le concept vojta - E

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LE CONCEPT VOJTA
HISTORIQUE
C’est dans les années cinquante, en Tchécoslovaquie, que Vaclàv VOJTA,
neurologue intéressé par la rééducation motrice, a entrepris le long cheminement
qui partait des premiers tatonnements empiriques pour déboucher sur le concept
thérapeutique actuel. Cette démarche s’est poursuivie en Allemagne où V. Vojta
avait émigré dès 1968. De Munich, un réseau international de collaborateurs et de
formateurs s’est progressivement développé en Europe et dans le monde entier.
La recherche engagée par le Professeur V. Vojta a toujours comporté deux voies
paralléles :
* L’investigation neurologique, devait aboutir à l’élaboration d’une méthodologie
évaluative du développement de l’enfant, de sa dynamique, et de ses principaux
troubles.
* V. Vojta a toujours considéré le système nerveux comme un système ouvert, doté
d’une organisation basale phylogénétique mais aussi d’une réceptivité aux
stimulations de diverses natures susceptibles d’influer sur son fonctionnement et
même sur sa maturation anatomique.
La “locomotion réflexe” concrètise physiquement la conjugaison de ces deux
aspects complémentaires; elle constitue l’axe majeur d’un protocole thérapeutique
original qui s’est dabord adressé aux affections du système nerveux central chez
l’enfant (infirmité motrice d’origine cérébrale).
Au fil des années, l’affinement constant de l’observation et du raisonnement
théorique, reposant sur l’expérience pratique d’une équipe dynamique de plus en
plus nombreuse et opérant dans de multiples secteurs d’activité, a contribué à un
élargissement considérable du champ des indications: affections neurologiques
centrales ou périphériques de l’enfant depuis le stade néonatal comme de l’adulte,
et la majorité des affections mettant en cause l’appareil locomoteur.
OBJECTIFS
La “Méthode" Vojta constitue pour le mèdecin un précieux outil clinique
d’évaluation du développement chez l’enfant dés la naissance, et un élément fiable
de diagnostic; elle est pour le physiothérapeute une thérapie globale performante
exploitable dés les premiers jours de la vie, dans un but préventif ou curatif.
Le traitement basé sur la locomotion réflexe contribue à:
* Infléchir l’activité réflexe du jeune enfant et orienter son développement
neuromoteur dans une direction plus physiologique, par l’induction d’une
activité neurologique centrale différente qui procure au patient un vécu corporel
nouveau. La proprioception y joue un rôle important.
* Modifier les automatismes spinaux dans les lésions médullaires.
* Contrôler la respiration de maniére à augmenter la capacité vitale.
* Contrôler les réactions neurovégétatives, et favoriser une croissance
harmonieuse de l’appareil locomoteur.
* Prévenir la dégradation orthopédique fréquente dans les situations
pathologiques sévères.
FONDEMENTS THÉORIQUES , MOYENS
A- ASPECTS MÉDICAUX
V. Vojta propose une méthodologie d’évaluation clinique du développement en
trois volets:
1 - Étude de la réactivité posturale automatique:
Le test d’une batterie de réactions globales à des changements inopinés de position
du corps dans l’espace (7 à 11 réactions testées), permet de mettre en évidence
toute perturbation dans la gestion automatique des mécanismes posturaux par le
Système Nerveux Central (SNC). La transformation progressive de ces réactions au
cours de la première année de vie, dans le contexte d’un développement normal, est
parfaitement codifiée, leur examen permet, non seulement de signaler les anomalies
fonctionnelles d’origine centrale ou périphérique, mais aussi, de préciser le niveau
de développement atteint au moment de l’examen.
Figure 1 - Evaluation de la réactivité posturale:
exemple des 3 principaux
stades de la réaction de
Vojta. Les tests consistent
en un changement
inopiné de la position du
corps dans l’espace (ici une inclinaison latérale rapide), qui induit une réaction de
l’axe rachidien et des membres (ici ceux du dessus). La réaction normale se
transforme au cours de la première année selon des modalités précisément
codifiées. Il est donc possible de discerner une réaction normale pour l’âge, d’une
réaction traduisant un retard ou d’une réaction erronée traduisant un déficit de
coordination centrale.
