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LICENCE 2 et 3
A.P.A.S
(Activités Physiques Adaptées - Santé)
L2 UE 23/32 et L3 UE 42 52
Méthodologie de l’intervention
et suivi de stage
GENOLINI Jean-Paul, TOURNEBIZE Alain, COMMUNAL David, ONG MEANG V,
TOLOT-DAWSON Sylvie
Les types d’interventions en APA-S
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Introduction :
Quatre types d’interventions en APAS ont été mis en évidence dans le secteur
(Génolini 1999) sanitaire et social : celui du soin/rééducation, de la médiation, de
l’éducation/enseignement, de la prévention. Ces types d’interventions sont plus
généralement dépendants des établissements et des politiques de prise en charge.
Ils n’ont pas de caractère exclusif. Ce qui fait qu’une intervention en APAS peut se
situer sur plusieurs registres à la fois.
Chaque type d’intervention nécessite des compétences différentes dans la conduite
d’un projet mais toutes sont basées sur les mêmes principes d’une démarche
d’évaluation qui guide actuellement le fonctionnement des établissements sociaux,
médico-sociaux et sanitaires. Les différents textes de loi qui cadrent aujourd’hui
l’efficacité des établissements (dans le champ social et sanitaire) et l’évaluation des
prises en charge répondent au programme de Révision Générale des Politiques
Publiques (RGPP) de modernisation de l’action de l’état et d’utilisation des finances
publiques.
Les interventions à visées de « rééducation, de « médiation », de « prévention »
d’« éducation » ne sont pas spécifiques à l’APAS, elles peuvent qualifier le travail
d’autres spécialités professionnelles en définissant la spécialisation de façon
transversale quelque soit l’établissement. Par exemple, une infirmière travaille
principalement dans le soin quelque soit l’établissement dans lequel elle est
employée, un éducateur spécialisé qui est un technicien de la relation est embauché
généralement pour travailler plutôt sur la médiation, un enseignant scolaire est
embauché pour sa capacité à mener une éducation qui entre autres facilite
l’acquisition de connaissances par un travail sur les contenus disciplinaires et
l’apprentissage…
Ce qui fait la particularité de l’intervention en APAS ce n’est pas l’unité d’une
approche de l’activité physique quelque soit les établissements ou services mais
plutôt la diversité des fonctions professionnelles et l’originalité de leur agencement.
Par exemple, on peut demander à un professionnel de l’APA d’être à la fois dans
une fonction éducative et rééducative, on peut le solliciter pour mener une action de
médiation qui ait en même temps une finalité de prévention (emmener des jeunes
obèses à la pratique d’une activité physique !).
Il faut prendre l’hétérogénéité des fonctions professionnelles comme une richesse du
métier qui ne se laisse pas enfermer dans un modèle d’action. Par ailleurs, le
passage d’un type d’intervention à l’autre indique, d’emblée, que la spécialisation en
APAS est liée à une approche biopsychosociale de la santé et des situations de
handicap.
Comment ces différents types d’intervention sont-elles identifiables sur le terrain?
1. l’intervention à visée curative/ rééducative
Définition du¨curatif¨ :
- ¨qui a pour but la guérison d’une maladie déclarée¨, Petit Larousse 1980.
- vient du latin¨curare¨ : soigner -¨qui est propre à la guérison, relatif à la cure d’une
maladie¨. Traitement curatif, Petit Robert, 1984.
Terme allant de pair avec ¨thérapeutique¨: ensemble des actions et pratiques
destinées à guérir, à guérir les maladies. Ensemble de procédés concernant un
traitement déterminé, - Petit Robert, 1984.
C’est une approche plutôt biomédicale du handicap et de la santé qui s’impose ici. Il
s’agira de soigner avant tout et de faire évoluer l’état du patient à travers la
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rééducation. Le principe qui guide le travail de l’intervenant est idéalement le retour à
la norme. On retrouve ce modèle d’intervention dans les débuts de la rééducation à
travers l’idée par exemple de l’effacement du handicap (Stiker, 1982). Le travail
rééducatif peut se référer au soin, par une action sur les déficiences, ou à la
formation, par un travail sur les capacités et prioritairement tourné sur les facteurs
personnels (cf. : PPH). Du point de vue de l’évaluation, l’efficacité porte sur la façon
dont le dispositif de soin produit de bonnes pratiques qui réduisent à la foi
efficacement les déficiences, les incapacités, soignent les maladies, évitent que le
milieu de soin produise lui-même de la pathologie (exp. : longues périodes
d’alitement, effets secondaires des médicaments …).
