Discours de M. Stefano Palmieri lors de la 502e session plénière

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FR
Monsieur le Président, je vous remercie.
Dans le contexte de l'évaluation à mi-parcours de la stratégie Europe 2020, qui a guidé nos travaux,
j'estime qu'il ne nous est pas permis de répéter l'échec que nous avons connu avec la stratégie de
Lisbonne.
La stratégie Europe 2020 doit être évaluée non pas sur la base des déclarations figurant dans les divers
documents de la Commission et du Conseil, mais en se fondant sur les faits, et je pense à cet égard
que nous souhaitons tous parvenir à une croissance intelligente, durable et inclusive.
Il est certain que la crise a accru les disparités en matière de capital économique disponible dans
l'Union européenne, accentuant la polarisation de la croissance et du développement en ce qui
concerne la répartition des revenus, de la richesse et du bien-être entre les États membres et au sein de
ces derniers, en particulier entre les différentes régions.
La gestion de la crise par les organes de l'UE s'est avérée largement insuffisante. La structure de
gouvernance économique de l'UE étant fortement orientée sur les politiques d'austérité, la mise en
œuvre réussie de la stratégie Europe 2020 à moyen et à long terme a été subordonnée à la discipline
budgétaire.
Sur ce point, il convient toutefois de rappeler clairement qu'il ne peut être question de déroger à
l'exigence de consolidation des finances publiques des États membres. Nous souhaitons insister sur le
fait que ces politiques d'austérité peuvent produire les effets désirés si elles sont mises en œuvre au
cours d'une phase d'expansion économique; néanmoins, si elles sont appliquées de manière
automatique dans une période de stagnation ou de récession, elles ont alors des conséquences
négatives sur la croissance. Entre 2007 et 2013, les vingt-huit États ont vu leur dette publique se
creuser, passant de 59 % à 87 %, soit une augmentation de 28 points de pourcentage en dépit des
politiques d'austérité.
Le CESE propose dès lors de réformer la stratégie Europe 2020, et pour ce faire de repenser les
concepts et les facteurs clés de la stratégie et de revisiter le concept même de développement qui sous-
tend la stratégie. Celui-ci devrait être de nature véritablement durable en termes économiques,
sociaux, environnementaux et intergénérationnels. Nous devrions ainsi mettre au point un système
d'indicateurs accordant le même poids aux indicateurs économiques, sociaux et environnementaux, et
établir des indicateurs quantitatifs et qualitatifs.
La stratégie ne peut réussir que si elle repose sur une structure de gouvernance à plusieurs niveaux, en
vue de relever les défis du vingt-et-unième siècle. Les orientations générales arrêtées à l'échelle
européenne sont alors traduites en mesures nationales, régionales et locales.
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C'est dans ce contexte que nous devrions renforcer la participation de la société civile. Nous
proposons que les organisations qui la représentent et les partenaires sociaux soient davantage
associés au semestre européen, dans la mesure où ils doivent pouvoir tenir compte de l'examen annuel
de la croissance, contribuer directement à la conception des programmes nationaux de réforme et
évaluer les recommandations par pays.
Afin que la stratégie Europe 2020 devienne un levier de compétitivité et de cohésion qui étaye une
croissance économique, durable et inclusive de l'Europe durant les cinq prochaines années, le CESE
juge nécessaire de mettre en œuvre une stratégie intégrée composée de politiques transversales
(horizontales) et de politiques sectorielles (verticales).
Les politiques transversales (horizontales) doivent avoir pour but de créer les conditions propices à la
valorisation des principaux acteurs de la relance de la compétitivité européenne, à savoir les
travailleurs, les entreprises et les entreprises de l'économie sociale.
Les politiques sectorielles ou verticales doivent être les piliers sur lesquels bâtir la relance effective de
la stratégie Europe 2020 au moyen des éléments suivants: relance de la politique industrielle;
unification de la politique énergétique; renforcement de la recherche et de l'innovation; promotion des
facteurs de dynamisation de la compétitivité du système européen, liés au système de protection
sociale ainsi qu'à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.
Les travailleurs, les entreprises privées et les entreprises de l'économie sociale doivent être les
principaux acteurs des politiques transversales menées au titre de la nouvelle stratégie Europe 2020.
La relance effective de la stratégie Europe 2020 dépendra de la promotion efficace des politiques
sectorielles suivantes.
Dynamiser la politique industrielle européenne permettra d'améliorer la compétitivité du système
productif européen. L'UE doit redevenir concurrentielle en termes de systèmes et, pour ce faire,
elle doit se doter d'une politique industrielle propre.
Il y a lieu de promouvoir une politique européenne commune de l'énergie.
Le développement des politiques de recherche et d'innovation (R&I), la valorisation des
technologies de l'information et de la communication (TIC) et la numérisation de l'économie sont
des secteurs qui présentent un important potentiel de relance de la compétitivité européenne.
Il convient de dynamiser la compétitivité liée à la protection sociale. La mise en œuvre de
politiques de protection sociale efficaces peut constituer un facteur particulièrement important
pour la relance de la compétitivité de l'UE en garantissant un environnement dans lequel les
facteurs de risque, insoutenables au niveau individuel (pour les citoyens), peuvent être neutralisés
au moyen de politiques spécifiques de protection sociale.
Dans ce contexte, le CESE estime que pour soutenir la stratégie Europe 2020, nous devons
promouvoir un plan ambitieux d'investissements matériels et immatériels dans les infrastructures et
d'investissements sociaux visant exclusivement à restaurer la compétitivité de l'UE.
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Les investissements "matériels" dans les infrastructures devraient suivre deux grands axes. Il s'agirait
pour le premier de garantir l'entretien, la restauration et la modernisation du patrimoine architectural
et historique, du parc résidentiel et des réseaux de transport (ferroviaire, routier et maritime). Il sera
tout aussi important de veiller au maintien et à la sauvegarde du patrimoine hydrique, géologique et
côtier européen. Le second axe sera celui des investissements «immatériels» liés au développement
des réseaux technologiques de l'information et de la communication. Ce type d'investissements
pourrait être financé au moyen d'une participation de la Banque européenne d'investissement, de
l'émission ponctuelle d'obligations européennes spécifiques et de la révision du programme financier
pluriannuel 2014-2020, prévue en 2016.
Par ailleurs, les investissements sociaux devront permettre de lutter contre la pauvreté et le risque
d'exclusion sociale, ainsi que de favoriser la reprise de l'emploi en Europe. Il faudra déployer un plan
d'investissement de l'ordre de 2 % du PIB, n'entrant pas en ligne de compte pour le calcul du déficit, et
qui serait soumis à une surveillance permettant de garantir son efficience et son efficacité. Un plan de
ce type pourrait être orienté sur les services de santé, d'aide et de soins étroitement liés aux
dynamiques démographiques des États membres, sur le renforcement du système d'éducation, de la
formation professionnelle et du recyclage, sur le développement de logements sociaux, etc.
Je vous remercie pour votre attention.
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