PHYSIOLOGIE DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE I. Les muscles squelettiques A. Structure du muscle Le muscle est entouré de membranes conjonctives qui délimitent des compartiments : La plus externe est l'épimysium qui va se poursuivre de part et d'autre par les tendons. Ces tendons se fixent sur le périoste osseux. Le périmysium divise le muscle en faisceaux et isole les fibres musculaires des autres fibres musculaires. Le périmysium donne naissance à l'endomysium constitué de fines cloisons de tissu conjonctif lâche qui pénètrent dans les faisceaux et entourent individuellement chaque fibre musculaire. B. Myofibrilles Chaque fibre musculaire (cellule) comporte un grand nombre de myofibrilles constituées elles même de myofilaments. Les myofibrilles sont les éléments contractiles qui constituent 80% du volume de la fibre. Ils ont une forme cylindrique de 1 à 2 µm de diamètre. Ils peuvent avoir plusieurs centimètres de longueur. Kevin CHEVALIER 1 C. La cellule musculaire (myocyte) 1. Ultrastructure de la cellule Ce sont des cellules qui sont constituées par la fusion de plusieurs cellules jeunes (les myoblastes). Ce sont donc des cellules polynucléées (formant donc un syncytium). Les myocytes (ou myotubes) contiennent tant de myofibrilles que les noyaux sont repoussés à l'extérieur. Une myofibrille est formée de la succession d'éléments fondamentaux appelés sarcomères. 2. Triade a. Tubules transverses Les tubules transverses sont des invaginations de la membrane plasmique qui s'enfonce en profondeur (en jaune). L'ensemble des tubules transverses constitue, par définition, le système T. Il y a 2 tubules transverses par sarcomère. Kevin CHEVALIER 2 b. Réticulum sarcoplasmique Le réticulum sarcoplasmique (lisse) est très développé dans le muscle squelettique. Il constitue des citernes, parallèle aux myofibrilles. Ils s'accolent aux tubules transverses. C'est un réservoir de Ca2+. Deux citernes terminales s'associent avec un tubule T pour former une triade. D. Sarcomère Un sarcomère est constitué : de 2 demi-disques I et d'un disque A. Il se situe donc entre deux bandes Z. Le disque I (clair) est hétérogène. Il est divisé en deux par la bande Z. Le disque A (sombre) est hétérogène également et possède en son milieu une bande plus claire : la bande H (ou AH) au milieu de laquelle se trouve la ligne M. Kevin CHEVALIER 3 1. Filaments et cellule Chaque myofibrille est constituée de myofilaments épais et fins. La bande A est constituée d'un empilement de myofilaments épais. Les myofilaments fins forment le disque I. Les filaments fins s'ancrent au milieu du disque I, formant la ligne Z. Ainsi la ligne Z est le point d'ancrage des filaments fins les uns par rapport aux autres. Ces myofilaments fins ont la propriété de glisser entre les filaments épais. Dans un disque A on observe une superposition des filaments épais et des filaments fins dans la zone AI. Par contre la partie centrale n'est formée que de myofilaments épais. C'est la partie AH. 2. Contraction Quand un muscle va se contracter, le sarcomère va se raccourcir. Les filaments eux ne changent pas de taille : ils vont glisser les un sur les autres. Durant la contraction, les myofilaments fins glissent entre les filaments épais. Ainsi, la bande AH va diminuer. Et comme une myofibrille est constituée d'une multitude de sarcomère, elle va se raccourcir, la cellule va se raccourcir et donc le muscle va se raccourcir si la contraction est isotonique. Kevin CHEVALIER 4 3. Etape moléculaire a. Filaments fins Ce sont des filaments d'actine qui sont formés d'une multitude de molécule d'actine G. L'actine G (globulaire) s'associe en polymère fibreux qui forme l'actine F (fibrillaire) sous la forme de deux filaments qui s'enroulent l'un autour de l'autre. On a aussi la présence de tropomysine qui est localisée dans le sillon central entre les 2 filaments d'actine. Il y a aussi présence de troponine qui est sous trois formes : La troponine C qui fixent le calcium La troponine T qui se lie à la tropomyosine. Ainsi elle fixe la troponine à la tropomyosine. La troponine I qui inhibe les interactions actine-myosine b. Filaments épais Ils sont constitués essentiellement par des molécules de myosine C'est une protéine constituée de 6 polypeptides avec 2 chaînes lourdes (avec une partie globulaire) et de 4 chaînes légères qui sont attachées aux chaînes lourde au niveau de la partie globulaire. Ainsi quand on parle d'une