1 CBSV CORRIGE ADN OBJET BIOTECHNOLOGIE 1) Gène Un gène est une section définie de l’ADN. L’homme possède entre 25'000 et 40'000 gènes. (constituants A, T, C, G). On peut dire qu’un gène est un plan de construction pour une protéine. Chromosome 10: le stress Il convient parfois de prendre la fuite face à un élément déclencheur de stress. Cette réaction a permis la survie de l'être humain. Le corps est mis en état d'alerte par l'hormone du stress connu sous le nom de cortisol: elle mobilise l'énergie permettant de maîtriser la situation de stress.. Le cortisol est produit par la glande surrénale. Pour que cela se produise, il faut qu'une série de gènes soit activés par des signaux émis par le cerveau. Le cortisol déploie ses multiples effets grâce à sa capacité d'activer indirectement de nombreux autres gènes, dont certains mènent à l'affaiblissement de la défense immunitaire. Divers gènes impliqués dans cette réaction complexe de stress sont situés sur le chromosome 10. Chromosome 7: le modérateur d’appétit Même si nous aimons vraiment manger des spaghettis, à un moment ou un autre, on se sent rassasié et on n’a plus envie de continuer à manger. Un gène, parmi d'autres, est responsable de notre sensation de satiété. C'est ainsi grâce à l'hormone nommée leptine que nous pouvons maintenir notre poids sans y prêter d’attention particulière. Le gène de la leptine est situé sur le chromosome 7. La leptine est produite par le tissu adipeux et véhiculée par le sang. La leptine donne comme signal au cerveau d’arrêter l'ingestion d'aliments et d'augmenter la dépense d'énergie. 2) Génie génétique : C’est l’ensemble des procédés pour isoler, lire, copier, transformer, réordonner des gènes ou pour transférer un gène d’un être vivant à un autre. Il est par exemple possible de transférer un gène humain sur une bactérie. Grâce à ce nouveau gène (transgène), la bactérie produit alors la protéine humaine correspondante. Génie génétique blanc pour désigner les applications en production industrielle et protection de l’environnement. Génie génétique rouge pour désigner les applications en médecine. Génie génétique vert pour désigner les applications en sélection végétale et agriculture. 3) Les outils du génie génétique : Les outils les plus importants que le généticien utilise en laboratoire sont : les enzymes : ce sont des protéines qui rendent les réactions chimiques possibles et les accélèrent. Elles sont extraites de micro-organismes. Les véhicules génétiques : ce sont des micro-organismes qui peuvent transférer de l’ADN d’une cellule à l’autre. Enzymes Les enzymes de restriction reconnaissent au niveau de l’ADN une suite spécifique de lettres et coupent l’ADN à cet endroit. Les ADN polymérases sont des enzymes qui copient l’ADN. Les ligases sont des enzymes qui collent des bouts d’ADN ensemble. Véhicules génétiques Bactéries : Beaucoup de bactéries possèdent de petits anneaux d’ADN (plasmides). Les généticiens les utilisent pour transférer des gènes en y introduisant simplement des gènes additionnels. Lors du transfert des anneaux d’ADN entre bactéries ou des bactéries à d’autres cellules, les gènes ‘étrangers sont tout simplement apportés avec les anneaux. Virus : les virus ont la propriété de faire entrer leur filament génétique dans des bactéries, des cellules végétales, animales ou humaines, selon la nature du virus. Il ajoute des gènes au filament génétique du virus. Ces gènes sont ensuite transportés par le filament génétique dans la cellule. 4) Bactéries et virus Contrairement aux hommes, aux animaux et aux plantes, les bactéries se composent d’une seule cellule. Elles n’ont pas de noyau cellulaire et possède uniquement un filament génétique (chromosome). Celui-ci se ferme comme un anneau et forme une pelote qui nage librement à l’intérieur de la cellule. En effet, les bactéries n’ont pas de noyau cellulaire. L’anneau d’ADN : En plus du filament génétique, beaucoup de bactéries ont de petits anneaux d’ADN qui s’appellent plasmides. Les plasmides portent un gène protecteur. Grâce à ce gène, la bactérie produit une protéine qui la protège de poisons antibactériens. Fabriques de protéines : Tout comme les cellules humaines, animales et végétales, les bactéries possèdent des usines à protéines, les ribosomes. 2 Pili : La surface de certaines bactéries est dotée d’un grand nombre de poils longs et fins, les pilis. Grâce aux pilis, elles peuvent s’accrocher à différentes surfaces. Les bactéries se multiplient en doublant leur filament génétique et en se divisant ensuite en deux. Chez la plupart des bactéries, cela se passe très vite. Par exemple, la bactérie qui se nomme E. Coli se divise toutes les vingt minutes. Les virus ne peuvent pas se multiplier de manière indépendante. Ils ont toujours besoin d’une cellule vivante. Selon le type de virus, il peut s’agir d’une bactérie, d’une cellule végétale ou d’une cellule animale ou humaine. Comme les virus n’arrivent pas à se répliquer tout seul, ils ne font pas partie des êtres vivants. Les virus sont encore dix fois plus petits que les bactéries, donc cent fois plus petits qu’une cellule humaine. Il existe beaucoup de virus différents aux formes variées. Mais en principe, ils possèdent tous une structure semblable : Filament génétique : les virus possèdent, eux aussi, un filament génétique. Selon le virus, celui-ci se compose d’ADN ou d’ARN. Les virus n’ont toutefois que peu de gènes, pas suffisamment pour pouvoir se multiplier seuls. Capside : Le filament génétique du virus est entouré d’une enveloppe protéique (Capside). Fibres caudales : A l’aide de ses 'petite pieds’ le virus peut s’accrocher à la surface d’ une bactérie. Ceci est possible grâce aux récepteurs sur la membrane cellulaire de la bactérie. Ces récepteurs sont complémentaires aux fibres caudales comme une serrure à sa clé. Le virus injecte son filament génétique dans la cellule. Le virus s’accroche d’abord à la surface de la cellule, enfonce une sorte d’aiguille et injecte son filament génétique. 5) Transgénèse : méthode par laquelle un Gène est introduit dans un organisme. Les organismes transgéniques sont des organismes génétiquement modifiés. 6) Universalité de l’ADN dans le monde vivant. L’ADN est codé identiquement chez tous les êtres vivants et les gènes codent pour des protéines. 7) Isoler l'ADN de la cellule Pour pouvoir travailler avec l’ADN, il faut d’abord l’obtenir. Pour cela, le généticien peut prélever un peu de sang au niveau d’un doigt. Il en extrait les globules blancs mais non les rouges etant donné que ceux-ci n’ont pas de noyau cellulaire et donc pas d’ADN. Couper l'ADN en morceaux Les généticiens s’intéressent souvent à un gène particulier. C’est pourquoi ils n’ont la plupart du temps que besoin d’un petit bout d’ADN. Dans le but d’isoler un bout d’ADN spécifique, ils ajoutent des ciseaux (enzymes de restriction) qui coupent l’ADN en morceaux. Ces ciseaux reconnaissent une suite spécifique de lettres sur l’ADN et coupent à cet endroit. Ainsi sont formés des bouts d’ADN de longueurs différentes. Il y a beaucoup de différents ciseaux à ADN. Tous reconnaissent des séquences spécifiques sur l’ADN et coupe à cet endroit. Ils sont isolés de microorganismes et produits commercialement. Leur nom est issu du micro-organisme dont ils sont extraits. Ils s’appellent p.ex. EcoRI parce qu’ils ont été isolés de la bactérie du nom d’Escherichia coliRY 13. Trier les bouts d’ADN d’après leur longueur (électrophorèse sur gel) Afin de pouvoir continuer à travailler avec le bout d’ADN sur lequel se trouve le gène d’intérêt, le généticien doit l’isoler. Ce bout d’ADN a une longueur déterminée et doit être séparé des autres bouts d’ADN auxquels le généticien n’est pas intéressé. Cette séparation se base sur la longueur des bouts d’ADN et se fait par électrophorèse sur gel. Pour cela, il injecte les bouts d’ADN dans un gel qui est une sorte de gelée. Ce gel se trouve dans un récipient rempli de liquide. Le récipient est branché à une source de courant qui circule du pôle négatif au pôle positif. Comme les bouts d’ADN sont chargés négativement, ils se déplacent à travers le gel vers le pôle positif. Les bouts d’ADN de différentes longueurs se déplacent à une vitesse différente selon leur longueur : plus ils sont courts, plus ils se déplacent rapidement. Ceci s’explique par le fait que le gel est composé tel un filet de pêche. Les court bouts d’ADN passent plus facilement que les longs à travers les trous du filet et se déplacent ainsi plus rapidement. Ensuite, le généticien plonge le gel dans un colorant qui se lie à l’ADN et le rend lumineux sous une lampe UV. Sur le gel, on peut alors voir des bandes lumineuses. Chaque bande se compose de nombreux bouts d’ADN de même longueur. Le généticien peut alors isoler du gel la bande où se trouve le bout d’ADN avec lequel il veut continuer de travailler. Recombiner des bouts d’ADN (Recombinaison d’ADN) Le plasmide d’une bactérie se compose, tout comme les gènes humains, d’ADN. C’est un anneau d’ADN. On peut introduire un gène humain dans un plasmide. On parle alors de recombinaison d’ADN. Les généticiens s’intéressent souvent à un gène spécifique. Afin de pouvoir l’étudier ou travailler avec ce dernier, ce gène est introduit dans des bactéries. Tout d’abord, le généticien doit préparer l’ADN de la manière suivante: 3 o o o o o o o Le gène qui doit être introduit dans le plasmide