les Pères ont explicitement souligné que ni la nature ni l’essence ne peuvent exister ajnupovstato_, c’est–à–dire sans hypostase, ce qui signifie que seule l’hypostase peut faire que la nature (ou l’essence) existe réellement ou concrètement, qu’elle subsiste. Naturellement, ils soulignent également qu’il n’existe pas non plus d’hypostase sans essence [ajnoujsio_], c’est–à–dire d’hypostase qui n’ait sa nature comme contenu essentiel. Mais lorsque les saints Pères parlent d’hypostase ou d’existence personnelle, cela implique simultanément, en théologie comme en anthropologie, et la volonté et la liberté, et par conséquent la puissance comme potentialité d’agir, c’est–à–dire l’énergie, qui appartient ainsi à la nature même de l’existence personnelle, à l’essence de la personne ou hypostase 41 . 2 Pierre 1, 3-4; 1 Pierre 2, 9. . Jean 1, 14-16; Éph. 3, 19. 42 réellement existante et vivante. C’est pourquoi saint Grégoire Palamas, suivant les Pères, peut dire que de même qu’une essence ou nature ne peut exister sans hypostase, c’est–à–dire sans subsister [uJfivstatai] en une hypostase concrète, de la même manière exactement aucune essence ou nature ne saurait exister sans posséder sa puissance naturelle et son énergie : Error! Reference source not found. De la même façon, notre saint dit ailleurs : Error! Reference source not found. Il est donc bien vrai que dans la théologie de saint Grégoire Palamas la vérité de la distinction – mais non de la séparation – entre l’essence et les énergies divines prend sa source directement dans la vérité du mode personnel d’existence [trovpo_ uJpavrxew_] du Dieu vivant, vrai et tout–puissant, du Dieu donc autonome, doué de volonté, de puissance et de liberté, qui comme tel est aussi Créateur librement et sans aucune nécessité, selon sa volonté comme selon sa toute–puissance naturelle et son énergie. Si donc Dieu est bien ce Créateur vraiment libre et autonome [aujtexouvsio_], il doit certainement aussi posséder sa puissance et son énergie personnelles et naturelles Error! Reference source not found., dit saint Grégoire Palamas, toujours en union avec les Pères. Et dans un autre passage, parlant du Dieu agissant librement : “Si l’on se souvient de Celui qui agit [tou` ejnergou`nto_], on désigne ainsi implicitement aussi l’énergie [th;n ejnergeivan]; et si l’on parle d’énergie, on embrasse par le verbe aussi Celui qui accomplit cette énergie46.” En vrai philosophe chrétien, et non comme quelque penseur grec, saint Grégoire Palamas sait bien, par la foi comme par l’expérience de l’Église – et c’est là tout aussi bien sa confession personnelle que sa bienheureuse expérience, – que le Dieu vivant et véritable possède et manifeste sa volonté et détermination divinement libres et son Conseil divin (cf. la vérité fondamentale de la Bible sur le “Grand Conseil” de Dieu comme Trinité de Personnes, pensée constamment présente dans la tradition hésychaste et patristique). Voilà pourquoi il peut déclarer que : Error! Reference source not found. Et notre même Père écrit ailleurs : Error! Reference source not found. Le Dieu vivant et véritable est un Dieu qui pourvoit et agit par son énergie personnelle et naturelle : Error! Reference source not found. et également : Error! Reference source not found. De même il apparaît que la volonté de Dieu et son énergie montrent son mouvement et son attachement de libre amour pour la création qu’il a librement voulue et librement créée : Error! Reference source not found. Certes, l’énergie naturelle créatrice de Dieu selon saint Grégoire Palamas, ne présente aucunement le caractère de nécessité qu’elle a dans la théologie d’Origène, dans laquelle Dieu, ayant une énergie créatrice éternelle, est obligé de créer éternellement. Le Dieu de Grégoire Palamas est réellement libre, libre même à l’égard de sa propre nature et de son énergie naturelle, et par conséquent il l’utilise, c’est–à–dire qu’il fait agir, la puissance de sa nature lorsqu’il le veut, manifestant ainsi sa toute–puissance jusque dans sa liberté [aujtexouvsio_], et dans sa souveraineté [kuriovth_]51 