Dans l’avenir, une nette diminution des médecins est à craindre, ce qui va générer des
problèmes d’organisation dans les soins. Si la population française vieillit, ses médecins aussi ! En
1994, un médecin sur cinq avait plus de 50 ans, en 2006, ce sera un sur deux.
Le corps médical se féminise. C’est un problème sérieux car ce n’est pas en s’appuyant sur le
nombre de médecins formés que l’on va évaluer correctement le nombre futur de médecins qui exercera
effectivement son travail. L’abandon du terrain, de l’urgence, de la garde sont des phénomènes qui
risquent de s’amplifier. Les choix se porteront sur l’expertise, les laboratoires, la médecine salariée ou les
médecines parallèles.
L’offre de soins devrait se répartir sur le territoire national de façon harmonieuse, tant en ce
qui concerne les généralistes que les spécialistes. Or ce n’est pas le cas, les médecins ayant la liberté
dans le choix de leur installation. L’exemple de la gynécologie obstétrique est frappant : la densité pour
100 000 femmes de médecins spécialisés en gynécologie varie de 11,8 (dans la Creuse) à 77,5 (à Paris) !
Il n’y a pas de régulation fine du nombre de spécialistes en formation pour assurer les
besoins de la population. Ce sont plutôt les besoins des hôpitaux en internes qui vont conditionner le
nombre de postes offerts et donc le nombre de spécialistes formés. Ceci ne serait qu’un moindre mal si
tous les postes étaient pourvus, ce qui n’est pas le cas. Actuellement la dermatologie, la rhumatologie, la
radiologie, l’ophtalmologie sont des spécialités plus recherchées que l’anesthésie, la gynécologie
obstétrique ou la néonatalogie.
Ces conséquences expliquent le vide médical constaté dans nos hôpitaux régionaux : 115 postes de
PH y sont vacants actuellement, les autres étant occupés par des collègues étrangers , personnel bon
marché et silencieux.
Le médecin de son temps
Le médecin change dans le choix de son mode de vie. Comme tout le monde, il va faire intervenir des
notions de qualité de vie, de temps donné aux loisirs, à la famille. La tendance est de fuir les activités
d’urgence, de s’organiser en tour de garde, à travailler en groupe. On voit apparaître des mercenaires ne
vivant que de remplacements. On parle de repos compensateur. Il est évident que la relation privilégiée
médecin malade souffre et souffrira de plus en plus de la standardisation de l’activité médicale.
Les obligations d’économie, les mesures administratives omniprésentes, les réglementations d’une
complexité croissante confinent au harcèlement « textuel », chronophage et stérilisant.
En revanche, la formation et l’entretien des connaissances n’ont jamais été à ce point accessibles ; mais il
faut prendre le temps de se former et en avoir les moyens.
Un médecin qui a peur du patient !
On assiste à une multiplication des attaques en justice mais également à une modification inquiétante de
la teneur des arrêts qui sont rendus par les différents tribunaux.
Toute la pratique médicale est polluée par le souci du « médico-légalement correct ».
Plusieurs origines à cette « judiciarisation » : l’abus de pouvoir de certains médecins, l’exemple nord-
américain, la désinformation de la population à qui les médias font croire que tout est possible. Cette
médecine de l’exploit est perverse. Inévitablement s’installe l’idée que s’il y a une complication, il y a
faute ou incompétence. Les médecins sont dans une logique de résultats.
Pire, lorsque la faute directe n’est pas retrouvée, le juge va se tourner vers des notions subtiles
d’obligation de moyens, et plus récemment vers celles du défaut d’informations.
Quelles conséquences ?
L’obligation de moyens conduit à une inflation d’examens complémentaires plus ou moins inutiles mais
surtout onéreux. Se dessine une tendance non plus simplement au principe de précaution mais au principe
de garantie, tendance retrouvée dans les mairies, par exemple. Le principe d’informations nécessite la
signature avant tout geste chirurgical de listes exhaustives des complications diverses et variées qui