Dans le champ des rééducations, les Soins de Suite et de Réadaptation par exemple
envisagent la place de l’intervenant en APA (circulaire 2008) sur différentes
pathologies. Les interventions peuvent être codifiées par le Programme de
Médicalisation des Systèmes d'Informations « PMSI » (car le législateur a jugé de
leur pertinence et les inscrit dans des plans de soins donnant lieu à remboursement).
L’intervention à visée curative cherchera à avoir une incidence sur la déficience, au
sens de la nomenclature (aspect lésionnel), voire en cas d’impossibilité, une
influence sur les capacités (aspect fonctionnel), en vue de limiter le handicap.
Ici l’intervenant utilise l’activité physique en partageant, avec d’autres professionnels
médicaux ou paramédicaux, le modèle de la rééducation. Par exemple il peut
travailler en collaboration avec un kinésithérapeute en piscine ou bassin aquatique...
pour atteindre un objectif de ré-entraînement à l’effort du patient, pour favoriser la
récupération de capacités fonctionnelles, pour améliorer le bien être et la qualité de
vie. La mesure des progrès est en relation avec le « programme » d’activité
proposé. Le programme est conçu à l’image d’un protocole d’intervention
thérapeutique avec des tests initiaux et en sortie du temps de prise en charge. Ce
type d’intervention en APAS nécessite d’avoir une bonne connaissance des
pathologies, de comprendre la façon dont se font les diagnostics, de connaitre les
mesures et les outils d’évaluation de la valeur physique ou de la qualité de vie…mais
aussi de comprendre les fonctions des autres professionnels de santé afin d’agir en
complémentarité avec eux. Souvent une intervention dans ce domaine peut être
perçue comme concurrentielle et générer des conflits de perspectives entre
professionnels sur le partage de la prise en charge.
Le sujet ( souvent appelé « le patient ») peut être orienté par le médecin dans une
prescription d’activités motrices qui peuvent être ou non culturellement identifiées
(par exemple faire un exercice musculaire significatif d’une dépense physique
suffisante afin d’éviter la sédentarité) . L’intervenant contrôle que le déroulement du
programme active bien les ressources permettant de réduire la déficience et / ou les
incapacités sur un plan biologique ou psychologique et tente autant que possible, de
donner un sens à l’activité physique ou l’exercice physique afin de faciliter la
continuité du programme de façon plus autonome. L’extension de la prise en charge
curative conduit l’intervenant en APAS à mener un travail en éducation thérapeutique
sur l’hygiène de vie.
Illustration de la démarche d’intervention à visée curative :
Pathologies rencontrées : ostéoporose ou fracture de la hanche.
après diagnostic : remplacement de la tête et du col du fémur par une prothèse
métallique fixée dans le canal médullaire et la surface articulaire du cotyle
généralement fixée à l’os.
APS prescrites : Gymnastique aquatique et objectifs poursuivis :
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Le professeur en APAS détermine le temps de prise en charge (nombre de séances,
temps d’intervention…) et fait une évaluation initiale ou se sert des évaluations faites
par d’autres professionnels. A la suite de cela, il planifie son protocole d’intervention
avec des objectifs précis pour chacun desquels il produira une évaluation terminale
par exemple :
* travailler en décharge (poussée d’Archimède) : le poids du corps est amoindri.
* évoluer et bouger (marcher) sans crainte de chute et sans canne
* se réhabituer à marcher sur ses deux appuis
* renforcer les muscles de la locomotion grâce aux déplacements avec résistance de
l’eau
* retrouver une certaine autonomie et fonctionnalité du corps dans des situations
d’équilibre et de kinesthésie diverses.
Il pensera aussi à intervenir sur des précautions à prendre et intégrera, dans son
plan d’action, une éducation du patient aux bonnes postures et gestuelles (cette
éducation peut entrer dans un plan de soin plus large de l’éducation thérapeutique) :
* remonter par l’échelle en mettant la bonne jambe en premier, la jambe opérée
ensuite
* ne pas descendre au maximum de flexion pour ne pas risquer la luxation
* ne pas faire de mouvements combinés (croiser les jambes)
* utiliser les cannes au bord du bassin pour soulager la jambe opérée.
Il abordera, le cas échéant, la cotation des actes effectués sur la grille du PMSI et
produira les documents nécessaires pour l’administration.
Enfin en réunion de synthèse ou d’équipe, il produira son bilan sur le cas pris en
charge.
