BTJ n° 449 (septembre 1999) L`eau en danger ? Le reportage L`eau

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BTJ n° 449 (septembre 1999)
L’eau en danger ?
Le reportage L'eau en danger ? a été réalisé par Bernard HAMON et Jean-François SCHNEIDER
avec la participation du chantier BTJ de l'ICEM : les classes de Claude DARMONT, Eric JOFFRE,
Francis LABAT, Catherine LAVAUZELLE, Claudine LETOURNEUX, Jacky POPY, Martine
SAUTEREAU, Jean TALIMI et la collaboration de Monique et Christian BERTET, Jean-Marie
BOUTINOT, Gérard DOUCET, Laurent DESPAUX, Eldrich MENDOCA-MARTINS, Antoine
MICHELOT, Jean-Pierre RADIX, Danièle SCHEIDECKER.
Le travail de cette équipe a été coordonné par Antoine MICHELOT.
Page IV de couverture
La vie sur Terre n'est possible que grâce à l'eau. Ni les hommes, ni les animaux, ni les plantes ne
peuvent vivre sans elle. Chacun de nous, en tournant simplement le robinet, utilise entre 40 et 100
litres d'eau par jour !
L'eau manque cruellement dans certains pays et elle est parfois polluée par les déchets, les engrais
et les pesticides.
Alors serait-il possible qu’un jour il n’y ait plus assez d’eau douce ?
Introduction
Chacun de nous en tournant simplement le robinet, utilise entre 40 et 100 litres d'eau par
jour !
Pour faire couler l'eau, il nous suffit de faire un geste simple : nous tournons le robinet... sans nous
demander d'où vient cette eau douce, ni comment elle est arrivée là !
Elle nous sert à nous laver, laver la vaisselle et les vêtements, nettoyer la maison, arroser les
plantes... Nous la buvons et l'utilisons pour faire cuire certains aliments, sans penser qu'elle nous est
indispensable pour vivre.
Ainsi, à la maison, chacun de nous fait couler du robinet entre 40 et 100 litres d'eau par jour !
Mais il n'y a pas que l'eau du robinet. Cette baguette de pain, sur la table, il a fallu 500 litres d'eau
pour la fabriquer... y compris, bien sûr, l'eau de pluie tombée sur le champ de blé.
Il a fallu des litres et des litres d'eau pour faire pousser ces légumes que nous mangeons
aujourd'hui, pour fabriquer ces journaux que nous lisons... •
Alors serait-il possible qu’un jour il n’y ait plus assez d’eau douce ?
L’homme a besoin d’eau
La vie sur Terre n’est possible que grâce à l’eau. Ni les hommes, ni les animaux, ni les plantes
ne peuvent vivre sans elle.
Notre corps contient en moyenne 65 % d'eau. Au moins deux litres d'eau par jour lui sont
nécessaires pour qu'il fonctionne correctement.
Nous absorbons cette eau sous forme de boisson, mais elle est également contenue dans la soupe, le
lait, les fruits, les légumes...
L'eau est aussi indispensable pour la vie des animaux et des plantes. Le tronc d'un arbre, par
exemple, contient 25 % d'eau. L'homme a besoin d'eau pour son corps, mais aussi pour ses activités.
L'eau est nécessaire à la croissance des légumes, des fruits, des céréales : l'agriculture est l'activité
humaine qui prélève les plus grandes quantités d'eau sur les ressources.
Les industries lourdes sont aussi de grosses consommatrices d'eau. Il faut par exemple 1 litre d'eau
pour raffiner 1 litre de pétrole brut, et près de 100 litres d'eau pour fabriquer un seul kilo de pâte à
papier.
L’agriculture et l’industrie sont de grandes « dévoreuses » d’eau
Notre cerveau contient 95 % d’eau, nos os 25 %. Notre corps évacue l’eau par l’urine et les excréments, mais
aussi par la transpiration et, sous forme de vapeur d’eau par la respiration.
Du Brésil au Viêt Nam, partout dans le monde, c’est l’agriculture qui consomme les plus grandes quantités d’eau.
La répartition des eaux terrestres
L’eau est inégalement répartie sur la Terre. Dans certains pays, elle manque cruellement.
Bien qu'une grande partie de la Terre soit recouverte par les océans, il existe d'immenses zones où
l'eau est absente.
Sur la carte, on peut voir que l'eau est inégalement répartie dans les pays.
