Un référentiel de l`observation locale

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Document produit par le groupe de travail « Observation locale »
du Séminaire Régional Permanent des Pays et Agglomérations
Mai 2004
Un référentiel de l’observation locale
pour le territoire de projet
Dans le cadre du séminaire régional permanent des Pays et agglomérations plusieurs groupes de travail thématiques
ont été crées. Ils visent à approfondir une thématique particulière des acteurs engagés dans des démarches de projet
de territoire, à mutualiser des pratiques et à dégager des productions communes.
L’atelier « observation locale » rassemble une douzaine de territoires et plusieurs acteurs régionaux : Région (DIAT, Analyse Spatiale), Société du Canal de Provence, ORM.
Il bénéficie de l’accompagnement d’Entreprises, Territoires et Développement – ETD.
L’ensemble des participants à la première réunion de l’atelier 1 s’est donné pour premier objectif de produire un
référentiel de l’observation locale et une proposition de charte ;
Réflexion animée par
ETD - Entreprise Territoire et Développement
(Gilles REY-GIRAUD)
et
ORM - Observatoire Régional des Métiers
(Bruno BERENGUEL)
Responsable du groupe de travail : Louis Rousseau - Conseil Régional Agence d’Urbanisme de Marseille – AGAM, CBE Aubagne-La Ciotat, CBE des Pays du Ventoux, CBE DracBuech-Durance, CBE du Pays d’Apt, CBE Pays Voconce, Euroméditerrannée, Pays d’Arles, SAN Ouest Provence
Toulon Var Technologie
1
Vers la mise en place d’un cahier des charges de l’observation locale
Pour les uns, le renforcement des besoins
d’expertise locale est une nécessité pour répondre
à l’accroissement des responsabilités politiques
locales. Pour d’autres, il y a suffisamment
d’observatoires, pour ne pas dire trop, et il ne
saurait être question d’en rajouter. Aussi à l’heure
actuelle le débat n’est pas véritablement
tranché quant à l’opportunité de fonctions
d’observation au niveau local.
L’objet d’un référentiel de l’observation locale
est d’abord de contribuer à porter à ce débat des
éléments d’appréciation susceptible de le faire
évoluer. De quoi parle-t-on tout d’abord ? De
dispositifs qui existent déjà ? Ou de fonction qui
restent à construire ?
Décentralisation,
projet
de
territoire,
déconcentration de l’administration d’Etat, sont
des réalités qui traduisent une transformation
profonde des modes de construction et de mise en
œuvre de l’action publique. C’est une logique de
modernisation de l’action publique qui est ici
poursuivie, et c’est dans ce contexte, non encore
stabilisé, qu’il importe de raisonner la fonction
d’observation locale.
Le premier parti pris de ce référentiel est
d’inscrire les finalités de l’observation locale
dans un système de conduite concertée (agir
ensemble) et experte (s’accorder sur ce qui est)
de l’action publique au niveau local. Il importe
que les différents échelons de l’action publique
Référentiel de l’observation locale en région PACA
s’accordent sur cet enjeu. Si il est partagé, il
restera à définir les réponses à apporter.
Le second parti pris sous jacent à cette note est de
considérer que les missions d’observation locale
constituent les réponses les plus appropriées à ces
logiques de modernisation de l’action publique.
Dans le même temps, cela dessine les finalités
vis-à-vis desquelles l’observation locale doit se
positionner et s’organiser.
Ce référentiel constitue ainsi, en l’état, une base
argumentaire pour justifier l’opportunité des
missions d’observation locale. Nous espérons
qu’ils deviennent progressivement une première
étape dans la mise en place d’un cahier des
charges de l’observation locale.
L’idée du groupe de travail est de créer les
conditions pour que s’engage, auprès des
principaux partenaires régionaux et locaux, une
procédure de référencement des missions
d’observation. Ce référencement devrait porter
davantage sur des engagements de finalités et
d’objectifs de l’observation que sur les pratiques
et modalités de mise en œuvre de l’observation.