2- Analyse cinésiologique de la motricité spontanée:
Chaque stade d’un développement normal se caractérise par des conduites
répondant à des finalités précises (orientation, appropriation, locomotion, etc...);
ces besoins fondamentaux engendrent la mise en oeuvre de stratégies locomotrices
automatiquement adaptées au contexte postural du moment.
L’originalité de la méthodologie Vojta est de définir clairement le contenu
cinésiologique de ces stratégies locomotrices; autrement dit, les attitudes, les
polygones de sustentation, les mouvements caractérisant les principales étapes d’un
développement optimal sont précisément définis; la distinction entre une multitude
de variantes individuelles et les composants posturaux fondamentaux est clairement
faite, autorisant ainsi leur recherche systématique chez le patient et la comparaison
avec d’éventuels succédanés pathologiques.
Figure 2: Enfant sain, âge de 3 mois:
En decubitus ventral, le bébé dégage automatiquement
les membres supérieurs et construit un polygone de
sustentation triangulaire, avec appui symétrique sur les
deux coudes qui autorise l’élévation de la ceinture
scapulaire et du thorax supérieur pour hisser la tête
librement dans l’espace, hors de ce polygone.
Ce mécanisme postural automatique, entièrement
asservi à l’appétence visuelle, contribue à l’orientation dans l’espace, il comporte
un ensemble de synergies musculaires très précises de l’axe rachidien et de la
ceinture scapulaire assurant le redressement, la symétrie et la stabilisation de ces
régions corporelles, qui garantira la rotation coordonnée
de la tête. L’activation artificielle de ces synergies est
possible dès la naissance dans le cadre de la locomotion
réflexe.
Figure3: Bébé sain, âge de 4,5 mois: En décubitus
ventral, l’enfant doit libérer le membre supérieur qui se
destine à la préhension. Il y parviendra en dégageant
latéralement le membre inférieur homolatéral pour
constituer un nouveau point d’appui au genou, qui vient
automatiquement se substituer à l’appui en voie de disparition sur le coude
homolatéral . Le polygone de sustentation s’en trouve modifié. Cette opération
concrétise l’apparition d’une diagonale d’appui (d’un coude au genou opposé); en
cela elle annonce les formes ultérieures de locomotion: quadrupédie croisée,
marche.
L’émergence automatique de ce schème postural global est une condition préalable
au bon déroulement de la préhension en position ventrale à la quelle il est asservi.
Ce schème postural comprend des synergies musculaires très précisément
coordonnées, impliquant la musculature paravertébrale, du tronc et des membres;
ces jeux musculaires sont présents également dans le ramper réflexe que l’on peut
déclencher dès la naissance à partir de stimulations adéquates.
Figure 4: Enfant infirme moteur d'origine
cérébrale:
Le schème global de l’appui sur un seul
coude n’a jamais été accessible, le membre
inférieur n’est pas dégagé pour constituer
l’appui au genou car la rotation vertébrale
coordonnée nécessaire à ce mouvement
n’est pas réalisée. La préhension se déroule
selon un schème postural de substitution, fondamentalement différent du schème
illustré par la fig. 3. Une rééducation fonctionnelle sollicitant fréquemment une
telle activité contribue à pérenniser la procédure posturale pathologique, en
délivrant au système nerveux central un flux afférent propioceptif erroné...
3 - La réflexologie:
Une série de réflexes sélectionnés dans la littérature médicale, dont les modalités de
déclenchement, les réponses et l’interprétation sont précisément décrites, viennent
compléter le schéma d’examen pour affiner l’évaluation immédiate mais aussi pour
préciser le pronostic.
En effet le suivi à long terme de nombreux enfants a montré que la présence ou
l'absence de ces réflexes, leur qualité, leur durée de validité, pouvaient être
corrélées à différentes filières de développement.
