Envoyé par Françoise.
Synthèse sur Molière.
Biographie.
1622
15 janv.: naissance à Paris de Jean-Baptiste Poquelin, fils de Jean Poquelin et de
Marie Cressé.
1631
Jean Poquelin achète la charge de «tapissier ordinaire du roi».
Jean-Baptiste commence (?) ses humanités au collège de Clermont.
1632
Mort de Marie Cressé.
1637
18 déc.: Jean-Baptiste prête serment pour la survivance de la charge paternelle.
1640
Études de droit à Orléans.
1641
Possible fréquentation du philosophe néo-épicurien Gassendi; traduction projetée du
De natura rerum de Lucrèce.
1643
Janv.: J.-B. Poquelin renonce à la survivance de charge.
30 juin: acte de constitution de l’Illustre-Théâtre.
1644
1er janv.: première représentation donnée par l’Illustre-Théâtre.
28 juin: première apparition du nom de Molière au bas d’un acte notarié.
1645
Août: faillite de l’Illustre-Théâtre; Molière emprisonné pour dettes (2-5 août).
Oct.: Molière quitte Paris avec les débris de sa troupe.
1646
Jonction avec la troupe de Charles Dufresne.
1646-1650
Pérégrinations: Toulouse, Albi, Carcassonne, Nantes, Poitiers, Narbonne, Agen.
1646-1655
Molière met sans doute la main à quelques farces, dont il reste la Jalousie du
Barbouillé (1646?) et le Médecin volant (1647?).
1650
Juill.: la troupe perd son protecteur, Molière en devient le directeur.
1653
Molière obtient le patronage du prince de Conti. Jusqu’en 1657, les comédiens
partagent leur temps entre Lyon et le Languedoc.
1655
L’Étourdi, première comédie de Molière, à Lyon.
1656
Le Dépit amoureux, à Béziers.
1657
Conti retire son patronage.
1658
Été: représentations à Rouen.
24 oct.: Molière joue pour la première fois devant le roi et la Cour; il obtient la salle du
Petit-Bourbon.
1659
18 nov.: les Précieuses ridicules.
1660
Oct.: démolition du Petit-Bourbon; trois mois de chômage.
28 mai: Sganarelle ou le Cocu imaginaire.
1661
La troupe s’installe au théâtre du Palais-Royal; Molière habite rue Saint-Thomas-du-
Louvre.
4 févr.: Dom Garcie de Navarre.
24 juin: l’École des maris.
17 août: les Fâcheux (fêtes de Vaux).
1662
20 févr.: mariage avec Armande Béjart (fille ou, plus probablement, sœur de
Madeleine), de vingt ans plus jeune que lui.
26 déc.: l’École des femmes.
1663
1er juin: la Critique de l’École des femmes.
Mi-oct.: l’Impromptu de Versailles (à Versailles).
1664
28 janv.: baptême de Louis, premier enfant de Molière; le roi est parrain.
20 juin: création de la Thébaïde, première pièce de Racine.
10 nov.: mort de Louis.
29 janv.: le Mariage forcé (au Louvre).
8 mai: la Princesse d’Élide (fêtes de Versailles dites des Plaisirs de l’île enchantée).
12 mai: Tartuffe en trois actes, pour les mêmes fêtes.
31 août: premier Placet au roi, pour faire lever l’interdiction de jouer Tartuffe en
public.
1665
3 août: naissance d’une fille, Esprit-Madeleine.
14 août: la troupe devient troupe du roi.
4 déc.: création d’Alexandre le Grand, seconde pièce de Racine; la brouille
s’ensuivra.
Fin déc.: Molière tombe malade.
15 févr.: Dom Juan ou le Festin de pierre.
15 sept.: l’Amour médecin (à Versailles).
1666
Janv.-févr.: Molière ferme son théâtre pour cause de maladie.
4 juin: le Misanthrope.
6 août: le Médecin malgré lui.
2 déc.: Mélicerte (fêtes de Saint-Germain).
1667
Fin mars: la troupe perd la Du Parc au profit de l’hôtel de Bourgogne.