Si celles-ci, sont décrites, dans les deux dernières
parties du présent document, c’est plus à des fins
d’illustration que par rapport à une volonté
d’harmonisation.
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1) Gouvernance territoriale et croissance des besoins d’expertise locaux
Sur de nombreux champs l’action publique est marquée par la régionalisation et la
territorialisation. Les niveaux infra nationaux, qu’ils relèvent de transferts de compétences à des
collectivités élues, ou de la déconcentration de l’action de l’Etat, disposent ainsi d’une autonomie
de décision, partielle ou totale, croissante. On peut mesurer les effets de ce mouvement sur au
moins trois points.
Le premier relève de la mise en responsabilité de ces échelons par rapport à l’action qu’ils ont à
conduire. Ils sont mis en situation de devoir prendre des décisions et de faire des choix. Ces
impératifs, relativement nouveaux, de construction de politique, conduisent à des besoins
d’expertise croissants.
Le second est lié au glissement progressif des formes de l’action publique. D’une organisation
centrale et sectorisée de l’action publique, nous passons à des configurations d’actions plus
diffuses (il n’y a pas un seul pilote par champ politique, mais plusieurs et sans relations
hiérarchiques les uns par rapports aux autres) et transversales (chaque champ d’action doit
pouvoir s’inscrire dans une offre politique globale et intégrée).
Parallèlement, ou conséquemment, le territoire s’affirme, en même temps, comme le lieu de mise
en œuvre de politiques sectorielles, d’initiative centrale( Etat, Région,…) et comme celui de la
construction de politiques globales de développement, d’initiative locale. Une articulation entre
mouvement remontant et descendant est à rechercher dès lors que les politiques publiques
cherchent à territorialiser leurs interventions. Leur objectif est d’obtenir une meilleure adaptation
aux réalités socio-économiques et dynamiques d’acteurs locaux.
Il convient donc de construire au plus tôt les conditions de synergie avec les démarches, et au
sein de leurs différentes phases, de diagnostic – plan d’action local mises en œuvre par les
pouvoirs publics. La construction des programmes d’intervention des politiques emploi
formation,entre autres, qu’ils relèvent de l’Etat ou de la Région, ou de la Politique de la Ville, sont
des exemples bien connus de territorialisation.
Ainsi, aux problèmes nouveaux à cet échelon, de pilotage politique s’ajoutent des problèmes,
également nouveaux, de coordination et de coopération entre opérateurs publics : on parle
moins de pilotage que d’animation, ou de gouvernance locale.
Aucun des dispositifs d’observation existants n’est susceptible de satisfaire pleinement à ces
formes nouvelles de production d’expertise.
Certains, parce qu’ils sont reliés à un dispositif d’action publique sectorisé, sont orientés sur une
thématique spécifique, et n’ont pas de véritable portée globale sur le territoire. D’autres, relèvent
davantage de l’action que de l’observation (mission locale, agence pour l’emploi, service
économique ou social des collectivités locales, …). Enfin, les dispositifs dont la vocation est plus
transversale (INSEE, DRTEFP, accords CCI - Conseil Général) restent sur des créneaux proches
du « guichet statistique », ou sont très peu organisés pour aider à la concertation locale.
2) La fonction d’observation au cœur du système d’action local
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L’observation locale se situe au cœur du système d’action local : c’est un outil d’expertise
favorisant la pertinence et la construction stratégique de l’action publique.
C’est un outil d’aide à la décision qui s’inscrit dans le cycle de la gouvernance des territoires :
- Comme producteur d’outils permettant le diagnostic global et prospectif du territoire,
- Comme producteur d’outils permettant l’évaluation des politiques qui structurent le
développement du territoire,
- En accompagnant les fonctions d’animation, d’ingénierie, de concertation et de
décision, pour faciliter la prise en compte des connaissances produites et pour favoriser la
reconnaissance et la prise de responsabilités des différents acteurs du territoire.
Apparaît ainsi plus clairement l’articulation entre la phase d’observation et la phase de
construction stratégique de l’action publique. C’est par l’accompagnement (les moments où
s’effectue la pédagogie des résultats de l’observation et les propositions d’enjeux) des fonctions
d’animation, des fonctions d’ingénierie, des fonctions de concertation et des fonctions de décision
que se fait le passage de relais entre l’observation et l’élaboration des projets.