bactérien doit d’abord être isolé à partir d’une cellule, humaine par exemple. Le plasmide doit être extrait de bactéries. Tous deux doivent être coupés de manière à ce que le morceau d’ADN contenant le gène d’intérêt puisse être introduit dans le plasmide bactérien. Pour cela, le généticien ajoute des ciseaux à ADN appelés enzymes de restriction: Ces ciseaux coupent l’ADN humain à plusieurs endroits. Il en résulte de nombreux bouts d’ADN. Le généticien isole le morceau d’ADN portant le gène d’intérêt à l’aide de l’électrophorèse sur gel (voir chapitre à ce sujet). Le plasmide, lui est coupé seulement à un endroit. L’anneau d’ADN est alors ouvert. L’ADN humain ainsi que le plasmide doivent être coupés avec les mêmes ciseaux de manière à ce que leurs extrémités se complémentent. A l’aide de colle à ADN, les ligases, les extrémités sont liées ensemble. Il en résulte un anneau d’ADN recombinant : un plasmide bactérien contenant un gène humain. Réintroduire l’anneau d’ADN dans la bactérie (Transformation) Afin de pouvoir continuer à travailler avec le gène maintenant intégré dans le plasmide bactérien, ce dernier doit être réintroduit dans une bactérie. Le généticien place bactéries et plasmides dans un tube contenant une solution nutritive. Les bactéries n’absorbent les plasmides que quand elles sont traitées avec de la chaleur, c’est pourquoi on plonge le tube pour un instant dans l’eau chaude (56°C). En raison de la chaleur, les bactéries subissent un choc : de petits trous se forment au niveau de leur paroi cellulaire à travers desquels le plasmide peut alors être absorbé. Au moment où l’on retire le tube de l’eau chaude, les trous se referment et le plasmide reste enfermé à l’intérieur de la bactérie. Sélection En réalité, seule une bactérie sur 100'000 absorbe le plasmide. Comment peut-on reconnaître les bactéries portant le plasmide de celles ne le portant pas? Le plasmide contient un gène protecteur : grâce à ce gène, la bactérie produit une protéine lui permettant de se protéger d’un poison anit-bactérien (antibiotique). Le poison anti-bactérien est déposé sur une plaque en plastique recouverte de substances nutritives sous forme d’un gel. Les bactéries sont alors versées sur cette plaque. Après quelques heures passées à 37°C, seules les bactéries possédant le plasmide contenant le gène protecteur sont capables de se multiplier. Sur la plaque, il ne reste donc que les bactéries qui portent un plasmide recombinant, les autres étant mortes. Extraire des protéines humaines Le généticien ramasse un tas de bactéries qu’il place dans une solution nutritive pour plusieurs heures dans une couveuse. Les bactéries se multiplient. Etant donné quelles possèdent toutes le plasmide recombinant contenant le gène humain, elles produisent la protéine correspondante. Cette dernière peut être isolée des bactéries et être utilisée, par exemple, en guise de médicament. Réaction en chaîne de la polymérase La réaction en chaîne de la polymérase est une méthode grâce à laquelle il est possible de copier un bout déterminé d’ADN (p.ex. un gène déterminé) sur un filament génétique composé de centaines de milliers de lettres et d’en produire, en peu de temps, des milliers de copies. Les généticiens copient des bouts d’ADN afin d’avoir assez de matériel sur lequel travailler. Par exemple, afin d’examiner s’il y a des fautes d’orthographe au niveau d’un gène qui cause une maladie. Pour cela, le généticien doit savoir avec quelles lettres le gène commence et avec quelles lettres il finit. Pour la réaction en chaîne de la polymérase on a besoin de: Primers (amorces): courts bouts d’ADN simple brin identiques au début et à la fin du gène qui doit être copié. ADN polymérase : enzyme pouvant copier l’ADN. Un grand nombre des quatre éléments constitutifs A, C, G et T. Un appareil dont la température peut se régler automatiquement. Le généticien mélange les primers, l’ADN polymérase et les éléments constitutifs A, C, G et T dans un tube et le place dans l’appareil. Le cycle de réplication 94°C : Les deux brins de l’ADN double brin se séparent. Cela produit deux bouts d’ADN simple brin (= dénaturation). 60°C : Les primers correspondants se fixent au début et à la fin de chaque ADN simple brin, au niveau du gène d’intérêt (= appariement). 72°C: Le duplicateur d’ADN (ADN polymérase) commence son travail. Il commence au niveau des primers et ajoute les éléments constitutifs l’un après l’autre (= élongation). Il se forme alors deux double brins d’ADN qui sont identiques. On peut répéter plusieurs fois ce cycle de réplication en trois étapes. D’un gène, on obtient ainsi 2, 4, 8 etc… copies. Comme un cycle dure moins de trois minutes, on peut produire en une heure plus d’un million de copies d’un gène. Lire l'ADN, séquençage de l'ADN Si le généticien veut épeler un gène, il doit d’abord le copier. Au début il progresse de la même manière que lors de la réplication d’ADN, dont le fonctionnement t’as été expliqué au chapitre précédent. 4 Pour le séquençage de l’ADN on a besoin de: Copies du gène à épeler. Primers, de courts bouts d’ADN simple brin identiques au début du gène d’intérêt. Ils sont marqués à l’aide d’une certaine substance. o Un duplicateur d’ADN, l’ADN polymérase. o Un grand nombre des quatre composants de l’ADN : A, C, G et T. Le généticien répartit tout cela dans quatre tube étiquetés A, C, G et T. Il ajoute alors dans chaque tube les éléments constitutifs de l’ADN et les « stoppeurs » : dans le premier tube les composants A-STOP, dans le deuxième les C-STOP, dans le troisième les G-STOP et dans le quatrième les T-STOP. Lorsque l’ADN polymérase ajoute un composant STOP, la réplication est aussitôt bloquée. Des bouts d’ADN de longueurs différentes sont produits Comme lors d’un processus de réplication normal (réplication en chaîne de la polymérase), les quatre tubes sont déposés dans un appareil dont il est possible de régler la température automatiquement. o A 94°C, les deux brins d’ADN se séparent. o A 60°C, les primers correspondants se fixent à l’ADN. o A 72°C, l’ADN polymérase ajoute les éléments constitutifs de l’ADN les uns après les autres. A la différence d’un processus de réplication normal, il arrive que de temps à autre un composant STOP soit introduit dans la copie d’ADN. Chaque fois que cela se produit, la réplication s’interrompt. De cette façon se trouvent dans le tube A des bouts d’ADN de longueurs différentes mais qui se terminent tous par un composant A-STOP. Le même principe est valable pour les trois autres tubes. Trier les bouts d’ADN d’après leur longueur Les bouts d’ADN sont triés d’après leur longueur par électrophorèse sur gel (chapitre : couper l’ADN en morceaux). Le contenu du tube A est chargé sur la première bande du gel, celui du tube C sur la deuxième bande, celui du tube G sur la troisième bande et celui du tube T sur la dernière bande. Une fois l’électrophorèse terminée, le généticien peut produire une sorte de film radiographique grâce aux primers marqués. Au niveau de la bande du tube A, se trouvent des bouts d’ADN de longueurs différentes qui se terminent tous par A. Le même principe est valable pour les 3 autres bandes. Le généticien peut alors lire le gel. Pour cela, il doit commencer par le bas. Si le plus petit bout d’ADN provient de la bande du tube C, il note un C. Si le deuxième plus court bout d’ADN provient de la bande du tube G, il note ensuite un G et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les lettres du gène d’intérêt aient été lues. L'empreinte génétique Un cambriolage a eu lieu, on a volé le trésor! Le cambrioleur portant certainement des gants, on ne trouvera trouvera aucune empreinte digitale. Mais là ! Un cheveu! Génial, on va ainsi pouvoir relever « l’empreinte génétique » du malfaiteur. Au niveau de la racine, se trouvent quelques cellules de la peau du crâne du malfaiteur. Elles contiennent son ADN. Le généticien isole tout d’abord l’ADN de ces cellules puis, grâce à la méthode de la réplication en chaîne de la polymérase, copie certaines parties d’ADN qui sont uniques à chaque individu. Il les trie ensuite par électrophorèse sur gel. Entre-temps trois suspects ont été arrêtés. On analyse leur « empreinte génétique » que l’on peut alors comparer à celle du malfaiteur afin de déterminer son identité. 8) Mutation : modification de BA d’un gène spontanée et rare intervenant dans l’ADN. Différent de transgénèse qui est un transfert d’un gène d’un organisme dans un autre mais qui nécessite une manipulation humaine. Le patrimoine héréditaire de tous les êtres vivants – donc celui des plantes aussi – subit régulièrement des modifications naturelles (mutations). En raison de ces mutations, les plantes acquièrent de nouvelles propriétés, ou en perdent, au fil du temps. Depuis la nuit des temps, l’homme utilise ces mutations naturelles et cultive de nouvelles espèces en sélectionnant des plantes avec les propriétés souhaitées, en les multipliant et en les croisant avec d’autres plantes. La mutation naturelle du génome est un processus extrêmement lent. Afin de l’accélérer, les semences sont parfois traitées par rayons X ou par produits chimiques. Cela permet d’augmenter la fréquence des mutations et, par conséquent, la probabilité que les plantes acquièrent de nouvelles propriétés utiles. o o 9) OGM : o Le maïs résistant aux insectes: la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt) produit une protéine toxique qui a un effet mortel sur les larves de certains insectes. Quand les larves mangent la bactérie, le produit toxique provoque l’apparition de trous dans l’intestin des larves – elles meurent alors de faim. Les généticiens sont parvenus à transférer le gène Bt sur des plantes et à leur assurer ainsi une protection contre des larves d’insectes. Ainsi, les plants de maïs sont, p.ex., protégés contre la pyrale du maïs. Les esprits critiques pensent que cette toxine pourrait également avoir des effets néfastes sur d’autres animaux, inoffensifs pour les plantes. Le maïs BT est cultivé à grande échelle sur le continent américain et africain. En Europe, c’est notamment en Espagne qu’il existe de vastes cultures. 