P. FREMEAUX : “L`économie sociale et solidaire, un

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Colloque Airmap 2014
Atelier 3
Que faut-il retenir du management des organisations
sociales et solidaires ?
Spécificités et enseignements possibles
pour d’autres formes d’organisation
Annie Bartoli, Professeur des Universités
Christelle Perrin, Maître de Conférences
Laboratoire de Recherche en Management LAREQUOI
ISM- Université de Versailles St-Quentin en Yvelines
47 Bd Vauban
78047 Guyancourt cedex
Tel : 01 39 25 55 34
Contact : [email protected]
Résumé :
Dans les organisations non marchandes, la recherche du profit est tantôt
considérée comme inappropriée, tantôt présentée comme un moyen pour
réaliser un projet, mais elle ne saurait être envisagée comme une fin en soi.
En nous appuyant sur le cas de deux organisations de l’économie sociale et
solidaire (ESS), nous présentons certaines spécificités managériales de
l’ESS et les interrogeons en tant que sources possibles de réflexion pour les
organisations publiques et privées, lesquelles sont confrontées aujourd’hui à
un contexte de plus en plus exigeant.
Mots clés : Economie Sociale et Solidaire, Management, Processus,
Valeurs, Fins, Moyens.
Abstract:
In non-profit organizations, the pursuit of financial profit is sometimes
considered undue, sometimes presented as an opportunity to implement a
project, but it cannot be considered as an objective in and of itself. Relying
on the case of two organizations of the Social and Solidarity Economy
(SSE), we analyze some managerial practices that could be a source of
thought for other public and private organizations, which today operate in an
increasingly demanding environment.
Key words: Social Economy, Solidarity, Management, Processes, Values,
Goals, Means.
1
Dans les organisations non marchandes, la recherche du profit est
tantôt considérée comme inappropriée, tantôt présentée comme un moyen
pour réaliser un projet, mais elle ne saurait être envisagée comme une fin en
soi. Pour autant, le besoin d’assurer la soutenabilité de l’activité nécessite
une clarté sur les priorités et une prise en compte du bon usage des
ressources et moyens. Dès lors, comme le souligne Gérard Andreck1, pour
être socialement efficace, il faudrait aussi être économiquement
performant… La conciliation des dimensions économiques et sociales dans
les organisations ne constitue d’ailleurs pas une idée nouvelle (Savall 1975),
mais elle n’a été encore que relativement peu étudiée dans la sphère non
marchande.
Cependant, face aux dérives de certaines entreprises d’une part et
aux difficultés de bon nombre d’organismes publics d’autre part, certains
seraient tentés de rechercher une « troisième voie » (Rougeot, 2005) et de
s’inspirer du fonctionnement des organisations de cette sphère. Plus
particulièrement, l’attention croissante dont fait aujourd’hui l’objet
l’économie sociale et solidaire (ESS) révèle sans doute une quête plus ou
moins explicite de solutions nouvelles dans un contexte devenu de plus en
plus complexe.
Dans quelle mesure cette quête est-elle fondée ? Peut-on trouver
dans le fonctionnement des organisations sociales et solidaires des pistes
managériales utilisables dans d’autres milieux ? Quelques rares travaux se
sont penchés sur les réalités du fonctionnement et du pilotage de ces
organisations2, mais bien des questions restent à creuser pour connaître et
comprendre ce que sont vraiment les éventuelles spécificités des processus
de gestion en place dans ces organisations. Où se situent les particularismes
éventuels au regard du management marchand d’une part, et du management
public d’autre part ? Peut-on tirer profit des méthodes managériales et des
modes de fonctionnement de ces organisations de l’ESS ?
Sachant que la recherche de solutions alternatives peut parfois
relever d’une quête mythique, et que le management dans les organisations
de l’Economie sociale et solidaire ne saurait être considéré a priori comme
une forme « idéale » et transposable dans d’autres secteurs, nos travaux
visent tout d’abord à étayer ces réflexions par un approfondissement tant
empirique que théorique du management des organisations sociales et
solidaires. La question de l’opportunité des enseignements que l’on peut en
tirer pour les autres formes d’organisations mérite d’être abordée dans le
prolongement de ces analyses.
1
Président de la MACIF et de la GEMA (Groupement des Entreprises
Mutuelles et d’Assurances).
