commandant et les administrateurs, pour les officiers, pour les soldats, les marchands, les
travailleurs de la fourrure, le chirurgien, le forgeron, l’armurier, etc. D’autres bâtiments
sont également réservés à l’entreposage des marchandises de traite et des fourrures. À
Détroit, fondé par l’administrateur français Cadillac, on cultive même la terre à
l’extérieur du fort. D’autres peuplements en seigneurie seront également organisés dont
celui de la Nouvelle-Orléans sur les rives du Mississippi et celui du lac Champlain. Le
territoire actuel d’une trentaine d’états américains est alors soumis à l’influence française.
Quand les Anglais s’emparent graduellement de la Nouvelle-France ou du Canada entre
1713 et 1763 l’Amérique du Nord est française, c’est-à-dire canadienne pour les trois
quarts.
Français + Amérindien = Canadien
Au début du 18e siècle et même fin 17e, en 1685, les habitants nés en Amérique sont plus
nombreux que les immigrants européens. Au fil des ans et de leur nouvelle façon de
vivre, ils s’identifient davantage au Canada qu’à la France. Ce sont les premiers
Canadiens « pure laine », les premiers « de-souche », les premiers « né-natif », les
premiers métissés culturels (Européens-Indiens), les premiers Français nés ici qui, au
contacte de l’Indien, forment en s’enracinant un nouveau peuple de langue française
concentré aujourd’hui à l’intérieur des frontières du Québec moderne, mais aussi dispersé
dans la francophonie à la grandeur de l’Amérique du Nord, plus ou moins assimilé
maintenant à la culture anglo-saxonne tant canadienne qu’étatsunienne.
Même dans les seigneuries, le Français d’origine emprunte à l’Indien un savoir
indispensable à sa survie en terre d’Amérique: fourrure, cuir, canot, mocassin, raquette,
traîne sauvage, récolte de l’eau d’érable, remède contre les maladies d’ici, culture du
maïs, fascine pour la pêche, tressage des ceintures fléchées et de la babiche, séchage du
poisson, boucanage de la viande, caveau à légume, techniques de chasse et de trappe, etc.
Le climat, plus rude qu’en France, exige a lui seul pour s’y adapter, un changement dans
la façon de vivre du Français. Il doit pour espérer survivre adopter les manières
amérindiennes tant pour l’agriculteur qui souvent a fréquenté l’Indien avant d’être
cultivateur que pour le coureur de bois qui lui s’intègre encore plus à la culture d’accueil
que le colon puisqu’il vit chez l’Indien, apprend la langue, épouse l’Indienne et avec elle
fait des enfants, encouragé en cela par les communautés autochtones qui voient d’un bon
œil cette intégration des Français à leur culture. Les enfants, métissés ou non, étant pris
en charge par la communauté, la femme amérindienne dispose librement de son corps et
peut se donner à qui elle veut en toute liberté. Elle peut même sans problème avoir
plusieurs hommes, car si l’enfant est toujours souhaité et désiré,le couple n’est pas la base
de leur société, pas plus que la possession exclusive ne fait partie de leurs valeurs. Le
partage des richesses, biens et personnes a pour eux bien meilleur goût. Pour un millier
de jeunes Français coureur de bois on n’hésite pas à parler d’assimilation à la culture
d’accueil. Avec les années ils deviennent Indiens. Ceux-là ne reviendront jamais à la
civilisation qui les a vus naître et seront appelés Indiens blancs. Même pour les autres,
ceux qui voyagent entre les Pays d’en haut et la Vallée du Saint-Laurent qu’on évalue
entre 10 et 12 milles tout au long du régime français, ceux qui s’adapteront sans
s’assimiler et qui un jour abandonneront le bois pour venir vivre définitivement en