LES DIFFERENTS TYPE DE PERSONNALITE
SOINS Infirmiers
INTRODUCTION
La personnalité peut être définie comme le résultat, chez un sujet, de l’intégration des diverses
composantes pulsionnelles, émotionnelles et cognitives. Bien que les modalités de cette intégration
restent individuelles, l’agencement des différents facteurs qui entrent en jeu obéit cependant à des
lois générales que l’on peut tenter d’approcher par l’étude du caractère.
Selon Lagache, le caractère est l’ensemble des dispositions et des aptitudes qui « commandent la
manière d’être et de réagir de l’individu dans ses rapports avec le monde extérieur et avec lui-même
». Le caractère, défini par une constellation déterminée de traits de personnalité, indique la manière
habituelle de se comporter vis-à-vis des personnes, des situations ou objets rencontrés. La
représentation de la personnalité en termes de traits de caractère implique donc une analyse des
aspects comportementaux manifestes de l’individu.
Dans cette perspective, les personnalités pathologiques sont des déviations de la personnalité qui se
caractérisent non par la présence de symptômes psychiques proprement dits mais par un certain style
de vie, par une manière d’être, c'est-à-dire par des comportements que l’on considère comme
pathologique. L’étude des personnalités pathologiques soulève de nombreux problèmes théoriques, en
particulier ceux des frontières entre le normal et le pathologique et les limites entre personnalité
pathologique et maladie mentale.
La délimitation du concept exige donc, après le choix de certains critères de normalité et de
pathologie, que l’on puisse distinguer nettement les traits de caractère et les attitudes
(personnalité) des symptômes caractéristiques des différentes entités morbides de la psychiatrie
(maladies symptomatique).
Dans ce but, Foulds a proposé les éléments distinctifs suivants :
-les traits de caractère et les types de comportements sont universels, tandis que les signes et les
symptômes peuvent être contingents, variables selon les cultures ;
-les traits de caractère et les attitudes sont durables et stables alors que les symptômes sont
variables et se modifient dans le temps.
Ces critères sont sans doute trop schématiques mais ils ont néanmoins l’avantage d’établir une
distinction assez claire entre les personnalités pathologiques et les autres entités morbides que sont
les névroses, les psychoses et les états limites.
I- Personnalité hystérique
1. Description clinique
La personnalité hystérique a été essentiellement décrite chez la femme. La description clinique
retenue ici expose successivement l’histrionisme, la facticité des affects, le monde de pensée
imaginaire, la réactivité émotionnelle avec hyperémotivité et impulsivité, la suggestibilité et la
mythomanie, la dépendance affective, enfin les troubles de la sexualité.
1.1 L’histrionisme
Ce trait de personnalité est actuellement le plus souvent considéré comme le trait central du caractère
hystérique. Il englobe le désir de paraître et celui d’être le point de mire des regards d’autrui. Pour ce
faire, l’hystérique s’attribue des rôles changeants selon ce qui est supposé pouvoir plaire à l’autre ou,
tout au moins, pouvoir susciter l’attention. Ce jeu de rôles peut être triomphant ou maladroit,
convaincant ou non ; il peut, selon la qualité même du jeu, entraîner ou non l’adhésion du spectateur.
En fait, ce souci du spectacle offert se réduit souvent à une hyper conformité u stéréotype féminin de
l’époque. L’hystérique, uniquement préoccupée de son rapport à l’autre, est prise à son propre jeu. On
peut y voir une sorte de falsification dont la personne elle-même serait dupe. Elle cherche à être cette
femme qu’elle imite, mais à laquelle elle ne ressemble que de façon caricaturale, grossière et factice.
Dans le DSM III, le diagnostic de personnalité histrionique nécessite la présence conjointe, au long
cours et responsable « soit d’une altération significative du fonctionnement social ou
professionnel, soit d’une souffrance subjective », « d’un comportement dramatisé, hyperréactif et
intensément exprimé » et de perturbations caractéristiques des relations interpersonnelles, comme
en témoignent au moins deux des cinq manifestations suivantes :
-perçu par autrui comme superficiel et manquant d’authenticité malgré une apparence de
chaleur et de charme
- égocentrique, préoccupé de soi même, sans égards pour autrui,
- vaniteux et exigeant
- dépendant, faible, constamment en quête de rassurement,
- enclin à des menaces, des gestes ou des tentatives de suicides à visée manipulatrice.
