Histoire de la Chine moderne
La dynastie Ming
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D’un côté on rend la fierté nationale à la Chine avec l’espace tributaire, de l’autre côté on
rend à la Chine les cadres nationaux avec le gouvernement confucéen.
Mais l’acquisition de l’espace tributaire s’étant fait Nord-Sud, il doit se faire à l’Ouest : le
Tibet, le Turkestan, la steppe de l’Ouest.
Si la politique de Yongle avait été en accord avec son gouvernement, il n’y aurait pas eu de
problèmes.
Mais sur le problème tibétain, il y a eu soit une erreur involontaire, soit une volonté
conscience de le traiter de manière différente.
L’empereur est favorable au Lama (comme le Chinois de la base populaire, mais pas des
élites).
L’empereur n’a pas bien réagit au danger de la mise en œuvre d’une réforme du boudhisme
tibétain.
Cette réforme est née de la ténacité de Tsongkhapa, outré de la situation politique déchirée du
Tibet et en proie aux sectes (qui pratiquaient la magie noire). Les lamas qui les différenciaient
portaient le nom de leur costume. Les réformateurs sont appelés les « bonnets jaunes ». Ils
veulent abandonner les conduites des magiciens noirs (qui portaient un « bonnet rouge ou
noir »), et qui inspiraient la terreur, la crainte généralisée, et la dérive des mœurs.
Cette réforme entraîne une volonté de réunion politique, qui préconise l’État théocratique,
placé dans les pouvoirs spirituels et temporels des dirigeants de la secte.
Or, Yongle va laisser faire, et il perd le tribut, la possibilité de faire pression.
Les lettrés devant cette situation se demandent quel argument utiliser par rapport au
développement du boudhisme, pour favoriser le confucianisme.
Ils se fondent sur Zhuxi (qui a vécu au même moment que Saint Thomas d’Aquin, au 13e
siècle). Ils revisitent Confucius selon un éclairage typiquement chinois, mais métaphysique.
Les lettrés constatant que le boudhisme a de plus en plus d’autorité sur un fondement
métaphysique, ils s’appuient sur Zhuxi.
Ils ont retrouvé une cosmologie chinoise fondée sur un principe double : la matière vivante, et
le principe différentiel de ce principe.
L’un originel se manifeste lorsque le démiurge fait éclater l’androgyne originel. Il permet la
multiplication des êtres. À chaque respiration, un nouvel être se crée.
Il y a aussi l’idée confucéenne de changer les noms. De reprendre les mêmes concepts. Il faut
donner à ce concept d’énergie spermatique un nouveau nom : Li (力).
En même temps, ils rattachent la chose au Ciel.
Ils expliquent qu’il faut que cet ordre se manifeste, et qu’il est voulu par le Ciel.
Pour que cela marche, il faut que ça continue de fonctionner !
Le confucianisme a trouvé un justificatif autre qu’utilitaire.
La norme cesse d’être dans l’homme, elle est supra-humaine.
Dans cette école néo-confucéenne, dans cette volonté de renverser le substrat national, Yongle
est mal à l’aise, mais il est obligé d’accepter la chose.
Il a laissé faire la chose sur la marche tibétaine, et il a laissé perdre son leadership.
Il laisse la porte ouverte à la renaissance mongole.
Un siècle après, les Mongols sous l’impulsion de Dan Khan vont se convertir au lamaïsme
tibétain.
Mais une conversion des Mongols à ce moment entraîne une alliance entre Mongols et
Tibétain, et la création de conglomérats politico-religieux tibéto-mongols.
Le deuxième point est l’arrivée des représentants de la Compagnie de Jésus, qui ouvriront la
Chine.