Jeunes à vendre : marketing en ligne et protection de la vie privée http://www.media-awareness.ca/francais/parents/internet/jeunes_vendre_parents/index.cfm?RenderForPrint=1 Internet fait partie de la culture des jeunes et 99 % ont déjà navigué sur le Net. Faut-il s'étonner d'apprendre que les spécialistes du marketing les attendent de pied ferme ? Est-ce inquiétant ? Faut-il en avertir nos enfants ? La réponse à ces deux dernières questions est « Oui ». Que les jeunes naviguent pour le plaisir ou pour leurs travaux scolaires, ils sont inévitablement exposés à un moment ou un autre à des techniques de marketing élaborées spécifiquement pour eux. Il est important qu'ils comprennent quand, comment et pourquoi. Jamais auparavant la publicité n'avait disposé d'un média aussi captivant qu'Internet pour impliquer les jeunes consommateurs, collectivement ou sur une base individuelle. Cette section vous permettra d'apprendre à vos enfants à protéger leur vie privée en leur permettant de reconnaître les diverses techniques de marketing qui leur sont destinées. Plus des trois quarts des jeunes qui jouent à des jeux axés sur un produit pensent qu’il s’agit « simplement de sites de jeux » et non de sites « essentiellement de nature commerciale ». (Source : Sondage Jeunes Canadiens dans un monde branché, Réseau Éducation-Médias, 2005) Protection de la vie privée http://www.media-awareness.ca/francais/enjeux/vie_privee/index.cfm À l'âge du numérique, où la collecte de données personnelles représente une valeur inestimable, la protection de la vie privée prend une importance de plus en plus grande. Cette section explique en quoi la protection de la vie privée est un enjeu important et de quelle manière l'Internet et le commerce électronique peuvent mettre en danger la protection des informations personnelles. Elle offre également des renseignements sur les directives canadiennes et internationales concernant la collecte, l'utilisation et la divulgation des informations personnelles. En quoi la protection de la vie privée est-elle un enjeu important ? http://www.media-awareness.ca/francais/enjeux/vie_privee/vie_privee_enjeu.cfm Le droit à la vie privée est fondamental. C’est la pierre angulaire d’une société démocratique et de toutes ses lois, qu’il s’agisse du secret du vote, de la confidentialité des rapports entre médecin et patient ou client et avocat, comme du principe de la propriété privée ou de la liberté individuelle. Alors comment se fait-il que la protection de la vie privée soit devenue une des questions brûlantes de ce début du XXIe siècle ? Le développement des nouvelles technologies d’information et de communication permet aux gouvernements comme aux entreprises de collecter, garder en mémoire et « exploiter » comme jamais auparavant une quantité grandissante de renseignements d’ordre personnel. Dès 1996, Bruce Phillips, alors Commissaire à la protection de la vie privée du Canada, s’inquiétait : « Une grande part des éléments qui constituent la personnalité d’un être humain sont désormais à vendre ou à acheter et donne lieu à un énorme trafic. Gouvernements et entreprises commerciales veulent tout savoir de nous ou presque. » Depuis lors, des histoires invraisemblables ont émergées des conséquences imprévisibles de ce commerce de l’information privée. Un salon funéraire canadien, qui s’était procuré les noms et adresses de victimes du cancer, a envoyé à une Montréalaise une proposition de concession funéraire et de services d’inhumation prépayés. Un fabricant de sucreries a envoyé par courrier des barres de chocolat aux membres d’un programme Weight Watchers dont il avait réussi à ses procurer la liste. Une partie des informations confidentielles du dossier de santé d’une patiente de Toronto s’est retrouvée dans des centaines de boîtes à lettres, imprimée à l’endos d’un dépliant de promotion immobilière. Certains des cobayes d’une recherche sur l’anémie à cellules falciformes, qui avaient accepté de fournir des échantillons d’ADN aux chercheurs, se sont rendu compte qu’ils avaient de plus en plus de mal à trouver de l’emploi ou un assureur. Selon Phone Busters National Call Centre, en 2003, plus de 13 000 Canadiens ont été victimes d’usurpation d’identité, engendrant un coût total de plus de 21 millions de dollars. En 2002, seulement 7 600 cas avaient été rapportés. L’humiliation, la