La sévérité du “trouble de coordination centrale “ (TCC) est appréciée en
fonction du nombre de réactions posturales anormales, et de l’éventuelle
conjugaison avec des aberrations de la réflexologie (dépassement des périodes
normales de validité des réflexes, réponses qualitativement anormales etc...).
La confrontation de ces trois types de données permet de classer les TCC en
plusieurs catégories, dont les plus bénignes ne justifient pas la mise en place d’une
physiothérapie, comme l’a montré l’étude statistique à postériori, réalisée sur
d’importantes séries de patients.
Les TCC moyens ou sévères, correspondent à un risque majeur d’affection
invalidante (infirmité motrice d’origine cérébrale, ou autres affections), et
justifient donc la thérapie précoce.
Les T.C.C légers peuvent être l’expression d’affections sensorielles ou
psychomotrices diverses, relevant ou non d’un syndrôme défini, et justifiant une
surveillance attentive de l’évolution ultérieure ou la poursuite d’investigations
médicales plus approfondies.
C’est dire l’importance de cette classification qui aide le mèdecin à prescrire
précocément la physiothérapie chaque fois qu’elle est indispensable, à éviter les
prescriptions inutiles, à prévoir des investigations complémentaires éventuelles.
Le TCC est une situation transitoire, traduisant déjà l’imperfection fonctionnelle
du SNC, dont il convient de quantifier la sévérité pour préciser l’indication
thérapeutique. plus d'info. sur le T.C.C.
B - LA PHYSIOTHÉRAPIE
Elle repose sur les notions de locomotion réflexe et de frayage.
V.Vojta a décrit (1954) des conduites motrices globales, ou schèmes,
déclenchables chez le patient spastique: c’est en réalisant des mouvements contre
résistance dans la région axiale du corps ( tronc, tête, articulations-clés de hanche,
d’épaule) qu’apparaissaient des synergies musculaires particulières, se propageant
au reste du corps. Le contenu cinésiologique du schème variait en fonction de la
position initiale du corps, mais le phénomène paraissait organisé et reproductible.
Il présentait en particulier un caractère réciproque, comparable à celui des
différentes formes de locomotion.
L’analyse des activités musculaires impliquées (synergies) a montré qu’elles étaient
les éléments d’un ensemble à vocation locomotrice évidente.
L’observation de ces mouvements contre résistance chez le spastique fixé,
annonçait la découverte des systèmes locomoteurs globaux et innés que sont le
ramper réflexe et le retournement réflexe. La locomotion réflexe est exploitée
depuis 1959 pour le traitement des affections motrices de l’enfant, elle fut
ultérieurement utilisée pour prévenir l’installation de ces affections chez le
nourrison.
Les schèmes de locomotion réflexe (ramper R. et retournement R.) sont globaux,
c’est à dire qu’au cours de leur déroulement, l’ensemble de la musculature striée
est activée selon un mode coordonné. Le SNC est impliqué dans cette activation à
ses différents niveaux. La locomotion réflexe est déclenchée à partir de stimulations
spécifiques (pressions) appliquées sur des zones définies.
Figure 5: Position initiale du ramper réflexe et situation générale des zones:
La position de tête
détermine la position des
membres, différente côté
visage et côté nuque.
Le ramper réflexe est obenu
à partir de deux positions initiales inverses dites réciproques, chaque zone est
parconséquent bilatérale et le thérapeute dispose ainsi de18 points d’accès au
réseau nerveux afférent (propriocepteurs, extérocepteurs, tissus conjonctif...)
combinables à l’infini. Des pressions de direction définie, sont appliquées sur une
ou plusieurs zones tandis que le thérapeute s’est installé de manière à pouvoir
contrôler la position du patient, et appliquer, s’il le souhaite, une résistance
continue aux réponses motrices déclenchées. Pour y parvenir, le thérapeute peut
être amené à utiliser différentes parties de son propre corps (ventre, avant-bras,
genoux, etc...)