L’observation participe ainsi à la construction de la stratégie mais ne doit jamais se poser en
auteur, ni en signataire d’une quelconque forme de préconisation ou de définition d’orientations.
Elle ne se substitue pas au volontarisme politique mais elle l’accompagne : le rôle de la fonction
d’observation est de « dire le vrai » et de favoriser sa prise en compte, alors que la fonction
politique a pour tâche de « faire le bien ».
3) Les objectifs de l’observation locale
La fonction d’observation locale s’inscrit du côté d’une aide à la décision, collective, qui se
distingue et s’articule avec les différentes fonctions d’un dispositif de gouvernance
territoriale. Les impératifs de mobilisation partenariale, de concertation ou d’instruction sous
entendent la construction d’une culture collective du territoire, c’est-à-dire la gestion organisée
d’un processus de longue haleine. Dans une posture optimum, la fonction d’observation locale doit
pouvoir souscrire, sans chronologie particulière, à cinq catégories d’objectifs.
Faciliter et initier la concertation
La fonction d’observation locale, est cet outil d’aide à la décision pour le collectif de partenaires
qui s’engagent dans une démarche commune. Elle livre les éléments d’éclairage permettant au
collectif d’action d’agir « en connaissance de cause », ce qui diffère de la livraison de solutions
toutes faites. La finalité de l’observation est d’alimenter le débat entre les partenaires pour
l’orienter sur les enjeux que pose la réalité socioéconomique. Il s’agit donc, en l’occurrence, de
nourrir la discussion préparant à la décision : l’observation est un outil d’aide à la concertation. La
connaissance accompagne le partenariat, mais peut également le provoquer car elle est
susceptible de créer une prise de conscience : les acteurs ont des logiques spécifiques mais font
face à des enjeux territoriaux communs.
Produire pour l’ensemble du partenariat local
L’observation crée ainsi les conditions pour que les acteurs, partenaires, porteurs de
préoccupations, de pratiques et de cultures différentes, dépassent le stade des enjeux
institutionnels et s’engagent dans une « logique de réponse aux besoins ». Les productions issues
de l’observation se dirigent ainsi vers l’ensemble du partenariat et non vers un seul d’entre eux,
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pour contribuer à la production d’une culture collective du territoire, intégrée par tous. Ce
positionnement se démarque du « guichet statistique local » ou du « consultant gratuit »,
mobilisable par chaque partenaire sur n’importe quel sujet et à n’importe quel moment.
Participer à la production des enjeux
Les productions doivent contribuer à l’identification des contraintes et des enjeux de
développement locaux par rapport auxquels les orientations stratégiques du collectif d’action se
construisent. Ceci suppose que les produits issus de l’observation soient suffisamment génériques,
et non pas seulement thématiques, pour, à la fois, couvrir la diversité des dimensions du
territoire, et les mettre en relations de causes à effets. Il s’agit de donner du sens à l’action de
chacun, la «contextualiser », et non de remplacer l’ingénierie propre à chaque acteur, qui doit, pour
définir et mettre en œuvre ses actions se doter d’une expertise plus fine.
Capitaliser la connaissance du territoire
Ce processus de construction des enjeux n’est pas une entreprise ponctuelle sur laquelle on ne
revient plus. Dés lors qu’il s’agit de remettre en question des enjeux préalablement repérés, de les
décliner en orientations stratégiques, de les retravailler, de les préciser ou de les enrichir, une
«étude » supplémentaire s’impose souvent. Une mission qui vise à accumuler et à articuler les
sédiments de connaissance construits par les acteurs du territoire, épargnerait souvent cette
sollicitation d’étude. Un dispositif d’observation pérenne et organisé peut permettre la gestion de
la construction de la connaissance locale, qui est un processus permanent.
