III. L’Intervention des puissances
1. Nécessité d’intervenir et intérêt des européens
La Guerre d’indépendance grecque intéresse en fait beaucoup les européens car l’équilibre
européen est mis en péril. Pour la Serbie et les principautés danubiennes, la situation était différente
car il s’agissait de zones d’influence définies par la diplomatie européenne et attribuées à la Russie et
à l’Autriche. Mais pour la Grèce, les choses sont différentes car il s’agit d’un pays méditerranéen et
concernant toute l’Europe.
Chaque pays a un intérêt différent à intervenir dans le pays. L’Angleterre souffre tout d’abord de
l’anarchie du commerce pour lequel l’indépendance des grecques rétablirait de l’ordre. De plus, les
anglais veulent intervenir pour empêcher les russes de se déclarer protecteur de la Grèce et ainsi de
pénétrer en Méditerranée car ils veulent garder le privilège de leur route des Indes. De plus, une
intervention est nécessaire car l’opinion publique est passionnée, la presse anglaise a sensibilisé la
population à la cause helléniste.
2. Ferveur des philhellènes
D’autre part, un courant philhellène très fort se développe. Cela correspond à une deuxième
lecture, celle des européens. Le siège de Missolonghi symbolise la résistance grecque et la mort de
Byron fait de ce dernier un martyr de la cause. De la peinture de Delacroix, « La Grèce expirant sur
les ruines de Missolonghi », aux poèmes d’Hugo, « L’Enfant grec aux yeux bleus », la mobilisation de
l’opinion publique est considérable en Europe, au point d’agir sur les gouvernements. On perçoit les
Grecs comme combattant pour la liberté dans un Orient mythique (même si l’on s’émeut plus
facilement des atrocités perpétrées par les ottomans plutôt que de celles des grecs…). De nombreux
intellectuels sont engagés comme on peut le voir par l’intervention de Fabvier et de Church à
Athènes ou bien par le dévouement de Chateaubriand. Les français sont les pionniers du courant. Le
pays a quelques atouts favorables à une intervention puisqu’ils ont quelques partisans chez les grecs
et un point d’appui dans l’Egypte de Méhémet Ali à la base. Ainsi, les pays rompent avec la politique
de soutien à l’Empire ottoman et reconnaissent leur soutien aux grecs belligérants.
3. Politique des puissances
Les puissances proposent tout d’abord leur médiation à la Porte mais Mahmud II refuse sans
délai : Il leur expose leur contradiction avec la Ste Alliance devant les cours européennes. C’est le
début de la déliquescence de la Sainte Alliance. Mahmud II explique alors que le sujet doit
obéissance à son souverain et que le souverain a tous les droits de régler ses propres affaires, il
ajoute également que l’intervention des puissances augmenterait la révolte grecque. L’intervention
des puissances est donc un événement très important, c’est la première fois que d’autres pays
interviennent directement dans un autre en politique.
Les puissances vont plus loin : En 1827, lors de la Conférence de Londres, la Russie,
l’Angleterre et la France demandent l’armistice et une médiation de la Triple Alliance en procédant à
une politique d’intimidation : Si le sultan refuse, les pays décréteront eux-même l’armistice et feront
respecter leurs escadres. Le sultan maintient sa position, ce qui donne lieu à la bataille de Navarin où
les flottes égyptiennes et turques sont détruites. Cet événement n’était pas souhaité par les
puissances et reste « déplorable » à leurs yeux bien qu’il a donné un grand espoir aux grecs.
Enfin, dans le traité d’Antinople, la Porte reconnait un Etat grec bien qu’il faille attendre juillet
1832 pour que le sultan accepte une indépendance totale sans tribut et ce en échange d’une forte