Figure 6: Direction des
réponses motrices
composant le schème de
ramper réflexe:
Les mouvements phasiques
des membres (déplacements
visibles de segments
corporels) et la rotation de
tête sont conditionnés par la
création active des points
fixes aux extrémités de la “diagonale d’appui” (coude-visage et talon-nuque); le
thérapeute y sera très attentif. L’activité motrice isométrique de cette diagonale
inclut un travail finement différencié des muscles paravertébraux et des
racines des membres.
La coordination de l’activité musculaire
antigravitaire, de l’alignement rachidien actif, de la
rotation opposée des ceintures, des contractions
musculaires qui irradient aux extrémités des
membres, préfigure celle des schèmes supérieurs de
locomotion croisée humaine (quarupédie, marche).
Figure 7: Direction de traction des chaînes
musculaires en ramper réflexe.
La constitution active des points fixes périphériques,
autorise l’organisation des jeux musculaires en
chaînes obliques qui exercent sur les leviers osseux
des tractions selon des directions différenciées. Les
chaînes ouvertes (fig.7, ch. 2 et 3) ont une vocation
phasique et déterminent les déplacements
segmentaires, les chaînes fermées (fig.7, ch. 1)ont une vocation stabilisatrice et
conditionnent l’émergence de la fonction antigravitaire et locomotrice (Fig. 7 et 8).
Le lieu de convergence de ces chaînes musculaires est le rachis et en particulier la
charnière dorso-lombaire.
Le thérapeute averti ne manquera pas d’observer
- que la région dorso-lombaire est fréquemment le siège de la cyphose infantile
dans les affections neuropédiatriques compromettant la stabilisation de l’axe
rachidien,
- que cette région est aussi le lieu d’opposition des rotations physiologiques
intervenant dans les schèmes locomoteurs croisés (quadrupédie, marche humaine),
- que la rotation vertébrale coordonnée est encore l’apanage de toutes les fonctions
posturo-motrices fines et fait cruellement défaut dans l’ensemble des pathologies
neurologiques d’origine centrale,
- enfin, que la charnière dorso-lombaire est soumise, dans la vie active de l’enfant
comme de l’adulte, à une infinité de contraintes mécaniques nécessitant un contrôle
neuro-musculaire automatique rigoureux à partir des informations proprioceptives.
Cette énumération souligne l’intérêt de procurer à nos patients de tous âges, à
travers l’activation de jeux musculaires automatiques précis, un vécu corporel de
qualité, qui fait largement appel à la sensibilité profonde, et contribue à
l’élaboration ou à la restauration du schéma corporel inconscient.
Figure 8: Principaux éléments musculaires de la diagonale d’appui lors du ramper
réflexe
Figure 9: Autres exemples de position de départ: a- Position semi quadrupédique
appelée “1ère position”, b- decubitus latéral, phase 4 du retournement réflexe, cdecubitus latéral, phase 3 du retournement réflexe...
Il existe différentes positions de départ (ventrale pour le ramper réflexe, dorsale
ou latérale pour le retournement réflexe etc...); les combinaisons de zones et de
positions de départ offertes au thérapeute sont donc innombrables, elles sont les
procédures activatrices d’une fonction centrale coordonnée.
L’application de résistances aux réponses ainsi provoquées, transforme le
mouvement phasique en une activité musculaire isométrique (sans déplacement
segmentaire), dont la durée peut être modulée à souhait par le thérapeute sans
accoutumance (propriocepteurs), ce qui favorise les phénomènes de sommation
temporo-spatiale. Ceci rend possible, par le recrutement de voies d’accés nouvelles
au SNC, l’activation de territoires centraux éventuellement sous exploités. On
appelle frayage, cette technique qui consiste à déclencher puis à entretenir
artificiellement, de l’extérieur, la contraction musculaire isométrique dans le but de
solliciter une activité élargie et coordonnée du SNC.
Chaque schème de locomotion réflexe (ramper ou retournement) dispose de zones
spécifiques et peut être activé à partir de plusieurs positions de départ. Accéder à un
même schème à partir de combinaisons stimulantes différentes exige du système
nerveux central le recours à des procédures diversifiées de traitement des flux
afférents c’est à dire des itinéraires neuronaux différents. Ces procédures
neurologiques sont à la base de l’adaptabilité posturale physiologique.