2
Notamment E. Bayle et J.C. Dupuis « Management des entreprises de
l'économie sociale et solidaire. Identités plurielles et spécificités », Editions
De Boeck, 2012
2
Cet article s’efforce donc de faire dans un premier temps le point sur les
contours de cette sphère particulière d’activité qu’est l’économie sociale et
solidaire, à partir de données factuelles et théoriques, et en s’appuyant sur
deux cas pratiques étudiés selon une approche qualitative. Ensuite, il
dégagera un ensemble d’enseignements concernant les conceptions et
pratiques managériales de ce secteur, et posera des pistes de réflexion pour
gérer la délicate combinaison entre fins, processus et moyens…
1.
LE MONDE
SOLIDAIRES
DES
ORGANISATIONS
SOCIALES
ET
L’économie sociale et solidaire ? Tout le monde semble désormais
connaître l’expression, mais il n’est pas certain que beaucoup sauraient la
définir précisément…
Il s’agit en effet d’un milieu dont les spécialistes eux-mêmes
décrivent l’ancienneté et l’hétérogénéité en des termes particulièrement
ouverts : « L'économie sociale et solidaire (ESS), aux racines historiques
profondes et à la modernité ardente, rassemble une grande diversité
d'initiatives économiques, sociales, culturelles qui ne s'identifient ni au
secteur public ni au champ capitaliste. » (Alphandery 2010).
Quelques précisions sur ses possibles contours et sur son ampleur
semblent donc indispensables avant d’en analyser son fonctionnement.
11. Définition(s) et contours :
Au plan international, l’économie sociale et solidaire (ESS) serait
« un ensemble d'initiatives économiques à finalité sociale qui participent à la
construction d'une nouvelle façon de vivre et de penser l'économie »3. Cette
définition s’inspire des travaux de 200 représentants internationaux
d'organisations, groupes et réseaux qui, en juillet 1997, se sont réunis à Lima
(Pérou) puis en octobre 2001 à Québec (Canada). Leur déclaration
commune, visant à promouvoir la solidarité dans l’économie, énonce que
« L'économie solidaire s'appuie sur la coopération, le partage et l'action
collective. Elle place la personne humaine au centre du développement
économique et social. »4
En France, le ministère de l’Economie et des Finances donne quant
à lui la définition suivante : « Le concept d’économie sociale et solidaire
(ESS) désigne un ensemble d'entreprises organisées sous forme de
3
Définition proposée par le Portail de la Solidarité, Institut Bioforce
(http://www.portail-solidarite.org/domaines/economie-sociale-et-solidaire).
4
Symposium International “Globalisation de la solidarité”. Déclaration
Finale. Lima, le 4 Juillet 1997
3
coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement
interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité
sociale » 5 . S’ajoute à cette première approche du concept le principe de
modes de gestion démocratiques et participatifs, ainsi que l’impossibilité de
profit individuel et la nécessité de réinvestissement des résultats. Par
ailleurs, il est également signalé que les ressources financières de ces
organisations sont généralement en partie publiques.
12. Histoire et valeurs :
Ces définitions sont orientées autant vers les finalités et valeurs,
que vers les structures et acteurs. La dimension culturelle, voire idéologique,
des approches souvent utilisées pour qualifier cette sphère semble d’ailleurs
liée à une histoire qui fut symboliquement marquée par le mouvement
ouvrier pendant la révolution industrielle au 19ème siècle en Europe : « La
notion d'économie sociale est née à la fin du XIXe siècle et s'est
progressivement structurée sous l'impulsion du socialisme utopique, du
mouvement ouvrier et du catholicisme social. Le deuxième terme, la notion
d'économie solidaire, se rapporte à des activités visant à expérimenter de
nouveaux "modèles" de fonctionnement de l'économie, tels le commerce
équitable ou l'insertion par l'activité économique.» (Draperi, 2007). Le
comité économique et social européen (CIRIEC, 2005) rappelle d’ailleurs
que dès la dernière décennie du 18ème siècle, l’Angleterre avait connu une
multiplication des "friendly societies » (sociétés amicales), tandis que des
mutuelles et sociétés d'entraide s’étaient développées parallèlement à travers
toute l'Europe (Gueslin, 1987).
La base historique du développement de ce secteur porte donc en ellemême un certain nombre de valeurs. Celles-ci seraient d’ailleurs le ciment
qui permet de relier des initiatives très diverses, sachant qu’elles
partageraient le plus important : « une finalité d'utilité sociale s'inscrivant
dans un projet économique ; une mise en œuvre du projet fondée sur une
gestion éthique et une gouvernance démocratique ; une dynamique de
développement s'appuyant sur un ancrage territorial et une mobilisation
citoyenne. » (Alphandery, 2010).
