Session 2014 ECONOMIE ÉPREUVE COMMUNE SUR DOSSIER : ORAL Jury : Alexis Penot et Grégory Levieuge Sujet : La création monétaire Document 1 : Extrait de « Le multiplicateur monétaire hier et aujourd’hui », P. Artus, Flash Natixis, 23/02/2007, n.72. Document 2 : Multiplicateurs de Base Monétaire. Graphique extrait de « Politique monétaires : est-ce le début de la fin ? », OFCE, Département Analyse et Prévision, Revue de l’OFCE n.130, 2013. Documents 3 et 4 : graphiques extrait de « Les politiques monétaires conventionnelles et non-conventionnelles sont inutilisables ou inefficaces ; il ne resterait que les politiques monétaires radicalement non conventionnelles », P. Artus, Flash Economie Natixis, n.490, 10/07/2012. Document 5 : « les mesures non conventionnelles de politique monétaire », L. Clerc, Focus Banque de France, n.4, Avril 2009. Document 1 La théorie habituelle du multiplicateur monétaire fonctionne comme suit : • la Banque Centrale fait une politique monétaire expansionniste, c'est-à- dire achète des titres (des actifs) aux banques et accroît d'un montant identique les comptes de réserves des banques ; • les banques commerciales vont alors utiliser ce supplément de réserves à la Banque Centrale pour distribuer un supplément de crédit, qui prend initialement la forme d'un supplément identique des dépôts ; Mais ce supplément de crédit se heurte à deux limites : • les réserves obligatoires des banques s'accroissent avec le crédit et /ou le dépôt, ce qui consomme la hausse initiale des réserves des banques à la Banque Centrale ; • une partie du supplément de dépôts lié à la hausse du crédit ne reste pas sous la forme de dépôts bancaires (dans le modèle usuel, une partie devient des billets) ; ceci consomme aussi une partie des réserves des banques. Au total, la hausse du crédit rendue possible par une hausse initiale de la base monétaire (le multiplicateur de crédit, ou le multiplicateur monétaire puisque la hausse de la masse monétaire sous toutes ses formes est égale à celle du crédit) est d'autant plus faible que le taux de réserves obligatoires est élevé et qu'une partie importante des dépôts initialement créés passe sous une autre forme. Document 2 : Multiplicateur de Base Monétaire NB : EUZ = zone euro, GBR = Royaume-Uni Document 3 Document 4 Document 5 Pour atteindre leurs objectifs, au premier rang desquels figure la stabilité des prix, les banques centrales disposent principalement d’un instrument : la fixation du taux directeur, le taux d’intérêt auquel les banques commerciales se refinancent auprès de la banque centrale, en général à très court terme, de un à quelques jours. Le niveau et les mouvements du taux directeur influencent l’économie à travers, essentiellement, deux canaux de transmission : le canal des taux d’intérêt et celui du crédit. […] La création massive de monnaie vise à contourner l’obstacle du blocage des taux d’intérêt. La banque centrale tente de « saturer » la demande de monnaie des agents économiques, en espérant que ceux-ci dépenseront directement leurs encaisses excédentaires. Il s’agit, en quelque sorte, de créer un nouveau canal de transmission de la politique monétaire qui ne dépende pas du taux d’intérêt. En temps ordinaire, ce canal direct par le biais de la masse monétaire ne peut être utilisé, car la demande de monnaie (la quantité de monnaie que souhaitent détenir les agents économiques) est instable à court terme : il n’existe pas de lien prévisible entre la quantité de monnaie et la situation économique. En période exceptionnelle, cette instabilité de court terme est moins gênante dès lors que la banque centrale est disposée à offrir la monnaie en quantité illimitée. Il n’est pas certain, toutefois, que même une offre illimitée suffise à relancer la dépense si la demande de monnaie est elle-même infinie. C’est pourquoi, très souvent, l’offre de monnaie est canalisée vers le seul agent dont on est certain qu’il dépensera : l’État via son déficit budgétaire. Les politiques d’achat de titres de la dette publique par les banques centrales représentent donc une des formes les plus utilisées de “quantitative easing”. […]