1.2 La facticité des affects
Il s’agit là du deuxième aspect de la personnalité hystérique. Les sentiments, régulièrement
exprimés avec conviction, semblent souvent exagérés. Cette outrance ou dramatisation dans
l’expression des émotions concerne aussi bien les allégations damour que les déclarations de
guerre qui alternent et paraissent également hors de propos à autrui. Les sentiments peuvent aussi
être déformés ; il s’agit de la tendance à érotiser les relations les plus banales eu sein desquelles
l’hystérique peut afficher des comportements de séductions inappropriés ou franchement
incongrus.
1.3 Le mode de pensée imaginaire
La prépondérance chez l’hystérique d’un mode de pensée imaginaire est un autre trait fondamental.
Le réel est certes perçu, mais infiltré, à la fantaisie du sujet, de représentations imaginaires érotisées.
Ce mode de pensée préside à l’hyperadaptabilité hystérique, le sujet s’emparant des éléments du réel
offerts pour les agencer à sa guise en pensée ; mais il correspond aussi à l’inadéquation hystérique, à
bien des situations où le sujet cherche ce quil ne peut y trouver. Cette vie imaginaire peut être à
l’origine, par exemple, de fixations amoureuses à des personnages inaccessibles, ou des rêveries
perpétuelles qui prennent le pas sur la réalité quotidienne. Dans les relations affectives réelles que
tente de nouer l’hystérique, l’objet ne peut, dans une certaine mesure, que décevoir. La vie
relationnelle des ces personnalités est fréquemment une vie à crises, où alternent des sautes d’humeur,
des épisodes d’élans chaleureux et des phases de retrait boudeur, témoin de leur labilité émotionnelle.
1.4 La réactivité émotionnelle : hyperémotivité et impulsivité
La réactivité émotionnelle des personnalités hystériques est parfois très spectaculaire, avec une
intense traduction neurovégétative. La variabilité des états émotionnels et des dispositions affectives
fait volontiers parler d’inconsistance ; mais ces termes risquent de faire oublier l’intensité de l’état
affectif au moment où il est vécu et exprimé. Pour expliquer cette intensité, on fait généralement
appel à une aptitude psychophysiologique particulière et au manque de recul de l’hystérique par
rapport à ce qui est immédiatement ressenti.
Dans le cadre de la réactivité hystérique avec hyperémotivité, on décrit aussi l’impulsivité ;
explosions émotionnelles, accès de colère clastique, impulsions suicidaires constituent autant de
réactions possibles, en for me de court-circuit, à une situation donnée. L’impulsivité donne parfois un
aspect heurté ou chaotique à la biographie.
Lorsque l’hyperémotivité s’associe à des conduites d’évitement, l’ensemble est individualisé par
certains auteurs sous la dénomination de caractère hystéro-phobique.
L’hyperémotivité se traduit généralement par un état d’alerte permanent, et l’évitement par
l’inhibition. Le sujet est toujours sur le qui-vive, même si son hypervigilance est parfois
relativement camouflée derrière des attitudes de sérénité feinte ou de tranquille assurance.
L’inhibition permet, quand à elle, l’évitement des situations redoutées, particulièrement les
relations à autrui et la sexualité
Plus rarement, une fuite en avant se traduit par des comportements de défi ou par une activité
frénétique (conduites énergiques et courageuses, sorties innombrables, lectures interminables…),
destinée à rendre peu probable la moindre irruption fantasmatique.
D’autres particularités sont classiquement rattachées à la pathologie hystérique de la personnalité,
comme la suggestibilité et la mythomanie, la dépendance affective et les troubles de la sexualité.
Les 4 critères diagnostiques de la personnalité passive-agressive sont les suivantes :
-résistance aux demandes d’une activité adéquate dans le fonctionnement aussi bien
professionnel que social ;
-résistance exprimée de façon indirecte par au moins deux des manifestations suivantes :
Perte de temps
Entêtement
Inefficacité délibérée
Oublis
- conséquences des deux critères précédents : inefficacité durable et globale sur le plan social et
professionnel, par exemple une inefficacité délibérée qui a empêché toute promotion professionnelle
;
-persistance de ce type de conduite même dans des circonstances où un comportement plus
assuré et efficace est possible.
1.5 La dépendance affective
L’hystérique est certes dépendante d’autrui par sa recherche constante d’hommages et d’attention,
par sa sensibilité aux diverses frustrations et par son mode captatif de relation interindividuelle.