Concernant les valeurs, il faut noter par ailleurs que certains
s’attachent à distinguer clairement les deux termes de « social » et
« solidaire ». Ainsi, selon Draperi (2011), les deux mondes n’ont pas
toujours les mêmes conceptions ou pratiques de l’activité, notamment en ce
qui concerne les ressources et les relations avec le marché. L’économie dite
sociale revendiquerait en particulier une indépendance politique au regard
des budgets de l’Etat et s’insèrerait plus aisément dans le marché, tandis que
5
Définition du CEDEF (Centre de Documentation Economie-Finances),
http://www.economie.gouv.fr/cedef/economie-sociale-et-solidaire
4
l’économie solidaire mixerait les fonds publics et privés et se refuserait à un
fonctionnement essentiellement marchand.
Le secteur de l’Economie Sociale et Solidaire se caractérise donc par
son ancienneté, sa présence internationale, et ses valeurs. Il est également
porteur d’une extrême variété, notamment du fait de son ampleur.
13. Importance et variété du milieu social et solidaire :
L’une des manières de définir ou reconnaître le périmètre de ce
milieu relève d’une logique structurelle ou organisationnelle. Ainsi, selon
Philippe Frémeaux (2012), l'économie sociale et solidaire est avant tout une
alternative au capitalisme actionnarial. Les structures qui la composent sont
alors des groupements de personnes, et non de capitaux. Les organisations
auxquelles l’auteur fait référence revoient ainsi essentiellement aux
associations, coopératives, ou mutuelles. Certains y ajoutent ce qu’on
appelle parfois les « marges », c’est-à-dire les fondations, les comités
d’entreprises et les congrégations6. Les associations Loi 1901 sont largement
dominantes au sein de l’ESS, puisqu’elles en représentent 84%, en
proportion du nombre de structures (CNCRES, 2012)
Selon le Portail de la Solidarité, les critères permettant de repérer
les organisations du monde social et solidaire sont généralement les
suivants : « la libre adhésion, la non lucrativité individuelle, la gestion
démocratique et participative, l’utilité collective ou sociale du projet,
l’impartageabilité des réserves ». Cependant, la question des frontières et du
respect strict de ces différents critères reste entière, dans la mesure où
aucune définition universelle et formelle ne saurait s’appliquer à un milieu
aussi large que varié.
En France, environ 2, 35 millions de salariés sont employés dans le
secteur de l’économie sociale et solidaire aujourd’hui, soit 1 emploi privé
sur 8 en France7. Ces chiffres représentent 10,3% de l’emploi, et 14% de
l’emploi privé en France. En 2012, ils sont répartis dans plus de 222 900
établissements, sous forme d’associations (78,6%), de coopératives (13,1%),
de mutuelles (5,4%) et de fondations (2,9%)8.
6
Voir par exemple l’article de Ressources Solidaires www.ressourcessolidaires.org/Du-social-et-du-solidaire
7
Source : Journal Libération du 24 juillet 2013
8
Source : CNCRES (Conseil National des Chambres Régionales de
l’Economie Sociale) : « Panorama de l’Economie Sociale et Solidaire en
France et dans les Régions » - Edition 2012
5
L’importance de ce secteur paraît d’autant plus significative quand
on le compare à d’autres milieux majeurs pour la société. Ainsi, il est
intéressant de noter que l’effectif de l’ESS est tout à fait comparable à celui
de la fonction publique d’Etat (qui compte 2, 375 millions en 2012), et
supérieur à celui de la fonction publique territoriale (environ 1, 83
millions)9.
14. Contexte législatif et réglementaire :
En France, le milieu de l’ESS est actuellement sous les
projecteurs du fait d’un projet de loi en cours de discussion. Le débat à
l’Assemblée Nationale de ce projet, présenté en juillet 2013, est en effet
programmé du 28 au 30 avril 2014.
