Brevet de Technicien supérieur Commerce international 2ème

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Brevet de Technicien supérieur Commerce international 2ème année
LA POLITIQUE ECONOMIQUE - Enjeux et défis
Brefs rappels
- La valeur ajoutée mesure la richesse créée par l’activité de production marchande et non
marchande. Elle constitue donc l’origine de tous les revenus distribués aux agents économiques.
- Voir le tableau de répartition de la VA
- Voir le TD relatif au circuit économique
- Le partage de la VA conduit les groupes sociaux à s’opposer. Un rapport de force préside
les relations entre salariés et employeurs : la croissance relative des salaires, pour une VA
donnée, entraîne la diminution de la part des profits. Les apporteurs de capitaux peuvent
s’inquiéter d’une diminution des dividendes versés ou d’une réduction de la capacité
d’autofinancement de l’entreprise.
La grève constitue le moyen le plus classique de la revendication salariale. Mais l’issue de
ce rapport de force reste largement déterminée par :
- le taux de croissance,
- le taux de chômage,
- les modes d’organisation de la négociation collective
- Les pouvoirs publics, depuis les années 80, encouragent d’autres formes de rapports :
- L’association des salariés au profit des entreprises...
- Le développement de l’actionnariat salarié... (dont les stocks options)
- Selon les libéraux, la diminution de la part des profits dans la VA réduit l’incitation à
investir et, donc, la croissance économique et l’emploi. Ils préconisent la mise en oeuvre d’une
politique de l’offre visant à la restauration des profits des entreprises.
- Les keynésiens affirment que la diminution de la part des salaires dans la VA peut
entraîner une restriction des débouchés pour les entreprises. L’investissement se réduit par
manque d’une demande suffisante. Les gains de productivité doivent absorber la hausse des
salaires que préconisent les keynésiens, afin d’éviter une inflation trop importante.
Revenu
primaire
des ménages
Revenu
disponible
des ménages
=
=
Revenus du
capital versés au
propriétaire d’un
patrimoine
Revenu
primaire
des ménages
+
-
Revenus mixtes
versés aux
travailleurs
indépendants
Impôts (IRPP)
et cotisations +
sociales
+
Revenus du
travail versés aux
travailleurs
salariés
Prestations sociales
versées aux
ménages
1
L'État providence est une conception politique de l'État dans laquelle celui -ci prend en charge les
conséquences «humaines » des déficiences des marchés. Elle se traduit directement par un ensemble
d'institutions (Sécurité sociale, caisses de retraite, assurance chômage...) chargées d'assurer la protection
sociale. L'État providence trouve ses fondements idéologiques dans la notion de bien-être qu'il doit
garantir, et bien qu'étant l'émanation d'un contexte économique défavorable il correspond à un véritable
projet de société.
Cette conception s’oppose à la vision des libéraux pour lesquels l’Etat doit limiter son intervention
aux “fonctions régaliennes” traditionnelles : la défense nationale, la justice, la police et l’ordre public et la
diplomatie. L’histoire a montré que ces deux modèles sont restés théoriques dans leur expression pure
puisque l’Etat a toujours joué un rôle admis et revendiqué, dans, par exemple, le domaine monétaire.
Le raisonnement économique rationnel (et la réalité actuelle) met en question l’efficacité
d’un transfert de revenu. Rappelons la définition classique de l’efficacité de Wilfrid PARETO :
“Une situation est économiquement efficace dès lors qu’il est impossible, par des réformes appropriées,
d’améliorer le bien-être de certains agents sans nuire à aucun autre”.
La redistribution (schématisée page 1) a des effets sur le système de prix : les prélèvements
sur le salaire vont induire une distorsion entre le coût du travail à la charge de l’employeur et le
salaire perçu par le salarié.
Elle fait apparaître la question d’un transfert qui n’inciterait pas, par son poids monétaire
trop important, à la recherche d’un travail ou à l’augmentation de salaire...
Bref rappel de microéconomie : Une fiscalité trop lourde implique deux effets simultanés et opposés :
- Un effet de substitution qui réduit la valeur du temps de travail et qui incite le salarié à utiliser son temps
ailleurs que dans le travail.
- Un effet revenu qui, dans le même temps, le salaire réel ayant diminué, incite le salarié à travailler davantage
pour retrouver le niveau de revenu antérieur.
La vision de la société, pour les néoclassiques, passe par la démarche de l’ “individualisme méthodologique”.
Les choix des individus (travailler ou se reposer, consommer ou épargner...), loin de relever d’une logique de classe,
s’effectuent selon une rationalité visant à “la maximisation de la satisfaction des besoins”, compte tenu des
contraintes de marché et de leur propre contrainte budgétaire. Lorsque la consommation d’un bien varie légèrement,
son utilité varie également. Cette variation s’appelle “utilité marginale”.
L’équilibre du consommateur, qui est aussi un salarié, se nomme chez les Néoclassiques “équilibre du
fournisseur de services producteurs”. Donc l’équilibre s’établit entre le besoin de consommer (l’utilité des biens
achetés) et le besoin de travailler (la “désutilité” du travail), les deux valeurs étant pondérées par leur prix respectif.