5 o o o o Selon un principe similaire à celui pour le maïs BT, présenté ici, des pommes de terre résistantes aux champignons ou des betteraves résistantes au virus ont été développées selon des méthodes génétiques et sont cultivées aux Etats-Unis notamment. La résistance aux herbicides Dans les champs, les mauvaises herbes se battent avec les plantes de culture pour l’espace, la lumière, l’eau et les substances nutritives. Mais dans cette lutte, les plantes de culture sont la plupart du temps perdantes et elles sont envahies par les mauvaises herbes. C’est pourquoi le paysan utilise des herbicides (= désherbants) qui tuent les mauvaises herbes. Cette méthode permet aux paysans de combattre efficacement les mauvaises herbes, sans devoir les arracher à la main, ce qui est très pénible. Mais les herbicides ont un effet sur toutes les plantes, c’est-à-dire aussi sur les plantes de culture. Celles-ci peuvent alors être modifiées génétiquement, afin qu’elles deviennent résistantes aux herbicides. Cela permet de baisser la charge de travail et d’augmenter en même temps la productivité des récoltes. Exemple: Le soja et la résistance aux herbicides: A l’aide du génie génétique, on a transféré un gène de bactérie sur des plantes de soja et on leur a ainsi conféré une protection contre un herbicide biologiquement dégradable. A l’opposé des mauvaises herbes détruites par l’herbicide, ce soja transgénique s’en tire sans dommage et peut prospérer. Contrairement à la culture du soja traditionnel, où il faut 3 à 5 herbicides différents pour lutter contre les mauvaises herbes, le paysan n’a plus besoin que de ce seul herbicide pour la culture du soja transgénique. Ce type de soja transgénique est cultivé à grande échelle en Amérique du Nord et du Sud. Résistance au mauvais temps Les conditions défavorables du climat et du sol, comme le froid, le manque de pluie, l’air très humide, une terre pauvre ou fortement saline, peuvent rendre les cultures difficiles, voire impossibles. Les généticiens essaient d’obtenir des plantes qui résistent à de telles conditions défavorables. A notre époque, qui subit un changement climatique global, ce type de plantes serait utile pour permettre aux personnes de se nourrir, même si les conditions climatiques sont peu favorables. Exemple : Maïs tolérant à la sécheresse: des généticiens ont réussi à cultiver une sorte de maïs qui supporte les périodes de sécheresse. Pour ce faire, ils ont transmis à la plante un gène qui l’aide à maintenir les fonctions vitales de ses cellules durant les situations de stress, comme le manque d’eau, par exemple. Des essais en plein champ ont montré que cette nouvelle sorte de maïs ne révèle aucune baisse de production, même en cas de sécheresse et sans alimentation en eau supplémentaire. A partir de 2012, la culture commerciale de ce maïs tolérant à la sécheresse est autorisée aux Etats-Unis. Elimination des propriétés indésirables Tu as vu comment on pouvait attribuer à une plante une nouvelle propriété désirée. On te démontre maintenant le contraire: il est en effet possible de désactiver les propriétés indésirables d’une plante, p.ex. la production d’une toxine. Pour cela, le gène correspondant est éliminé ou désactivé. Exemple: Riz sans allergènes: le riz contient une protéine qui provoque chez certaines personnes une allergie. Les généticiens ont réussi à désactiver le gène du riz correspondant. Par conséquent, la protéine qui déclenche l’allergie n’est plus produite – et le riz convient parfaitement aux personnes allergiques. Ce riz est testé dans le cadre de premiers essais en plein champ. Cette méthode pourrait également être appliquée aux noix, pommes, soja, céléri et aux carottes. Tous ces aliments contiennent des protéines qui provoquent des allergies chez de nombreuses personnes. Mais toutes ces plantes génétiquement modifiées n’en sont qu’à la phase de développement. Augmentation de la valeur nutritive Les populations des pays en voie de développement ne disposent principalement que de légumineuses, de riz, de maïs ou d’une autre sorte de céréales comme nourriture. Une telle nourriture ne peut pas couvrir tous les besoins nutritifs vitaux, ce qui conduit à de graves maladies causées par des carences. C’est pourquoi les généticiens essaient d’augmenter la valeur nutritive des principales plantes de culture. Exemple: Du maïs avec plus d’acides aminés essentiels: Les acides aminés sont les éléments constitutifs des protéines. Il y en a vingt différents. L’homme ne peut produire par lui-même que dix des vingt acides aminés. Il tire les dix autres de sa nourriture. C’est pourquoi on les qualifie d’essentiels. Contrairement à l’homme, les plantes supérieures produisent par elles-mêmes la totalité des vingt acides aminés. Malheureusement, la teneur en certains acides aminés essentiels est très faible dans les plantes nutritives principales. Ainsi le maïs ne contient que peu de lysine et de méthionine. On essaie alors grâce au génie génétique, d’en augmenter la teneur dans le maïs. Ce maïs transgénique est déjà cultivé dans certaines régions du globe, mais il ne peut être importé en Europe, ni comme aliment, ni comme fourrage pour les animaux. 6 Du riz à la provitamine A Le riz est la plante nutritive la plus importante au monde. C’est la nourriture de base de plus de deux milliards de personnes dans les pays en voie de développement. Tu vas maintenant apprendre pourquoi et comment les généticiens ont cultivé du riz produisant dans ses grains de la provitamine A. 250 000 enfants aveugles par année Seule l’enveloppe du riz contient de la provitamine A que l’organisme transforme en vitamine A. C’est pourquoi les personnes qui se nourrissent presque exclusivement de riz souffrent d’un manque aigu en vitamine A. Cela peut entraîner la cécité. Le manque de vitamine A augmente également les cas de maladies infantiles, comme la rougeole, les diarrhées et les maladies respiratoires. Environ 124 millions d’enfants dans le monde souffrent d’un manque en vitamine A et, rien qu’en Asie du sud-ouest, 250 000 enfants deviennent aveugles chaque année. A l’aide de plantes de riz produisant de la provitamine A dans leurs grains, 1 à 2 millions d’enfants dans le monde pourraient être sauvés de la mort par année. Dans ce cas, pourquoi les gens ne mangent-ils pas tout simplement du riz non décortiqué pour résoudre ce problème? Ce n’est hélas pas aussi simple. L’enveloppe du riz contient une large part d’huiles grasses. Lorsque le riz non décortiqué est entreposé dans des climats tropicaux, il devient vite rance et impropre à la consommation. Voilà pourquoi le riz est décortiqué, ce qui engendre la perte en précieuse vitamine A. Les grains de riz doivent produire de la provitamine A Des chercheurs de l`Ecole Polythechnique Fédérale de Zurich et de l’Université de Fribourg (en Brisgau) ont collaboré pour cultiver – avec l’aide du génie génétique – des plants de riz qui produisent de la provitamine A, non seulement dans leur enveloppe, mais également dans le grain. Les méthodes de culture traditionnelles ne permettent pas d’atteindre cet objectif. Les chercheurs se sont dit, qu’avec trois enzymes (protéines) supplémentaires, le riz pouvait éventuellement produire de la provitamine A dans ses grains. Il s’agissait donc de transmettre au riz ces trois gènes provenant d’autres espèces vivantes. Trois gènes pour le «riz doré» Deux des trois gènes proviennent de la fleur de narcisse, le troisième d’une bactérie. Les généticiens de l’EPFL Zurich ont alors introduit ces gènes dans les cellules du riz. Le fonctionnement de ce procédé est décrit dans le chapitre «Introduire des gènes dans des bactéries». Les cellules de riz transgénique, qui ont absorbé les trois gènes et les ont intégrés de manière stable dans leur ADN, ont été traitées avec des hormones végétales pour qu’elles puissent se développer finalement en plantes de riz. Ces plantes de riz produisent de la provitamine A dans leurs grains. Elle donne aux grains une couleur jaune. C’est pourquoi on parle aussi de «riz doré». La recherche se poursuit Les chercheurs ont ensuite réussi à augmenter encore la teneur en provitamine A des grains de riz. En collaboration avec des collègues des Philippines, les chercheurs de l’EPFL Zurich tentent encore de transférer la capacité de produire de la vitamine A sur plusieurs sortes de riz qui se sont adaptées aux conditions climatiques et aux sols des pays en voie de développement. Une grande partie des moyens financiers nécessaires à ces recherches est versée par la Fondation Bill-Gates, une des fondations humanitaires les plus importantes du monde. Parallèlement, des études sont en