Le projet de loi a pour objet d'«encourager un changement
d'échelle de l'économie sociale et solidaire dans tous ses aspects, afin de
construire avec les entreprises de l'économie sociale et solidaire une
stratégie de croissance plus robuste, plus riche en emplois, plus durable et
plus juste socialement ». 10 L’un des premiers apports potentiels de la loi
serait de (re)définir le secteur de l’ESS. Le projet actuellement débattu
prévoit en particulier dans son article premier les critères de distinctions
suivants :
« 1° Un but poursuivi autre que le seul partage des bénéfices ;
2° Une gouvernance démocratique prévoyant la participation des parties
prenantes aux réalisations de l’entreprise définie et organisée par les
statuts;
3° Une gestion conforme aux principes suivants : a) Les bénéfices sont
majoritairement consacrés à l’objectif de maintien ou de développement de
l’activité de l’entreprise ; b) Les réserves obligatoires constituées sont
impartageables. »
Or, parmi les points de discussion, voire de polémique, de ce projet
de loi se trouve précisément la délimitation structurelle du secteur. En effet,
la volonté d’ouverture vers toutes formes juridiques de statuts telles que les
SA ou les SARL est considérée comme contradictoire par certains. La
question de savoir si l’organisation sociale et solidaire peut être
« capitaliste » est en effet au cœur des débats. Pour autant, comme le montre
l’ossature du projet de loi présentée dans l’encadré ci-après, peu de
questions sont explicitement posées sur les processus de management à
Ministère de la réforme de l’Etat, de la décentralisation et de la fonction
publique, Rapport annuel sur l’état de la fonction publique, édition 2013
10
Source : Site du Sénat http://www.senat.fr/dossier-legislatif/pjl12805.html
9
6
l’œuvre dans ces organisations, alors que ceux-ci pourraient précisément soit
renforcer soit interpeler les valeurs fondamentales de la sphère sociale et
solidaire.
Présentation du projet de loi sur l’ESS (avril 2014)11
Le projet comprend 53 articles, répartis en 8 titres :
- le titre Ier est consacré à la définition du champ de l'économie sociale et
solidaire et à la structuration des politiques qui y concourent, sur le plan
national comme sur le plan territorial. L'article 1er définit ainsi les critères
et les conditions d'appartenance à l'économie sociale et solidaire. L'article 7
réforme l'agrément « entreprise solidaire » actuel qui ouvre droit à deux
contreparties financières. Les articles 9 et 10 concernent les achats publics
socialement responsables et les subventions dans le cadre de l'économie
sociale et solidaire ;
- le titre II comprend des dispositions facilitant la transmission d'entreprises
à leurs salariés. Ce titre est composé de deux articles. L'article 11 pour
l'information des salariés préalable à la cession d'un fonds de commerce,
l'article 12 pour l'information des salariés en cas de cession de parts
sociales, actions ou valeurs mobilières donnant accès à la majorité du
capital ;
- le titre III comprend des dispositions de soutien au développement des
entreprises coopératives dans le respect des valeurs qui caractérisent leurs
modes d'organisation et de gouvernance ;
- le titre IV est relatif aux sociétés d'assurance, aux mutuelles et aux
institutions de prévoyance. Dans le prolongement de l'accord national
interprofessionnel qui a généralisé la couverture santé obligatoire pour tous
les salariés du secteur privé, l'article 34 permet la réalisation d'opérations
de coassurance entre organismes d'assurance relevant de réglementations
différentes : code de la mutualité, code des assurances et code de la sécurité
sociale ;
- le titre V est relatif au droit des associations. L'article 40 réforme le titre
associatif afin d'améliorer l'attractivité des titres associatifs pour
encourager leur utilisation par les associations. L'article 43 étend aux
associations d'intérêt général la capacité de recevoir des libéralités ;
- le titre VI est relatif aux fondations et fonds de dotation. L'article 45 étend
aux fondations de moins de neuf salariés le bénéfice du chèque-emploi
associatif ;
- le titre VII concerne le secteur de l'insertion par l'activité économique ;
- le titre VIII contient des dispositions diverses, notamment les conditions et
date d'entrée en vigueur des dispositifs mis en place par ce projet de loi.
11
Source : Site du Sénat
805.html
http://www.senat.fr/dossier-legislatif/pjl12-
7
15. Conceptions et pratiques managériales :
Au-delà de la compréhension générale des moteurs culturels et des
structures administratives de l’activité, le fonctionnement interne du secteur
de l’économie sociale et solidaire reste peu connu et n’a que très peu fait
l’objet de recherches spécifiques en sciences de gestion. Plusieurs
dimensions managériales mériteraient cependant d’être creusées, afin de
s’assurer de l’existence d’un « management par le sens » (Trosa et Bartoli,
2011), conforme aux valeurs porteuses : le style de management, les
modalités de gouvernance, la prise en compte des parties prenantes, les
pratiques de gestion des ressources humaines, l’utilisation des éventuels
surplus financiers dégagés…
Il peut arriver en effet que les pratiques quotidiennes de gestion ne
soient pas en harmonie avec les conceptions affichées : « Ces structures ne
prennent pas toujours en compte, elles non plus, les intérêts de l’ensemble
des parties prenantes » (Frémeaux, 2012). L’auteur explique très justement
que la relation entre théorie et pratique n’est pas toujours évidente, et que
certaines organisations de l’ESS ne sont pas des modèles du genre. En outre,
contrairement à une idée répandue, les structures dans lesquelles les salariés
détiennent le pouvoir et les fonds sont rares : il ne s’agit en France que des
Scop (sociétés coopératives et participatives), qui représentent seulement 2%
de l’ensemble des personnels de l’ESS.