molécule de myosine, on va distinguer 3 parties : La queue Le cou La tête Kevin CHEVALIER 5 Les filaments épais sont formés par l'association de plusieurs molécules de myosines (20 à 400 selon les muscles) qui s'agencent de manière à ce que les têtes fassent hernie à l'extérieur. En effet, cette tête est porteuse de 3 propriétés fonctionnelles important : Présence des sites de liaison de l'actine Présence de sites de liaison de l'ATP Présence de l'activité ATPasique. c. Autres filaments Les filaments de titine ont une fonction de maintient. Un déficit en filaments de titine est responsable de la myopathie de Duchenne de Boulogne. III. Physiologie de la contraction A. Elément nécessaires 1. Rôle du Ca2+ Lorsqu'un potentiel d'action envahit la cellule musculaire, on va avoir une augmentation du calcium intracellulaire. Ces ions vont se fixer sur la troponine C ce qui va lever l'action inhibitrice de la troponine I sur la tropomyosine permettant le mouvement de celle-ci libérant le site de fixation des têtes de myosine qui vont pouvoir se fixer sur les molécules d'actine. L'augmentation de Ca2+ dans la cellule musculaire provoque donc une interaction entre les filaments et induit donc le glissement des filaments. Une diminution de la concentration en calcium met fin au glissement des fibres et donc à la contraction. Kevin CHEVALIER 6 2. Rôle de l'ATP 1. On a une molécule d'ADP et de phosphate inorganique fixé sur la tête de myosine. 2. On va avoir une libération de l'ADP et du phosphate inorganique. La tête de myosine se replie en tirant sur le filament d'actine. 3. La tête de myosine se détache et une molécule d'ATP va venir se fixer sur la tête de myosine. 4. La tête de myosine est mise sous tension quand l'ATP se dissocie en ADP + phosphate. Ce cycle permet le glissement de la molécule d'actine sur la molécule de myosine. Kevin CHEVALIER 7 3. Résumé Le calcium est donc responsable de la liaison entre les fibres quand l'ATP est responsable du mouvement de la tête de myosine. B. Unité motrice 1. Définition Une unité motrice est constituée d'un motoneurone et de toutes les fibres musculaires qui lui sont reliées (de 4 à plus de 100). 2. Types d'unité motrice Elles son classés en fonction de leur rôle, les muscles n'ont pas la même constitution. Les propriétés lentes ou rapides sont déterminées par le type de motoneurone. TYPE DE FIBRE Type I : Fibres lentes Type II : Fibres rapides Type II.A Couleur Vitesse de contraction Résistance à la fatigue Myoglobine Diamètre Capillarisation Mitochondries Source d'énergie Kevin CHEVALIER Type II.B Rouge Lente Forte Beaucoup Petit Forte Intermédiaire Rapide Forte Beaucoup Moyen Forte Blanc Rapide Faible Peu Grand Faible Beaucoup Beaucoup Peu Aérobique Aérobique Anaérobique 8 B. Enregistrement On stimule un nerf et on enregistre la tension musculaire d'une fibre musculaire. Quand on stimule artificiellement on a un potentiel d'action musculaire qui est électrique (90mV d'amplitude). Parallèlement on enregistre la tension que développe la contraction de l'unité motrice qui est un phénomène mécanique. On remarque une phase de latence entre le pic de stimulation et le début de la contraction. NB : Dans tous les types d'unité motrice, la contraction est toujours plus brève que la décontraction. C. Mécanisme 1. Au niveau de la jonction neuro-musculaire Kevin CHEVALIER 9 On a la terminaison pré-synaptique qui contient des vésicules d'acétylcholine. Sur la membrane cellulaire on a des récepteurs ionotropique nicotiniques (dont l'antagoniste est le curare). L'arrivée d'un potentiel d'action dans l'élément pré-synaptique va provoquer la libération des vésicules synaptiques et donc de l'actéylcholine qui va se fixer sur les récepteurs. Cette fixation va être à l'origine d'une dépolarisation : le potentiel de plaque. Quand cette dépolarisation atteint un certains niveau, elle va être à l'origine d'un potentiel d'action post-synaptique qui provoque l'ouverture des canaux Na+ et K+. Ce potentiel post-synaptique va se propager à toute la surface de la membrane, ouvrant des protéines canal au calcium. 