Rendre la connaissance locale opérante
Ces approches centrées sur l’accumulation sont nécessaires, mais restent néanmoins insuffisantes
pour être utiles, sans une stratégie de diffusion et d’accompagnement. Celle-ci est indispensable
pour aider à l’appropriation des observations et les rendre opérantes, c’est-à-dire permettre une
prise en compte des enjeux du territoire par ses acteurs. L’observation doit être « indexée » aux
enjeux opérationnels du collectif d’acteurs.
4) Les fonctionnalités de l’observation locale
A minima, cinq fonctions complémentaires sont constitutives de l’activité d’observation. Elles
constituent la substance d’un observatoire, son socle minimum d’activités. C’est sur la base de ces
fonctionnalités que doivent être attribuées les moyens de fonctionnement de la mission
d’observation locale.
A chacune d’elle peut être associé un principe devant présider à sa mise en œuvre. On distinguera
deux grandes catégories : celle de la production de connaissance (collecte d’information,
représentation, analyse, diffusion) et celle de l’accompagnement des productions.
COLLECTE DES DONNÉES et impératif de fiabilité
L’identification des données et de leurs sources est, avec l’acquisition et la production d’outils
techniques, une étape prioritaire dans la construction de la fonction d’observation. La fiabilité des
données, et l’appréciation de leur portée et limite, sont des critères essentiels pour le choix des
information à collecter.
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On peut distinguer trois types d’information : les données relevant de sources statistiques des
organismes publics (dont c’est la mission que de les produire et diffuser), les données de suivi des
actions et programmes des différents opérateurs (données de pilotage propre à chaque opérateur ou
dispositif), et enfin les données d’étude (rapport ponctuel, tableau de bord).
Cinq principes doivent commander la sélection des sources statistiques :
1) le fonctionnement effectif de la source : le fournisseur est organisé pour produire de
l’information statistique
2) la fiabilité – objectivité de la source : même si aucune source n’est parfaite, il importe
de retenir, en priorité, les sources ayant fait leur preuve en terme de fiabilité (aptitude à
renseigner sur la réalité observée) et d’objectivité.
3) La comparabilité : les indicateurs que permettent de construire la source doivent
pouvoir fonctionner à différents échelons géographiques (local, départemental et
régional si possible) pour permettre les comparaisons.
4) La « diffusabilité » : l’accroissement des contraintes liées aux seuils de confidentialité
rend les conditions de (re)diffusion de plus en plus contraignantes, notamment à
l’échelon communal.
En clair les producteurs - diffuseurs d’informations statistiques régionaux qui répondent à ces
contraintes sont en nombre assez limité. Pour mémoire : INSEE, les cellules statistiques des
différents secteurs d’action de l’Etat (DRTEFP, Rectorat, DRASS, DRE, DRAF) ou des
partenaires sociaux (UNEDIC, CNAF, CCMSA, URSSAF ?) et certains observatoires régionaux
thématiques (du tourisme - SROAT, de la formation – ORM – de la santé – ORS, du social …).
Ces services sont, en principe, organisés pour diffuser de l’information. En revanche, ils respectent
généralement les contraintes liées aux seuils de confidentialité (important au niveau communal ou
infra).
Les autres producteurs possibles sont souvent en décalage avec les principes précédents. Les
données issues des opérateurs privés (chambres consulaires par exemple) ou publics (services des
collectivités locales ou des services opérationnels de l’administration d’Etat) doivent être
considérées comme des données de suivi d’action ou d’activité (données de pilotage) et non
comme des sources statistiques (données d’analyse). De plus, ces organismes ne sont pas toujours
organisés pour diffuser de l’information (fichier statistique propre, informatisé et vérifié) et sont
parfois réservés à ce que l’on « publicise » leurs possibilités de production.
Les données d’étude quant à elles, sont souvent des informations relevant d’enquêtes qualitatives
ou des statistiques ayant fait l’objet d’une valorisation (soit analytique, soit de mise en forme)
difficilement intégrable dans une base de données informatiques, ou ré-ajustables sur des
périmètres géographiques ad hoc. Ces données relèvent davantage de la ressource documentaire
que de la ressource statistique. Leur acquisition est souvent facile (sauf si le commanditaire ne
désire pas diffuser les résultats) et leur publicité recommandée.