personnelles, en créant lorsqu’il le veut. Sur ce sujet, saint Grégoire Palamas poursuit en observant que Error! Reference source not found. Citons encore un dernier passage où l’on peut remarquer la réponse que fait saint Grégoire Palamas à la question qu’avaient posée Barlaam et ses partisans aux hésychastes orthodoxes, faisant remarquer que la distinction entre essence et énergies en Dieu offenserait la simplicité divine, la simplicité de l’être divin. Comme on le sait, c’était là l’objection prin43 . Triades 3, 3, 5 (Œuvres 1, 685). . Lettre à Damien (Œuvres 2, 474) : cf. Discours démonstratif 1, 19 (Œuvres 1, 96) : Error! Reference source not found. 45 . Chapitres 139 (PG 180, 1217). 46 . Lettre à Gavras 13 (Œuvres 2, 340). 47 . Lettre à Damien, (Œuvres 2, 340). 48 . De l’unité et de la distinction 15 (Œuvres 2, 79). 49 . Discours démonstratif 2, 27 (Œuvres 1, 103). 50 . Lettre à Gavras 29 (Œuvres 2, 360). 51 . Lettre à Gavras 29 Œuvres 2, 336-7). 52 . Lettre à l’évêque Daniel 21-22 (Œuvres 2, 392-393). 44 cipale des anti–hésychastes, de ceux d’hier comme de ceux de notre temps, contre la théologie palamite orthodoxe. Saint Grégoire Palamas, nous le savons bien, résiste cependant à cette objection fondée sur la “simplicité de Dieu”, objection d’ailleurs plus philosophique que théologique, venant de la philosophie scolastique, par un simple rappel de la distinction fondamentale qui existe déjà en l’être divin entre l’Essence divine (la Nature) et les Personnes (ou Hypostases) au principe divin, sans cependant que cette distinction, qui constitue bien la quintessence du Christianisme, offense en rien la divine simplicité. Pour Grégoire Palamas comme pour les grands Cappadociens et les autres Pères de l’Église d’Orient, la garantie de l’unité et de la simplicité de l’être divin n’est pas tant philosophique ou essentialiste que biblique et personnelle. Ce n’est donc pas tant la seule nature ou essence divine simple et unique qui peut fournir la garantie de l’unité et de la simplicité de l’être divin, que la divine monarchie de l’Hypostase du Père qui fait et garantit l’unité de la Divinité, puisque, selon les paroles de notre saint théologien, Error! Reference source not found. Le saint archevêque de Thessalonique souligne fréquemment dans ses œuvres (par exemple dans Sur la participation divine54), que la Trinité des divines Hypostases ne porte pas offense à la simplicité de Dieu, car les Personnes ne forment pas une “composition” [suvnqesin], ni entre elles ni avec l’Essence divine, bien que les Hypostases ( = Personnes) de la Trinité soient distinctes sans confusion, car elles sont aussi consubstantielles en une étreinte réciproque. En outre, souligne saint Grégoire Palamas, en Christ aussi Error! Reference source not found. ce qui veut dire : Error! Reference source not found., et cependant son incarnation auto–opérée, et l’“Hypostase composée” [suvnqeto_ uJpovstasi_] que nous reconnaissons en Lui après l’incarnation, selon les Pères, n’ont introduit aucune “composition” en Dieu, et les confesser ne nuit pas plus à la simplicité divine. Par conséquent, conclut saint Grégoire, de la même manière et pour la même cause il n’y a aucune composition en Dieu, et nous pouvons avec piété et crainte de Dieu confesser la différence théologique de l’essence et de l’énergie divines. Et saint Grégoire Palamas d’ajouter encore que selon les Pères, et en particulier selon Denys l’Aréopagite, Error! Reference source not found.. Par conséquent Error! Reference source not found. `la simplicité [aJplovth_] de Dieu n’en est pas atteinte’ comme l’écrit le grand Basile57 [_]. Dieu seul est toujours indiciblement agissant, et [_] Dieu ayant conçu toutes choses et les maintenant ensemble, opère [ejnergei`] chacune [des énergies divines] dans l’unité, simplement et indivisiblement et, rentré en Lui–même et sans se quitter jamais Lui–même en chacune de ses `sorties’ (c’est–à–dire en chaque chose, dans le monde ou en chaque homme), il se suggère Lui–même tout entier et tout seul, indivisible dans les distinctions [_]. Dieu, d’une