et aux hommes la sainte et vivifiante Trinité, Celui qui est [Yahweh, oJ [Wn], réellement et
véritablement Dieu, l’unique Dieu vivant et vrai; ainsi nous sont révélés et offerts, à nous
autres les hommes, la véritable connaissance et le véritable discours sur Dieu [la théologie], et
par là même la véritable connaissance, l’union vraie avec Dieu et la vie éternelle
Si nous avons dit ces quelques mots en guise d’introduction, c’est pour souligner
qu’il ne serait pas exact d’isoler et de mettre en valeur la théologie de saint Grégoire Palamas
comme une théologie qui serait avant tout “consacrée à distinguer l’essence et l’énergie en
Dieu”. S’il a certes souvent mentionné et souligné dans ses œuvres la vérité théologique de la
distinction entre essence et énergie en Dieu, la visée de sa théologie garde tout entière un ca-
ractère à la fois biblique et personnaliste marqué, c’est–à–dire un caractère trinitaire. Ce qui
saute d’entrée à nos yeux dans la théologie palamite est bien cette vérité de la communion et
de l’union vécue de l’homme avec le Dieu vivant et véritable, c’est–à–dire la manifestation de
la sainte Trinité, la vérité de la participation totale de l’homme au corps du Christ incarné par
la grâce de l’Esprit, et ainsi à la vie d’amour éternelle et incréée de la sainte Trinité, Père, Fils
et saint Esprit. La réalité et le caractère expérimental de cette union vécue avec le Dieu qui est,
incluent, pour la théologie de saint Grégoire Palamas, aussi bien la vérité de la transcendance
et de l’imparticipabilité de l’essence divine que de la participation et de la communion aux
énergies divines incréées du Dieu trinitaire. Ce sont donc justement ces éléments théologiques
fondamentaux, c’est–à–dire le Dieu comme Trinité de Personnes, mais aussi son essence
transcendante (inaccessible) et la participation, la communication, à ses divines énergies —
incréées mais participables, — qui constituent la théologie orthodoxe de saint Grégoire de
Thessalonique sur Celui qui est, c’est–à–dire sur le Yahweh biblique, le Dieu vivant et
véritable.
Pour le souligner, citons seulement certains des textes de saint Grégoire Palamas
qui manifestent sa vision théologique catholique (universelle) du Dieu vivant et véritable, du
Dieu de la tradition biblique, judéo–chrétienne ecclésiale et vivante.
Je voudrais tout d’abord que nous nous tournions vers cette Prière merveilleuse et
inspirée de saint Grégoire qui se trouve au début du premier Discours démonstratif sur la
procession du saint Esprit. Très caractéristique et très exacte est cette observation de certains
auteurs orthodoxes qui ont étudié la théologie hésychaste palamite, entre autres le
P. Amphiloque Radovic
, que la théologie hésychaste palamite sur la distinction entre
l’essence et les énergies divines, trouve à la fois son point de départ et sa confirmation dans la
vérité théologique de la procession hypostatique et du don de la grâce du saint Esprit, c’est–à–
dire qu’elle découle de l’expérience de la vie pleine de grâce dans l’Esprit, dans l’Église
comme Corps du Christ et demeure de Dieu le Père, ou en d’autres termes du lien étroit
qu’elle établit entre Pneumatologie et Christologie selon la tradition et la foi de l’Église
orthodoxe.
La Prière de saint Grégoire Palamas que nous avons citée, précède sa présentation
de la théologie de la procession personnelle et du don bienheureux du saint Esprit, et cette
théologie est, nous l’avons dit, une “théologie manifestante (auto–révélatrice) de la Vérité–
En voici un exemple caractéristique tiré des Triades de saint Grégoire Palamas (De la défense des saints
hésychastes, 2-3, 45-46, Œuvres 1, 578-579) : Aujourd’hui, Dieu nous est apparu dans la chair, cru par les
gentils, préché dans le monde (1 Tim. 3, 16), lorsque la loi de grâce a été révélée jusqu’aux confins de la terre,
lorsque nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu pour connaître les dons précieux que Dieu nous a faits
(1Cor. 2, 12), alors que nous sommes enseignés par Dieu (Jean 6, 45) et que nous sommes devenus élèves du
Paraclet [_], alors que nous possédons l’intellect du Christ (1 Cor. 2, 16) et les yeux de l’Esprit [_]; [Maintenant
nous sommes enseignés, non pas] par la contemplation des créatures, mais par la contemplation de Celui qui a
été établi Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté (Rom. 1, 4). [_] Nous n’avons maintenant qu’un
seul Maître, le Christ (Mat. 23, 10) [_]. La connaissance de Dieu qui nous est accessible se glorifie d’avoir Dieu
pour Maître ! Ce n’est ni un homme ni un ange, mais le Seigneur Lui-même qui nous a donné un enseignement et
qui nous a sauvés. Ce n’est plus par des approximations que nous connaissons Dieu, car telle est la connaissance
de Dieu qui nous vient des créatures, aujourd’hui, la vie s’est manifestée, [la vie] qui était auprès du Père et qui
s’est manifcstée à nous (1 Jean 1, 2) pour nous annoncer que Dieu est lumière, et qu’en Lui il n’est pas de
ténèbres (1 Jean, 1, 5]; ceux qui auront cru en Lui, il en a faits enfants de lumière (Éph. 5, 8) [_] et nous serons
semblables à Lui parce que nous Le verrons Tel qu’il est (1 Jean 3, 2).
Cf. son œuvre historique Le mystère de la sainte Trinité selon saint Grégoire Palamas (en grec),
Thessalonique 1973.