Dans la réalité, les pratiques de ces organisations sont ainsi souvent
plus mitigées qu’il n’y paraît, et ce quelle que soit la volonté affichée des
dirigeants, comme le montreront les cas ci-après. Bayle et Dupuis (2012)
expliquent ainsi que les logiques de fonctionnement et d'action des managers
y sont hybrides et parfois paradoxales. En effet, les organisations sociales et
solidaires sont en elles-mêmes porteuses de défis délicats, tels que : la
combinaison de l’économique et du social, le croisement de l’intérêt général
et des enjeux particuliers, l’articulation du marchand et du non-marchand,
les ressources publiques et privées, etc. Dès lors, il paraît inévitable d’y voir
se développer des processus mixés et des rationalités multiples.
On retrouve ici l’essence même des réflexions autour du concept de
« performance » dans les organisations non marchandes. En effet, dans un
contexte où les ressources sont rares et où les cadres économiques sont
difficiles, la question de la valeur ajoutée et donc de la performance de
toutes les formes d’organisation se pose. Dès lors, si l’on considère
nécessaire de s’assurer des bons choix stratégiques et de l’utilisation
pertinente des ressources, comment peut-on vérifier parallèlement que les
démarches et les outils de gestion mis en œuvre restent en cohérence avec la
qualité attendue de l’action collective, et qu’ils ne contredisent pas la raison
d’être de ces actions et les valeurs qui les sous-tendent ? (Bartoli,
Keramidas, Mazouz, 2011).
8
Certaines réalités observées dans les organisations sociales et
solidaires semblent ainsi révéler le caractère parfois délicat de la conciliation
des fins, des moyens, et des processus de management. Notre objectif est
donc ici d’approfondir ces constats et de tenter de les éclairer par quelques
exemples concrets et par l‘interprétation que l’on pourrait en faire,
notamment afin d’en tirer des enseignements pour d’autres types
d’organisations.
2.
ILLUSTRATIONS CONCRETES :
21. Contexte et méthodologie :
Les études de cas présentées ici ont été réalisées dans le cadre des
recherches en management public territorial menées par le laboratoire
Larequoi (ISM, UVSQ), en partenariat avec l’Association des Dirigeants
Territoriaux ADT-INET. La thématique adoptée pour 2013-2014 a en effet
été celle du management des organisations sociales et solidaires, comme axe
possible de stimulation des conceptions et pratiques managériales des
collectivités françaises. En vue des préparatifs du symposium organisé sur
ce thème et qui se tiendra à l’ISM le 5 novembre 2014, plusieurs études de
cas ont été réalisées.
L’objectif de ce projet de recherche est double : d’une part repérer
certaines spécificités managériales de ces organisations de l’Economie
Sociale et Solidaire, et d’autre part tenter d’en tirer de possibles
enseignements pour d’autres organisations, qu’elles soient publiques ou
privées.
Le travail de recherche empirique de ce projet est en cours. Les
deux cas que nous présentons ici ont été réalisés sur la base d’entretiens
semi-directifs avec des membres de l’équipe dirigeante de chacune des deux
organisations. Ils feront l’objet d’approfondissements ultérieurs. Les guides
d’entretiens utilisés se sont centrés sur les principales thématiques
suivantes : Spécificités et similitudes de l’organisation au regard des
établissements privés ou publics plus classiques ; Cohérence entre les
valeurs véhiculées à l’externe et les méthodes managériales internes ;
Eventuelle traduction des valeurs dans la gestion des ressources
humaines (recrutement, gestion de carrière, diversité, formation…) ; Rôle
des managers et place des valeurs dans la gestion des équipes ; Implication
des parties prenantes (salariés, clients, partenaires …) dans les processus de
décision et de gouvernance ; Conception et évaluation de la performance…
A ce stade, le cas du Crédit Coopératif, à travers le regard de son
Directeur des Ressources Humaines Siège, Monsieur René Desbiolles,
apporte d’utiles éclairages sur les pratiques managériales internes. Il permet
d’interroger les possibilités de décliner opérationnellement, dans le
9
fonctionnement de l’organisation sociale et solidaire, les valeurs
fondamentales promues à travers la mission. Le cas de la Macif, vu par son
directeur de la vie Mutualiste et des Relations Institutionnelles, Monsieur
Geoffroy Michel, met en lumière quant à lui les enjeux de la gouvernance
dans ce type d’organisation, en particulier à travers le processus de décision
démocratique. Dans les deux cas, la question de savoir comment éviter que
les objectifs sociaux ne soient subordonnés aux finalités économiques est
posée.
