LES GRANDES HEURES DE LA ROUTE
Il est évident qu'un chemin qui a été parcouru, de l'Antiquité au 18ème siècle,
par des caravanes de mulets, des soldats et des marchands, des moines et des
pèlerins, a attiré aussi l'attention des autorités locales intéressées, d'une part par
la sécurité, d'autre part par le profit des foires.
Nous savons que l'église a certainement été fondée par un évêque de Limoges
sous le vocable de Saint Hilaire. On le célèbre le 13 janvier et la foire du 11
janvier qui précède de deux jours la fête de ce saint a dû être fondée en son
honneur.
Aux premiers temps de la féodalité, vers l'année mil, Saint Hilaire Peyrou
appartient aux Malemort : ce sont eux, en principe, qui surveillent la route et les
foires dont ils perçoivent les taxes, et sans doute un péage qui se trouvait à
Derses, à l'entrée de leur baronie.
En 1372, les Malemort vendent la seigneurie de Saint Hilaire Peyrou aux
Vicomtes de Turenne qui en font une châtellerie, avec Chameyrat qu'ils
possédaient déjà, et Venarsal.
Les avantages d'être en Vicomté étaient nombreux et surtout très intéressants au
16ème et 17ème siècles : on ne payait pas la taille au roi, impôt qui avait
tendance à augmenter sans cesse, et on ne logeait pas les soldats du roi en
quartiers d'hiver. Ils n'étaient donc pas censés entrer en Vicomté en provenance
de Brive ou de Tulle. C'est probablement pour cette raison qu'ils empruntaient la
route de Tulle à Saint Germain les Vergnes, puis Sainte Féréole, avant de
descendre vers Malemort.
La route par le Peyrou, qui ne devait être d'abord qu'un chemin muletier, comme
tous les axes secondaires, a ensuite été rendue accessible aux charrettes, et
probablement aussi au courrier qui transitait de Tulle à Brive. Selon l'érudit
Champeval, dans son ouvrage sur les paroisses du Bas Limousin, il y avait au
Peyrou un relais pour les chevaux et sans doute des auberges ou des cabarets. Il
ne s'agissait pourtant pas d'une route royale.
Après la vente de la Vicomté de Turenne au roi en 1738, et la vente de la
châtellerie de Saint Hilaire, Chameyrat et Venarsal , va se poser la question de la
route. Visiblement, l'intendant et les agents en charge de cette route préféraient
privilégier la tracé par Sainte Féréole, plus long, mais sans doute plus commode
à la sortie de Malemort. Il est certain que la route en lacets qui descendait vers la
vallée de la Couze était plus adaptée aux chevaux et mulets qu'aux voitures. La
paroisse de Saint Féréole, dont le seigneur était l'évêque de Tulle, avait dû faire
valoir sa longue fidélité au roi.
Dans leurs cahiers de doléances rédigés en 1789, les habitants de Saint Hilaire
Peyrou se plaignaient de 2 choses : - leurs impôts qui ont décuplé depuis la
vente de la vicomté - aucun chemin praticable pour voiturer les denrées à Tulle