SERVICE DE SANTE DES ARMEES SSA Le Service de santé des armées (SSA) est organisé en deux grands ensembles : l'un assure le soutien médical avec une composante de proximité, en centre médical des armées (CMA), et une composante hospitalière ; l'autre regroupe les moyens communs de soutien : écoles, institut de recherche, établissements de ravitaillement et organismes de direction. Le fonctionnement du service de santé des armées est organisé autour - d'une direction centrale, de six directions régionales sur le territoire métropolitain et de sept directions outre-mer. Le SSA est dirigé par un médecin général des armées subordonné au chef d'état-major des armées et responsable devant le ministre de la Défense de la gestion du Service. Le directeur central est entouré d'inspecteurs techniques et de consultants nationaux, chargés de le conseiller dans les différents domaines de l'activité médicale, pharmaceutique, vétérinaire et administrative. I. Centre médical des armées - CMA La récente création des bases de défense (BdD) s'est traduite par l'interarmisation du soutien des forces. Ainsi, un centre médical des armées (CMA) par BdD soutient toutes les unités implantées dans le périmètre de celle-ci. Les principales activités sont les soins courants, la médecine préventive, le contrôle de l'aptitude à l'emploi et l'éducation sanitaire qui contribuent au maintien de la capacité opérationnelle de chaque combattant. Le CMA soutient également les formations de la gendarmerie. Du personnel paramédical et administratif y exerce sous la responsabilité technique d'un ou plusieurs médecins. Tous les praticiens et les paramédicaux affectés en CMA portent désormais la tenue du service de santé des armées. Un CMA peut comporter une ou plusieurs antennes adaptées aux spécificités des formations qu'il soutient et à leur besoin de préparation opérationnelle et de projection. Il existe un médecin référent pour chaque unité opérationnelle. Le matériel technique médicochirurgical et les médicaments sont fournis par le Service de santé des armées. II. Médecine hospitalière Les neuf hôpitaux d'instruction des armées (HIA) offrent aux forces (terre, air, marine, gendarmerie) des soins médicaux spécialisés et des moyens d'expertise performants, complément du soutien de proximité assuré par les Centres médicaux des armées (CMA). HIA Clermont-Tonnerre (Brest-29) * HIA Percy (Clamart-92) * HIA Val-de-Grâce (Paris-75) * HIA Legouest (Metz-57) * HIA Bégin (Saint-Mandé-94) * HIA Desgenettes (Lyon-69) * HIA Sainte-Anne (Toulon-83) * HIA Laveran (Marseille-13) * HIA Robert Picqué (Bordeaux-33) Ils reçoivent les militaires blessés rapatriés des théâtres d'Opérations extérieures (OPEX). Le personnel militaire, notamment médical et paramédical, participe au fonctionnement des antennes chirurgicales et des Hôpitaux médicochirurgicaux (HMC) déployés en opérations extérieures ou dans le cadre de missions d'assistance humanitaire. Les hôpitaux militaires sont ouverts à tous les assurés sociaux, même sans lien avec le ministère de la Défense. Assimilés par le ministère de la Santé à des centres hospitaliers et universitaires (CHU), ces hôpitaux sont des établissements polyvalents de soins pour adultes. Ils se soumettent aux procédures de certification de la santé publique. Sous l'autorité de l'état-major des armées, les établissements hospitaliers militaires contribuent aux plans gouvernementaux de secours mis en œuvre pour faire face à un afflux massif de victimes : plans canicule, pandémie grippale, Biotox. III. Quelques chiffres Effectif total = 16.206 Personnel militaire = 11.078 Personnel civil dont 55 % de paramédicaux = 5.128 - 1.820 : Médecins 1.217 : Élèves et internes des hôpitaux des armées 174 : Pharmaciens 70 : Vétérinaires 46 : Chirurgiens-dentistes 303 : Officiers du corps technique et administratif 24 : Officiers des armées 4.704 : Militaires infirmiers et techniciens des hôpitaux des armées 1.021 : Sous-officiers des armées (dont les élèves paramédicaux) 1.533 : Militaires du rang engagés 166 : Volontaires du SSA 3.244 : Réservistes Chiffres au 31 décembre 2012, sauf réservistes – chiffre au 31 décembre 2011 IV. LES 3 ECOLES L'Ecole de santé des armées (ESA) constitue, depuis le 1er juillet 2011, le seul site national de formation initiale des médecins et pharmaciens des armées. C'est la première école d'officiers du ministère de la défense à afficher une parité femme/homme. L'Ecole du Val-de-Grâce (EVDG) organise le suivi pédagogique des internes des hôpitaux des armées pendant le troisième cycle des études médicales, des étudiants en dernière année des études de pharmacie, des chirurgiens-dentistes et des vétérinaires dans le cadre de leur année d'application. Elle assure également l'ensemble des formations relatives à la préparation