22. La Macif :
La MACIF est une mutuelle d’assurance (automobile, habitation,
professionnels, etc.) qui a été créée en 1960. Aujourd’hui, la Macif s’est
diversifiée pour répondre aux nouveaux besoins de ses sociétaires : elle est
présente dans les domaines de la santé, de la prévoyance, de l'épargne, de
l'assurance-vie et de la banque, autour de trois grands pôles : le pôle
assurance biens et personnes : incendie, accidents, risques divers – (biens,
habitation, auto…) ; le pôle Santé/Prévoyance ; le pôle Épargne/Finance12.
La particularité de la MACIF porte sur son mode de gouvernance
qui est démocratique. En effet, les sociétaires/clients, au travers de leurs
représentants élus –les délégués–, sont au cœur du dispositif d’orientation et
de contrôle de la gestion de la mutuelle d’assurance. Les sociétaires/clients
sont donc à la fois dirigeants et propriétaires de la société MACIF qui lui
fournit des services. Trois principes régissent ce mode de fonctionnement
démocratique13 :



Le non-lucratif : Les excédents ne sont pas redistribués à des
actionnaires sous forme de dividendes mais réinvestis afin de
compléter la gamme de produits et services et de maîtriser les tarifs
pour garantir le meilleur rapport qualité/prix.
L’assuré est aussi l’assureur : Les sociétaires s’assurent les uns
les autres. Ils sont individuellement assurés et collectivement
assureurs. Ce cercle de solidarité renforce la responsabilisation de
chacun.
Un sociétaire = une voix : Les sociétaires sont tous égaux entre
eux. C’est la règle d’or d’une gouvernance transparente, avec
l’élection de délégués par les sociétaires conformément aux statuts
de la mutuelle d’assurance. Le conseil d’administration est
composé de délégués élus par les sociétaires pour les représenter.
12
Source : site de la Macif :
https://www.macif.fr/web/site/groupe/accueil/groupe/panorama_du_groupe
13
Source : site de la Macif
10
Les missions de la MACIF sont nombreuses : ce groupe est à la fois,
une banque, une assurance et une complémentaire santé. Ces métiers qui
peuvent paraître très différents se complètent finalement. En effet un client
qui achète à crédit un véhicule automobile (banque) se verra aussi proposer
une assurance en responsabilité civile en cas d’accident (assurance) mais
aussi une complémentaire santé pour pallier aux risques d’invalidité (santé).
Cette stratégie de diversification permet de fidéliser les sociétaires. En
revanche, la banque est une offre réservée aux sociétaires adhérents d’une
assurance.
2.2.1. Gouvernance démocratique : principes et fonctionnement
L’objectif de cette étude de cas est de comprendre comment
fonctionne le processus démocratique, et dans quelle mesure il peut
effectivement répondre aux attentes. Le pouvoir est-il réellement détenu par
les sociétaires ? Existe-t-il une réelle représentativité ? Est-ce que les
sociétaires sont de véritables « garde-fou » pour un fonctionnement social et
solidaire et éviter une non cohérence entre les fins les moyens ? Afin de
pouvoir répondre à ces questions, il est nécessaire de se pencher sur le
fonctionnement même du processus démocratique.
Le pouvoir démocratique de la MACIF repose sur 4,8 millions de
sociétaires. Les représentants des sociétaires (délégués) sont élus à trois
niveaux : 2000 délégués sont élus pour trois ans au niveau régional parmi 11
régions, ces délégués régionaux élisent ensuite 167 délégués nationaux pour
six ans, qui eux-mêmes élisent les 25 membres du conseil d’administration
et les 4 administrateurs représentants des salariés. Le conseil
d’administration élit ensuite parmi ses membres le président et nomme le
directeur général de la MACIF.
Pour préserver la représentativité, plusieurs règles sont à respecter.
L’élection des délégués régionaux est réalisée au suffrage direct par liste.
