fort entre le pouce et l’index pour le faire
décoller de la table.
Lorsque cette première phase d’approche
est terminée, il faut maintenant le dépla-
cer, sans qu’il glisse de notre prise. Tout le
challenge va consister à anticiper les fluc-
tuations de forces qui vont s’exercer entre
nos doigts. En effet, si on déplace une
masse vigoureusement, on lui soumet une
accélération importante (a) qui, multipliée
à la masse (m) résultera en une force iner-
tielle F=ma. Remarquablement, notre sys-
tème nerveux ajuste la force de préhen-
sion exercée par le pouce et l’index sur
l’objet de manière à anticiper ces fluctua-
tions à 10ms près.
Outre la masse et l’accélération, l’objet a
également un poids qui est constant sur
terre et dépend de la gravité (g). Des
études ont montré que la gravité est re-
présentée de manière spécifique au sein
de notre organisme. Il est cependant diffi-
cile d’en faire un paramètre expérimental
bien contrôlé.
Les centrifugeuses offrent une opportuni-
Des expériences en neurosciences com-
portementales permettent d'étudier le
rôle de la gravité lors de l'exécution de
tâches motrices simples comme la ma-
nipulation d'un objet. Nous ne nous
rendons pas compte de la complexité
des mécanismes implémentés par notre
système nerveux central pour déplacer
un simple objet. Avant tout mouve-
ment, une première prise d’information
visuelle est nécessaire : nous observons
la situation et estimons la masse de
l’objet, si sa surface est glissante, sa
forme etc. Tous ces paramètres phy-
siques vont influencer la manière avec
laquelle nous allons le manipuler. Lors-
que nos doigts entrent en contact avec
la surface de l’objet, les mécanorécep-
teurs situés dans la pulpe des doigts – il
y en a environ 17000 qui codent des
bandes de fréquences temporelles et
spatiales différentes – vont nous confir-
mer les informations visuelles. Si elles
ne s’avéraient pas correctes, par
exemple, si l’objet est plus glissant qu’il
n’y paraissait, il va falloir le serrer plus
té unique pour contrôler le para-
mètre gravitaire avec une très haute
résolution. Une sphère reproduisant
un cockpit d'avion de chasse est mise
en rotation au bout d'un axe de 9.1
m de rayon. L'inclinaison de cette
sphère - et donc de la personne qui y
est assise - va être adaptée en temps
réel en fonction de la vitesse de rota-
tion du système de manière à ce que
la résultante des composantes cen-
tripète et gravitaire (toujours à 1g
sur Terre) soit alignée avec l'axe du
corps. Il en résultera une sensation
(réelle) d'hypergravité. Récemment,
une série de sujets ont manipulé des
objets en subissant des plateaux
d'hypergravité entre 1g et 3g. Ce
système permet de contrôler les vec-
teurs "gravitaires" dans les trois di-
mensions en temps réel jusqu'à des
valeurs de 15g avec des change-
ments pouvant aller jusqu'à 10g/s.
(Dynamic Flight Simulator, QinetiQ,
Flight Physiological Center, Sweden).
Olivier White
Faculté des Sciences du Sport
de Dijon
BP 27877
21078 Dijon Cedex
La recherche des membres de l’U1093 s’articule autour du concept de la plasticité
pour la compréhension des processus cortico-spinaux impliqués dans l’action et
pour la rééducation de la fonction motrice. L’impact de l’activité physique sur la
plasticité cérébrale, les circuits neuronaux impliqués dans l’exécution et la simula-
tion mentale du mouvement, les lois qui régissent le contrôle du mouvement, et
l’influence du vieillissement normal et pathologique sur les processus sensorimo-
teurs constituent les axes de recherche fondamentaux du laboratoire. Les résul-
tats obtenus conduisent au développement de méthodes innovantes pour évaluer
et rééduquer la fonction motrice. L’objectif est donc d’améliorer notre connais-
sance de la fonction motrice et de ses déficiences pour mieux évaluer les consé-
quences des rééducations sur l’indépendance fonctionnelle et la qualité de vie.
Centrifuger des humains pour comprendre le rôle de la gravité dans nos mouvements
http://u1093.u-bourgogne.fr/