opérationnelle de l'ensemble des personnels du SSA. L'Ecole du personnel paramédical des armées (EPPA) forme les futurs infirmiers à l'exercice de leurs compétences au sein des centres médicaux des armées et des chefferies spécialisées. SOUTIEN MEDICAL EN OPERATION Le soutien médical doit garantir une prise en charge continue du blessé depuis la blessure jusqu'au rétablissement complet. Il suppose la mise en œuvre d'une chaîne cohérente, placée sous la responsabilité du service de santé des armées. Cette chaîne est organisée en quatre niveaux de prise en charge : 1. traitement médical (gestes d'urgence et de réanimation) réalisée par le poste médical au sein des unités de combat ; 2. traitement chirurgical (gestes chirurgicaux nécessaires à la survie et limitant les séquelles) mis en œuvre par les antennes chirurgicales ; 3. traitement des blessés sur le théâtre dans une formation hospitalière médicochirurgicale ; 4. évacuations médicales et du traitement définitif et de la rééducation pratiqués dans les hôpitaux d'instruction des armées en France. L'organisation d'une chaîne de ravitaillement en médicaments, matériels médicaux, sang et oxygène est nécessaire au fonctionnement de l'ensemble des structures déployées à distance du territoire national. Un médecin est désigné comme chef santé interarmées de chaque théâtre d'opération extérieure. Il est le conseiller santé du commandant de théâtre et de son état-major. Il a autorité sur tous les moyens du service de santé des armées. A. ETAT-MAJOR OPERATIONNEL SANTE L'état-major opérationnel-santé (EMO-santé) est né en 2009 de la transformation du bureau Opérations de la Direction centrale du service de santé des armées (DCSSA). Cette création s'inscrit dans le cadre de la réforme du commandement stratégique des opérations qui réunira à Balard en 2014 tous les acteurs centraux du domaine opérationnel. Un EMO travaille en miroir du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) de l'état-major des armées. Les appellations des EMO sont codifiées par des lettres. La lettre M (Medical) a été retenue pour le service de santé des armées. A l'instar de l'OTANi, les bureaux de l'EMO-santé sont numérotés de 1 à 9. Ainsi, M1 est chargé de la conduite des relèves du personnel, M2 de l'évaluation des risques sanitaires, M3 des MEDEVAC (évacuations médicales) stratégiques et M4 de la distribution des produits de santé en OPEX. B. UNITES MEDICALES OPERATIONNELLES 1. Module de chirurgie vitale Compact mais complet, le module de chirurgie vitale permet de réaliser au maximum cinq interventions de chirurgie de sauvetage. Il est destiné à renforcer temporairement une zone de combat pour une opération à risques ou un bâtiment lorsqu’un assaut à la mer est décidé. Sans capacité d’hospitalisation ou de réanimation post-opératoire, cette chirurgie doit être systématiquement suivie d’une évacuation précoce. Par son concept et son emploi, il ne substitue pas à l’antenne chirurgicale. Le module de chirurgie vitale, c’est : - un chirurgien viscéral un médecin anesthésiste-réanimateur deux infirmiers spécialisés 4 m3 un poids inférieur à une tonne des capacités d’héliportable et d’aérolargable en mer et à terre un déploiement possible dans un avion C 130 2. Poste médical Le poste médical est intégré à l'unité de combat dont il assure le soutien. Il est composé d'un médecin, d'un infirmier et de cinq brancardiers-secouristes. La présence du médecin au plus près du combattant blessé permet de dispenser les soins d'urgence. Cette médecine dite « de l'avant » est caractérisée par l'isolement et parfois par le milieu hostile. Le matériel de santé du poste médical permet le soutien en autonomie de 150 hommes pendant 15 jours. 3. Antenne chirurgicale L'antenne chirurgicale est conçue pour le soutien chirurgical d'une force de plus de 1.000 hommes, exposée à des pertes occasionnelles. Elle peut être engagée pour soutenir un dispositif militaire chargé d'évacuer des ressortissants. L'antenne chirurgicale est une formation légère, transportable par voie aérienne. Elle se déploie sous tente ou utilise les infrastructures locales, notamment dès que l'opération s'inscrit dans la durée. Elle se déploie en moins de trois heures et dispose d'une autonomie technique initiale de 48 heures. Elle peut traiter huit blessés par jour. Son soutien "vie courante" (alimentation, fourniture d'énergie, transmissions) et sa protection sont assurés par les armées. Elle offre un bloc opératoire, une salle de réanimation et 10 lits d'hospitalisation. L'adjonction de modules additionnels permet de mettre sur pied une structure médicochirurgicale plus lourde, notamment adaptée aux opérations humanitaires. Outre des équipements de radiologie et de laboratoire, un élément médical assure les consultations pré-hospitalières. L'antenne chirurgicale regroupe : - 1 chirurgien orthopédiste 1 chirurgien viscéraliste 1 anesthésiste réanimateur 2 infirmiers anesthésistes 1 infirmier de bloc 2 infirmiers de soins généraux 3 aides-soignants 1 administratif Il existe huit antennes chirurgicales. Intégrées au régiment médical de La Valbonne, l'armement en personnel médico-hospitalier est assuré par les hôpitaux militaires. Un élément chirurgical embarqué peut venir renforcer les capacités d'un bâtiment de la Marine équipé de blocs opératoires (transport de chalands de débarquement, porte-avions, bâtiment de projection et de commandement). Les équipes sont, à tour de rôle, d'alerte pendant un mois, prêtes à partir en 72 heures. 