En conclusion, ce type d’intervention repose en premier lieu sur une individualisation
de la rééducation et sur une approche plus globale (chaque spécialiste donne une
évaluation afin de produire, dans un projet collectif, un tableau du sujet et des
perspectives de prise en charge plus riches). L’intervenant en APAS envisagera
généralement le projet de sortie sur le plan des investissements possibles du sujet
vers des loisirs.
2. l’intervention à visée de médiation
La médiation peut être définie comme l’action de servir d’intermédiaire entre un
terme ou un être duquel on part et un terme ou un être auquel on aboutit. C’est
encore une pratique ou une discipline qui vise l’intervention d’un tiers pour faciliter la
circulation de l’information. Le tiers est appelé médiateur. Il travaille principalement
sur les conflits et tente de faciliter la compréhension d’une situation avec des qualités
pédagogiques et relationnelles.
C’est une approche psycho-sociale voire psycho-clinique de l’intervention en APAS.
Si la dimension psycho-clinique a malheureusement disparu de l’ensemble des
formations en APAS en France au profit d’approches « biologisantes », elle n’en
reste pas moins présente sur le terrain. Particulièrement lorsqu’il s’agit de prendre en
charge des populations lourdement handicapées, en difficulté de communication ou
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pour lesquelles le problème principal est celui de la souffrance psychique produite
par la maladie chronique (pas nécessairement la maladie mentale).
L’intervention pose en préambule, le problème de l’éthique liée au sens que peut
avoir l’activité pour les sujets auxquels elle est adressée. Ce peut être une question
de code de communication qui rend les règles et les logiques d’action
(compétition/coopération par exemple) inaccessibles ou incompréhensibles pour les
personnes (trouble mental, déficience mentale, autisme…) ou encore ce peut être
une orientation institutionnelle qui vise d’abord à prendre en compte la demande des
personnes et à respecter leur souhait à pratiquer de la façon dont ils le désirent.
Dans ce cas, on peut par exemple se trouver confronté à concevoir un projet sur
l’intervention en médiation pour des enfants qui vivent une maladie chronique dans
un milieu hospitalier leur imposant quotidiennement des soins (Herbinet).
La démarche consiste toujours à partir du désir du sujet par opposition à une
approche centrée sur le besoin. Le préambule à toute pédagogie repose sur la
capacité de l’enseignant à établir un contact avec les personnes et à comprendre,
par une analyse fine de la communication et des interactions, les ressources de
l’engagement dans l’activité. L’intervention a aussi pour but de favoriser au
maximum le contact des personnes avec le monde extérieur (autres enfants, adultes
…) par l’intermédiaire de média qui diversifient les formes de communication
(utilisation de symboles, d’expressions corporelles variées…) La multiplicité de
dialogues doit alors être vécue sur le mode de la réussite. .
Un des points les plus féconds de l’apport de cette approche réside dans le fait qu’un
sujet qui ne peut effectuer seul une tâche pourra y parvenir dans une action de
coopération avec d’autres. La question de l’autonomie n’est pas uniquement posée
en terme de fonctionnalité (comme dans l’intervention précédente) mais de capacité
à utiliser les autres pour parvenir à ses fins. L’intervenant est centré sur le projet que
le sujet élabore et accompagne pas à pas l’élaboration du projet personnel par un
étayage progressif des compétences psycho-affectives (contrôle des affects, jeu des
émotions…) cognitives, sociales et motrices.
Dans les pratiques de diation, le rôle du professionnel s’appuie sur les
productions même imparfaites des sujets pour leur permettre de les améliorer.
L’évaluation est un travail minutieux qui porte sur l’ensemble des compétences et
ressources avec un accent plus important sur les communications et les interactions.
Les compétences de l’intervenant de ce point de vue sont dans l’analyse des
situations interactives qui produisent ou non la participation de la personne. Le
travail d’évaluation est permanent et consiste bien souvent à prendre des notes sur
les comportements observés, à repérer des séquences significatives qui permettent
d’illustrer finement l’évènement qui a produit l’engagement.
L’intervenant s’intéresse aux déterminants de l’identité sociale et la façon dont celle-
ci tire profit de la pratique de l’activité physique. Il mobilise particulièrement des
connaissances sociologiques et psychosociologiques pour comprendre plus
globalement de développement la personnalité. La démarche médiationnelle est
aussi attendue dans d’autres niveaux d’intervention qui touchent à l’éducation du
patient et qui nécessitent de comprendre finement les mobiles qui favorisent le
maintien de l’activité physique dans le temps en dehors des phases rééducatives. .
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