Avr.-mai: rechute de maladie; Molière vit à Auteuil, séparé d’Armande.
5 janv.: la Pastorale comique (Saint-Germain).
14 févr.: le Sicilien ou l’Amour peintre (Saint-Germain).
5 août: unique représentation de l’Imposteur, version adoucie de Tartuffe.
8 août: Second Placet de Molière au roi.
1668
13 janv.: Amphitryon.
18 juill.: George Dandin (à Versailles).
9 sept.: l’Avare.
1669
25 févr.: mort du père de Molière.
5 févr.: Troisième Placet au roi; représentation de Tartuffe dans sa version définitive.
23 mars: poème sur la Gloire du Val-de-Grâce; publication de Tartuffe avec une
longue Préface.
6 oct.: Monsieur de Pourceaugnac (à Chambord).
1670
4 janv.: Molière violemment attaqué dans la pièce Élomire hypocondre de Le
Boulanger de Chalussay.
4 févr.: les Amants magnifiques (à Saint-Germain).
14 oct.: le Bourgeois gentilhomme (à Chambord).
1671
Printemps: Molière aménage son théâtre pour des pièces à machines.
Sept-oct.: maladie d’Armande; reprise de la vie commune.
17 janv.: Psyché (aux Tuileries).
24 mai: les Fourberies de Scapin.
2 déc.: la Comtesse d’Escarbagnas (à Saint-Germain).
1672
17 févr.: mort de Madeleine Béjart.
Mars: rupture définitive avec Lulli.
15 sept.: naissance d’un troisième enfant, Pierre.
1er oct.: Molière s’installe rue Richelieu, dans la maison où il mourra.
10 oct.: mort de Pierre.
11 mars: les Femmes savantes.
1673
10 févr.: le Malade imaginaire.
17 févr.: mort de Molière.
Nuit du 21 au 22: enterrement au cimetière Saint-Joseph.
1682
Premier recueil des Œuvres de Molière, par La Grange et Vivot.
MOLIÈRE Article de l’Encyclopedia Universalis.
Dans la longue tradition de la littérature comique, qui naît avec Aristophane et qui
n’a cessé de se développer depuis la Grèce classique jusqu’au XXe siècle, le nom
de Molière figure parmi les plus grands. Il n’est pas question de ramener tout l’art de
la comédie à l’imitation de ses pièces et nul aujourd’hui n’aurait cette prétention.
Mais elles gardent une valeur éminente. C’est dans le cadre de l’histoire du théâtre
qu’il est le plus utile de les étudier. La vie même de l’écrivain et sa conception de
l’art du comédien se relient étroitement à son œuvre et permettent d’en saisir la
signification.
Philosophe du bon sens bourgeois, moraliste du juste milieu, autant de titres que
Molière a acquis aux dépens de son renom d’homme de théâtre. L’homme du jeu
corporel, de la posture, de la grimace, l’héritier des farceurs et le chef de troupe ont
été longtemps négligés par la critique. C’est pourquoi l’homme de théâtre mérite une
particulière attention.
1. La carrière d’un comédien
Molière, de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, naquit à Paris. Fils d’un tapissier
ordinaire du roi, il fit ses études au collège de Clermont les jésuites assuraient
l’instruction des fils de la noblesse et de la riche bourgeoisie. Son père le destinait à
lui succéder dans sa charge, mais le jeune homme se détourna de la carrière qui lui
était préparée et forma avec quelques amis une troupe de comédiens.
Cette troupe se constitua par acte notarié le 13 juin 1643 et s’appela l’Illustre-
Théâtre. Elle loua successivement deux salles. Dans les deux cas, l’échec fut
complet. Elle fit faillite, et le jeune Poquelin fut emprisonné pour dettes. Libéré après
quelques jours, il partit pour la province. La troupe où il entre est signalée en
Gascogne, en Bretagne, en Languedoc et enfin dans la région du Rhône. En 1650,
il fut choisi par ses compagnons pour être leur chef. Il avait pris le nom de Molière.