4. Hôpital médicochirurgical L'HMC dispose d'un ou de plusieurs blocs opératoires, d'équipements d'imagerie médicale, éventuellement d'un scanner et d'un laboratoire d'analyse. Il peut également proposer un cabinet dentaire et des modules de chirurgie spécialisés en neurochirurgie, ophtalmologie et ORL. La capacité d'hospitalisation est de 20 à 150 lits. Le personnel médical et paramédical de l'hôpital médicochirurgical vient pour l'essentiel des hôpitaux d'instruction des armées. En 2012, un hôpital médicochirurgical était déployé en Afghanistan. C. EVACUATIONS MEDICALES Moyens utilisés pour les MEDEVAC (medical evacuation) aériennes, auparavant nommés EVASAN (évacuations sanitaires) 1. Falcon Les Falcon 50 et 900 de la flotte gouvernementale sont transformables en avions médicalisés pour des évacuations aériennes médicales stratégiques de militaires blessés ou malades, depuis une antenne chirurgicale ou un hôpital médicochirurgical vers les hôpitaux militaires de métropole. L’équipe médicale est composée d’une convoyeuse de l’air, d’un médecin et d’un infirmier urgentiste aéronautique et éventuellement d’un spécialiste hospitalier (anesthésiste-réanimateur, psychiatre, neurochirurgien). Le Falcon est fréquemment opérationnel trois heures après la demande de son utilisation. 2. Hélicoptères Les hélicoptères Puma et Cougar des armées de terre et de l’air ainsi que le Caracal de l’armée de l’air peuvent être équipés en version sanitaire pour effectuer des évacuations aériennes médicales tactiques. Les militaires blessés sont ainsi transportés, depuis des zones de combat ou éloignées de structures de soins adaptées (rôle 1), vers des structures hospitalières (rôle 2 : antenne chirurgicale ou rôle 3 : hôpital médicochirurgical) ou vers un aéroport, en vue d’un retour en métropole. L’hélicoptère est adapté au secours dans les zones d’accès difficile, de jour comme de nuit. Il est possible de treuiller les victimes grâce à une sangle ou une civière. L’équipe médicale de l’hélicoptère est composée habituellement d’un médecin et d’un infirmier. 3. MORPHEE L'avion MORPHEE (MOdules de Réanimation pour Patient à Haute Élongation d'Évacuation) permet d'évacuer jusqu'à douze blessés graves sur des vols de longue distance. Il est opérationnel depuis 2006. Véritable service de réanimation volant, MORPHEE est conçu pour assurer au patient, un niveau de soins comparables à celui d'un service hospitalier de soins intensifs, à l'équipe médicale, un espace de travail ergonomique permettant des soins de réanimation lourde, aux armées françaises, une capacité d'évacuation médicale collective susceptible d'être mise sur pied sous court préavis et adaptable au besoin. Les onze avions ravitailleurs C135-FR de l'armée de l'air sont équipés pour recevoir le kit MORPHEE (modules de transport des patients, alimentation en énergie, climatisation, plateau technique). Il existe deux types de modules : a. le module lourd pour soins intensifs, permettant la prise en charge d'un patient grave placé sous assistance respiratoire et perfusé, b. le module léger pour le transport de deux patients moins graves, perfusés. Le service de santé des armées stocke deux dotations médicales (médicaments et matériels médicaux) garantissant la permanence opérationnelle. L'équipe médicale MORPHEE est composée de deux médecins, cinq infirmiers, deux convoyeurs de l'air et, selon les besoins de la mission, un psychiatre, un spécialiste des brûlés, un chirurgien ou un officier de liaison étranger. Une équipe est d'astreinte en permanence. Les deux premières évacuations par avion MORPHEE ont été réalisées en 2008 : - Chacune a permis d'évacuer onze soldats blessés, le 18 mars à partir du Kosovo et le 19 août, à partir de l'Afghanistan, à la suite de l'embuscade d'Uzbeen. En 2011, le dispositif a permis l'évacuation à plusieurs reprises de soldats blessés en Afghanistan. i Bureaux d'un EMO : 1 : effectifs - 2 : renseignement - 3 : conduite - 4 : soutien - 5 : planification - 6 : systèmes d'information et de communication - 7 : doctrine - 8 : finances - 9 : actions civilo-militaires