Les séquences de schème (synergies musculaires) observables au cours de la
locomotion réflexe présentent une analogie stricte avec les séquences motrices
du développement moteur normal. On les retrouve dans l’ontogénèse depuis les
premières manifestations antigravitaires (fig.2 et 3), jusqu’à la forme la plus
élaborée de locomotion bipodale avec son stock d’automatismes posturaux
antigravitaires et d’équilibration.... Ces éléments neuromoteurs, présents dans la
locomotion réflexe sont exploitables dès la naissance si l’on dispose d’une
procédure activatrice efficiente (tableau 1).
Tableau 1:
Comparaison de séquences du ramper réflexe
avec les séquences motrices spontanées de l’ontogénèse
Ramper réflexe
(activité déclenchée
artificiellement)
Age d'apparition lors
du ramper réflexe
Age normal
d'apparition
spontanée
Activité
Dégagement latéral du membre
supérieur en decubitus ventral
Ontogénèse
(activité
spontanée,
finalisée)
dès la naissance
(bras - nuque)
(bras-visage)
3 mois
Rotation libre coordonnée de tête et
symétrie de l’axe rachidien
dès la naissance
3 mois
Mouvements latéraux des yeux,
indépendants de la position de tête
dès la naissance
fin du trimestre 1
Appui sur un seul coude
(synergies stabilisatrices de l’appui)
dès la naissance
(bras-visage)
milieu du trimestre
2
Déploiement total de la main, avec
inclinaison radiale du poignet ,
abduction du métacarpe
dès la naissance
(main - nuque)
fin du trimestre 2
Différenciation coordonnée des
ceintures scapulaire et pelvienne
dès la naissance
6 mois,
retournement dos>ventre
Création active de l’appui sur le
genou avec mise en charge
dès la naissance (membre
inf.- nuque,variante du
ramper R.)
trimestre 3
Poussée coordonnée du membre inf.
dès la naissance (membre
avec appui sur le talon, pied à 90° et
inf.- nuque)
appui sur le bord externe.
14 -15 mois
appui sur le coude
La technique de V. Vojta présente des avantages déterminants en physiothérapie:
1) Les schèmes exploités lors de la thérapie étant automatiques et innés, ils sont utilisables,
même en l’absence de participation consciente du patient, sans limite infèrieure ou supèrieure
d’âge (bébé, personne polyhandicapée etc...).
2) La possibilité de provoquer des jeux musculaires précis, agissant en synergie sur des
segments corporels choisis, et de moduler dans l’espace et le temps ces synergies par la
combinaison des positions et des zones de stimulation, offre au thérapeute un outil
particulièrement adapté aux atteintes neurologiques centrales ou périphériques.
Cette technique est également précieuse pour le traitement de territoires corporels dont le
contrôle “volontaire” est difficile ou altéré (absence de réafférence visuelle, détèrioration du
schéma corporel etc...); le rachis scoliotique, les malformations congénitales diverses en sont
de bons exemples.
3) Les premiers éléments de réponse sont d’ordre neurovégétatif et la pratique courante a
montré l’influence de la technique sur la circulation sanguine, la respiration, mais aussi sur le
système sensoriel, et à long terme sur le développement ostéo-articulaire.
En outre, les chaînes musculaires activées font largement appel aux muscles de la respiration
(couple abdomino-diaphragmatique, etc...), aux muscles paravertébraux et du tronc, elles
contribuent à une amélioration notable des conditions respiratoires, de la physiologie
mictionelle et de la défécation.
4) Chez le jeune enfant, on a fréquemment constaté que les progrés moteurs ne sont pas
isolés, mais coïncident avec une amélioration plus ou moins nette (en fonction de la sévérité
des pathologies rencontrées) de l’aptitude relationnelle.
6) Dans les pathologies très sévères, où les ambitions fonctionnelles sont limitées et où la
menace de dégradation orthopédique est majeure (forte spasticité, asymétrie etc...),
l’activation régulière d’une fonction musculaire mieux coordonnée, que le patient ne peut en
aucun cas produire seul, est un argument thérapeutique important pour prévenir les
déformations.