2. Canaux Le potentiel d'action va ouvrir les canaux calciques voltage-dépendants (canal L) qui sont situés dans les membranes tubulaires. Ce canal va permettre l'entrée de calcium extracellulaire dans le cytoplasme au travers des tubules T. Ce canal L est relié au canal RyR (Ryanodine) qui est située au niveau du réticulum sarcoplasmique libérant dans la cellule le calcium contenu dans les citernes. C'est le temps qui se passe entre l'arrivée du PA, le temps que le calcium pénètre dans la cellule ainsi que le temps du coulissement qui va être à l'origine du temps de latence observé précédemment. Kevin CHEVALIER 10 3. Phase de relâchement L'acétylcholine estérase dégrade l'acétylcholine permettant donc une repolarisation de la membrane cytoplasmique et des tubules T. On a ensuite l'action de pompes dans le réticulum sarcoplasmique qui vont permettre de restocker le Ca2+ dans les citernes terminales du réticulum sarcoplasmique. Du coup, la formation des ponts actines-myosine va se terminer. On a donc un retour de la tropomyosine dans le site de fixation de l'actine entraînant un glissement passif de retour des filaments. Les sarcomères reviennent à un état de repos. D. Graduation de la force de contraction 1. Sommation spatiale Quand on veut réaliser une faible contraction, le système nerveux central, via le faisceau pyramidal, va dépolariser qu'une partie des motoneurones α (20% par exemple), on développera alors 20% de la tension maximale. SI on veut augmenter la force, on va recruter 60% des motoneurones α. Ainsi, le nombre de motoneurone α et donc d'unités motrices va pouvoir permettre de doser la contraction. Plus un motoneurone α est petit, plus il est facilement excitable. Ainsi la modulation de la contraction se fait par modulation de l'amplitude du signal électrique. 2. Sommation temporelle Encore une fois, on stimule le nerf et on enregistre un potentiel de membrane et la tension du muscle (phénomène mécanique). NB : Une stimulation entraîne une secousse musculaire (c'est-à-dire une seule brève contraction). Kevin CHEVALIER 11 Sur ce schéma les flèches représentent les stimulations. Si on stimule plusieurs fois rapidement on va avoir plusieurs potentiels d'action qui vont induire une fusion des secousses qui peut aboutir à un tétanos parfait. Ainsi, le fait d'augmenter la fréquence des potentiels d'action va permettre d'augmenter la force. Le tétanos parfait est atteint pour, en fonction des muscles, une fréquence de 50 à 70 Hz. La sommation spatiale et temporelle permet de moduler la force de contraction. IV. Biomécanique La contraction n'est pas forcément synonyme de raccourcissement. En effet, il existe deux types de contractions : La contraction isotonique (ou anisométrique) où l'on a un raccourcissement du muscle. La contraction isométrique où le muscle ne présente aucun raccourcissement (station debout par exemple). Kevin CHEVALIER 12 A. Contraction isotonique On l'obtient en faisant soulever un poids au muscle. La tension (proportionnelle à la charge) reste pratiquement constante. Plus la mase M est petite plus le raccourcissement peut être important. Quand cette masse est supérieure à la capacité de contraction du muscle, on ne peut pas la soulever. On se retrouve alors en contraction isomérique. B. Contraction isométrique La longueur du muscle est gardée constante. A mesure que le niveau de contraction augmente la tension développée augmente. C. Modèle de Hill C'est un modèle simplifié avec deux éléments en série : les sarcomères et les tendons. Le changement de longueur nécessite l'étirement des éléments élastiques au préalable. La force créée par les ponts doit d'abord étirer les éléments élastiques en série. D. Relations 1. Relation force – longueur En fonction de la longueur du muscle, on n'aura pas la même force de contraction. Pour un muscle trop court (trop contracté), la contraction sera faible (voire nulle) car on a déjà un chevauchement maximum des filaments. A contrario, pour un muscle trop long (trop étiré), la contraction sera là aussi faible (voire nulle) car il n'y a plus de chevauchement entre les fibres. Les filaments fins ne peuvent plus glisser sur les filaments épais. Ainsi, il faut une longueur moyenne pour avoir une contraction maximale. Kevin CHEVALIER 13 2. Relation puissance-vitesse La puissance est égale au travail divisé par le temps J/s. Le travail est égal au produit de la force par le déplacement. Ainsi la puissance P est le produit de la force par la vitesse. La puissance développée par un muscle est fonction de la vitesse de contraction de celui-ci. Ainsi, la puissance développée est moins importante dans les muscle de type I (rouge) que dans les muscles de type II (blanc). Néanmoins, si la contraction est trop rapide, la puissance chute aussi. Kevin CHEVALIER 14