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B. Quels scénarios peut-on envisager pour "sauver" l’euro ?
Doc. 7 :
Pour sauver la monnaie unique, plusieurs scénarios peuvent être imaginés. Si, au lieu de
renflouer les pays les uns après les autres, on prenait, par exemple, de front les difficultés
structurelles de certains pour stopper définitivement la contagion ? Des voix dans ce sens
évoquent l’exemple argentin. Fin 2001, ce pays surendetté et étranglé par des plans
d’austérité à répétition se déclarait en défaut de paiement. Il dévaluait sa monnaie, relançait
son commerce extérieur et finissait par renouer avec la croissance après neuf années de
difficultés économiques. Il apparaît pourtant difficile d’appliquer ce scénario à la lettre dans
une zone monétaire. En effet, une cessation de paiement grecque ou irlandaise entraînerait
la fuite des investisseurs et, dans la foulée, une chute probable de la zone euro, scénario
coûteux. Sans aller si loin, on pourrait envisager une restructuration de dette consistant à
allonger la durée de remboursement, voire à réduire les sommes dues.
"Scénario catastrophe" ou "du jugement dernier", selon les termes employés par le Financial
Times début décembre, la disparition de la zone euro serait-elle inévitable ? La plupart des
économistes s’accordent à dire que tout le monde y perdrait. Les « petits pays »d’abord.
"Certes, reconnaît Jean-Luc Proutat, chez BNP Paribas, les sortants pourraient dévaluer leur
monnaie et gagner en compétitivité. Mais dans le même temps, ils perdraient les garanties
d’emprunts de l’Europe, ainsi que la confiance des marchés, et ne pourraient plus emprunter.
Leurs banques se retrouveraient asséchées, acculées à la faillite, et on assisterait à une fuite
des capitaux résidents. La France et l’Allemagne seraient lésées, car leurs acteurs
économiques nationaux ne récupéreraient pas leurs capitaux investis". En outre, renchérit
l’économiste Alexander Law, chez Xerfi. " L’essentiel du commerce allemand se fait dans la
zone euro, Berlin n’a donc aucun intérêt à la voir disparaître". Une implosion coûterait donc
plus cher que tout plan de sécurisation.
Christian Saint-Etienne, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, évoque
pourtant une sortie de la zone euro "par le haut". Les Allemands ne vont pas indéfiniment
accepter de payer pour sauver leurs voisins, dit-il. La séparation doit être assumée par ceux
qui en ont les moyens." Coexisteraient alors la monnaie d’un groupe de pays forts (Pays-Bas,
Finlande, Belgique) autour de l’Allemagne et une monnaie regroupant les Etats faibles autour
de la France, "qui pourrait un jour rejoindre la zone forte si elle mène des réformes de
structure
”
. D’autres voix réclament davantage d’intégration européenne.
Source : Marie DANLER et Sébastien MAILLARD – les dossiers de l’actualité – Février 2011.
9. Peut-on éviter la faillite des pays endettés et la contagion ?
10. L’explosion de la zone euro serait-elle une solution à la crise ?