La redistribution de revenus désigne donc la modification, par les administrations
publiques, des revenus primaires versés aux ménages. Le poids économique, politique et social
garde une place fondamentale dans les pays développés à économie de marché.
L’Etat intervient, dans une même logique, dans les domaines de l’emploi, de l’industrie, des
revenus et de la monnaie (voir le cours La monnaie et la politique monétaire).
Qu’est-ce qui justifie cette intervention ? Quels en sont les enjeux et les défis ? L’évolution
historique de la politique budgétaire révèle des enseignements dans le contexte actuel.
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I - LE MANIEMENT DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
La crise de 1929 a incité les pouvoirs publics à inventer un outil, le budget de l’Etat pour
jouer sur les variables macroéconomiques telles que la demande, la production et, par
conséquent, agir sur l’inflation et le chômage. Keynes a donné à cette intervention de l’Etat un
fondement théorique solide qui n’en a pas moins été contesté.
Par ailleurs, l’ensemble des groupes socio-économiques essaie d’influer sur les mesures
économiques de l’Etat en agissant politiquement auprès du gouvernement qui en a la charge.
A - Equilibre économique et chômage durable
1 - L’un des grands mérites de Keynes reste d’avoir montré que l’équilibre tant
recherché par les économistes (cf. les travaux de Walras) dans une économie de marché peut
s’accommoder d’un chômage durable en cas d’investissements insuffisants.
2 - Seul l’Etat peut rompre cet “équilibre de sous-emploi” en créant une
demande supplémentaire : soit par des dépenses supplémentaires, soit en réduisant les impôts.
3 - Cette demande supplémentaire influe très fortement sur la production grâce
au mécanisme du multiplicateur (voir applications) : les dépenses publiques engendrent des
revenus pour les entreprises et les ménages qui sont dépensés en fonction de la propension à
consommer. Ces dépenses entraînent une nouvelle production, d’où une nouvelle distribution de
revenus.
- Mais une croissance trop rapide peut entraîner des tensions inflationnistes qui
peuvent être régulées par une augmentation d’impôt ou une diminution des dépenses publiques.
L’Etat dispose ainsi d’un outil, le budget, pour réguler l’économie :
- Les politiques de relance qui augmentent la demande afin de réduire le chômage,
- Les politiques de “rigueur” qui la freinent pour lutter contre l’inflation.
Ces politiques sont appelées contracycliques car elles contrarient le cycle économique.
B - Les limites d’une politique budgétaire
L’enchaînement Dépenses/Production/Revenus rencontre des limites :
1 - Tous les revenus ne sont pas dépensés : l’impact des politiques publiques
s’affaiblit peu à peu d’où l’importance de la question de la propension marginale à consommer...
2 - Les dépenses supplémentaires de l’Etat doivent être financées. Si elles
entraînent pour cela une hausse des impôts, l’effet sur l’activité économique demeure faible.
3 - La création de monnaie, “la planche à billets”, interdite dans la plupart des
Etats (voir les chapitres suivants relatifs à la monnaie et à la politique monétaire) implique un
recours important à l’emprunt... qui est remboursé par une hausse d’impôt...
4 - L’action de la demande ne reste utile que si l’offre peut y répondre, si les
capacités de production inutilisées existent... Mais quand la production revient au niveau de ses
capacités maximales, la stimulation de la demande provoquera de l’inflation car il faut un certain
délai aux entreprises pour répondre à cette demande.
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II - LE SUCCES RELATIF DES POLITIQUES KEYNESIENNES
Les années 50/75 ont montré que les politiques keynésiennes connurent un grand succès,
notamment dans la stabilité économique de cette période.
Mais les chocs pétroliers ont révélé leurs limites :
- Les tentatives de relance ont réveillé l’inflation et non la croissance,
- Les politiques de rigueur ont aggravé le chômage et ont stabilisé les prix que
très longtemps après leur mise en application.
Quelles en étaient les causes, aujourd’hui mieux identifiées ?
A - Des variations de prix peu cohérentes
1 - Les entreprises ont répondu à la baisse de leur activité par une hausse des
prix et non par leur diminution ainsi que le veut la théorie classique...
2 - Par ailleurs, les salaires ont continué d’augmenter trop rapidement par
rapport au ralentissement de la croissance et à la montée du chômage. La situation financière des
entreprises s’est dégradée.
Donc, la faiblesse de la croissance viendrait des transformations des conditions de
l’offre et non de l’insuffisance de la demande. Une politique budgétaire de relance ne permet
pas d’améliorer une telle situation inédite depuis de nombreuses années.
B - Une politique extérieure contradictoire
1 - Pour répondre à l’augmentation des importations de pétrole (en volume et
en valeur), la plupart des pays développèrent leurs exportations (voir les politiques extérieures
libérales de nombreux pays en développement). Tous les pays européens ont pratiqué
simultanément la même politique, encouragés par une libéralisation des échanges mondiaux qui
aggravèrent leur dépendance réciproque...