REPRÉSENTATION DES DONNÉES et impératif de lisibilité
-
Tableaux, Graphiques, Cartes, Photos …
ANALYSE et impératif de pertinence
Référentiel de l’observation locale en région PACA
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L’analyse de la réalité socio-économique doit se faire avant tout à partir de données et
d’indicateurs pertinents.
Il s’agit d’aller du commentaire vers l’interprétation, c’est-à-dire de pouvoir expliquer des
évolutions, des tendances, des rapports de force entre territoires, des spécialisations relatives et non
pas uniquement de les constater. Il s’agit donc de dire pourquoi tel phénomène, telle situation
existe, d’indiquer en quoi c’est positif ou non pour le territoire.
Il faut savoir resituer une information particulière dans le système territorial. Un territoire
n’est pas la simple juxtaposition d’un tissu d’entreprises, d’une population, d’un parc de logement,
d’infrastructures, d’acteurs économiques et sociaux, de moyens financiers et d’orientations
budgétaires, de pratiques éducatives, culturelles et sportives, etc. C’est une combinaison entre ces
domaines et donc un jeu permanent d’interactions qu’il s’agit de comprendre : toute structure
urbaine renvoie à une structure démographique particulière, liée aux conditions foncières, à la
qualité urbaine, à une structure commerciale et de service, un système scolaire, une attractivité
pour les résidents et les entreprises, etc. Il en résulte qu’il est nécessaire de connaître chacun des
éléments et de les relier entre eux pour comprendre ce qui caractérise le territoire. Autrement dit, il
faut relier le général au particulier.
Le territoire doit être analysé d’un point de vue interne. Il est important de comparer les
communes du territoire entre elles, pour apprécier l’hétérogénéité du territoire considéré. Mais il
faut aussi analyser le territoire d’un point de vue externe, le replacer dans un contexte
intercommunal, départemental, régional, voire national. Ce principe de comparaison permet de
situer le bassin d’emploi et d’en déterminer les particularités géographiques, démographiques et
socio-économiques.
COMMUNICATION et impératif de diffusion
La production de connaissance n’a de valeur que dans la mesure où elle est diffusée. La
communication donne à voir la connaissance produite sur le territoire. Plusieurs supports sont
mobilisables : l’animation d’un site Internet, une gamme de publications régulières (tableaux de
bord, bilan annuel) ou ponctuelles (fiches communes, études spécifiques…), des opérations de
communication (colloques, séminaires …).
Mais surtout, la communication permet d’inscrire la fonction d’observation dans le système
d’action local : elle se signale dans le paysage local, et par là, construit sa légitimité. La
communication, sans que cela soit le seul moyen, doit servir à positionner la mission
d’observation comme point de référence sur la connaissance du territoire. Cet objectif a
plusieurs implications.
D’une part, il conduit à privilégier un principe d’ouverture circonstanciée de la diffusion. A
minima, tous les acteurs locaux doivent être destinataires. Dans l’idéal, c’est même vers
l’ensemble du territoire, ses acteurs et sa population, que doit s’organiser la diffusion. On peut
considérer néanmoins que le périmètre du réseau de diffusion dépend de la nature des
connaissances à diffuser (spectre de diffusion assez large pour des éléments de diagnostic et
d’enjeux) et du niveau de maturité des processus de territorialisation en cours (spectre plus resserré
pour des éléments d’évaluation).
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D’autre part, il implique que soit défini le niveau d’autonomie éditoriale de la mission
d’observation. Dans le cadre de productions programmées (c'est-à-dire inscrites dans un
programme de travail validé par le « comité de pilotage » de l’observatoire), l’observatoire devrait
jouir de l’autonomie éditoriale. La diffusion de productions qui résultent d’une commande
spécifique (commande unilatérale d’un acteur) appartient au commanditaire. Ce cas, qui rapproche
l’observatoire local d’une logique de cabinet de consultant, doit restée une exception (cf. les
objectifs de l’observation locale).
