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III-Classification des immunosuppresseurs 
III-1.Inhibiteurs de transcription de cytokines 
Les  inhibiteurs  de  transcription  de  cytokines  sont  représentés  avant  tout  par  les 
anticalcineuriniques,  la  ciclosporine  A  et  le  tacrolimus.  Ils  inhibent  le  premier  signal  et 
notamment l'action de la calcineurine empêchant ainsi la translocation de NFAT. 
La  ciclosporine  et  le  tacrolimus  sont  des  molécules  lipophiles  qui  peuvent  traverser  la 
membrane  cellulaire et  se  fixer  sur  des  immunophilines  intracellulaires,  les  cyclophilines 
(CyP) pour la cyclosporine et la FK-binding protein FKBP-12 pour le tacrolimus. 
Les  complexes  ainsi  formés  se  fixent  avec  une  grande  affinité  sur  le  complexe 
calcineurine/calmoduline/Ca2+ pour inhiber l'activité phosphatasique de la calcineurine. 
III-1-a. Ciclosporine A 
La  ciclosporine  A  est  un  décapeptide  cyclique  lipophile  isolé  en  1970  à  partir  d'un 
champignon: Trichoderma polysporum ou Tolypocladium inflatum gams. C'est une drogue 
hautement spécifique des lymphocytes T qui inhibe non seulement la translocation de NFAT 
mais  aussi  celle  d'autres  facteurs  de  transcription  tels  que  AP-1  et  NF-kB  dont  l'action 
dépend en partie de la calcineurine. Elle diminue la synthèse de l'IL-2, mais aussi celle de 
l'IL-3, de l'IL-4, de l'IL-5, de l'IL-13, de l'IFNγ, du TNFα, du GM-CSF ainsi que l'expression de 
protéines membranaires telles que CD40L et le ligand de Fas. En revanche, la transcription 
de cytokines régulatrices telles que l'IL-10 et le TGFβ, n'est pas diminuée. Comme le TGFβ 
est  un  puissant  inhibiteur  de  la  prolifération  lymphocytaire  induite  par  l'IL-2,  une 
augmentation d'expression de TGFβ, telle que celle observée sous l'action de la ciclosporine 
dans les lymphocytes activés, pourrait contribuer à expliquer son action immunosuppressive. 
Elle pourrait aussi rendre compte de certains de ses effets secondaires néfastes tels que la 
prolifération fibroblastique et les lésions de fibrose. 
Il  faut  savoir  qu'aux  doses  utilisées  en  thérapeutique,  l'activation  calcineurinique 
intralymphocytaire n'est diminuée que de 50% avec des variations allant de 30 à 70%. La 
ciclosporine A est métabolisée en au moins 20 métabolites, les 3 principaux étant formés par 
monohydroxylation  (AM1  et  AM9)  ou  par  déméthylation  (AM4N).  S'il  existe  un  effet 
métabolique de premier passage au niveau de l'intestin lors de l'absorption, la métabolisation 
est essentiellement hépatique au niveau de l'isoenzyme IIIA du cytochrome P450, ce qui 
explique  l'existence  d'interactions  pharmacocinétiques  avec  un  certain  nombre  de 
substances qui sont des inducteurs ou des substrats du cytochrome P450. Il est important de 
bien  connaître  les  interactions  possibles  entre  ces  drogues,  car  elles peuvent  rendre  la 
ciclosporine inefficace en diminuant son taux sanguin (anti-tuberculeux, anti-convulsivants), 
ou  toxique en  l'augmentant  (certains  inhibiteurs  calciques, macrolides, antifongiques).  La 
toxicité de la ciclosporine est essentiellement vasculaire (hypertension artérielle) et rénale 
(vasoconstriction  et  lésions  d'ischémies  réversibles  en  cas  de  toxicité  aiguë,  fibrose  et