seule énergie opère tout, tout entier présent et agissant simplement et indivisiblement en chaque [énergie] [_] et reconnu tout entier et tout seul indivisiblement en chacune de ses énergies58.» Enfin saint Grégoire Palamas ajoute d’une manière tout aussi caractéristique que “chaque puissance ou énergie est Dieu Lui–même59, ou plus clairement encore en un autre passage : Error! Reference source not found. En guise de conclusion pour toutes ces citations, nous pourrions nous reporter à ce passage de notre saint61 : Error! Reference source not found.en l’une des Hypostases di53 . Confession de foi, Œuvres 2, 495 Cf. aussi saint GREGOIRE LE THEOLOGIEN, Discours 20, 6. . De la communion déifiante 23-29. 55 . Théophanis 6 (Œuvres 2, 226). 56 . AREOPAGITE, Des Noms divins 2, 6. 57 . Contre Eunome 2. 58 . Des énergies divines 3-8 (Œuvres 2, 98-102). 59 . Lettre à Gavras 13 (Œuvres 2, 340). 60 . De l’union et de la distinction15 (Œuvres 2, 79).. 61 . Controverse avec Akindynos 5, 27 (Œuvres 3, 373-4). 54 vines le salut par la Passion de la chair, c’est–à–dire la nature divine (unie à moi) et toute puissance et énergie [_]. C’est ainsi qu’en chacune de ces énergies c’est Dieu tout entier qui se laisse participer [metevcetai] et qu’on peut le dénommer tout entier d’après chacune. Et qui est ce tout entier ? – C’est le Père et le Fils et le saint Esprit, mais ce n’est pas l’Énergie tout entière qui est dénommée d’après chaque énergie, ni qui se laisse participer en elle.» Avec le passage que nous venons de citer, nous nous retrouvons à notre point de départ, à la question posée de la vérité de la théologie hésychaste palamite, de l’expérience et de la vie spirituelle hésychaste, c’est–à–dire de la Triadologie, de la Christologie et de la Pneumatologie, de leurs liens mutuels dans le discours sur Dieu (théologie) et dans la connaissance de Dieu dans l’Orthodoxie. Or c’est justement cette expérience bienheureuse de la vie spirituelle en Christ dans l’Église qui confirme la théologie palamite des énergies divines trinitaires incréées, car les énergies de la vie divine et de la lumière divinisante incréée découlent pour nous les hommes seulement et uniquement du Christ fait chair et fait homme, qui vit dans l’Église par la grâce du saint Esprit comme salut et comme sauveur, comme nouvelle vie, lumière, gloire et déification. C’est justement sur la base de cette expérience spirituelle bienheureuse dans l’Église que saint Grégoire Palamas peut tenir son discours sur Dieu et posséder sa connaissance de Dieu, et c’est bien sur cette base que sa théologie peut être si authentiquement empirique, si inspirée et si spirituelle. C’est dans l’Église que Palamas peut connaître et vivre le Dieu–homme, le Christ, comme source vivante et personnelle des énergies divines incréées venant de la sainte Trinité pour nous sauver, et c’est de cette expérience personnelle et ecclésiale que nous viennent les noms qu’il donne à l’énergie (ou aux énergies) divine et divinisante : “grâce divinisante de Dieu”, “lien entre Dieu et les déifiés“62, ou “divines sorties et énergies de la Divinité tri–hypostatique63“, “énergie commune incréée, venue du Père, par le Fils dans le saint Esprit, proclamée par les paroles divinement transmises et reconnue dans toutes les créatures”, énergie qui est “le Royaume de Dieu venant en puissance64.” En liaison avec cette expérience, il est très caractéristique que saint Grégoire Palamas fasse commencer sa théologie hésychaste par un commentaire de la transfiguration du Christ au Tabor et de la vision qu’y eurent alors les saints Apôtres de “la puissance révélatrice de cette Lumière divine (taborite)65.” Dans ses Ïuvres suivantes, le saint de l’Athos et de Thessalonique se tournera fréquemment vers cette lumière taborite incréée pour l’appeler gloire de Dieu et même Royaume de Dieu. Citons seulement quelques–uns des nombreux passages qui parlent de la Lumière divine de la Gloire incréée et du Royaume de Dieu. Sur le mont Tabor, les Apôtres Error! Reference source not found. Ce que les Apôtres, ajoute saint Grégoire