discrimination ou les conséquences économiques résultant de ce genre de pratiques soulèvent de sérieuses questions sur l’impact des nouvelles technologies sur la liberté individuelle, les relations sociales et la démocratie. Selon le sociologue David Lyon, cette surveillance omniprésente se traduit par une sorte de « tri social » par ordinateur, une classification des individus en groupes hiérarchisés qui ne fait que « renforcer les divisons sociales déjà existantes ». De son côté, John Godfrey, un député fédéral, souligne que l’atteinte à la vie privée fragilise l’exercice d’autres droits fondamentaux comme la liberté de parole et le droit d’assemblée. Alan Westin, un spécialiste reconnu dans le domaine, affirme que le droit à la vie privée ne survivra que si individus, groupes et institutions sont en mesure de déterminer eux-mêmes quand, comment et jusqu’à quel point des informations personnelles les concernant peuvent être communiquées à des tierces parties. Après le 11 septembre, face à la lutte que doivent maintenant mener les tribunaux pour équilibrer exigences de sécurité et libertés civiles, la protection de la vie privée apparaît de plus en plus importante au niveau social aussi bien que politique. La protection de la vie privée et les jeunes http://www.media-awareness.ca/francais/enjeux/vie_privee/vie_privee_jeunes.cfm Le Web leur propose des milliers de sites fascinants. Il est tout fait compréhensible que les jeunes aiment naviguer sur Internet. Certains sites sont éducatifs, d’autres commerciaux, mais il est fort probable que si un jeune recherche les jeux les plus populaires et les plus performants, il les trouvera sur un site commercial. D’ailleurs, les experts du marketing en ligne leur ont créé des environnements de divertissement où le contenu et la publicité s’imbriquent merveilleusement. Ces « cybermondes » spécialement destinés aux enfants permettent aux publicitaires d’offrir aux jeunes la possibilité de s’amuser avec des marques de produits et de les fidéliser graduellement. De plus, pour alimenter leurs banques de données, les publicitaires collectent des informations en invitant les jeunes à remplir des formulaires pour pouvoir jouer sur le Net et participer à des concours. Des sites comme Jeuxvideo.com et Musique Plus misent sur le fait que les jeunes représentent un marché démographique important. Selon une étude réalisée par YTV en 2002, les jeunes Canadiens de 9 à 14 ans dépensent personnellement 1,7 milliard de dollars par année et peuvent influencer pour une somme jusqu’à 10 fois plus élevée les dépenses familiales. L'Internet est le moyen idéal de rejoindre ce marché lucratif. Deux études réalisées en 1999 et 2000 par le Réseau Éducation-Médias montrent que 80 % des jeunes sont seuls quand ils naviguent sur Internet et que la plupart des parents ignorent tout des activités de leurs enfants en ligne. Ainsi, 65 % des parents pensent que leurs enfants utilisent essentiellement la Toile pour leurs travaux scolaires, alors que 56 % des jeunes citent le courriel comme étant leur activité préférée ; 50 % naviguent pour le plaisir ; 40 % utilisent les messageries instantanées et 39 % fréquentent des bavardoirs. Autant d'activités qui se prêtent à la divulgation, même involontaire, d'informations personnelles. De la même manière, 59 % des jeunes répondants se disent prêts à donner leur nom et d'autres renseignements personnels pour courir la chance de gagner un prix à un concours : 52 % d'entre eux donneraient leur adresse de courriel. En avril 1999, l'Association canadienne du marketing a amendé son Code de déontologie pour y ajouter un certain nombre de clauses concernant la vente et la promotion auprès d'enfants de moins de 13 ans. Ces directives, établies sur une base volontaire, insistent sur l'obligation de ne pas recueillir d'information auprès des enfants sans le consentement exprès des parents. La même chose s'applique à la vente de produits. Enfin, langage et images utilisés dans les publicités doivent être appropriés à l'âge des enfants. En quoi la protection de la vie privée est-elle compromise ? http://www.media-awareness.ca/francais/enjeux/vie_privee/vie_privee_compromise.cfm Alan Westin, un des premiers à définir la «vie privée» en termes politiques, affirme que « à l'ère des nouvelles technologies, le droit à la "vie privée" devient le