cours sur la tolérance et l’impact du riz transgénique sur l’homme et l’environnement. Mais les efforts de l’industrie pour poursuivre le développement du «riz doré» et pour le commercialiser ont été stoppés par la forte vague de contestations contre le génie génétique vert 10) 7 11) La souris comme modèle d’étude de protéines humaines Etant donné qu’à l’intérieur des tissus et des organes, certaines cellules travaillent en étroite collaboration et s’influencent mutuellement, la fonction précise de nombreuses protéines ne peuvent être étudiées que dans des organismes multicellulaires Parmi les animaux les plus couramment modifiés génétiquement, on trouve la mouche à vinaigre (drosophile), le poisson-zèbre et la souris. L’être humain et la souris étant tous deux des mammifères, on retrouve chez l’humain, sous une forme semblable, 99% des gènes de la souris. Voilà pourquoi la souris constitue un modèle approprié pour l’étude des protéines jouant un rôle important dans l’organisme humain. La souris comme modèle de maladies Mais les souris ayant subi des manipulations génétiques ne sont pas seulement utiles à l’analyse des fonctions protéiques. Elles servent également comme modèles de maladies, tel le cancer. Ainsi on peut introduire dans une souris un gène cancérigène (oncogène) dont l’expression de la protéine correspondante entraînera la formation de tumeurs. Les chercheurs étudient le développement des tumeurs ou l’action de certains médicaments à l’aide de ces souris. Si l’animal guérit, cela signifie que le médicament est efficace. Les modèles animaux existent aussi pour d’autres maladies. Comment modifie-t-on une souris sur le plan génétique? Au moyen d’une aiguille, on injecte l’ADN portant le gène d’intérêt dans un ovule de souris fécondé. Dans certains cas, l’ADN injecté s’insère dans l’ADN de la souris. Les cellules ainsi modifiées se divisent et un embryon pluricellulaire se forme. Si l’ADN injecté s’est intégré dans le génome de la souris, toutes les cellules de l’embryon contiennent le gène additionnel. Plusieurs embryons sont alors introduits dans l’utérus d’une souris. Trois semaines plus tard, les souriceaux naissent. Une partie d’entre eux sont porteurs du gène additionnel. Les souris ‘knock-in’ et ‘knock-out’ Pour en savoir plus sur la fonction d’une protéine, il est parfois nécessaire « d’éteindre » un gène dans une souris ou de le remplacer par une copie modifiée. On parle alors de souris knock-out (éteindre) et knock-in (remplacer), respectivement. 12) 1981 - Première modification génétique d’un animal (souris) En 1981, les Américains Richard Palmiter et Ralph Brinster inventent une méthode de micro-injection qui permet de modifier le matériel génétique d’un animal: les œufs fécondés de l’animal sont placés sur une lamelle de verre. On injecte ensuite sous le microscope plusieurs copies du gène étranger dans l’œuf, à l’aide d’une seringue en verre ultrafine. Les œufs sont transférés dans l’utérus d’une mère porteuse qui portera les embryons jusqu’à leur 8 naissance. Dans 10 à 20% des cas, le gène étranger est intégré avec succès et de manière stable dans l’ADN des œufs. Les jeunes animaux qui en proviennent portent le gène étranger dans toutes les cellules du corps, donc également dans leurs cellules de reproduction. Ainsi les caractéristiques nouvellement acquises sont transmises aux générations suivantes. Palmiter et Brinster ont transféré de cette manière le gène d’une hormone de croissance d’un rat sur des souris. Ces souris génétiquement modifiées (transgéniques) ont grandi très rapidement et ont atteint presque deux fois la taille de leurs congénères normaux. 1982 - Autorisation du premier médicament issu du génie génétique (insuline humaine) En 1982, l’Office de la Santé publique américain, le FDA, autorise le premier médicament produit à partir des méthodes du génie génétique: l’insuline humaine. L’insuline est une hormone produite par des cellules spécifiques du pancréas d’un être humain en bonne santé. Elle veille à ce que le sang ne contienne pas trop de sucre. Certaines personnes ne produisent pas assez d’insuline et ont un taux de sucre trop élevé dans le sang. Cette maladie s’appelle le diabète. Les personnes qui en sont gravement atteintes doivent s’injecter quotidiennement de l’insuline pour pouvoir vivre en bonne santé. Autrefois, l’insuline était extraite directement du pancréas du bœuf ou du porc. Depuis les années 80, on la produit en majorité à l’aide du génie génétique. L’entreprise biotechnique américaine «Genentech» a été la première à réussir sa production: en transférant le gène de l’insuline humaine sur la bactérie Escherichia coli. 1985 - Autorisation du premier vaccin conçu génétiquement (immunisation contre les virus de l’hépatite B) La surface des agents pathogènes contient des protéines contre lesquelles le système immunitaire de la personne infectée forme des anticorps. Il est possible de transférer les gènes correspondants sur des bactéries ou des cellules supérieures par génie génétique en sorte qu’ils produisent des protéines de surface. On peut ensuite utiliser ces dernières comme vaccin: le système immunitaire de la personne vaccinée forme des anticorps contre ces parties inoffensives de l’agent pathogène que sont les protéines de surface. Si ensuite la personne vaccinée est infectée par l’agent pathogène, son système immunitaire sera armé au mieux et empêchera l’apparition de la maladie. Le premier vaccin génétiquement conçu qu’on a autorisé immunise contre les virus de l’hépatite B et ainsi contre la jaunisse, qui peut dans des cas graves conduire à une cirrhose ou à un cancer du foie. 1998 - Première réussite d’une thérapie génique (contre la gangrène humide) L’équipe de chercheurs dirigée par Jeff Isner à Boston réussit en 1998 la première thérapie génique. Plusieurs patients qui souffrent d’une terrible gangrène (décomposition tissulaire provenant d’une mauvaise irrigation sanguine) ont pu éviter l’amputation de leurs pieds grâce au transfert d’un gène qui stimule la croissance des vaisseaux sanguins. 2002 - Des porcs donneurs d’organes Depuis toujours, les porcs nous fournissent en viande. Désormais, la xénotransplantation prévoit d’en faire des donneurs d’organe. En 2002, le génie génétique permet de modifier plusieurs protéines porcines, ce qui réduit le danger de rejet par l’organisme d’un organe greffé. 2006 - Premier capteur biologique pour détecter l’arsenic L’arsenic est toxique. Un détecteur simple, muni de bactéries génétiquement modifiées, renseigne sur la contamination de l’eau destinée à la consommation par l’arsenic. Le puits commun contient souvent une eau de meilleure qualité, c’est pourquoi ce capteur biologique est très précieux pour les pays en développement. 2007 - Souris transgéniques récompensées (souris knock out) En octobre 2007 Martin Evans, Mario Capecchi et Oliver Smithies se sont vu attribuer le Prix Nobel de médecine. Martin Evans avait découvert comment isoler des cellules souches embryonnaires de souris. Ses deux collègues avaient découvert comment cibler (en anglais knock out) un gène dans les cellules souches de manière à ce que la protéine correspondante ne soit plus produite. Evans eut l’idée d’injecter des cellules souches génétiquement modifiées dans de jeunes embryons de souris. Lorsque ces souris eurent atteint l’âge adulte, une partie de leurs tissus était constituée de cellules modifiées génétiquement, parfois même les ovules et les spermatozoïdes. Lorsque ces animaux se reproduisaient, chaque cellule des petits se révélait génétiquement modifiée. Si ces souris knock-out étaient soudain atteintes du cancer, les chercheurs pouvaient en conclure que le gène rendu silencieux avait pour mission d’empêcher le développement d’un cancer. 2010 - Production de bactéries au génome artificiel. 9 En Mai 2010, un chercheur américain du nom de Craig Venter a impressionné le monde entier en produisant le premier être vivant au génome complètement artificiel. Ce chercheur et son équipe ont reconstitué en laboratoire la totalité du génome d’une bactérie de l’intestin appelée Mycoplasma mycoides, ceci en recopiant le génome de cette bactérie lettre après lettre. Le génome artificiel a ensuite été transféré dans une cellule bactérienne receveuse. Afin que ce génome soit marqué comme artificiel, les chercheurs y ont également codé leurs noms et une adresse internet. La personne qui arrive à déchiffrer le code peut leur envoyer un email. 