Palamas, virent sur le Tabor lors de la Transfiguration, n’était autre que “la Divinité même du Verbe comme mise à nu” [paragumnoqei`san], “sa divine Gloire”, “son éclat divin et incréé68“, “cette lumière divine et incréée” qui est la lumière commune et la gloire commune de “la Divinité une et la même pour Trois69.” Le saint archevêque de Thessalonique parle de cette question d’une façon encore plus claire et plus pénétrante dans l’Homélie qu’il prononça devant son troupeau de l’Église de Thessalonique pour le jour de la fête de la Transfiguration70. Dans cette homélie, il appelle le Christ transfiguré “Source de la Lumière divine qui rayonne éternellement, et Soleil de justice,” pour ajouter que Error! Reference source not found.ourront, divinement et 62 . 3ème Lettre à Akindunos. . De l’union et de la distinction 3. 64 . Contreoverse avec Akindynos 6, 12 (Œuvres 3, 421). 65 . Homélie 34 (PG 151, 136). 66 . Marc 9, 1. 67 . Chapitres 146 (PG 150, 1221). 68 . Chapitres 149 (PG 150, 1225). 69 . Chapitres 149 (PG 150, 1224). 70 . Homélie 35 (PG 151, 448-449). 71 . Mat. 13, 34. 63 ineffablement, voir le Christ Lui–même plus que lumineux, Lui dont la gloire, jaillissant naturellement de sa Divinité, s’était révélée au Tabor communiquée également à son corps du fait de l’union hypostatique72.» Dans l’Homélie 35 qui suit, le saint théologien de la lumière taborite continue à décrire l’expérience des Apôtres et des saints Pères et le vécu de la lumière divine incréée : il souligne que cette lumière divine et déifiante rayonne du Dieu-homme, du Christ, et que c’est par cette énergie divine incréée, gloire impérissable de la Divinité, que Dieu s’unit réellement avec nous, bien que selon son essence elle nous reste inaccessible et imparticipable. C’est cette bienheureuse énergie et gloire divine qui est l’héritage éternellement promis et prédestiné des saints dans le Christ, et il peut donc répéter que Error! Reference source not found.t à [sa] chair; quant à dire pour autant que l’essence soit commune à la Divinité et à la chair, ce serait le fait d’Eutychès et de Dioscore [les hérétiques monophysites], non de ceux qui veulent faire preuve de piété [c’est–à–dire des orthodoxes]74.» Et notre saint Théologien continue de s’adresser ainsi à son peuple orthodoxe : Error! Reference source not found.i jaillit d’une seule Nature en trois Hypostases, projetant [ejklavmpousan] une lumière unique et indicible, et levons le regard de notre pensée vers le Verbe [le Christ] qui maintenant demeure [avec son corps] au–delà des cieux, siégeant en Dieu à la droite de la Majesté [du Père]75. [_] Contemplons donc de nos yeux intérieurs ce spectacle grandiose : notre nature demeurant éternellement avec le feu immatériel de la Divinité [_]. Approchons donc pour être illuminés et vivre dans l’éternité illuminés par la gloire de la splendeur tri–solaire au Principe unique [Monarciva] [_]76.» Le fragment de saint Grégoire Palamas que nous venons de citer est d’une immense richesse de contenu et de signification théologiques; il manifeste clairement en lui–même les véritables dimensions bibliques et patristiques de la théologie hésychaste de Palamas. Mais avant de l’étudier, citons encore l’Homélie 35 où transparaît le caractère personnel, personnaliste et plus encore christocentrique de la théologie hésychaste palamite des divines énergies incréées et en même de temps de la grâce incréée de Dieu. Établissant un parallèle entre le Christ transfiguré et le soleil, notre saint ajoute : Error! Reference source not found. Je crois que ces paroles se passent de commentaire. Elles témoignent clairement du caractère évangélique et sotériologique de la théologie de saint Grégoire Palamas, où le Dieu–homme, le Christ, se tient au centre comme contenu de la théologie hésychaste des énergies divines, incréées et déifiantes, c’est–à–dire de la grâce et de l’amour et de la gloire lumineuse du Dieu vivant et véritable. C’est pour cette gloire que le Christ priait son Père que ses disciples la vissent, ainsi que tous ceux qui à travers eux croiraient en