Dans certaines régions désertiques, l'eau est très rare et la vie difficile. Aux pôles, il y a de grandes
quantités d'eau, mais en partie sous forme de glace, et la vie y est très difficile aussi à cause du
froid.
Le volume d’eau douce liquide ne représente que 1 % des réserves d’eau de la Terre !
On peut trouver de l’eau au milieu du désert : une oasis.
D’où provient l’eau potable ?
L’eau qui coule de notre robinet est pompée dans le sol ou dans les rivières. Pour être
distribuée, elle doit être potable.
Pour que nous puissions boire de l'eau, il faut non seulement qu'elle soit douce mais aussi
qu'elle soit potable : notre organisme doit pouvoir en absorber régulièrement sans être malade.
Pour cela, l'eau doit être la plus pure possible et sans pollution. En effet, l'eau polluée présente des
éléments, des produits ou des organismes microscopiques qui peuvent être dangereux pour la santé.
D'autre part, même si les eaux ont des goûts différents, il faut que l'eau potable soit de saveur
agréable. Nous consommons donc rarement l'eau telle qu'elle se trouve dans la nature. Elle doit être
recueillie et traitée. Puis des réseaux d'eau l'apportent jusqu'à nos robinets : c'est la distribution.
Ces réseaux sont entretenus et gérés soit par des services publics (mairies, syndicats des eaux), soit
par des services privés (compagnies d'eau).
Tout cela a un prix : l'eau du robinet coûte en moyenne, en France, 2 centimes le litre.
Comment rendre l’eau potable ?
L’eau doit être surveillée et traitée pour être bue sans danger.
Pour devenir potable, l'eau doit être filtrée et désinfectée dans une station de traitement.
La filtration consiste à faire passer l'eau sur des lits de sable : le sable retient les saletés en
suspension.
La désinfection consiste à introduire un produit, du chlore par exemple, qui tue les microbes se
trouvant dans l'eau.
Dans les régions où l'eau est d'accès difficile, il faut utiliser l'eau de pluie. Celle- ci doit être
désinfectée après décantation* pour éviter tout risque de maladie.
D'autres types de traitement sont parfois nécessaires. Ainsi, dans certains pays qui manquent d'eau
douce, on doit pomper l'eau de mer et donc en enlever le sel : c'est la dessalinisation.
* Décantation : quand un liquide reste immobile, les particules qu'il contient (grains de sable, etc.) se déposent au fond.
La décantation consiste à le transvaser lentement afin d'éliminer le dépôt.
Eaux usées, eaux polluées
L’eau douce peut être gravement polluée par les déchets d’usines, les engrais et les pesticides
utilisés en agriculture.
Pour nos besoins quotidiens, nous produisons des eaux sales, appelées eaux usées. Elles
proviennent des salles de bains, des toilettes, des machines à laver...
Les activités de l'homme entraînent des pollutions parfois très visibles dans les cours d'eau :
poissons morts, traces d'huiles qui flottent, mousses...
Les usines produisent de nombreux déchets, liquides, solides ou gazeux. Il arrive que des accidents
dans ces usines entraînent de graves pollutions qui sont catastrophiques pour l'eau douce.
Pour faire de meilleures récoltes, les agriculteurs se servent d'engrais. Pour lutter contre les insectes
et les parasites des plantes, ils utilisent des pesticides.
Tôt ou tard, ces produits chimiques, employés en trop grandes quantités, sont entraînés par les
pluies jusque dans les cours d’eau.
Certaines pollutions de l’eau peuvent entraîner de graves maladies, ou des malformations chez
l’homme. Dans certains cas, elles peuvent provoquer la mort.
L’eau polluée... jusque sous la terre.
L’eau coule... Si elle est polluée, elle transporte la pollution dans d’autres eaux.
Sur un sol imperméable (argile...), l'eau coule, ruisselle, finit par s'infiltrer ou rejoindre un cours
d'eau ou un point d'eau. Lorsque l'eau est polluée, la pollution ne disparaît pas, elle est seulement
transportée ailleurs !
Si le sol est perméable (calcaire...), l'eau polluée pénètre tout de suite dans le sous-sol et parvient
dans les nappes phréatiques, qui sont polluées à leur tour.
Si les habitants viennent boire l'eau des sources ou des puits alimentés par ces nappes, ils sont en
danger.
Quand des ordures ménagères sont déversées dans la nature ou simplement recouvertes de terre, il
suffit qu'il pleuve pour que l'eau de pluie se charge en produits polluants. Ces produits se
retrouveront bientôt dans les nappes souterraines et les rivières.