2012 – Découverte de la fonction des parties non codantes du génome : il s’agit d’éléments régulateurs et non de déchets d’ADN. Suite au séquençage complet du génome humain achevé en 2001, la fonction de plus de 90 % des séquences n’avait pas encore pu être clarifiée. Les chercheurs avaient alors pu découvrir qu’environ 3 % des séquences correspondent à des gènes fonctionnels, c’est-à-dire à des gènes porteurs de plans de construction de protéines. Le reste de l’ADN a été qualifié en langage courant par la science d’ADN-« Junk » (ADN-poubelle). Un consortium international composé de plus de 440 scientifiques provenant de 32 laboratoires répartis à travers le monde s’est alors lancé dans la résolution de l’énigme de l’ADN-« Junk ». Ce projet a reçu pour nom ENCODE (The Encyclopedia of DNA Elements). En septembre 2012, les membres de l’équipe de ENCODE ont publié leurs premiers résultats : 80 % des régions de l’ADN jusqu’à présent inconnues possèdent une fonction biochimique. Une importante partie de cet ADN joue un rôle déterminant dans la régulation de l’activité des gènes. Ceci contribue à expliquer comment il est possible qu’une cellule hépatique ou une cellule nerveuse puisse se développer à partir d’une même cellule précurseur. La différence entre les deux types cellulaires n’est pas contenue dans l’information génétique elle-même mais dans la régulation de celle-ci. Cette régulation repose sur la présence de séquences régulatrices propres aux facteurs de transcription ainsi que sur la génération de diverses copies d’ARN. Les mécanismes de régulation déterminent si, quand et en quelle quantité, une protéine est produite. Les connaissances acquises par le biais du projet ENCODE expliquent pourquoi des mutations qui apparaissent dans des régions du génome jusqu’à présent considérées comme non fonctionnelles sont cependant associées à diverses maladies. 13) Le génie génétique en médecine Une médecine sans génie génétique est aujourd’hui pratiquement inconcevable. Cette discipline est devenue importante dans tous les domaines de la médecine: au niveau de la prévention, du diagnostic ainsi qu’au niveau thérapeutique. Au cours de ce chapitre, tu en apprendras plus sur: o Les médicaments produits par génie génétique. Il existe des médicaments qui sont composés de protéines fabriquées à l’aide du génie génétique. Pour cela, le gène spécifique humain est introduit dans un anneau d’ADN (plasmide). Ensuite on transfère ce plasmide dans des bactéries. Grâce au gène humain, celles-ci produisent la protéine humaine correspondante qui est alors isolée des bactéries, purifiée et finalement utilisée comme médicament. En 1982, les Etats-Unis ont officiellement accepté le premier médicament produit par génie génétique, il s’agit de l'insuline humaine utilisée pour le traitement du diabète. Entre-temps beaucoup d'autres médicaments issus du génie génétique sont apparus, comme par exemple des médicaments pour le traitement de l'anémie, de l'hémophilie A, de maladies pulmonaires et neurodégénératives, de perturbations de croissance, de la polyarthrose (inflammation des articulations) et de bien d'autres maux.. Un médicament dans le lait animal, une vision futuriste En Ecosse, les chercheurs ont réussi à élever une brebis génétiquement modifiée qui produit dans son lait des quantités relativement grandes d’une certaine protéine humaine qui peut être utilisée pour le traitement d’une affection grave au niveau des poumons. Cette brebis ne se distingue de ses congénères que par le fait que son lait contienne la protéine thérapeutique. Le lait est alors récolté et la protéine thérapeutique isolée des autres composantes du lait. 2000 de ces brebis transgéniques seraient suffisantes pour couvrir le besoin mondial en ce médicament. On appelle cette manière de fabriquer un médicament ‘gene pharming’. des médicaments produits à l’aide de plantes Ces plantes génétiquement modifiées existent déjà dans les laboratoires des généticiens: elles produisent des protéines humaines qu’on pourra peut-être employer un jour comme médicaments. En transférant deux gènes humains sur des plants de tabac, les chercheurs ont réussi à leur faire produire une protéine nommée hémoglobine. Il existe également des espèces de maïs ou de soja génétiquement modifiées qui produisent dans leurs graines des protéines sanguines ou des anticorps utiles à la médecine. o Le génie génétique et les vaccins. Tu as été infecté par un virus et tu es maintenant au lit souffrant d’un refroidissement. Dans de telles situations, c’est au tour du système immunitaire de jouer. Celui-ci se compose d’une variété de globules blancs qui sont répartis par le biais du sang dans le corps entier. Le système immunitaire identifie les virus comme ‚corps étrangers’ et produit des anticorps qui s’accrochent alors à certaines protéines (antigènes) présentes à la surface des virus. Les virus alors identifiés et figés par les anticorps sont mangés par des globules blancs spécialisés, les macrophages (= grandes cellules mangeuses). 10 Vaccins Le but d’un vaccin est de se protéger contre les agents pathogènes. Il existe deux sortes de vaccins : o Vaccination active: on administre au patient des agents pathogènes qui ont été affaiblis ou tués. Ceux-ci ne provoque pas de maladie mais, cependant, le système immunitaire produit les anticorps correspondants à ces agents pathogènes. o Vaccination passive: on administre directement au patient les anticorps contre l’agent pathogène. Ceci est valable pour les deux sortes de vaccins : grâce aux vaccins, le système immunitaire est préparé à l'avance dans le cas d’une infection par l’agent pathogène vivant. Ainsi le développement de la maladie est empêché. Le génie génétique permet de produire des vaccins Depuis 1983, des vaccins sont également produits dans des bactéries ou des cellules supérieures génétiquement modifiées. Il existe, à la surface des agents pathogènes, des protéines contre lesquelles le système immunitaire de la personne infectée forme des anticorps. Grâce au génie génétique, il est possible d’introduire les gènes correspondants à ces protéines dans des bactéries ou des cellules supérieures, qui vont alors produire ces protéines de surface. Elles sont utilisables comme vaccins. Le vaccin contre le virus de l’hépatite B (jaunisse), par exemple, a été fabriqué de cette manière. o L’identification d’agents pathogènes grâce au génie génétique. Identifier les agents pathogènes Au moyen du génie génétique, on peut aujourd’hui diagnostiquer beaucoup d’agents pathogènes d’une manière plus rapide et plus fiable que par le passé. Le génie génétique permet d’identifier l’agent pathogène à l’aide de son ADN. Chaque agent pathogène possède – tout comme les plantes, les animaux et les êtres humains – des caractéristiques héréditaires qui lui sont propres. Si on trouve de l’ADN présentant une telle caractéristique connue dans le sang ou la salive d’un patient, l’agent pathogène est alors démasqué. Les méthodes de diagnostic traditionnelles exigent que l’agent pathogène soit multiplié en laboratoire avant de pouvoir l’identifier. De tels procédés de culture sont parfois très coûteux en temps. Les procédés du génie génétique, qui permettent de déceler des bouts d’ADN caractéristiques de l’agent pathogène (méthode PCR), délivrent un résultat en quelques heures. Une autre méthode traditionnelle de diagnostic consiste à déceler l’agent pathogène par le biais des anticorps présents dans le sang du patient. Cette méthode peut parfois conduire à des résultats erronés. Si, par exemple, une personne est infectée par le virus du SIDA, il peut s’écouler des semaines avant que les anticorps apparaissent dans le sang du patient. Pendant ce temps, le test diagnostic est négatif alors que la personne est infectée. Avec le génie génétique, c’est différent. Le test génétique, qui cherche à déceler non pas les anticorps produits en réaction au virus du SIDA mais certains bouts d’ADN caractéristiques du virus, livre un résultat fiable quelques heures seulement après l’infection. o Comment déceler des défauts génétiques Reconnaître un défaut génétique Au chapitre « Bienvenue dans le monde des gènes », tu as vu qu’une erreur dans un gène peut résulter en la production d’une protéine défectueuse. Ceci peut conduire au développement de lourdes maladies. L’anémie falciforme et la fibrose kystique sont deux exemples de maladies génétiques graves. Les personnes atteintes de fibrose kystique souffrent dès la naissance de sévères dysfonctionnements respiratoires et digestifs. L’espérance de vie de ces personnes est diminuée de moitié. Diagnostic prénatal Les maladies génétiques telles que l’anémie falciforme peuvent être détectées ou exclues déjà avant la naissance à l’aide d’un test génétique. Ceci est aujourd’hui possible pour environ 200 des 6000 maladies génétiques connues. On recourt aux tests génétiques quand une maladie génétique est souvent présente dans les familles d’un couple. Une ponction amniotique est une possibilité pour examiner un enfant avant la naissance. Au cours de cette procédure, le médecin perce, à l’aide d’une aiguille, le ventre et la paroi utérine de la mère afin d’atteindre la cavité amniotique d’où il prélève un peu de liquide. Dans ce liquide se trouvent des cellules de l’embryon. L’ADN isolé des cellules de l’embryon est alors examiné pour ce défaut génétique spécifique. Dans le cas d’un résultat montrant que l’embryon est porteur de la maladie, les parents ont aujourd’hui deux possibilités : accepter 11 l’enfant handicapé ou interrompre la grossesse. Il existe en effet encore très peu de maladies génétiques pour lesquelles une thérapie est possible. Diagnostic préimplantatoire Il est, en théorie, aussi possible de diagnostiquer des maladies héréditaires avant la grossesse. Pour cela, les embryons doivent être procréés en laboratoire, ce qui signifie que la fécondation de l’ovule a lieu à l’extérieur de la muqueuse utérine. On parle alors de « fécondation in vitro ». Lors d’une fécondation in vitro, plusieurs ovules sont prélevés à la future mère et mis en contact, dans une boîte de culture cellulaire, avec des spermatozoïdes provenant du futur père. Afin de pouvoir prélever des ovules à la future mère, celle-ci doit se soumettre à une forte thérapie hormonale. Cette