Mais cette dépendance peut revêtir un aspect plus inquiétant encore, celui d’une perte d’autonomie
matérielle et psychique qui peut aller jusqu’à une invalidité authentique et grave. Tout aussi
inquiétant est le puérilisme de certaines patientes vivant dans un monde romanesque où tout ce qui
risque d’être une source de conflits et de frustrations est soigneusement gommé.
Les 3 critères diagnostiques de la personnalité dépendante sont les suivants :
-laisse passivement les autres assurer la responsabilité des secteurs importants de sa vie en raison
de son incapacité à fonctionner de façon autonome ( par exemple, laisse son conjoint décider
quel type de travail il ou elle doit faire) ;
-subordonne ses propres besoins à ceux des personnes dont il ou elle dépend pour éviter d’avoir à
compter sur soi, par exemple tolère un conjoint abusif ;
-manque de confiance en soi, par exemple se sent abandonné, sans recours et stupide.
1.6 Les troubles de la sexualité
La crainte de la sexualité est souvent considérée comme une des principales caractéristiques des
personnalités hystériques. En fait, cette expression paraît impropre même si des troubles de la
sexualité sont en effet fréquemment observés chez ces personnalités. Il peut s’agir d’une frigidité
simple, permanente ou intermittente, d’une répugnance et d’un dégoût affirmé pour la sexualité, voire
d’un oubli de la sexualité, domaine considéré avec indifférence comme étranger à soi.
2. Psychanalyse et structure hystérique
Pour les psychanalystes, l’hystérie de conversion reste la référence centrale de la structure
hystérique. Elle montre en effet, à l’état pur, le mécanisme de défense prévalent qu’est le
refoulement. Dans l’hystérie de conversion, on considère que la représentation pénible est
refoulée tandis que l’affect qui lui était lié est converti dans la sphère somatique.
Si certains auteurs ont insisté sur la fixation orale dans l’hystérie, d’autres, tout en reconnaissant celle-
ci, font de l’expression orale des désirs le résultat d’un déplacement des représentations dont le but
demeure génital. Léchec hystérique se situerait au niveau de la résolution du complexe d’Œdipe.
L’angoisse est une angoisse de castration ; elle prend surtout la forme d’une crainte de perte
d’amour. La problématique érotique avec quête amoureuse domine la vie de l’hystérique et se
manifeste tout à la fois dans des conduites orientées vers une demande d’amour, dans les réactions
dépressives aux expériences de séparation, d’abandon et, en psychanalyse, dans l’amour de
transfert.
II- Personnalité paranoïaque
Le terme de paranoïaque : « qui pense à côté » ou « contre » a été introduit en psychiatrie au début du
XIX éme siècle. Son sens a, dans un premier temps, pris une extension considérable avant de se
limiter aux délires de persécution et de grandeur. Par la suite, divers auteurs allemands ont décrit la
paranoïa comme un délire systématisé auquel pouvait prédisposer certains traits de personnalité.
Ceux-ci deviendront ultérieurement la personnalité paranoïaque, souvent trouvée à titre isolé, sans
délire constitué.
1- Description clinique
Pour l’Ecole française, le trait fondamental de ce type de pathologique de personnalité est une
hypertrophie du moi. Cette perspective est adoptée par Dupré dès 1912 dans son rapport sur les
perversions instinctives. La constitution paranoïaque, déséquilibre de la personnalité, est caractérisée
par trois éléments :
-l’hypertrophie du moi, avec orgueil et sentiment de supériorité ;
-l’humeur ombrageuse et méfiante, avec tendance à la méconnaissance hostile de l’entourage et aux
interprétations malveillantes des actes d’autrui ;
-la fausseté du jugement, avec paralogisme irréductible responsable d’interprétations erronées qui
forment la trame d’un véritable système délirant, soit de persécution, soit de grandeur, suivant la
prédominance chez le sujet de la méfiance soupçonneuse ou de l’orgueil ambitieux.
Cette description, qui permet de passer progressivement de la constitution au délire et d’expliquer le
délire par la constitution, assimile personnalité et psychose ; elle sera par la suite systématisée de la
façon suivante : la personnalité paranoïaque est, en définitive, constituée de quatre traits
fondamentaux : l’hypertrophie du moi, la méfiance, la fausseté du jugement et l’inadaptation sociale.
2. Formes cliniques
Avec les conceptions psychogénétiques de Kretschmer et les descriptions des personnalités
psychopathiques de Schneider, l’évolution de l’Ecole allemande a conduit à un certain
démembrement de l’édifice kraepelinien et de la personnalité paranoïaque.
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