C’est ainsi qu’’un des étudiants d’Haeckel, le naturaliste et géographe Grigoire Antipa,
eut alors l’idée d’utiliser, en 1909, le terme de géonomie qui signifie gestion de la terre ,
pour décrire le système de gestion rationnelle des ressources naturelles des bassins du
Danube et de la Mer Noire, qu’il avait mis en 1898, avec l’appui du roi Charles I de
Roumanie. Ce système devait faciliter la navigation, augmenter la production du poisson
et de cannes, et diminuer la biomasse des moustiques, sans contrarier les équilibres
écologiques ni le rôle de filtre et d’éponge à crues que jouent les zones humides. La
géonomie est une branche de la géologie. Elle traite des lois physiques qui président aux
transformations de la forme superficielle de la Terre, peut-on lire dans l’Encyclopédie
roumaine, édition 1900, tome II, p. 528.
Après la Première Guerre Mondiale, le terme géonomie fut introduit en français par le
géographe Albert Demangeon qui en eut connaissance par son collègue Emmanuel De
Martonne, qui avait travaillé en Roumanie.
1953.
Dans le cadre de son cours d’Organisation de l’espace à l’Ecole Pratique des Hautes
Etudes, Maurice-François Rouge définit la géonomie comme un « ensemble de
connaissances scientifiques pris dans les sciences et disciplines de base (géographie
physique et humaine, géologie, pédologie, climatologie, écologie, démographie,
sociologie, économie…) qui sont mises à contribution pour décrire la réalité des espaces
et les lois et conditions de leurs modifications possibles ; ensuite une série de
combinaisons de ces apports, aidées par différentes techniques (mathématiques,
cartographiques, statistiques) qui constituent les moyens utilisés par le « géonome »
dans son art de recherche des solutions les meilleures. »
Pour un géonomiste, les problèmes de l’économie, du climat, de l’environnement sont
reliés : les solutions doivent l’être aussi. Dans cette perspective, écologie et économie ne
sauraient suivre des logiques antagonistes, mais précisément deux aspects d’une même
réalité. Pour un géonomiste, histoire naturelle et histoire humaine ne sont qu’une seule
histoire. La terre, l’eau, le climat, la vie, l’humanité forment un tout dépendant les uns des
autres : apprendre à décrypter le passé, c’est mieux comprendre notre présent et mieux
anticiper notre avenir.