Chapitre 4

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Chapitre 4 : Notes1
Introduction : bilan d'une banque à charte
Les banques à charte jouent un rôle majeur dans le système financier canadien. Elles constituent la
courroie la plus importante de la transmission de la politique monétaire.
Voir p. 5-6 Bulletin hebdomadaire de statistiques financières pour le bilan des banques à chartes.
Quelques exemples d'opérations simples
i. Supposons un nouveau client qui fait un dépôt sous forme de billets de banque.
Billets de banque
Banque exemplaire
+100
Dépôts à vue
+100
Si le nouveau client avait réglé l’opération avec un chèque tiré sur une autre institution
Dépôts à la BC
Banque exemplaire
+100
Dépôts à vue
+100
L’autre banque
-100
Dépôts à vue
-100
et l’autre institution
Dépôts à la BC
Que ce soit en billets de banque ou en dépôts à la Banque du Canada, il s’agit dans les deux cas d’une
augmentation de réserves. Les dépôts apportent des réserves. Pour maximiser ses opérations, la banque ne
laissera pas dormir les sommes nouvellement recueillies. Si le coefficient de réserves est de 10% (voir la
discussion plus loin sur les réserves requises et les réserves excédentaires), la banque a des réserves
excédentaires :
Réserves requises
Réserves excédentaires
Banque exemplaire
10
Dépôts à vue
90
100
La banque trouve un client et effectue un prêt qui augmente momentanément l’actif et le passif d’un même
montant …
Réserves requises
Réserves excédentaires
Prêt
Banque exemplaire
10
Dépôts à vue
90
90
190
… mais le nouvel emprunteur aura vite fait de dépenser les montants nouvellement transférés dans son
compte chèques et le résultat final est donné ci-dessous :
CHAPITRE 4
: LES BANQUES À CHARTE, LA CRÉATION DE DÉPÔTS ET L'OFFRE DE MONNAIE
1
Réserves requises
Réserves excédentaires
Prêt
Banque exemplaire
10
Dépôts à vue
0
90
100
À la toute fin se dégage le rôle principal d’intermédiation et de transformation des banques : un dépôt à
vue à court terme par un petit épargnant a été transformé en prêt à plus long terme à une entreprise. Ceci
repose sur le fait fondamental que le petit épargnant de viendra pas réclamer son solde et qu’un montant de
réserve de 10% sera suffisant pour satisfaire les retraits éventuels.
ii. Une situation de retrait
Soit la situation de départ suivante :
Banque exemplaire
20
Dépôts à vue
10
190
Valeur nette
Réserves
Titres
Prêt
200
20
Supposons un retrait de 5 millions :
Banque exemplaire
15
Dépôts à vue
10
190
Valeur nette
Réserves
Titres
Prêt
195
20
Deux façons de rétablir la situation : en liquidant des actifs (mais surtout pas les prêts!)
Banque exemplaire
19,5
Dépôts à vue
5,5
190
Valeur nette
Réserves
Titres
Prêt
195
20
ou en contractant une dette
Banque exemplaire
19,5
Dépôts à vue
10
Emprunt à court terme
190
Valeur nette
Réserves
Titres
Prêt
195
4,5
20
La base monétaire et le bilan de la Banque centrale
Les statistiques hebdomadaires nous donnent un bon aperçu du bilan de la Banque du Canada :
Titres gouvernementaux
Avances
Autres placements
Dépôts en monnaie étrangère
Autres éléments de l’actif
Total
CHAPITRE 4
Banque du Canada
32,396
Billets en circulation
549
Dépôts des banques (Réserves)
2148
Dépôts des membres de l’ACP
371
Dépôts du gouvernement
3,190
Autres dépôts
Engagements en monnaie
étrangère
