30 juin 2011

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Le projet Grand Paris et le fret marchandises
Position de l’industrie chimique
Le secteur de la chimie en France compte environ 3 200 entreprises dont plus de 90% de
PME. Il emploie près de 180 000 salariés pour un CA de plus de 77 Mds d’€ en 2010.
La France est le deuxième producteur européen de produits chimiques et le cinquième
mondial. C’est le 1e secteur exportateur de l’industrie manufacturière en France et les
exportations représentent 63% du chiffre d’affaires. Elle a fortement souffert de la crise, avec
une perte en 2009 de 18% de son CA et 30% de sa VA mais a su rebondir en 2010.
Plus structurellement, l’industrie chimique en France souffre d’un problème de compétitivité
dont l’un des éléments-clef est le manque d’infrastructures logistiques appropriées, sachant
que les coûts logistiques représentent environ 10% de son CA.
La très grande variété de ses produits, la dispersion de ses sites sur le territoire et son
activité fortement exportatrice requièrent des infrastructures et des services portuaires,
ferroviaires et routiers performants et fiables. L’industrie chimique utilise tous les modes de
transport avec une prédominance pour la route (environ 60% des flux).
Le fret ferroviaire représente un peu moins de 15% des flux transportés pour un coût estimé
à environ 300 M€, le transport en wagons isolés constituant 60% des flux ferroviaires. Ce
mode de transport est vital pour la chimie dans la mesure où la majeure partie du transport
des produits classés comme matières dangereuses doit se faire par voie ferroviaire ou par
pipeline pour des raisons de sécurité évidentes. Par ailleurs, l’industrie chimique en France
et en Europe milite activement pour un développement du transport ferroviaire dans le cadre
de ses engagements en faveur du développement durable, concrétisés dans la charte
mondiale de l’industrie chimique « Responsible care ».
Par ailleurs, les développements de la chimie du végétal et de filières de recyclage à forte
valeur ajoutée (matières plastiques, métaux non ferreux et terres rares) deux des principaux
axes de la chimie verte, vont nécessiter la mise en place de nouvelles infrastructures
logistiques régionales en particulier pour la mobilisation de ressources issues de la biomasse
et la collecte des produits usagés et des déchets. Dans cette logique, il serait opportun
d’utiliser des modes de transport plus respectueux de l’environnement pour acheminer ces
nouveaux produits. Le transport ferroviaire devrait être le fer de lance de ce transport
« propre ».
La chimie du végétal est un enjeu de développement économique et structurel majeur pour
des régions situés au nord de l’Ile de France (Picardie – Nord-Pas de Calais). Le hub
ferroviaire de Drancy-Le Bourget est donc d’une grande importance stratégique dans ce
contexte.
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La mise en œuvre du nouveau schéma multi-lots / multi-clients (MLMC) par Fret SNCF à
partir de la fin de l’année 2010 est conditionnée au bon fonctionnement de hubs ferroviaires
qui regroupent les flux venant de différentes régions de France, soit directement de sites
ferroviaires soit via des dessertes spécifiques. Les trains complets ainsi constitués peuvent
utiliser les grands axes prévus dans le schéma pour relier les grandes zones économiques
du pays ainsi que l’étranger.
Le hub Ile de France en gare de Drancy-Le Bourget constitue un carrefour très important des
flux de marchandises en provenance et à destination de plusieurs régions de France, en
particulier pour les produits de l’industrie chimique. Par exemple, l’axe Le Bourget-Tergnier
en Picardie est primordial compte tenu du potentiel de création de nouveaux sites dans la
chimie du végétal évoqué ci-avant.
C’est aussi un carrefour important pour les flux internationaux de produits chimiques, par
exemple en direction de l’Allemagne pour les flux en provenance de l’ouest et du nord de la
France, ou pour atteindre le port du Havre pour les flux en provenance du sud de la France.
Une étude menée auprès des sites industriels situés dans les régions Ile de France, Centre,
Picardie, Nord-Pas de Calais, Normandie, Champagne-Ardennes illustre bien cette
importance stratégique du hub du Bourget dans les flux ferroviaires de produits chimiques.
Ainsi, à eux seuls, 17 sites industriels de la chimie répartis dans les régions cités ci-avant
font transiter environ 14 000 wagons/an par la gare de Drancy-Le Bourget. La suppression
de ce hub pour le fret ferroviaire serait une catastrophe en cas de report massif sur la route.
Par ailleurs, nous avons intégré les souhaits du Gouvernement de privilégier les modes de
transport les moins polluants et les moins énergivores afin qu’ils constituent environ 22% de
l’ensemble des flux en 2025. Nos orientations sont donc d’augmenter la part des produits
chimiques transportés par barge ou par wagon.
Le projet du Grand Paris a vocation à renforcer le développement économique, ainsi que
l'image et l’attractivité de la métropole francilienne, afin de la positionner dans le peloton de
tête des grandes métropoles de rang mondial. Très axé sur le transport public de voyageurs,
le projet doit également tenir compte de l’importance stratégique de la région en termes
d’échanges de marchandises, et en particulier par voie ferroviaire.
En attendant les résultats de l’étude de danger en cours sur la présence de wagons de
marchandises dangereuses dans la gare de Drancy-Le Bourget, nous souhaitons rappeler
que le choix du ferroviaire pour l’industrie chimique revêt un certain nombre d’avantages :
-
C’est le mode le plus sécurisant pour le transport de matières dangereuses,
-
On évite ainsi une augmentation de flux routiers alors même que le réseau francilien
est déjà saturé. Par ailleurs, nous devons faire face à une pénurie de chauffeurs
routiers en Europe, ce qui ne favorise pas un report massif des flux sur la route,
-
L’UIC soutient fortement l’industrie chimique comme clé de voûte d’une économie
durable. Pour réussir son passage à une économie durable, le secteur doit d’appuyer
sur des modes de transport respectueux de l’environnement donc le ferroviaire ou le
fluvial,
-
Certains produits transportés sont indispensables à la sécurité et à la santé de la
population notamment en Ile de France : traitement de l’eau, préservation de la
chaîne du froid, etc.…
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Le transport est non seulement un levier clé de la compétitivité et de la sécurité de l’industrie
chimique mais est aussi un facteur de succès pour son évolution vers la chimie durable.
Nous ne devons en aucun cas supprimer des flux de marchandises du projet Grand Paris,
mais plutôt repenser les infrastructures logistiques et de transport existantes de façon à
mieux les intégrer dans le projet, sans oublier que nous sommes dans une économie
mondialisée très concurrentielle.
En 30 ans, l’utilisation des modes de transport fluvial ou ferroviaire a chuté de 30% en Ile de
France et 90% du fret est effectué par la route. La première région industrielle de France ne
peut pas se permettre d’inciter les sociétés de transport de marchandises dangereuses à ne
plus utiliser le fer, au risque de faire basculer ces flux en mode camion, en rallongeant ainsi
les temps de transport, et en augmentant considérablement les risques en matière de
sécurité. Le hub ferroviaire du Bourget doit conserver le fret marchandises dans le cadre du
Projet Grand Paris.
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