thérapie peut être très lourde physiquement et psychologiquement. Dans la boîte de culture cellulaire, les spermatozoïdes et les ovules fusionnent et les embryons en résultant croissent pour quelques jours dans une solution nutritive. Pendant ce temps, il est possible d’analyser les embryons. Pour ce faire, une cellule de l’embryon est prudemment prélevée. L’embryon est en mesure de compenser cette perte. On peut alors soumettre la cellule isolée à un test génétique afin de savoir si l’embryon est porteur ou non de la maladie génétique. Il est ainsi possible de sélectionner les embryons sains et de les implanter dans la muqueuse utérine afin d’aboutir à une grossesse. Etant donné que l’embryon est analysé avant sa nidation dans la muqueuse utérine, on parle de cette analyse en terme de diagnostic préimplantatoire (DPI). Dues à diverses préoccupations éthiques, le DPI n’est à ce jour pas encore autorisé en Suisse. Tu trouveras sur ce lien les réflexions éthiques jouant un rôle dans cette décision et sur cet autre lien un travail de groupe pour la discussion en classe. Reconnaître un défaut génétique après la naissance On peut aussi procéder à des tests génétiques après la naissance de l’enfant. Ces examens sont utiles quand il existe une possibilité d’agir contre la maladie. Un exemple : La phénylcétonurie (maladie du métabolisme) est causée par la présence d’un gène défectueux. Le corps d’un nourrisson touché par la maladie ne peut pas décomposer l’acide aminé nommé phénylalanine. La phénylalanine s’accumule alors dans le sang et conduit à des problèmes de développement tant corporel qu’intellectuel. Il est possible d’éviter les conséquences de la maladie si le défaut génétique est découvert assez tôt. Pour cette raison, dans la plupart des pays industrialisés, le taux de phénylalanine dans le sang est mesuré juste après la naissance de l’enfant. Si les valeurs sont au-dessus de la norme, on procède à un test génétique. Si le test génétique confirme que le nourrisson est porteur du défaut génétique, l’enfant devra être nourri suivant une diète précise. Les aliments comprenant de la phénylalanine devront être évités afin que le nourrisson puisse se développer normalement. Maladies génétiques qui ne se manifestent que plus tard dans la vie Il existe aussi des maladies génétiques qui ne se manifestent que plus tard dans la vie, alors que le nouveau-né est déjà porteur de ce défaut génétique. Des tests génétiques pour quelques-unes de ces maladies sont déjà à disposition. Ceci signifie qu’il est possible de savoir qu’on est porteur d’une certaine maladie qui ne se manifestera que plus tard dans la vie. La maladie de Huntington en est un exemple. La chorée de Huntington est une affection héréditaire du système nerveux qui est causée par un défaut génétique. Elle se déclare entre 35 et 45 ans et conduit à la mort en 15 à 20 ans. Malheureusement, il n’existe toujours pas de possibilité de traitement pouvant arrêter l’avancée de la maladie. Un recours au test génétique nécessite alors une réflexion approfondie, car savoir qu’on est porteur d’un défaut génétique et ne rien pouvoir faire contre cela, peut être extrêmement difficile à vivre. o Les cellules souches. Celles souches Tu as très certainement déjà entendu parler de cellules souches. Les médias en parlent régulièrement. Mais que sont les cellules souches ? Il s’agit de cellules aux propriétés particulières : elles peuvent donner naissance à différents types cellulaires. Il existe deux types de cellules souches : les cellules souches embryonnaires et les cellules souches adultes. Cellules souches adultes Les cellules souches adultes ne peuvent donner naissance qu’à un nombre limité de types cellulaires. On les trouve dans un grand nombre de tissus, comme par exemple la peau. Elles sont nécessaires au remplacement de tissus abîmés. Quand tu t’écorches le genou, les cellules souches de la peau deviennent actives et forment alors de 12 nouvelles cellules de peau. Le réservoir de cellules souches se remplit à nouveau, ce qui te sera utile s’il t’arrive à nouveau de tomber de ton skateboard… Comme les cellules souches de la peau, qui ne peuvent donner naissance qu’à des cellules de peau, les cellules souches du sang, se trouvant dans la moelle osseuse, ne peuvent donner naissance qu’à des cellules sanguines. Dans tous les autres organes également, tels le foie ou les reins, les cellules âgées doivent être remplacées régulièrement afin que ces organes puissent fonctionner correctement. Pour cette raison, ils contiennent également des cellules souches qui leur sont spécifiques. Cellules souches embryonnaires Les cellules souches embryonnaires sont capables de donner naissance aux 200 différents types cellulaires composant l’être humain. Les cellules nerveuses, les cellules musculaires, les cellules du foie et les cellules sanguines en sont quelques exemples. En Angleterre et dans un certain nombre d’autres pays, les couples ayant procédé à une fécondation in vitro ont la possibilité de donner leurs embryons surnuméraires à la recherche. Dans ce cas-là, les embryons continuent de croître quelques jours en dehors de l’utérus, dans un milieu de culture nutritif. Dès qu’ils sont constitués de 100 à 200 cellules, quelques cellules souches embryonnaires leur sont alors prélevées pour être cultivées en laboratoire. Elles constitueront alors une lignée de cellules souches embryonnaires. En Suisse, la production de lignées de cellules souches embryonnaires n’est en elle-même pas interdite par la loi. Cependant, elle est exclue en pratique. Ceci est dû au fait qu’en Suisse, aucun embryon surnuméraire ne doit être produit lors d’une procédure de fécondation in vitro. Il n’existe donc pas d’embryon auquel prélever des cellules souches. L’utilisation en recherche d’embryons âgés de quelques jours est un sujet éthiquement délicat et de ce fait les cellules souches sont débattues. Tu trouveras des informations sur les arguments jouant un rôle important lors de ces débats dans le chapitre consacré à l’éthique. Remplacer les cellules souches embryonnaires Motivés par les considérations éthiques découlant du sacrifice d’embryons pour la recherche, les scientifiques ont cherché d’autres méthodes afin d’obtenir des cellules souches. Une percée à vue le jour en 2006 : des scientifiques ont réussi à transformer des cellules isolées de la queue de souris en cellules étant capables, tout comme les cellules souches embryonnaires, de donner naissance à tous les différents types de tissus. Ces cellules ont été nommées cellules souches pluripotentes induites (cellules IPS). Elles ne possèdent cependant pas toutes les caractéristiques propres aux cellules souches embryonnaires. La recherche n’est donc pas encore capable aujourd’hui de remplacer les cellules souches isolées d’embryons par d’autres méthodes. Les risques liés à la recherche utilisant des cellules souches Comme pour chaque nouvelle technologie, les cellules souches sont également porteuses de risques. Les cellules souches implantées dans des animaux de recherche ne se développent pas toujours comme prévu. Dans certains cas, elles peuvent mener au développement d’un cancer. Ceci représente le plus grand défi dans le développement d’une thérapie basée sur les cellules souches o Comment traiter une maladie grâce aux gènes : la thérapie génique. La notion de thérapie génique exprime en elle-même son but : traiter une maladie avec des gènes. Dans le cas d’une maladie provoquée par un défaut génétique, l’idée est la suivante : une version saine du gène responsable de la maladie est introduite dans les cellules déficientes du corps où ce gène sain remplace la fonction du gène défectueux. Ce qui a l’air simple en théorie ne l’est malheureusement pas en pratique. Mais ce traitement a déjà fonctionné dans certains cas, également pour des maladies contractées. 14) Quand on extrait les protéines utiles en médecine à partir d’humains ou d’animaux, il existe toujours le risque qu’on transmette, en même temps que la protéine thérapeutique, des maladies au patient. Ce risque n’existe pas si l’on produit des protéines par génie génétique . Dans le passé, on isolait l’hormone de croissance utilisée pour le traitement du nanisme d’une certaine partie du cerveau de personnes décédées, le plus souvent à un âge avancé. Parmi les enfants ainsi traités, quelques-uns ont développé une maladie grave du cerveau, qui leur a été transmise par malchance en même temps que l’hormone. De nos jours, les enfants atteints de nanisme sont traités à l’aide d’une hormone de croissance produite par des bactéries génétiquement modifiées. Le risque d’attraper une maladie cérébrale à travers le médicament est ainsi exclu. Il est difficile d’extraire les protéines utiles en médecine du sang ou des tissus d’humains ou d’animaux. Il est par contre possible de produire ces protéines quasiment en quantité illimitée en utilisant des cellules génétiquement 13 modifiées. L’interféron alpha est un médicament utilisé pour le traitement de la jaunisse, du SIDA ainsi que de certains cancers. Il faudrait environ 40’000 litres de sang humain pour obtenir un gramme d’interféron alpha. De nos jours, l’interféron alpha est produit en quantité quasi illimitée dans des bactéries génétiquement modifiées. Les protéines utiles en médecine qui proviennent d’animaux ne sont pas toujours identiques aux protéines correspondantes produites par les humains. C’est pourquoi on produit les protéines utiles en médecine dans des cellules mammifères dans lesquels le gène humain d’intérêt a été introduit. Les protéines produites sont ainsi mieux tolérées par le patient . Les méthodes de diagnostic traditionnelles exigent que l’agent pathogène soit multiplié en laboratoire avant de pouvoir l’identifier. De tels procédés de culture sont parfois très coûteux en temps. Les procédés du génie génétique, qui permettent de déceler des bouts d’ADN caractéristiques de l’agent pathogène (méthode PCR), délivrent un résultat en quelques heures. 