Les listes qui recueillent moins de 10% ne sont pas valables. Pour assurer la
représentativité, un quota d’élus par sensibilités est défini. Il existe plusieurs
sensibilités : les représentants des salariés et les organisations syndicales
prudhommales (60% de la gouvernance), les représentants de l’économie
sociale et solidaire (associations, fondations, SCOP, etc..), les professionnels
indépendants et les chefs d’entreprise, les représentants des sociétaires qui
n’appartiennent pas aux collectifs précités (5%).
Pour respecter la diversité des délégués dans chacune des régions,
doivent être élus 30% minimum de femmes, 20% minimum de candidats de
moins de 49 ans et 15% maximum de candidats de plus de 70 ans. Chaque
délégué régional ne peut pas faire plus de 6 mandats de 3 ans. Enfin, pour
éviter le cumul des mandats, un président de région ne peut être
coordonnateur national. En effet, il existe 77 coordonnateurs régionaux et 7
11
coordinateurs nationaux qui ont pour objectif de recruter la part des délégués
qui revient à sa sensibilité. Concernant la représentativité nationale, afin
qu’il n’y ait pas de déséquilibre de représentativité sur le territoire entre les
zones urbaines et les zones rurales, les zones urbaines sont sous représentées
(1 délégué pour 4000 sociétaires) pour permettre une meilleure
représentativité des régions (1 délégué pour 2000 sociétaires).
2.2.2. Le processus de décision : dilemme politique versus technique
Le processus de décision est donc démocratique. Toutefois cela ne va pas
sans soulever quelques problèmes notamment dans les rapports entre le
pouvoir politique et le pouvoir administratif/technique. Un rapport de force
peut s’établir entre les représentants élus et les représentants des salariés au
sein de chaque région ou au niveau du conseil d’administration. Il en est de
même dans la relation entre le Président et le Directeur Général. Ces conflits
peuvent être dus à des différences de perception, de culture et de manière de
travailler, les uns ayant plutôt une approche métier alors que les autres ont
une approche plus politique. L’assurance est par exemple un métier très
technique.
Or l’inertie de la technique ou le développement à tout prix peuvent être
très pesants pour le politique. « Dans le quotidien, l’avantage appartient à la
technostructure mais le pouvoir, in fine, est politique, si le conseil
d’administration est solidaire, il peut démettre juridiquement le directeur
général ». D’un autre côté, « des élus qui ne représentent qu’eux-mêmes
représentent aussi une faiblesse » (Geoffroy Michel). L’efficacité du binôme
politique/technique résidera donc dans l’harmonie des rapports humains et
de la volonté de chacun de mieux comprendre les enjeux des uns et des
autres. Toutefois cette relation peut également être vertueuse comme le
souligne Geoffroy Michel. En effet, une mutuelle efficace est une mutuelle
qui sait porter les valeurs qu’elle incarne même dans sa technicité. C’est
dans la manière de vendre les produits ou les services que se fait la
différence en étant au plus près des besoins des clients, en proposant des
offres au meilleur prix indépendamment d’une recherche de gains financier
à tout prix. La relation n’est donc pas uniquement commerciale mais se veut
être au plus près des besoins des clients dans un esprit mutualiste porté par
la recherche d’une relation de qualité. La gouvernance démocratique, même
si elle est parfois conflictuelle, peut permettre de préserver cet équilibre
entre technique, politique et valeurs.
2.2.3.
Performance et mutualité
L’avantage concurrentiel par rapport aux organisations privées, comme le
souligne Geoffroy Michel porte donc d’une part sur cette capacité à
accompagner les clients/sociétaires en vue de leur proposer le
produit/service de qualité. La mutuelle mise donc sur des relations de longue
12
durée dont la rentabilité peut s’avérer être très faible sur le cours terme mais
qui peuvent être profitables sur le long terme.
La deuxième particularité porte sur le fonctionnement même de ces
organisations mutualistes à savoir qu’il n’y a pas d’actionnaires. Le gain
relatif à la non distribution de dividendes aux actionnaires s’élèverait à 15%.
L’intégralité des bénéfices est réinvestie dans le fonctionnement de la
mutuelle pour une meilleure valorisation des produits ou des services
proposés mais aussi dans les salaires. Monsieur Michel nous précise que le
secteur mutualiste rémunère mieux ses salariés (surtout les bas salaires)
comparativement à ce qui se pratique dans le secteur privé.