On est aujourd’hui suffisamment renseigné sur l’histoire de sa troupe pour savoir
combien est fausse l’image qui en a été longtemps donnée. Les comédiens de
Molière ne sont pas des gueux faméliques constamment sur les chemins. Ils font, à
Bordeaux, à Toulouse, à Lyon, des séjours de plusieurs mois, ils y louent une
maison pour la durée de leur présence. Ils placent en rentes des sommes
importantes.
Toutefois, leur rêve était naturellement de retourner à Paris. Le 24 octobre 1658,
après douze années passées en province, ils jouèrent pour la première fois devant
le jeune Louis XIV, et en obtinrent la jouissance de la magnifique salle du Petit-
Bourbon.
En 1660, ils durent la quitter parce que l’administration royale en avait décidé la
destruction. Louis XIV mit alors à leur disposition la salle du Palais-Royal, construite
par Richelieu et demeurée sans emploi depuis sa mort. C’est que Molière joua
jusqu’à son dernier jour.
La situation prestigieuse qu’il sut acquérir ne doit pas faire ignorer les difficultés et
les tristesses de sa vie. Directeur d’une troupe venue de province, il se heurta aux
Comédiens du roi. Ceux-ci ne reculèrent devant aucun moyen pour le perdre et
firent jouer des pièces il se voyait insulté de la façon la plus ignoble. Il eut
d’autres ennemis. Les plus acharnés furent les dévots. Un curé de Paris réclama
contre lui, dans un libelle furieux, la peine du bûcher. Les médecins ne prenaient
pas ses moqueries à la légère. Les marquis, à la cour, se déchaînaient contre lui. Il
eut longtemps pour lui le patronage déclaré de Louis XIV. Mais, quand il mourut, il y
avait un an que cet appui lui manquait, toute la faveur royale allait alors à Lully.
La vie de Molière, à son foyer, fut marquée également de grandes tristesses. Il
avait épousé une jeune comédienne de sa troupe, Armande Béjart. Officiellement,
elle était la sœur de son ancienne maîtresse Madeleine Béjart, mais, selon la plus
grande probabilité, elle était la fille de l’illustre actrice ; les ennemis de Molière
osèrent prétendre que ce dernier était son père, et portèrent cette infâme accusation
jusqu’au roi. Et ce qui atteignit peut-être plus profondément Molière, c’est
qu’Armande lui fut scandaleusement infidèle. Il en souffrit, puis il pardonna ; les
deux époux reprirent la vie commune.
Épuisé peut-être par les ennuis, Molière tomba malade en 1665. Il ne guérit pas.
Un de ses ennemis le décrit alors blême, les yeux creux, maigre comme un
squelette. C’est ce qui explique trop bien sa mort, à l’âge de cinquante et un ans.
Lorsqu’il composait ses comédies, Molière avait dans l’esprit, de la façon la plus
précise, le rôle qu’il y tiendrait. Les contemporains ont été d’accord pour voir en lui
« la survivance de Scaramouche », c’est-à-dire du meilleur des comédiens italiens.
Ils retrouvaient en lui « les démarches, la barbe et les grimaces » de son modèle.
C’est dire qu’il ne visait nullement à une sage vraisemblance. Tous ceux qui l’on vu
ont parlé de sa démarche un peu bouffonne, le nez au vent, les pieds « en
parenthèse », de ses « grimaces », des tons « très aigus et très extraordinaires »
qu’il affectait, du hoquet même dont il coupait plaisamment son texte.
De même, Molière était, comme metteur en scène, beaucoup moins soucieux de
distinction que de mouvement et de vie. On aurait tort de penser qu’il ne s’intéressa
que médiocrement à la comédie-ballet. Il fut au contraire le promoteur de ce genre
alors nouveau : il y cherchait une heureuse combinaison des différentes formes de
l’art du spectacle. À partir de 1666, les comédies-ballets furent de plus en plus
nombreuses dans son œuvre. Des pièces comme Monsieur de Pourceaugnac ou
Le Bourgeois gentilhomme étaient jouées sur un rythme endiablé. Le Sicilien ou
l’Amour peintre , sur un registre tout différent, se développait dans une atmosphère
de fantaisie poétique. Le prologue de L’Amour médecin célèbre l’union de la
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