15) La science s’intéresse aux cellules souches embryonnaires pour diverses raisons. D’un côté, il est possible par le biais de ces cellules d’étudier comment se développent certains tissus et organes et quels gènes sont impliqués dans ce développement. D’un autre côté, elles sont une source d’espoir dans le domaine médical. Un jour, il devrait être possible de remplacer des cellules abimées ou perdues lors d’un accident par le biais de cellules de rechange produites à partir de cellules souches. Par exemple, lorsque la moelle osseuse est sectionnée au cours d’un accident et que la personne touchée se retrouve alors paraplégique, de nouvelles cellules nerveuses produites à partir de cellules souches pourraient rétablir les connections dans la moelle osseuse et rendre ainsi à la personne tétraplégique sa mobilité. Les premiers succès de telles thérapies ont déjà été reportés lors d’expériences sur les souris. 16) buts thérapie génique : éviter leur transmission héréditaire. Parvenir à toutes les soigner, résoudre les pbs de vecteur ; 17) Thérapie génique de la gangrène humide Une équipe de chercheurs de Boston (USA) a pu sauver plusieurs patients d’une amputation de leur pied grâce à une thérapie génique. Ces patients souffraient de troubles de la circulation au niveau des pieds. Un tissu qui n’est pas assez irrigué meurt avec le temps (gangrène) et doit être amputé. Les chercheurs ont injecté un gène qui stimule la croissance des vaisseaux sanguins directement dans les muscles autour des zones du pied atteintes. Dans certaines cellules (une sur 1000), le gène s’est intégré dans l’ADN de façon stable. Ces quelques cellules modifiées génétiquement ont alors été suffisantes à la formation locale de vaisseaux sanguins et ainsi à une bonne irrigation des pieds. Thérapie génique d’une maladie héréditaire Les enfants qui souffrent de la maladie immunitaire grave SCID doivent mener leur vie sous une sorte de tente en plastique qui les protège contre les agents pathogènes. Le SCID est une maladie héréditaire, causée par un gène défectueux. Ce défaut génétique a pour conséquence que certains globules blancs du sang, qui normalement servent à protéger le corps des agents pathogènes, ne fonctionnent pas. Sans tente en plastique, les enfants se retrouveraient sans aucune défense face aux agents pathogènes. Dans la moelle osseuse se trouvent les cellules souches du sang. Ces cellules sont capables de produire toutes les différentes sortes de cellules sanguines (globules rouges et blancs, plaquettes sanguines). Les chercheurs ont réfléchi ainsi : si les enfants atteints du SCID avaient des cellules souches saines dans leur moelle osseuse, celles-ci formeraient aussi des globules blancs sains et les enfants seraient guéris. Une thérapie génique a alors permis de mettre en pratique leur hypothèse. Les chercheurs ont d’abord eu besoin de la version saine du gène qui est défectueux chez les enfants atteints de SCID. Pour cela, ils ont prélevé des cellules d’une personne saine et ont isolé le gène correspondant de l’ADN. Les chercheurs ont introduit le gène-donneur sain dans un virus spécifique (rétrovirus). Ensuite, on a prélevé de la moelle osseuse sur les enfants SCID et isolé les cellules souches. Les chercheurs ont alors mélangé les virus porteurs du gène-donneur sain aux cellules souches des enfants SCID et ont attendu trois jours. Pendant ce temps, quelques virus ont introduit le gène-donneur sain dans une partie des cellules souches défectueuses. Les chercheurs ont ensuite réinjecté les cellules souches dans le sang des enfants. Du sang, elles migrent vers la moelle osseuse d’où ces cellules ‘guéries’ par thérapie génique produisent alors des cellules sanguines saines, dont les globules blancs responsables de la lutte contre les agents pathogènes. Dix mois seulement après la thérapie génique, les enfants traités présentaient un système immunitaire aussi fonctionnel que les enfants sains. Ils ont pu quitter leur tente en plastique et mènent aujourd’hui une vie tout à fait normale. 18) constitue un traitement de pointe : 14 stimuler la réaction immunitaire contre la tumeur. Elle consiste à introduire dans les cellules tumorales mai aussi dans les cellules du système immunitaire, le gène de diverses cytokines comme les Interleukines ou l'interféron. inactiver les oncogènes ou au contraire à rétablir la fonction de gènes suppresseurs de tumeur. Plusieurs travaux visent à rétablir la fonction de la protéine p53 considérée comme le gardien du génome détruire de façon contrôlée et spécifique la cellule tumorale. La méthode consiste à introduire uniquement dans la tumeur un gène suicide dont l'expression devient fatale à toute cellule mise en présence de certains médicaments. restaurer le fonctionnement normal des cellules cancéreuses plutôt que de les détruire. Ou les rendre étrangères à l'organisme. C'est ce que cherche à faire la thérapie génique. Le gène RAS est muté lors de 25 % des cancers. Plus fréquent, dans 50 % des cancers, le gène suppresseur p53 est altéré. Lorsqu'il est normal, c'est un véritable gardien du génome qui régule le cycle de la cellule. En cas de mutation de ce gène, une prolifération cellulaire incontrôlée se déclenche, provoquant un cancer. Or l'introduction d'un gène p53 normal, dans une cellule cancéreuse a un effet antiprolifératif. La thérapie génique permet aussi de rendre les cellules cancéreuses "toxiques" pour l'organisme. Par exemple, on peut injecter dans la cellule tumorale un gène augmentant le caractère "étranger" de la cellule afin d'augmenter les réactions de défense immunitaire. Des essais sont en cours dans le mélanome. Traitement du sida : prélèvement des cellules souches sanguines de patients séropositifs qui ont été réinjectées, non modifiées pour constituer le groupe placebo ou après intégration du gène codant pour la protéine OZ1, une molécule qui prévient la réplication du VIH en ciblant deux protéines qu’il utilise pour sa prolifération. . 19) les vecteurs sont soient des plasmides bactériens soient des virus (adénovirus à ADN ou rétrovirus à ARN) 20) pbs.éthiques : Aspects éthiques portant sur la réalisation de tests génétiques chez les adultes Comme expliqué dans Gènes ABC certaines maladies héréditaires peuvent être diagnostiquées à l’aide de tests génétiques bien avant leur développement. Si le test génétique révèle le probable développement futur d’une grave maladie héréditaire, il en résulte d’importantes conséquences pour l’organisation de la vie du patient. La manière dont le patient réagit face à l’opportunité de poser un diagnostic est très différente selon les individus. Certaines personnes sont contentes d’avoir la possibilité de pouvoir clarifier si oui ou non elles sont atteintes par la maladie, alors que d’autres refusent de le savoir. Afin de déterminer si une personne adulte devrait ou non faire un test génétique, les quatre principes de l’éthique médicale doivent être pris en compte. o Le droit à l’autodétermination ; La décision pour ou contre un test ne devrait être prise que suite à un conseil approfondi. Si le test révèle la présence d’une maladie héréditaire, ceci signifie que tous les membres de la famille ont une probabilité élevée d’être atteints de cette maladie. Mais il se peut qu’ils ne veuillent pas recevoir une telle information. Il s’agit alors de trouver des solutions qui respectent le droit à l’autodétermination de toutes les personnes touchées. Le droit de savoir pour certains et le droit de ne pas savoir pour d’autres. o L’équité Pour les personnes sachant qu’elles souffrent d’une maladie héréditaire, la protection contre la discrimination est un point central. Ces personnes ne doivent pas être désavantagées sur le marché du travail, au niveau de l’assistance médicale ou encore du point de vue des assurances. Ceci est aujourd’hui assuré par différentes lois. o L’assistance Les personnes qui sont intéressées à procéder à un test génétique doivent être conseillées avec empathie, mais de manière neutre. Ceci afin de les soutenir dans l’assimilation des résultats du test et dans l’intégration de ceux-ci à leur vie de tous les jours. o Ne pas causer de dommage au patient Si une maladie est décelée à temps, cela permet, dans certaines circonstances, de retarder son apparition ou d’influencer positivement son développement. Ainsi certaines thérapies ont la chance de pouvoir être commencées au bon moment, et le patient la chance d’adapter son alimentation et ses habitudes de vie. Pas de méthode idéale pour le moment La maladie immunitaire SCID présentée dans Gènes ABC est une maladie des cellules du système sanguin. Il est ainsi possible d’isoler les cellules malades du patient. Ces cellules sont ensuite mélangées aux virus en laboratoire, puis redonnées au patient. Pour les maladies n’affectant pas les cellules sanguines mais d’autres cellules du corps, les virus portant le gène fonctionnel doivent être introduits dans le corps du patient. Ceci peut constituer un grand défi. De plus, il est, de nos jours, encore impossible de déterminer l’endroit précis où le gène additionnel s’intégrera dans l’ADN du patient. Ce gène additionnel pourrait ainsi perturber la fonction d’autres gènes, ce qui pourrait conduire à d’importants effets secondaires. Parmi les enfants souffrant de SCID et ayant été guéris de cette maladie par thérapie génique, certains ont par la suite développé une leucémie (cancer des cellules sanguines). Pour cette raison, d’additionnelles thérapies géniques ont été arrêtées jusqu’à ce que ces cas soient minutieusement analysés. 