Bultot Alexandre ESPO1113A : Sociologie et Anthropologie
Dessart Charles-Eric Page 3 sur 22
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0.4.2 Dénaturaliser le phénomène social et culturel
Il faut dénaturaliser l’objet d’étude. Dans ce but, deux procédures sont ouvertes. L’une met
l’accent sur la diachronie (l’histoire), l’autre sur la construction synchronique (à un moment
donné).
La première procédure consiste à montrer la dimension historique des pratiques sociales (mêmes
celles qui apparaissent les plus « naturelles ». Luc Van Campenhoudt a dit « la mise en perspective
historique permet de voir en quoi, ce qu’on appelle une « réalité sociale » comme une institution ou
un problème ne tombe pas du ciel ».
L’autre procédure, complémentaire, met en lumière la « construction sociale de la réalité ». On
peut montrer que les catégories de pensée sont le résultat, à un moment donné, de multiples
interactions entre des acteurs, des groupes, etc.
La « dénaturalisation » n’est pas facile car la « naturalisation » masque les rapports sociaux qui
sont à la base de notre perception du monde. Karl Marx ou Roland Barthes ont montré que la
« naturalisation » était un des procédés de légitimation les plus puissant des rapports de pouvoir
dans les sociétés contemporaines.
0.4.3 Appréhender des relations plutôt que des entités
La « substantialisation » va souvent de pair avec la « naturalisation ». On évoque souvent dans un
discours commun des « entités collectives » comme si elles étaient des individus. Du point de vue
de l’anthropologue ou du sociologue, ces entités n’existent pas (armée, famille, parti, etc.). Toutes
ces entités ne sont que des « paquets de relations ». Nous parlons ici de rapports, tout ce qui suit
dans ce cours aborde de tels rapports (rapport de domination, rapport de genre, rapport
génération, etc.). Ces rapports sont étudiés sous trois points de vue.
- On peut analyser les rapports sociaux selon des échelles très différentes (ex : carte d’état
major et carte de l’atlas). Il est impossible de donner un discours à l’échelle zéro (qui
reviendrait à expliquer la réalité) et donc chaque discours est « réducteur ». Un des
problèmes majeurs de la sociologie et de l’anthropologie est d’articuler rigoureusement des
discours de connaissance construits à des échelles différentes sans pour autant tomber
dans la confusion de toutes les échelles.
- Analyser « les logiques » à l’œuvre dans la constitution de ces rapports.
- Analyser comme les rapports sociaux se connectent entre eux.
0.4.4 Décentrer les perspectives
Le chercheur est situé comme n’importe quel acteur social. Le pari d’une recherche en sociologie et
en anthropologie, c’est le pari du décentrement. Le chercheur en sociologie et en anthropologie
accepte de prendre sur le monde le point de vue des autres, de rentrer dans leur logique, de
restituer la cohérence de leur point de vue. Il s’agit d’expliquer pourquoi un acteur ou un groupe
adopte telle ou telle perspective sur le monde. A noter qu’un tel décentrement n’implique pas une
attitude relativiste à l’égard de la vérité (une mauvaise vision du monde est due à un manque
d’information de l’acteur social comme dit Marx).
Définition de « Epistémologie » :
- processus de genèse d’une science
- s’intéresse aux concepts mis en œuvre pour interpréter les données, les hypothèses, etc.
0.4.5 Chercher à articuler les théories et les données empiriques
A la différence des philosophes, les sociologues et anthropologues tentent d’expliquer le réel sur
une base empirique. Deux attitudes fondamentales sont ouvertes au chercheur :
- le réel social est un ensemble de faits sociaux qui peuvent être objectivés par des
procédures cognitives idoines (exemple : des relevés de frontières indiquent le flux
migratoire)