Economie Générale Flash Info : L’euro s’envole face au dollar Articles : Le Monde du 4/12 « L’euro bat un nouveau record face au billet vert » Le Point du 5/12 « Euro : toujours plus » « Bon anniversaire, cher euro ! » (extrait de Business Week) Le Figaro du 6/12 « L’euro atteint sa côte d’alerte pour la croissance européenne » Depuis le début de la semaine, l’euro bat des records tous les jours, jusqu’à atteindre le niveau historique vendredi de 1.2171$ pour un euro Bref rappel : de son introduction sur les marchés boursiers à octobre 2000 : déclin continu, atteint la valeur minimum de 0.82$, puis stagnation jusque début 2002 et enfin entame une remontée spectaculaire depuis lors (+ 16% depuis le début de l’année 2003). Problématique : Pourquoi un tel retournement de situation ? (première partie) Quels sont les risques encourus pour les pays de la zone euro ? (seconde partie) I- Comment expliquer la hausse soudaine de l’euro ? Le niveau record de l’euro actuellement relève d’un paradoxe : en effet, on dit habituellement que la force d’une monnaie est d’abord déterminée par la vigueur de l’économie concernée. Or en ce moment l’économie des pays de la zone euro est au point mort (0.5% cette année en Allemagne – principale économie de cette zone - prévus pour 2003) et le pacte de stabilité est mis à mal par le déficit des finances publiques allemandes et françaises. Au contraire, la croissance de l’économie américaine n’a jamais été aussi forte depuis une vingtaine d’années (7.2% au troisième trimestre) En fait, certains faits incitent les opérateurs à la plus grande prudence, et donc à vendre leurs dollars pour acheter des euros : Raisons géopolitiques liées à la guerre en Irak et aux menaces terroristes les opérateurs estiment que l’administration américaine s’attaque de manière trop agressive au gigantesque déficit de la balance commerciale (droits de douane en hausse et baisse du dollar), surtout face à la menace textile chinoise, peur d’une guerre commerciale certains indicateurs économiques américains sont inquiétants, tels que le nombre de créations d’emplois aux Etats-Unis en novembre qui est inférieur à ce qui était prévu laisse planer des doutes sur la croissance américaine le déficit budgétaire des Etats-Unis est encore plus fort que celui de l’Union Européenne (4.9% contre 2.7%) Par ailleurs, la BCE a gardé des taux d’intérêts (2%) deux fois plus élevés que la Réserve fédérale américaine et reste ferme sur ceux-ci. Certains investisseurs ont même anticipé une hausse de ces taux par la BCE. Cela nourrit également la hausse de l’euro, car les profits boursiers et les taux de change avantageux attirent les financiers internationaux. Ainsi il a été calculé qu’un américain qui aurait investi sur le CAC 40 début 2003 aurait réalisé un profit d’environ 25% en un an. Economie Générale II- Les conséquences de cette situation Principal problème : Eco européenne est à peine sortie de récession grâce à hausse des exportations, alors que consommation reste stable. Une hausse de l’euro pourrait donc être fatale à la croissance. Comme les gouvernements européens ne sont plus en mesure de manipuler leurs monnaies ou leur politiques monétaires, doivent donc augmenter compétitivité par réformes structurelles. Mais la BCE continue de penser que les effets positifs liés à l'amélioration du commerce mondial seront suffisants pour compenser les effets négatifs de la remontée de l'euro. Où se situe le seuil de tolérance ? Il est admis que la monnaie européenne était sous-évaluée, alors que même au cours actuel le dollar est surévalué. Le rattrapage était donc logique, surtout que le « niveau théorique de parité de pouvoir d’achat » est atteint lorsque l’euro est autour de 1.20 $. Menaces pour compétitivité européenne se situerait selon les sources entre 1.20 et 1.25$ pour un euro. De l’autre côté, chute du dollar peut avoir des conséquences négatives sur la reprise américaine, et à partir de là sur la reprise économique mondiale, puisqu’elle repose sur la première. En effet, les Etats-Unis fonctionnent comme une immense pompe à capitaux, et ceux-ci sont principalement fournis par les banques centrales étrangères (chinoise, japonaise), qui les placent leurs avoirs en bons du trésor américain. Ces investisseurs peuvent s’effrayer et donc ne plus investir, ce qui constitue une menace pour la reprise. Cette hypothèse semble se concrétiser car les achats de titres américains sont en forte baisse (4 milliards de dollars en septembre contre 50 milliards en août). Les gouvernements européens ne doivent pas forcément compter sur la reprise américaine, changement de stratégie Autre enjeu : entrée de nouveaux pays dans la zone euro : stabilité nécessaire. Ainsi, ce que redoutent le plus les marchés britanniques, et qui les rend sceptiques sur la question d’une entrée prochaine de la Grande-Bretagne dans la zone euro, ce sont les « montagnes russes », c’est-à-dire les fluctuations de l’euro (écarts de 30% entre 1999 et 2003). Celles-ci ont engendré des perturbations dans secteur industriel : quand l’euro est faible, énergie qui est importée (pétrole en particulier) est trop chère, et quand l’euro est fort, problèmes pour exporter Exemple : laboratoire pharmaceutique allemand Schering, principalement tourné vers l’exportation -> hausse de l’euro a grignoté 7% de sa croissance au troisième semestre. Face à cela, la BCE dit vouloir adopter une stratégie de monnaie forte et stable. Le Japon, la Chine ont réussi à contenir l’envol de leurs monnaies respectives. L’Europe pourrait faire de même. Jeudi dernier, la BCE a déclaré qu’elle envisageait un système de contrôle des changes afin d'enrayer la hausse de la monnaie européenne. Va-t-on assister à une guerre mondiale des monnaies ? Conclusion : Quelle est la tendance prévue pour les prochains mois ? L’euro, selon la grande majorité des analystes, semble condamné à grimper. En effet, la chute du dollar a également des conséquences politiques, si bien que l’administration Bush fera sans doute tout pour que cette situation perdure jusqu’aux élections. Car pour financer le déficit courant, celle-ci a deux solutions : soit faire baisser la monnaie, soit augmenter les taux d’intérêt, or cette dernière solution pénaliserait la consommation des ménages américains et rendrait donc impopulaire le gouvernement actuel. Les records de cette semaine ont donc de grandes chances d’être rapidement battus.