Lui78. Cette gloire, cette lumière, ou cette grâce, sont la grâce et l’amour de la Trinité, la puissance éternelle et incréée des énergies créatrices, transfigurantes et divinisantes de la Divinité tri–hypostatique : le Père, le Fils et le saint Esprit. Car selon saint Grégoire Palamas comme selon la théologie et la liturgie orthodoxes, la transfiguration du Christ a un caractère non seulement théologique, mais encore expressément trinitaire, elle représente la plénitude de la manifestation divine, de la Théophanie trinitaire du Nouveau Testament, comme du reste tout ce qui est du Christ dans le Nouveau Testament, dans l’Église. Mais il est temps de conclure. Il ne nous reste plus, pour finir, qu’à dire quelques mots de ce qui constitue, selon saint Grégoire Palamas, cette déification bienheureuse de l’homme en Christ, par l’énergie et la lumière divines incréées. Notre saint nous en parle assez largement et fréquemment dans ses Œuvres inspirées. Nous ne citerons ici qu’un passage caractéristique de ses Triades hésychastes inspirées : Error! Reference source not found. en72 . Homélie 34 (PG 151, 432). . Ps. 89, 17. 74 . Homélie 34 (PG 151, 432); Homélie 45 (PG 151, 448). 75 . Cf. Héb. 1, 3. 76 . Ibid. 77 . PG 151, 44. 78 . Jean 17_ 73 tiers étreignent [pericorou`si] de leur être tout entier Dieu tout entier, se saisissant de Dieu tout entier sans recevoir d’autre récompense que Dieu seul pour l’ascension qu’ils ont accomplie en montant vers Lui; il s’attache à eux, tel l’âme s’attachant au corps, comme à ses propres membres’79, et il les a jugés dignes d’être en Lui par une adoption en–hypostasiée, selon le don et la grâce du saint Esprit80.» Cette citation de saint Grégoire Palamas, expressément christologique, mais également triadologique, pneumatologique, ecclésiologique et sotériologique, nous renvoie à sa source : c’est la théologie des saints apôtres Paul et Jean, dont nous parlions au début de cet exposé. Car tant ces Apôtres que saint Grégoire Palamas parlent, en une même langue biblique et évangélique, du salut éternel et de la vie en Christ dans la sainte Trinité, notre unique Dieu vivant et véritable, Celui qui est. C’est un même contenu qui ressort du passage que nous avons cité et de l’expérience théologique et vécue de Paul : Je ne vis plus, c’est le Christ qui vit en moi81. Il est également question, chez saint Paul comme chez saint Grégoire Palamas, de l’union des membres du Christ avec leur tête divine dans l’unique Corps de l’Église, qui est l’Œuvre d’union Error! Reference source not found. De même, ce passage hésychaste palamite, à la fois si ecclésiologique et eucharistique comme beaucoup d’autres, nous parle aussi la langue de saint Jean sur l’étreinte réciproque [pericwvrhsi_] divino–humaine de la vie commune bienheureuse, incréée et impérissable des Personnes de la Trinité avec les saints, celle dont parle l’apôtre Jean, ou plutôt le Christ Lui–même aux chapitres 1, 3, 6 et 17 de l’Évangile de Jean, etc. Soulignons seulement pour finir une vérité que nous avons déjà mentionnée, et qui est si présente et si bien mise en relief dans la théologie de Palamas. C’est cette vérité de foi et d’expérience pour les hésychastes orthodoxes, tant pour ceux de la sainte Montagne que pour ceux qui les ont précédés ou suivis, ce fait que la divinisation bienheureuse selon la grâce par les divines énergies incréées n’est pas impersonnelle, qu’elle ne dépersonnalise pas les hommes, car – et le saint le souligne fréquemment, – les énergies divines sont Dieu Lui–même, qui s’offre en participation et en communion de la seule manière possible et salutaire pour nous – et c’est toujours le Dieu personnel Lui–même, le Dieu d’amour et l’Ami de l’homme, qui s’offre par sa grâce ( = par ses énergies), comme “amour extatique”, comme le dit l’auteur mystique des écrits aréopagitiques, que saint Grégoire Palamas aimait tant (bien que Palamas ait dépassé de beaucoup l’Aréopagite et que par son christocentrisme il corrige et complète la théologie du mystérieux écrivain caché sous le nom de Denys l’Aréopagite). Saint