C - INDICATIONS DE LA TECHNIQUE DE V. VOJTA
Troubles de coordination centrale moyens et sévères
Troubles de coordination centrale légers, asymétriques
Infirmité motrice d'origine cérébrale (IMOC)
Torticolis musculaire et neurogène
Paralysies périphériques (enfant et adulte)
Myéloméningocèle
Myopathies congénitales - Malformations congénitales (athrogrypose, pied bot etc...)
Syndrome de Morbus Down et autres syndromes - Retards moteurs
Troubles divers de la posture et du redressement, scolioses, cyphoses
Dysplasies de hanche
Hémiplégie de l’adulte (liste non exhaustive)...
D - EXEMPLES DE SITUATIONS THÉRAPEUTIQUES
La physiothérapie selon V. Vojta, se caractérise par l’activation de réactions neurovégétatives,
sensitives et motrices complexes, qui peuvent débuter localement puis irradier à des territoires
corporels plus vastes ou à l’ensemble du corps. Le point de départ des réactions peut varier
dans le temps pour le même patient, et d’un patient à l’autre.
Figure 10: Enfant de 3 ans, tétraparésie spastique,
hyper lordose et hypertonie sévère des adducteurs, asymétrie pelvienne.
Figure 11: Même enfant que figure
10 en phase 1 du retournement
réflexe (variante avec maintien de la
mandibule, et du bras - nuque en
abduction). La réponse motrice
consiste en un alignement actif de l’axe rachidien, l’activation de la musculature abdominale
et nette diminution de la lordose ; les membres inférieurs sont portés en flexion moyenne avec
un début d’abduction et rotation externe des hanches. La correction active est insuffisante au
niveau cervical (lordose) et des pieds. Ceci pourrait être recherché en modifiant la
combinaison stimulante.
Figure 12: Enfant de 2,5 ans,
hémiparésie spastique gauche (en bas)
correction déclenchée du pied valgus
dans le cadre du retournement réflexe (variante de la phase 4). La tête est stabilisée (portée)
dans l’alignement de l’axe rachidien. La réponse du membre supérieur gauche n’est pas
correcte.
Figure 13: Enfant de 20 mois, séquelles
d’embryopathie avec retard psychomoteur
sévère, grande hypotonie, cyphose dorsolombaire et asymétrie posturale majeure
(niveau moyen de performances
locomotrices inférieur à 6 mois). Lors du ramper réflexe, rotation active de la tête vers l’axe
médian, contenue par la résistance (ventre du thérapeute), activation globale coordonnée de la
musculature tronculaire, alignement rachidien, création de la diagonale d’appui coude-talon
(amorce de fonction antigravitaire). L’ascension latérale phasique du membre inférieur côté
visage et du membre supérieur côté nuque traduit la rotation dissociée isométrique des
ceintures.
Figure 14: Enfant de 6 ans, diparésie
spastique (marche possible avec cannes
dans un périmètre limité), variante du
ramper réflexe où le membre inférieur nuque est en flexion complète dans la position de
départ. Création de la diagonale d’appui du coude au genou opposé, activation intense de la
paroi abdominale, alignement rachidien, mais la cyphose basse est insuffisamment contrôlée,
dégagement latéral des membres phasiques (MS nuqueet MI visage). Observer l’irradiation de
l’activité musculaire au niveau de la main-visage en extension et inclinaison radiale du
poignet, abduction du métacarpe, flexion harmonieuse des doigts et opposition du pouce sur le
cylindre. Ce dernier a été placé préalablement dans la main pour favoriser un flux afférent
proprioceptif et extéroceptif correspondant à une attitude fonctionnelle de préhension radiale.
Figure 15: Enfant de 5 ans, hémiparésie
spastique gauche (côté nuque). En
“première position “, construction
imparfaite de la diagonale d’appui (du
coude-visage au genou-nuque) car lepied gauche est bien perpendiculaire à la jambe lors de
l’appui, mais les orteils devraient être fléchis et la supination plus marquée. Néanmoins la
réponse du membre supérieur côté atteint (gauche) est assez bonne, avec déploiement actif de
la main, un peu plus d’abduction du pouce serait souhaitable...
