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ETUDE ENTRED : UN DEPISTAGE INSUFFISANT DES COMPLICATIONS
RENALES ET RETINIENNES CHEZ LES DIABETIQUES FRANCAIS
PARIS, 30 juin (APM) - Les patients diabétiques sont nombreux à passer à travers les mailles de la
prévention de deux complications majeures du diabète, l'atteinte rénale, qui peut évoluer vers
l'insuffisance rénale et l'atteinte rétinienne, qui peut évoluer vers la cécité, selon les résultats de l'étude
Entred présentés mardi à Paris lors d'une conférence de presse.
L'étude Entred (Echantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques) se fonde sur
l'analyse des remboursements de soins de l'assurance maladie de 10.000 diabétiques et de
questionnaires envoyés à 4.400 patients et 2.200 médecins.
"Le diabète est la première cause de cécité avant 65 ans et l'une des principales causes d'insuffisance
rénale", a rappelé le Dr Yves Coquin, chef de service à la Direction générale de la santé (DGS), lors de
la conférence de presse au ministère de la Santé. "Il est également grand pourvoyeur de maladies
cardiovasculaires et demeure la première cause d'amputations non traumatiques", a-t-il ajouté.
Pourtant ces complications peuvent être non seulement prévenues mais aussi traitées pour éviter leur
aggravation. Seule une prise en charge précoce est néanmoins gage d'efficacité et pour cela un
dépistage annuel est nécessaire.
Or, pour le dépistage de la rétinopathie diabétique, l'étude montre que seuls 43% des patients
bénéficient d'une visite annuelle chez un ophtalmologiste. C'est peu, d'autant que l'on ne peut pas
savoir si l'examen de fond d'oeil, qui permet de dépister la rétinopathie, est réalisé dans chaque cas.
Parmi les patients interrogés, 4% rapportent avoir perdu la vue d'un oeil, prouvant une prise en charge
trop tardive, et 17% disent avoir été traités au laser, signe d'un dépistage et d'une prise en charge
précoce. Le traitement au laser n'est en effet efficace que sur les premiers stades de la rétinopathie.
LE DEPISTAGE DES COMPLICATIONS RENALES EST NETTEMENT INSUFFISANT
Encore plus préoccupant, le dépistage de la néphropathie diabétique s'avère nettement insuffisant.
Seuls 18% des patients bénéficient d'une mesure de l'albumine dans les urines, recommandée pourtant
annuellement.
"La raison de ce très mauvais score est probablement liée au fait que pendant longtemps en France, les
médecins prescrivaient la mesure de l'albumine sur des urines de 24h, ce qui représentait un frein
technique. Or aujourd'hui on sait mesurer l'albuminurie sur de simples bandelettes", commente le Dr
Michel Varroud-Vial, président de l'Association nationale de coordination des réseaux de soins aux
diabétiques (Ancred).
Cela n'explique peut-être pas tout mais permet néanmoins de justifier l'importante différence qui
apparaît entre le taux de patients ayant bénéficié d'une créatininémie au moins une fois dans l'année
(71%) face à celui d'albuminurie.
"Cette absence de dépistage est une aberration car la microalbuminurie n'a pas seulement un impact
rénal", précise une néphrologue, "et à cause de cela, nous voyons des patients diabétiques qui arrivent
dans nos services déjà au stade d'insuffisance rénale".
Si le constat est mauvais, et contraste surtout de manière étonnante avec le ressenti des médecins qui
s'estiment quant à eux plutôt bons dans la prévention des complications, la solution évolue.
Pour la rétinopathie, des expériences pilotes ont montré l'intérêt de l'usage de caméra non mydriatique
par des médecins non ophtalmologistes ou des orthoptistes pour pallier le manque d'ophtalmologistes