Grégoire Palamas, nous l’avons vu, souligne clairement que dans cette union bienheureuse, personnelle selon l’énergie, Dieu et les saints s’étreignent réciproquement et que cette pericwrhvsi_, cette étreinte réciproque divino–humaine est à l’image de la périchorèse des personnes de la Trinité divine et, dans la mesure des dons du Christ, à l’image de la périchorèse aussi qui existe entre les natures sans séparation et sans confusion du Christ, nature divine et nature humaine. C’est le Dieu–homme, le Christ, qui fournit, pour saint Grégoire Palamas comme pour les autres saints Pères, la mesure et le caractère salvateur de notre union avec Dieu et de notre déification dans le saint Esprit; c’est ce qui fait que toute sa théologie soit à la fois si sotériologique et si christologique. C’est justement ce caractère christologique si marqué de la théologie palamite qui va nous conduire au dernier point important de la théologie hésychaste palamite – tout au moins pour notre exposé, – sur Celui qui est le Dieu personnel vivant et véritable de la Révélation biblique et de l’économie du salut, sur le Dieu de l’Église comme le mystère le plus important de Dieu pour nous. Il s’agit du lien qu’il établit entre la théologie palamite des énergies incréées et la divine Eucharistie de l’Église, qui est depuis toujours pour l’Orthodoxie le centre et la garantie la plus authentique du véritable discours et de la véritable connaissance sur Dieu, car c’est bien là la source véritable de vie et de communion avec le Dieu vivant et véritable – la sainte Trinité. 79 . Saint MAXIME LE CONFESSEUR (PG 91, 1088). . Triades 3, 1, 27 (Œuvres 1, 449). 81 . Gal. 2, 20. 82 . 2 Cor. 13, 13. 80 Dans sa Confession de la foi déjà, Palamas confesse que cError! Reference source not found.orps et Sang pour accorder à ceux qui s’approchent avec piété une participation et une communion ineffables à Jésus83.» C’est encore dans les Triades84 que le saint archevêque de l’Église de Thessalonique délivre la confession que voici, d’une théologie vraiment eucharistique, de l’unique Dieu vivant et véritable, du Dieu qui est, le Dieu–homme, le Christ. Appliquant le mystère qui dépasse tout esprit de l’incarnation et de l’hominisation du Christ par amour de l’homme à l’Eucharistie, à notre union avec le Christ dans la sainte Liturgie par le mystère de la sainte Communion, saint Grégoire Palamas n’hésite pas à écrire que Error! Reference source not found.le de la Divinité tout entière – car dans le Corps même du Christ habite corporellement toute la plénitude de la Divinité86.» Je pense qu’il n’est pas nécessaire de nous étendre plus pour commenter ces deux derniers passages de la théologie orthodoxe palamite, qui est à la fois et hésychaste et eucharistique. Je soulignerai seulement encore une fois que dans ces deux passages on peut clairement voir ses vraies dimensions bibliques, ecclésiales, hésychastes, liturgiques et eschatologiques. C’est là que l’on peut constater à quel point la théologie palamite est bien d’inspiration apostolique et patristique sur l’union divino–humaine, la “communion de déification [koinwniva qewvsew_]“, comme il le dit lui–même dans le Discours démonstratif87, et qu’il s’agit bien de l’union du Dieu déificateur et des hommes qu’il a déifiés, de l’union de Celui qui est éternellement le Dieu vivant, du Dieu Personnel, trinitaire, et des hommes qui ont été vivifiés, rendus immortels en Lui, et déifiés par la gloire éternelle et incréée de sa Divinité. Conférence prononcée lors du Symposium théologique en l’honneur et à la mémoire de saint Grégoire Palamas, organisé à Thessalonique (12–14 novembre 1984) par la métropole de cette ville. La présente conférence fut prononcée le 13 novembre, jour de l’avant–fête de saint Grégoire Palamas, à la place de la conférence du P. Amphiloque Radovic, doyen de la faculté de théologie de Belgrade, que ses obligations avaient empêché de participer au Symposium. 83 . Œuvres 2, 497. . Triades 1, 3, 38 (Œuvres 1, 449). 85 . Baruch 3, 8. 86 . Col. 2, 9. 87 . Discours démonstratif 2, 78 (Œuvres 1, 149). 84