Figure 16: Même enfant que fig. 15,
hémiparésie spastique gauche (côté nuque). En ramper réflexe, membre inférieur - nuque
fléchi, la réponse du membre supérieur lésé est encore plus nette avec déploiement total de la
main, en inclinaison radiale, la réponse du membre inférieur homolatéral se complète au
niveau du pied, bien que le rachis dorso- lombaire ne soit pas encore idéalement contrôlé.
L’activité motrice déclenchée peut être isométrique d’emblée, ou initialement phasique puis
devenir isométrique par application de résistances, elle peut être massive mais aussi discrète
(fibrillations musculaires localisées par exemple).
Le patient ne prend conscience que d’une partie des manifestations déclenchées, il peut aussi
ressentir des effets que le thérapeute ne perçoit pas; inversement, le thérapeute peut observer
des manifestations cliniques que le patient ne ressent pas, et dont il n’a aucune conscience.
Il n’est pas aisé d’illustrer photographiquement les principes directeurs de cette thérapie, et à
fortiori les mécanismes internes complexes qui y participent. Seules les manifestations les
plus flagrantes peuvent faire l’objet d’une prise de vue.
C’est lors d’une étude approfondie de la technique, puis par la pratique régulière que le
praticien pourra accéder à la découverte progressive des aspects plus subtils et diversifiés de
cette approche thérapeutique.
MODALITÉS PRATIQUES - PLACE DE LA FAMILLE
Il a été possible de vérifier que les modifications neuro-physiologiques induites par le frayage
subsistaient un certain temps aprés la séance de travail. Il est donc bénéfique de répéter le
traitement plusieurs fois par jour pour majorer la fréquence et la durée de ces effets.
Le traitement est préconisé 3 à 4 fois par jour; chaque séance durant 15 à 20 minutes, les
conditions thérapeutiques optimales représentent donc au maximum une heure à une heure
trente de rééducation quotidienne, fractionnée en tranches d’une vingtaine de minutes.
Le thérapeute initie la famille à un traitement standardisé, actualisable, dont il garde
naturellement le contrôle technique, ce qui présente l’avantage, chez le nourrisson, de pouvoir
réaliser le travail aux moments les plus propices de la journée, et de respecter ainsi les
rythmes biologiques.
La collaboration concréte sur la base d’une participation effective des parents, guidée par le
praticien, favorise l’instauration d’un climat de confiance et d’engagement réciproques entre
le professionnel et la famille. Elle est le support d’échanges constants à propos de l’enfant et
de son évolution. En cela, cette forme de collaboration contribue à l’information des parents, à
la démystification des situations par une perception lucide des difficultés comme des progrés,
ce qui minore les chances de comportements inadéquats à l’égard d’un enfant au
développement aléatoire.
Les interventions du thérapeute peuvent , en outre, être plus espacées que lors d’un suivi
“classique”, ce qui n’est pas sans conséquences économiques.
La pratique de cette thérapie est parfaitement compatible avec une vie sociale ordinaire, elle
exige seulement un peu d’organisation. Les séances de travail sont rigoureusement limitées
dans le temps. C’est pourquoi, dans beaucoup d’établissements spécialisés, la technique s’est
intégrée à la prise en charge pluridisciplinaire usuelle.
C’est en Allemagne que s’est développée la technicité Vojta au cours des 25 derniéres années.
L’épicentre en est le “Kinderzentrum München”, principal pôle de formation pour l’Europe,
dont l’équipe médicale gère toutes les actions de formation entreprises à travers le monde.
Des cycles de formation destinés aux mèdecins et aux physiothérapeutes, y sont régulièrement
organisés. La formation est aujourdhui accessible en langue locale, avec toutes garanties
d’authenticité, dans différents pays: Autriche, Espagne, Italie, Norvège, Pays Bas, Suède,
Japon, Corée ...
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