TERRE & VIE - N° 41 - Octobre 1999 LA BIODIVERSITE: UN PATRIMOINE A GERER DURABLEMENT Par: Abdallah RATTAL (Expert en environnement) II- ACTIONS REALISEES OU EN COURS Plusieurs actions ont été entreprises pour la préservation et la gestion du patrimoine naturel marocain dans tous les secteurs (agriculture, forêts, parcours, pêche maritime, pêche continentale, etc.), sans toutefois être suffisante pour faire face aux tendances de dégradation et de surexploitation des ressources. Parmi les actions les plus importantes on peut citer: * Réseau national des aires protégées Afin de protéger et conserver les écosystèmes naturels de grande valeur écologique, et les espèces menacées ayant un intérêt national ou mondial, un Réseau National des Aires Protégées a été mis en place, constitué de Parcs Nationaux, Réserves Naturelles ou Biologiques. La liste des parcs nationaux mis en place actuellement ou en cours comprend: Le Parc Naturel de Talassemtane: 60.000 ha - Rif occidental (en projet) Le Parc National d'AI-Hoceima: 40.000 ha - Rif central (en cours) Le Parc National de Tazekka: 11.000 ha - Moyen-Atlas oriental Le Parc Naturel d'lfrane: 60.000 ha - Moyen-Atlas central (en projet) Le Parc National du Haut Atlas oriental: 40.000 ha - (en cours) Le Parc National de Toubkal: 41.000 ha - Haut-Atlas occidental Le Parc National de Souss-Massa: 14.000 ha - Souss Le Parc National de Dakhla: 1.900.000 ha - Oued Ed Dahab (en projet) Une Réserve de Biosphère de l'Arganeraie est en projet au Sud du Maroc. Le Plan Directeur des Aires Protégées a identifié 160 Sites d'Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE), qui feront l'objet de classement en Parcs Nationaux, Parcs Naturels, ou en Réserves. Ainsi, trois lots de SIBE ont été distingués: 48 SIBE de priorité l; 50 SIBE de priorité 2 et 62 SIBE de priorité 3. La mise en place de ces SIBE est l'une des priorités nationales en matière de conservation de la biodiversité et la promotion de l'écotourisme. * Le Projet "Stratégie et plan d'action sur la biodiversité" Dans le cadre de la mise en uvre de la Convention sur la Diversité Biologique, le Secrétariat d'Etat chargé de l'Environnement coordonne l'élaboration d'une Stratégie et d'un Plan d'Action Nationaux sur la Biodiversité, avec la participation des autres Départements, Institutions et organismes concernés. Les actions prioritaires de ce plan sont celles qui sont proposées dans le cadre du PDES; les autres actions de ce plan seront retenues dans la banque de projets. III- PRINCIPES D'ACTION Les lignes directrices en matière de gestion de la biodiversité découlent des orientations identifiées et adoptées, dans le cadre du processus d'élaboration de la stratégie et du plan d'action sur la biodiversité sont les suivantes: · Conservation des espèces les plus menacées par des mesures de conservation in situ (aires protégées) et ex-situ. Les actions doivent concerner: la mise en place de nouvelles aires protégées du plan directeur, la protection particulière de certaines espèces ou sites très menacées, l'introduction d'espèces disparues, le renforcement des institutions existantes de conservation ex situ et la création de nouvelles, ainsi que la promotion des mesures d'accompagnement d'ordre socio- économique, éducatives, etc. · Gestion et utilisation rationnelles et durables des ressources naturelles: L'évaluation des politiques sectorielles de gestion des ressources naturelles a permis d'identifier un certain nombre de lacunes et d'insuffisances qui doivent faire l'objet de nouvelles mesures: l'intégration sectorielle de la gestion rationnelle des ressources, la participation effective des populations et autres acteurs, le renforcement des mesures de surveillances des niveaux d'exploitation des ressources, l'interdiction des activités nuisibles à l'environnement naturel, la réglementation des usages et l'organisation des usagers, la valorisation des ressources sous-utilisées, l'institutionnalisation des études d'impact sur l'environnement, etc. · Renforcement du cadre institutionnel de gestion de la biodiversité: Les Départements ministériels concernés, les Institutions de recherche ou de conservation, les organismes gouvernementaux, les ONG, ont développé et initié ces dernières années des programmes ambitieux en relation avec la biodiversité et les ressources naturelles, et doivent à ce titre bénéficier d'un renforcement institutionnel ciblé en moyens scientifiques, techniques, financiers et humains (formation, matériels, ...). · Refonte et actualisation de l'arsenal juridique lié à la biodiversité à la lumière des dispositions des Conventions internationales signées et ratifiées par le Maroc: Cet arsenal doit bénéficier d'une refonte et actualisation, pour répondre aux objectifs de la politique du Gouvernement en matière d'environnement et de gestion rationnelle des ressources naturelles, et honorer les engagements du Maroc sur le plan international par l'intégration dans son arsenal juridique national des dispositions de la Convention sur la Diversité Biologique qu'il a signé en 1992 et ratifiée en 1995, en plus des autres Conventions connexes: RAMSAR, Espèces Migratrices-CMS, CITES, etc. · Renforcement de la gestion de l'information. L'amélioration et le renforcement de la gestion de l'information est l'un des axes prioritaires en matières de biodiversité. Le développement de la base de donnée BIODIV et d'un SIG sur la biodiversité, l'actualisation permanente des données, la promotion de l'échange de données entre les acteurs concernés sont les principales orientations dans ce domaine. · Promotion de l' éducation, formation, et sensibilisation sur la biodiversité: A la base de toute action de conservation des ressources naturelles, les programmes éducatifs, de formation et de sensibilisation sont le meilleur moyen pour le développement des compétences et le changement des comportements négatifs vis à vis des ressources naturelles, dans une optique recherche d'équilibre entre les besoins des populations et les potentialités des ressources. · Renforcement de la recherche scientifique. Le développement de la recherche scientifique est la pierre angulaire de la conservation et de la gestion de la biodiversité. Elle doit être renforcée à travers des programmes ciblés sur les espèces particulièrement menacées, les écosystèmes particuliers et les ressources naturelles ayant une valeur ajoutée économique dans tous les secteurs concernés (agriculture, élevage, aquaculture, pêche, chasse, industrie,...). Fin