15 De tels incidents démontrent à quel point il est délicat de peser l’utilité et les risques engendrés par une thérapie génique. Etudes cliniques Plusieurs milliers de personnes ont déjà été traitées à l’aide de thérapies géniques. Cependant, la thérapie génique n’a toujours pas atteint le stade où elle peut être utilisée de manière routinière. Pour l’instant, son efficacité et sa sécurité doivent être testées lors d’études cliniques. Celles-ci consistent en des études préliminaires effectuées sur de petits groupes de volontaires. Bien que de telles études comportent des aspects délicats du point de vue éthique, elles sont nécessaires pour pouvoir lutter contre les maladies car c’est seulement grâce à ce type d’études qu’on peut déterminer quelles découvertes médicales représentent effectivement des progrès. Ce qui est important, c’est que toute étude soit analysée du point de vue éthique. Le respect du principe de ne pas causer de dommage au patient implique d’atteindre un rapport raisonnable entre les bénéfices attendus pour le patient et la recherche et les risques encourus par le patient. Ceci dans le cadre des connaissances acquises avant l’expérience, mais aussi dans le cas où des changements inattendus surgiraient. Dans le cas où des difficultés apparaîtraient, il s’agit de les remarquer au plus tôt et d’éviter au possible un développement problématique de celles-ci. Le principe d’équité requiert que tous les participants à une étude clinique soient traités selon leurs besoins individuels. Conformément au principe d’autodétermination, chaque participant décide librement de sa participation à l’étude et peut, sans avoir besoin de donner de raison, se retirer de l’étude à tout moment sans qu’aucune conséquence n’en découle. Le principe d’assistance requiert que le bienêtre de chaque participant soit toujours au centre des préoccupations et que les critères de qualité d’une bonne étude clinique soient toujours remplis. 21) Isolation de cellules souches embryonnaires Les cellules souches embryonnaires sont obtenues à partir d’embryons vieux de quelques jours. Ces embryons sont petits et ne sont encore que des amas de cellules indifférenciées visibles uniquement au microscope. Les cellules souches embryonnaires sont isolées à partir d’embryons surnuméraires résultant de fécondations in vitro. En Suisse, des embryons ne peuvent être produits que dans le but d’une grossesse. Les embryons étant donc utilisés pour la recherche sur les cellules souches, ils proviennent toujours de couples désirant avoir un enfant. Normalement, il n’y a pas d’embryon surnuméraire. Tous les embryons se développant suite à une fécondation in vitro sont implantés dans l’utérus de la femme désirant avoir un enfant (au plus 3 en même temps). Si cela n’est pas possible en raison de problèmes personnels ou médicaux, les embryons n’ont aucune chance de survie. Comme il n’est pas permis de congeler des embryons, soit dans le but d’une future implantation, soit pour une adoption par une autre femme, les embryons n’étant pas implantés suite à la fécondation in vitro n’ont aucune chance de donner naissance à un enfant. Ces embryons sont appelés « embryons surnuméraires ». Lorsque des embryons surnuméraires sont utilisés pour l’isolation de cellules souches, les cellules de l’embryon sont déposées sur un support afin qu’elles croissent et donnent ainsi naissance à une colonie cellulaire indifférenciée, correspondant aux cellules souches embryonnaires. L’unité de l’embryon est ainsi démantelée. Les cellules souches forment de grosses colonies cellulaires dans des boîtes de culture. Si on les traite avec certains facteurs de croissance, ces cellules peuvent se différencier, par exemple, en neurones ou en cellules cardiaques. Une recherche exigeante La recherche sur les cellules souches embryonnaires ainsi que sur les cellules souches adultes et très exigeante : l’isolation, la culture de ces cellules ainsi que leur différenciation en un certain type cellulaire s’accompagnent d’importants défis. Par exemple, les chercheurs travaillent actuellement à régénérer par le biais de cellules souches, le tissu cardiaque endommagé suite à un infarctus. Il existe également des travaux de recherche, aussi prometteurs que ceux sur les cellules souches embryonnaires, portant sur l’utilisation de cellules souches adultes. Cependant, pour que de telles thérapies puissent être utilisées de manière routinière, beaucoup de travail de recherche est encore nécessaire. L’éthique et l’expérimentation animale L’homme a-t-il le droit de disposer librement de l’animal afin de satisfaire ses besoins ? Ceux et celles qui désirent s’exprimer d’un point de vue éthique sur l’expérimentation animale doivent s’entendre sur la relation entre l’homme et l’animal. Une partie des défenseurs des animaux sont d’avis que les animaux représentent des êtres vivants avec des valeurs et des droits propres, et qu’ils doivent ainsi être respectés comme des être humains. De ce point de vue, il n’est absolument pas justifiable de faire endurer douleur, peur ou stress à des animaux afin de satisfaire des intérêts humains. Dans ce même ordre d’idée, il est également inadmissible de tuer des animaux pour produire de la viande, d’enfermer des animaux dans des zoos ou dans des cages en guise d’animaux de compagnie. Une autre catégorie de défenseurs des animaux est d’avis que les humains et les animaux ne sont dans l’ensemble pas équivalents, qu’il existe entre eux d’importantes différences. L’homme a le droit de tirer profit de l’animal. 16 Cependant, il est incontestable que les animaux peuvent ressentir de la douleur et peuvent souffrir. Les préconisateurs de l’expérimentation animale argumentent que sur la base de réflexions éthiques, les chercheurs ont pour mission d’explorer les domaines de la biologie et de la médecine. Ceci incluant le développement de nouveaux ou meilleurs traitements contre les maladies humaines. Comme chaque nouvelle méthode s’accompagne d’échecs et d’effets secondaires, il n’est éthiquement pas acceptable d’utiliser un nouveau traitement directement sur les enfants ou sur les adultes. Afin d’assurer la sécurité des patients, l’expérimentation animale est donc nécessaire et également imposée par la loi. Toutefois, seule l’expérimentation animale indispensable est éthiquement justifiable. Finalement, il est également requis qu’aucune autre méthode ne soit appropriée pour résoudre le problème afin que l’utilisation de l’expérimentation animale soit justifiable. L’utilisation d’animaux transgéniques La recherche sur les maladies humaines en fait partie. Les chercheurs utilisent ces animaux en guise de modèles afin d’étudier l’origine et le traitement d’une maladie. Du point de vue éthique, l’altération de l’animal par la modification génétique et son étendue sont prépondérantes. L’introduction de gènes cancéreux (oncogènes), décrite dans l’ABC des gènes (Gènes ABC), provoque le développement de tumeurs. Le fait qu’une expérience incluant de telles souris cancéreuses est éthiquement justifiable dépend de différents facteurs. L’importance de la question posée et à laquelle un tel modèle pourrait permettre de répondre est d’une part déterminante. Mais il faut, entre autres, également clarifier à quel point les douleurs endurées par les souris peuvent être diminuées au maximum. A lui seul le fait que l’animal soit génétiquement modifié ne constitue pas une raison suffisante pour rejeter l’expérience. La « dignité de la créature » n’est pas automatiquement affectée. Mais qu’entend-on exactement par « dignité de la créature » ? Il est important que ce terme se différencie clairement de la dignité humaine. La dignité humaine inclue que certaines choses ne soient jamais faites avec des humains, pour la simple raison qu’il s’agit d’êtres humains. Aucune explication supplémentaire n’est alors nécessaire et il n’est pas permis de peser le pour et le contre. Au contraire, dans le cas des animaux, nous ne pouvons pas également concevoir qu’une mouche ait une dignité parce que c’est un animal. La « dignité animale » renvoie beaucoup plus aux valeurs propres de l’animal qui doivent être respectées. Ceci est également stipulé dans la loi sur la protection des animaux. Au contraire de la dignité humaine, certaines comparaisons peuvent donc être effectuées. La dignité animale est ainsi toujours respectée dans le cas où des intérêts humains importants (compréhension de concepts centraux de la recherche biologique, développement de médicaments efficaces, etc.) justifient l’utilisation d’animaux (incluant douleur, peur, etc.).