Même une eau inutilisée peut être polluée à son tour.
Comment « nettoyer » les eaux usées ?
Les eaux usées doivent être nettoyées avant d’être rejetées dans la nature.
Chaque commune doit prévoir le traitement de ses eaux sales.
Les eaux sales ne doivent jamais être rejetées dans la nature sans être traitées. Les eaux usées sont
collectées pour être épurées. On peut ensuite les restituer dans le milieu naturel, un ruisseau, une
rivière ou la mer, sans occasionner de pollution.
De nombreuses villes ont fait construire des stations d'épuration. Elles servent à nettoyer l'eau, à la
débarrasser de ses impuretés avant de la rejeter dans la nature. Dans certains cas, les impuretés
recueillies peuvent servir d'engrais.
Dans les villages, on peut remplacer les stations d'épuration, qui coûtent cher et sont difficiles à
entretenir, par le lagunage.
Les lagunes sont composées de plusieurs bassins creusés dans le sol. L'eau circule d'un bassin à
l'autre et se nettoie naturellement, grâce aux bactéries et aux plantes. Par exemple, dans le troisième
bassin, on plante des roseaux qui aident à la dépollution de l'eau. Les rayons du soleil tuent
également des microbes !
Actuellement on ne sait pas dépolluer les nappes phréatiques.
Dans une station d’épuration, les eaux usées sont collectées et traitées.
Dans les bassins de lagunage, l’eau est nettoyée, naturellement par les bactéries, les plantes et le soleil.
Lorsque dans un village il n’y a ni station d’épuration ni lagune, chaque maison doit posséder son propre système
de nettoyage. En général, il s’agit d’une fosse sceptique et d’un filtre à sable.
Comment protéger l’eau ?
Il ne suffit pas de traiter les eaux polluées. Il faut aussi supprimer les dépôts d’ordures et
protéger les sources d’eau potable.
D’autres mesures sont prises pour protéger l'eau.
Les dépôts d'ordures sont supprimés. Les éleveurs recueillent purins, lisiers et eaux polluées des
laiteries. Ils ne doivent plus les déverser dans les ruisseaux. Ils peuvent les épandre en partie sur les
champs pour les fertiliser.
L'accès aux sources d'eau potable est interdit, afin d'éviter toute activité polluante. Seul le service
des eaux peut y accéder pour assurer l'entretien et la propreté des abords. Les zones de captage sont
aussi protégées.
La bonne qualité de l'eau est régulièrement contrôlée. Des laboratoires effectuent des prélèvements
aux robinets et aux sources. Ils les analysent pour vérifier la bonne qualité de l'eau.
Les mairies doivent afficher les résultats de ces analyses, afin que tout le monde puisse les voir.
Chaque famille paye sa consommation d’eau ainsi que des taxes. Cet argent permet de créer,
d’améliorer ou d’entretenir les réseaux d’eau et d’assainissement. Il contribue aussi à supprimer les
dépôts sauvages d’ordures.
En France, l’eau est régulièrement prélevée pour être analysée en laboratoire. Des aides financières sont accordées
à des industriels et des agriculteurs pour qu’ils remédient aux pollutions produites par leurs entreprises.
L’eau douce va-t-elle manquer ?
Chacun de nous peut participer à la lutte contre le gaspillage et la pollution de l’eau.
La population augmente et les réserves d'eau douée s'amenuisent.
Mais chacun de nous peut agir :
-en économisant l'eau : prendre une douche au lieu d'un bain, réparer les fuites d'eau, utiliser un
lave-vaisselle et un lave-linge économiques, arroser son jardin sans gaspillage, etc.
- en polluant moins : utiliser des produits peu toxiques, savon au lieu de détergent, lessive sans
phosphate, produits préservant l'environnement : par exemple, si une voiture est lavée près d'une
rivière avec un produit de lavage qui se dégrade mal, un détergent par exemple, cela pollue
longtemps l'eau de la rivière, jusque dans la mer. Les poissons ont du mal à respirer.
- en mettant ses déchets polluants dans les déchetteries*.
Déjà, de gros progrès ont eu lieu grâce aux efforts et aux lois qui imposent dans changements
d'habitudes. Cela se voit par exemple quand des poissons reviennent dans les rivières...
* A paraître, sur la gestion des déchets, la BTJ 451 La Terre n'est pas une poubelle !
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