droit des individus, des groupes et institutions de déterminer pour eux-mêmes quand, comment et dans quelle mesure l'information qui les concerne peut être communiquée à d'autres. Nous sommes nombreux à ne pas savoir que, une fois branchés sur Internet, nous laissons une trace électronique de nos différentes activités en ligne et qu'ainsi nous pouvons sans le vouloir fournir des informations personnelles à des organisations ou personnes à la recherche de ce genre de données. Des renseignements comme nos habitudes de navigation, nos sites préférés et nos achats en ligne, peuvent se révéler très utiles aux compagnies qui font affaire sur Internet. La technologie leur permet d'aller chercher ces informations personnelles de différentes manières et de les réunir pour obtenir finalement un portrait de nos comportements en ligne. Une fois recueillies, ces informations peuvent être vendues, ou offertes en échange, à des tierces parties, ministères gouvernementaux, organismes chargés de l'application de la loi ou entreprises commerciales. Les fichiers témoins et les pixels invisibles sont des outils de « pistage » couramment utilisés pour suivre nos activités en ligne. Ils permettent de recueillir de l’information sur vos habitudes de navigation. Les logiciels espions peuvent scruter le contenu de votre ordinateur pour recueillir de l’information personnelle et connaître aussi vos habitudes de navigation. Fichiers témoins On appelle fichier témoins les fichiers textes installés par des sites Web sur l'ordinateur de leurs visiteurs. Il peut s'agir soit d'un fichier témoin de session qui disparaît dès que le visiteur quitte le site, ou d'un fichier témoin persistant qui permet de reconnaître l’utilisateur à sa prochaine visite. Quand l'internaute revient sur le site, le navigateur envoie au site visité le contenu du fichier témoin. Le site est alors en mesure de consulter l’historique des activités de cet l’utilisateur sur ce site. Il peut alors personnaliser l'information qu’il va offrir. Les témoins peuvent faciliter la navigation sur le Web, mais ils offrent aussi aux opérateurs de sites Web le moyen de « pister » les activités en ligne des internautes et de dresser un profil personnel de leurs comportements en ligne, habitudes de navigation et d'achat. Pixels invisibles Ces petits graphiques transparents, généralement insérés dans des courriels ou des sites Web ont plusieurs fonctions. Dans un courriel, ils servent à déterminer si le message a été lu, par quelle adresse IP, combien de fois et à quelle heure. Les émetteurs de pourriels les utilisent pour valider les adresses de courriels. Sur un site web, les pixels invisibles peuvent aider à répertorier les sections les plus visitées. Utilisés en tandem avec les fichiers témoins et les informations personnelles données pour s’inscrire à un service en ligne ou à un concours, ils peuvent permettre d’obtenir un profil très détaillé d’un usager. Logiciels espions Certains logiciels téléchargeables sur Internet, comme ceux de partages de fichiers musicaux, arrivent parfois accompagnés d'autres logiciels qui ont pour fonction de recueillir des renseignements personnels. Ces « espions » tracent les sites Web visités par un internaute et s'en servent pour bâtir son profil personnel. Certains logiciels espions peuvent aussi aller chercher l'information contenue dans les fichiers de votre ordinateur. Le principal problème que posent tous ces types de surveillance en ligne, c'est d'intervenir le plus souvent à l'insu et sans le consentement de l'utilisateur. Les défenseurs du droit à la vie privée insistent sur le fait que les compagnies de marketing devraient toujours s'assurer du consentement d'un utilisateur avant de placer des témoins dans son ordinateur et de recueillir des données sur ses activités en ligne. En réponse à l'inquiétude que soulève la surveillance électronique, de nombreux sites commerciaux se sont dotés de politiques de protection des renseignements personnels, où est expliqué pourquoi et comment certaines informations sont recueillies, utilisées ou archivées. Toutefois, selon les résultats de l’enquête réalisée en 2003 par l'Annenberg Public Policy Center de la University of Pennsylvania, 57% des adultes pensent à tort qu’un site affichant une politique de protection des renseignements personnels ne diffusera pas ces données