2 - Plus un pays s’ouvre vers l’extérieur, moins la politique budgétaire est
efficace :
- Une partie des revenus supplémentaires est consacrée à l’achat de biens
et services étrangers, phénomène qui rompt le processus Dépenses/Production/Revenus. Ces
“fuites” réduisent l’effet multiplicateur.
- Tous les pays ne relancent pas ensemble leur activité économique, car
chacun d’eux ne voit pas l’intérêt de pratiquer seul des déficits car il s’endette seul et permet aux
autres économies de bénéficier de sa relance.
3 - Le choix de financement des déficits par l’emprunt sur les marchés des
capitaux a eu pour corollaire la lutte prioritaire contre l’inflation afin de faire baisser les taux
d’intérêt et donc de limiter le coût des emprunts. Les Etats ont dû montrer “aux marchés” leur
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volonté de ne pas pratiquer de politiques susceptibles de relancer l’inflation ou le déficit
extérieur.
Les politiques de relance budgétaires ont donc changé d’objectifs : freiner l’inflation et
renforcer la monnaie (voir la politique de la France en 1982/1983 ou la politique américaine
qualifiée de “keynésianisme militaire”).
Enfin, le simple maintien, dans les années de récession du début des années 90, des
politiques antérieures a entraîné “mécaniquement” une hausse des dépenses (notamment celles
consacrées à l’emploi) et une diminution des recettes : la baisse des revenus, donc des bénéfices et
de la consommation, entraîne une diminution des recettes fiscales et des cotisations sociales,
donc un creusement du déficit qui est subi (et non recherché).
Ce mécanisme de “stabilisation automatique” a entraîné une très forte augmentation de la
dette de l’Etat.
III - LA POLITIQUE ECONOMIQUE DANS LE CONTEXTE ACTUEL
Le contexte du début des années 2000 a modifié l’impact de la politique économique et plus
spécialement de la politique budgétaire.
A - Une certaine stabilité économique
1 - Les entreprises présentent une situation financière, notamment en France,
satisfaisante : le taux de marge (la part des richesses produites qui revient aux entreprises) se
situe à un niveau historique. Elles annoncent des bénéfices très élevés et les cours de la bourse
demeurent, malgré une récente stabilisation, relativement importants (les cours boursiers
représentent en théorie l’anticipation de profits futurs).
La contrainte d’offre : les entreprises ne peuvent investir car manque de rentabilité, a
donc disparu.
2 - L’inflation est maîtrisée. Malgré la crainte d’un phénomène d’ “autoentretien”, la stabilité des prix semble devenir la norme : les prix réagissent peu à un choc
inflationniste.
La contrainte d’offre rendant les actions sur la demande inopérantes a donc disparu,
même si la marché du travail connaît un chômage persistant.
3 - Enfin et surtout, la contrainte de change a disparu. L’Allemagne a donc pu
imposer un pacte de stabilité et de croissance limitant une relance excessive (voir la construction
économique de l’Europe maastrichtienne).
Ce contexte signifie-t-il un retour de la politique budgétaire dans une optique dynamique ?
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B - Le retour de la politique budgétaire de relance en France
1 - Un choix de politique complexe.
Le pays souffre d’un endettement public excessif. Le choix de la politique budgétaire
française a consisté à maintenir une faible augmentation des dépenses et une diminution sensible
des impôts.
Certains domaines, la Justice, l’Environnement et l’Education, réclamaient des
investissements urgents, mais les dépenses pour l’emploi ont continué d’augmenter et la dette
publique constitue le 1er ou le 2ème poste de dépenses de l’Etat.
Un retour de la croissance aurait permis de rembourser plus rapidement la dette. Mais le
pacte de stabilité, signé à Amsterdam en 1997, limite le déficit à 3 % du PIB qui semble
insuffisant en période de récession pour relancer l’économie. Les analyses macroéconomiques
montrent qu’un déficit économique de 3 % serait efficace à condition de partir d’une situation
d’excédent... ce qui ne semble pas le cas actuellement.
2 - Une situation paradoxale.
Au lieu de pouvoir appliquer une politique de relance, le choix risque de se complexifier,
dans le contexte de récession économique de cette année 2003 :
- Le ralentissement réduit les rentrées fiscales et augmente, même
légèrement les dépenses et amène le déficit au delà des 3 %. Les pays comme la France doivent
donc soit augmenter les impôts, soit diminuer les dépenses et aggraver leur situation
économique et sociale.
- La politique budgétaire doit s’articuler avec la politique monétaire. La
Banque centrale a pour vocation de baisser les taux pour favoriser la croissance, à condition que
les finances publiques soient saines. Mais en Europe, il subsiste un déséquilibre entre une
politique monétaire véritablement européenne et une politique budgétaire quasi inexistante : le
budget européen représente moins de 1,2 % du PIB de l’Union européenne.
Une véritable politique budgétaire européenne passe certes par une réduction des déficits qui
permettrait de modifier les règles, mais aussi et surtout par un véritable choix politique...
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