ACCOMPAGNEMENT et impératifs de pédagogie et d’écoute
Cette fonctionnalité est primordiale dans l’activité de l’observatoire. C’est elle qui permet de
passer de l’observation à la construction stratégique de l’action publique locale. Si la fonction de
communication donne à voir la connaissance produite, la fonction d’accompagnement favorise
l’appropriation de la connaissance par les acteurs du territoire : elle doit conduire à sa prise en
compte par les acteurs, c'est-à-dire à son inscription dans leurs pratiques (définition d’objectifs,
mobilisation de moyens…).
Les temps de l’accompagnement sont nombreux, ou en tous cas il est souhaitable qu’ils le soient.
Ils se matérialisent par la participation de l’observatoire aux groupes de travail et débats locaux.
Ces moments sont précieux car c’est à ce niveau que s’effectue l’échange avec les usagers, c'est-àdire la confrontation entre leurs représentations du territoire et une vision plus instruite et
objectivée de ce territoire.
C’est à ce niveau que se construisent et se débattent les enjeux du territoire, que s’effectue le
passage entre des visions singulières et une vision plus globale. C’est en ce sens que la
connaissance a un rôle de médiation entre partenaire : l’articulation de leurs interventions
s’effectue par rapport à des enjeux de développement et non pas seulement sur des enjeux de
compétence institutionnelle.
Ces moments d’accompagnement impliquent une grande disponibilité de l’observatoire (pouvoir
dégager plus de 50% du temps de travail annuel à cette fonction) et une certaine aptitude
pédagogique pour l’explication des résultats.
Cet investissement dans les débats locaux est néanmoins profitable pour l’observatoire car il
permet une immersion forte dans le jeu d’acteur local. Immersion qui permet à l’observatoire de
se rendre compte des besoins d’expertises locaux et d’indexer ses observations aux missions et
préoccupations des acteurs : une publication seule ne suffit pas. La fonction d’accompagnement est
ainsi un moyen d’écoute de la demande d’observation, c'est-à-dire un des moyens pour
construire le programme de travail de l’observatoire.
L’accompagnement permet de rentrer dans le cœur des préoccupations des partenaires. Il autorise
par là une possibilité de « retravailler » les demandes qui lui sont adressées à l’aune des
missions des partenaires. Sans cette capacité à décoder, ou traduire, les demandes, l’observatoire
peut être conduit à des explorations lourdes mais sans effets sur le système d’action local.
5) Les conditions d’organisation de l’observation locale
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En l’état actuel, les dispositifs d’observation locale disposent d’une réelle place pour rendre la
gouvernance territoriale plus efficace : ils peuvent être des médiateurs du partenariat. Mais ce
positionnement implique une posture délicate qui doit concilier deux exigences, que l’on pourrait
considérer comme antinomiques : celle de l’objectivité des méthodes d’analyse et celle de la
production de résultats opérants. Cette posture est ambiguë, car elle implique une immersion assez
profonde dans le jeu institutionnel local, alors même que l’objectivation de la réalité suppose une
certaine prise de distance avec ce jeu.
Le maintient d’un équilibre sur cette ligne de crête très étroite, constitue une difficulté réelle. Les
risques de basculement de part et d’autre de cette ligne sont permanents. D’une part, les principes
d’objectivation, et de rigueur des méthodes d’analyse, ne doivent pas couper la fonction
d’observation des questions à enjeux. D’autre part, la réponse, coûte que coûte, aux préoccupations
politiques ne doit pas entamer la pertinence de la production de connaissance. Plusieurs éléments
néanmoins, peuvent créer des conditions favorables à cet équilibre.
Vocation inter institutionnelle de la structure porteuse
En premier lieu, l’ancrage inter institutionnel de la structure qui héberge la mission d’observation
doit être réel et se concrétiser par une parité des financements. L’observatoire ne pourra présenter
de garanties d’objectivité ou aider à la concertation entre partenaires, s’il apparaît comme le porte
voix de l’un d’entre eux. L’équilibre institutionnel de la mission d’observation conditionne assez
fortement sa légitimité.