Autres éléments du passif
38,654
Total
: LES BANQUES À CHARTE, LA CRÉATION DE DÉPÔTS ET L'OFFRE DE MONNAIE
36,481
1,255
70
11
244
213
381
38,645
2
On se rappelle que la Base monétaire (B) est définie comme étant les billets de banque et la monnaie en
circulation détenus par le public et les institutions financières (C) plus les dépôts des banques à charte à la
Banque du Canada (R)2. La presque totalité de la base monétaire correspond au passif de la Banque du
Canada (36,481+1,255). Il ne manque que les pièces de monnaie (coins en anglais) qui sont au passif du
gouvernement. Notons
(2)
B=C+R
Nous allons voir que la masse monétaire est donnée par
(1)
Masse monétaire = (Base monétaire)(Multiplicateur monétaire).
Processus de création de dépôts
Dans la plupart des pays, les Banques centrales peuvent influencer la base monétaire par une transaction
appelée «Opération d’Open market ou à marché libre». En achetant de titres gouvernementaux, la Banque
centrale augmente la base monétaire. En liquidant des titres gouvernementaux, la Banque centrale diminue
la base monétaire. Supposons un achat par la Banque centrale de titres gouvernementaux détenus par la
banque exemplaire :
Banque exemplaire
+100
-100
Réserves
Titres
Banque centrale
+100
Réserves
Titres
+100
Comme la Banque exemplaire se retrouve avec des liquidités supplémentaires, elle voudra les faire
fructifier par le biais d’un prêt. Comme nous l’avons vu précédemment, elle émet un prêt à une entreprise,
disons l’entreprise A et crédite un dépôt à vue du même montant.
Réserves
Titres
Prêts (Entreprise A)
Banque exemplaire
+100
Dépôts à vue
-100
+100
+100
Suite à l’utilisation du prêt par l’entreprise A, le bilan sera
Réserves
Titres
Prêts (Entreprise A)
Banque exemplaire
0
Dépôts à vue
-100
+100
0
Supposons maintenant que l’entreprise A achète de l’équipement de l’entreprise B qui a un compte à la
banque #1. On observera les écritures suivantes :
Réserves
Banque #1
+100
Dépôts à vue (Ent. B)
+100
En supposant un taux de réserves de 10%, la banque #1 à des réserves excédentaires de 90 : elle peut donc
émettre un prêt à l’entreprise C du même montant.
CHAPITRE 4
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3
Banque #1
+10
Dépôts à vue (Ent. B)
+90
Réserves
Prêts (Entreprise C)
+100
Cette entreprise C pourra transiger avec l’entreprise D qui a un compte à la banque #2.
Banque #2
+90
Dépôts à vue (Ent. D)
Réserves
+90
Les même opérations seront observées :
Banque #2
+9
Dépôts à vue (Ent. D)
+81
Réserves
Prêts (Entreprise E)
+90
Le tableau ci-dessous résume l’évolution de ce processus qui fait suite à une opération d’open market qui a
augmenté la base monétaire de 100 :
Banque
Banque #1
Banque #2
Banque #3
etc.
Somme
Augmentation des
dépôts
100
90
81
72,9
65,61
Augmentation des prêts Augmentation des
réserves
90
10
81
9
72,9
8,1
65,61
7,29
59,049
6,561
1000
900
100
Pour trouver l’augmentation finale de dépôts, réécrivons
?
?
?
=
=
=
100 + 90 + 81 + …
100 + 100(0,9) + 100(0,9)2 + ….
100 + 100(1-0,1) + 100(1-0,1)2 + …
D
=
R + R[1-(R/D)] + R[1-(R/D)]2 +
où
D correspond aux dépôts
R correspond aux réserves
R/D est le taux de réserves des banques i.e. 10% et
 signifie une variation.
On sait que la somme d’une série géométrique 1 + a + a2 + a3 … = 1/(1-a). Alors, on obtient que


