La première réalité est que tout ce qui est ici, l’ensemble de l’univers, les êtres vivants,
les objets et les phénomènes, est interconnecté ou relié au sein d’une totalité, un grand
ordre des choses. Il y a des structures, des motifs ou des lois qui gouvernent la manière dont
les parties de cette totalité interagissent les unes aux autres dans cet univers à différents
niveaux. Les organisations, les entreprises font elle aussi partie d’un système plus large, régit
par ce grand ordre. Cela peut aider le leader à gérer des situations complexes de manière plus
appropriée au lieu de se focaliser sur des mesures étroites, symptomatiques et centrées sur
l’avantage exclusif qu’en retirera son organisation. La prise de conscience de leur
interrelation, leur interdépendance conduit les individus et les organisations à identifier leur
cercle d’influence et de responsabilité. Cela les conduit aussi à développer des programmes
divers dans le domaine social, de l’environnement, etc. pour le bénéfice de la société toute
entière. Car ce qui est bon pour la société est bon pour l’entreprise et ses profits !
La deuxième réalité est qu’il y a un ordre du dharma, une matrice de valeurs éthiques
universelles, qui gouverne les interactions des êtres humains avec le monde, y compris
dans le monde de l’entreprise. Le dharma n’est pas imposé de l’extérieur, par la justice
d’un pays, par les parents ou quelconque autorité quelle soit religieuse ou non. Le dharma est
universel c'est-à-dire qu’il est ancré en chacun de nous de manière innée et a pour raison
d’être de nous aider dans nos décisions. Chacune de nos actions a un impact non seulement
sur le monde autour de nous mais aussi sur nous-même. C’est en cela qu’il est essentiel pour
tous les individus, les leaders inclus, de prendre en compte les conséquences de leurs actions.
L’approche de la philosophie Indienne ajoute que l’ordre du dharma, même s’il est universel,
n’est pas absolu. Il ne se présente pas sous la forme de commandements ou d’avis impérieux
moraux en blanc et noir mais doit être interprété selon des critères définis pour s’appliquer de
manière valide à des situations diverses pour des personnes elles aussi diverses.
La troisième réalité est peut être la plus pertinente pour les dirigeants. Les résultats de nos
actions ne dépendent pas entièrement de nous mais sont gouvernées par des lois de
cause à effet, portant le nom de karma. Cet ordre du karma connecte, relie, intègre nos
actions et de celles des autres individus, aussi bien du présent que du passé et manifeste les
situations que nous vivons, d’instant en instant. Si les résultats de nos actions étaient
entièrement en notre pouvoir, il n’y aurait jamais d’échec pour qui que ce soit ! Ce qui
explique le décalage entre notre attente, le résultat escompté ou les prévisions des dirigeants
et le résultat actuel est cet ordre du karma. C’est une loi de cause à effet qui prend en compte
nos actions et celles des autres, tout en y intégrant des variables inconnues de nous et sur
lesquelles nous n’avons aucun contrôle. Cela ne veut pas dire que le dirigeant doit devenir
fataliste ! Mais qu’il doit se recentrer sur son domaine de pouvoir qui est celui de planifier,
de simuler des scénarios possibles, d’être le plus informé possible de la réalité du secteur
dans lequel il opère, etc. pour décider d’agir en connaissance. Quand le dirigeant comprend
que le contrôle sur les résultats est une illusion, cela le déleste d’un immense fardeau et de la
pression intense qu’il met sur lui-même et les cadres de son organisation. Car ce fardeau qui
n’est aucunement nécessaire ni conforme à la réalité de la dynamique des actions et de leurs
résultats, est la principale source de démotivation, de stress, de burn-out, de sentiment
d’échec, etc. des dirigeants eux-mêmes et de leurs salariés.