Un comité de pilotage indépendant
Aussi, dans l’idéal, il est souhaitable que le comité de pilotage de l’observatoire soit dissocié de
l’instance de pilotage de la structure support. La composition de ce comité de pilotage, au-delà des
bailleurs de fonds publics, doit refléter l’ensemble des intérêts économiques et sociaux locaux. Son
rôle est de veiller au bon fonctionnement de la mission d’observation (respect de son orientation
générale) et d’arrêter le programme annuel de travail.
Un programme de travail
Ce document donne une visibilité des travaux conduits par l’observatoire et aide à leur mise en
œuvre. Il permet en outre d’éviter qu’une commande unilatérale (inévitable suivant le poids
institutionnel du commanditaire) constitue l’essentiel du plan de charge de la mission
d’observation : sa valeur ajoutée est dans son apport à la concertation entre acteurs, et non dans
l’aide à la décision d’un seul d’entre eux. Pour que le programme de travail est une valeur, à
l’externe comme à l’interne, son contenu doit être « négocié ». Sa construction est le fruit d’un
processus progressif d’échanges : c’est principalement au cours des phases d’accompagnement
qu’il se dessinera. Enfin, il est souhaitable que le programme de travail fasse l’objet, d’un avis
positif du « comité technique », pour jouir d’une légitimité technique et pas seulement politique.
Une garantie d’objectivité
L’installation d’un « comité technique » permet de consolider les conditions de production
d’objectivité. Les analyses et les méthodes d’observation doivent pouvoir présenter une certaine
rigueur. La part de l’arbitraire doit être minimale pour que les résultats produits par la mission
d’observation ne soient pas sujets à caution. En effet, toutes les méthodes d’investigation ne sont
pas opportunes, toutes les interprétations ne sont pas valables. Le fonctionnement statuaire de la
structure doit pouvoir s’adosser soit à un « conseil scientifique, soit à un réseau d’observation
garant de l’objectivité des travaux et des résultats. Il s’agit de prévoir la réunion de personnalités,
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extérieures au jeu institutionnel local, et pouvant porter un regard critique sur les protocoles
d’observation mis en place.
Une instrumentation statistique raisonnée
En sus de ces garanties de moyens, trois principes, devraient présider à la constitution des outils
statistiques d’observation. D’une part, pour contribuer à l’harmonisation des représentations des
partenaires, les sources et catégories de description de la réalité (les nomenclatures qui classent
l’information) à privilégier sont celles de l’appareil statistique public et non celles des intervenants
(publics ou privés). Elles doivent autoriser le dialogue sur une base non marquée
institutionnellement et faciliter ainsi l’investigation analytique. D’autre part, le choix et
l’organisation des indicateurs statistiques relèvent d’une problématique d’analyse, permettant un
croisement raisonné : un indicateur n’a de valeur que s'il est mis en relation avec d’autres. Enfin,
l’appréciation des spécificités locales ne peut se faire qu’en rapprochant le territoire d’autres
échelles territoriales. Catégories d’analyse pertinentes, grille de lecture analytique et étagement
statistique constituent des principes forts dans l’organisation des outils.
Dégager un temps de chargé d’étude suffisant
La fonction observatoire n’a de réalité concrète qu’au prix d’une dotation minimum en ressources
humaines (un chargé d’étude dont c’est la mission principale). Les capacités de la personne, et le
temps qu’il consacre à l’expertise, à son accompagnement, doivent être réels.
Adosser son fonctionnement à la charte régionale d’observation
La mise en place progressive d’un réseau régional d’échanges, méthodologique et analytique,
pourrait faciliter et consolider, les fonctions d’observation locale existantes ou émergentes. Ce
réseau existe, comme en témoigne la présente note, et il est à l’origine de l’établissement d’une
charte régionale de l’observation locale. L’objet de cette dernière est de faciliter le positionnement
des observatoires locaux et de permettre leur reconnaissance. C’est également un point d’appui
pour la professionnalisation de ces missions dont le niveau de maturité est variable.
Référentiel de l’observation locale en région PACA
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