1
 1 
D  R 
 R 
.

 R / D 
1  [1  ( R / D )] 
L’augmentation de dépôts est égale à 1000=100/0,1. De façon plus générale, si le taux de réserves est de
10%, le système bancaire dans son ensemble pourra supporter un niveau D=R/0,1.
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4
Dérivation du multiplicateur monétaire
Le multiplicateur de dépôts doit être précisé pour tenir compte de plusieurs phénomènes : i. la propension
du public à détenir des billets de banques; ii. la propension du système bancaire à détenir des réserves
excédentaires. Ainsi
R
= RR + ER
où
RR est égal aux réserves requises
ER est égal aux réserves excédentaires.
On supposera que
RR
= (R/D)D
et
R
= (R/D)D + ER .
La base monétaire est donnée par
B
=C+R
= C + (R/D)D + ER .
En supposant que le public détient de la monnaie dans un proportion C/D, alors
C
= (C/D)D .
De la même façon. nous supposerons que (ER/D) est le taux de réserves excédentaires
ER
= (ER/D)D .
En regroupant toutes les définitions :
B
= (C/D)D + (R/D)D + (ER/D)D
= [(C/D) + (R/D)+ (ER/D)]D


1
D
B .
 (C / D)  ( R / D)  ( ER / D) 
Et finalement, la monnaie (plus spécifiquement M1) est définie selon
M = C + D = [1+(C/D)] D.
Après substitution,


1  (C / D )
M 
B .
 (C / D)  ( R / D)  ( ER / D) 
Le terme entre parenthèses est le multiplicateur monétaire qui relie le niveau de la base à la masse
monétaire observées.
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5
0.90
"(Billets+monnaie)/Dépôts"
0.85
0.80
0.75
0.70
0.65
0.60
0.55
0.50
0.45
0.40
1953Q1
1957Q1
1961Q1
1965Q1
1969Q1
1973Q1
1977Q1
1981Q1
1985Q1
1989Q1
1993Q1
1997Q1
1973Q1
1977Q1
1981Q1
1985Q1
1989Q1
1993Q1
1997Q1
0.60
(Réserves+Réserves exc)/Dépôts
0.50
0.40
0.30
0.20
0.10
1957Q1
1961Q1
1965Q1
101000
91000
81000
M1-Base
71000
1969Q1
3.00
M1
Base
Multi
2.50
2.00
61000
51000
1.50
41000
31000
21000
Multiplicateur
0.00
1953Q1
1.00
0.50
11000
1000
0.00
1979Q11981Q11983Q11985Q11987Q11989Q11991Q11993Q11995Q11997Q11999Q1
CHAPITRE 4
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6
Le concept de réserves obligatoires
Au Canada3
1935
1954
1968
1980
1992
Taux de 5% sur les dépôts.
Taux de 8% sur les dépôts. Possibilité d’augmenter ce taux à 12% selon les conditions.
12% sur les dépôts à vue et 4% sur les dépôts à terme.
10% sur les dépôts à vue, 3% sur le premier 500 millions de dépôts à terme et 3% pour le reste des
dépôts à terme.
Abolition des réserves requises de façon graduelle sur une période de 2 ans.
Aux États-Unis
1980
1992
3% sur les premiers 49,3 millions de dépôts à vue et 10% pour le reste (ce dernier taux peut varier
entre 8% et 14%) à la discrétion de la Fed.
Élimination des réserves pour les dépôts à terme.
Coût des réserves et obligation des institutions de détenir des réserves même en l’absence de réserves
obligatoires (voir les données canadiennes). Le Canada, la Suisse, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont
éliminé les réserves requises.
1
Ce chapitre reprend plusieurs éléments du livre de Glen Hubbard (1995), Money, the Financial System
and the Economy, chapitre 13 (pp. 301-314) et chapitre 17. Le lecteur intéressé pourra aussi consulter le
livre de Frederic Mishkin (1999), chapitres 10, 16 et 17. Il faut faire attention aux aspects institutionnels
américains qui diffèrent évidemment de ceux du Canada.
2
Note aux États-Unis, on fait la distinction suivante : B = Bnon + BR où Bnon correspond à la base
monétaire non empruntée (non borrowed) et BR, la base empruntée (borrowed). Les banques ont la
possibilité d’emprunter à la Fed.
3
Voir Binhammer et Sefton (1998), Chapitre 16, p.306 et suivantes pour un historique de cet aspect.
CHAPITRE 4
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