Doc 1 :
L'homme de terrain ne peut décider sur la seule base de la connaissance [...] de son environnement immédiat. [...]
De quelles informations a-t-il besoin [...] ? Quels événements survenus en dehors de son horizon de
connaissances sont utiles à sa décision, et combien doit-il en connaître ?
Il n'y a presque rien qui advienne en ce monde qui n'ait d'effet sur la décision qu'il doit prendre. Mais il n'a pas
besoin de connaître ces événements en tant que tels, ni la totalité de leurs effets. Il lui importe peu de savoir
pourquoi, à un moment donné, tel type de vis de telle taille est plus demandé que tel autre, pourquoi les sacs en papier
sont plus facilement disponibles que les sacs en toile, pourquoi le travail qualifié ou certaines machines sont pour
le moment plus difficiles à se procurer. Tout ce dont il a besoin est de savoir dans quelle mesure ces biens sont plus
ou moins difficiles à obtenir que d'autres biens dont il a besoin. Nous devons [doncl considérer le système des prix
comme un mécanisme de communication de l'information [...].
Friedrich von Hayek, « L'utilisation de l'information dans la société » (1945), Revue française
d'économie.
Doc 2 :
Les marchés financiers ont pour fonction d’évaluer les prix des actions selon les mécanismes traditionnels de
l’offre et de la demande. La bourse a donc pour rôle de coter le cours des actions, c’est-à-dire de déterminer la
valeur des entreprises (leur valeur fondamentale) .
L'analyse des crises boursières enregistrées par les États-Unis et la France au cours du XXe siècle et au début du
XXIe siècle montre que les cours peuvent changer brutalement de trajectoire et mettre un temps très long pour
retrouver des niveaux antérieurs à l'effondrement boursier .
Keynes, lui-même spéculateur, met en avant la spéculation comme facteur explicatif Il a défini la spéculation
comme l'« activité qui consiste à prévoir la psychologie du marché ». Pour un spéculateur, la stratégie rationnelle
n'est pas d'évaluer correctement la valeur fondamentale des actifs, mais d'anticiper les croyances des autres
agents économiques présents sur les marchés, puisque ce sont elles qui déterminent les prix. Mieux vaut donc
avoir tort avec tout le monde que raison contre tous. Les agents déterminent alors leurs stratégies en fonction des
estimations des autres intervenants. Si on se trouve dans une situation d'imitation généralisée, dans laquelle
chacun copie l'autre en croyant qu'il détient l'information, alors qu'aucun agent n'est informé, le prix qui se forme
ne reflète que la « psychologie du marché » et ne contient aucune information .
D. Plihon, Les marchés financiers sont-ils efficaces ? , Cahiers français, n° 354, juillet août 2008
Doc 3 :
La technique du placement (boursier) peut être comparée à ces concours organisés par les journaux où
les participants ont à choisir les six plus jolis visages parmi une centaine de photographies, le prix
étant attribué à celui dont les préférences s'approchent le plus de la sélection moyenne opérée par
l'ensemble des concurrents. Chaque concurrent doit donc choisir non les visages qu'il juge lui-même les
plus jolis, mais ceux qu'il estime les plus propres à obtenir le suffrage des autres concurrents, les-
quels examinent tous le problème sous le même angle. Il ne s'agit pas pour chacun de choisir les
visages qui, autant qu'il en peut juger, sont réellement les plus jolis ni même ceux que l'opinion
moyenne considères réellement comme tels. Au troisième degré où nous sommes déjà rendus, on
emploie ses facultés à découvrir l'idée que l'opinion moyenne se fera à l'avance de son propre
jugement. J.M. Keynes, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt er de la monnaie, coll Payot, 1977, p 168
Doc 4 : Le grand retour de la bulle spéculative
Les économistes soulignent aujourd’hui la flambée concomitante et quasi inédite des marchés boursiers,
en particulier en Asie, des marchés obligataires, notamment sur les emprunts d'Etat, et du prix des
matières premières, l'or et le pétrole en vedettes. Depuis six mois, «tout monte!», constate Patrick
Artus, responsable de la recherche économique chez Natixis. Selon lui, il s'agit de spéculation car ces
hausses, souvent spectaculaires - la Bourse de Shanghai a progressé de 63 %depuis le 1er janvier-
, sont déconnectées de la réalité économique. «A la Bourse de Taïwan, les valeurs des actions
représentent 1OO fois les bénéfices des sociétés, 90 fois en Australie, contre 13 fois à la Bourse
de Paris», souligne l'économiste. Le Monde, 03/11/09