23. Le Crédit Coopératif
231. Présentation générale de l’organisation
Le Groupe Crédit Coopératif a deux origines très anciennes : d’une
part, la Banque coopérative des associations ouvrières (créée en 1893) et,
d’autre part, la Caisse Centrale de Crédit Coopératif (créée par décret en
1938). L’une et l’autre étaient destinées à financer les coopératives de
production et de consommateurs.
Après la loi bancaire de 1984, le Crédit Coopératif a entamé une
activité de banque à proprement parler. Autour des années 1988-1989, il a
fait le choix de ne pas rester cantonné dans des activités de financement
spécialisé et a décidé d’offrir des services bancaires à tous ses clients, de
plus en plus nombreux et divers14.
Le sociétariat devient important et se traduit « par une organisation
spécifique de sa gouvernance (sa vie coopérative se prolongeant dans une
vie associative) et une logique de partenariats avec les mouvements qui
organisent ses sociétaires ».
Aujourd’hui le capital du Crédit Coopératif est détenu pour 80% à
ses sociétaires composés pour l’essentiel de personnes morales mais aussi de
plus en plus de particuliers. Les 20% restants du capital sont détenus par
Natixis sous forme de certificats coopératifs d’investissement. Le Crédit
Coopératif véhicule l’image d’une banque éthique et responsable à la fois
par les produits qu’elle propose à ses clients mais aussi par son mode de
fonctionnement et ses méthodes de management en interne.
14
Source : site du Crédit Coopératif http://www.credit-cooperatif.coop/legroupe-credit-cooperatif/groupe-credit-cooperatif/histoire/
13
Les missions du Crédit Coopératif sont multiples. Bien plus qu’une
banque classique le Crédit Coopératif est engagé dans des démarches
sociales et solidaires. Ainsi, il accompagne un grand nombre d’acteurs de
l’économie sociale et solidaire : associations, coopératives, fondations,
congrégations, syndicats, groupements d’entrepreneurs en plus de tous les
publics dont peuvent s’occuper les banques classiques. Une des missions du
Crédit Coopératif est également d’inscrire la relation client/ sociétaire dans
un partenariat de long terme ce qui l’amène à s’engager bien au-delà de la
simple relation bancaire en proposant des produits adaptés à chaque
situation et à s’impliquer dans des projets solidaires au niveau local, national
et international. Ainsi, les thématiques sur lesquelles il s’investit sont par
exemple l’habitat social, la lutte contre les pandémies, le micro crédit, les
finances solidaires en France mais aussi à l’étranger (avec une forte présence
dans le cadre de la micro finance au Mali, au Sénégal, à Madagascar, en
Namibie, et en ce qui concerne la finance participative dans les pays
d’Europe du Nord, la Pologne, les Balkans, la Hongrie).
Dans le cadre de son engagement dans l’économie sociale et
solidaire (ESS), le Crédit Coopératif mène aux côtés d’acteurs privés et
publics des réflexions et des projets sur le développement de l’ESS
(organisation du 1er salon sur l’emploi dans l’ESS, participation au forum
Mont Blanc qualifié de « Davos » de l’ESS, participation à des groupes de
travail au niveau international – celui tenu en avril 2014 à Lima a porté sur
la thématique suivante : comment intégrer les valeurs de la banque
coopérative dans les activités de la banque pour quelles répercussions sur le
terrain ?).
232. L’impact des valeurs et de la mission sur les processus de
management
La question des valeurs est au centre des réflexions pour les
organisations de l’économie sociale et solidaire. Elles constituent le ciment
du Crédit Coopératif et contribuent à donner du sens à ses actions. D’un
point de vue purement opérationnel, ces valeurs se déclinent au sein d’une
charte accessible et diffusée à l’ensemble des salariés du groupe. Les valeurs
promues par le Crédit Coopératif sont les suivantes : la transparence, la
solidarité, la responsabilité, l’exemplarité, la performance, l’écoute et le
dialogue, l’implication au changement.
D’un point de vue plus global, les valeurs ou principes dépendent
du statut particulier de cette banque (coopératif) et influent sur son mode de
fonctionnement. Selon l’ACI (l’Alliance Coopérative Internationale) "Une
coopérative est une association autonome de personnes volontairement
réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et
culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est
collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement".
14
Au Crédit Coopératif, ces valeurs sont constituées autour de sept principes :
• Adhésion volontaire et ouverte à tous
• Pouvoir démocratique exercé par les sociétaires
• Participation économique des sociétaires
• Autonomie et indépendance
• Éducation, formation et information
• Coopération entre les coopératives
• Engagement envers la communauté
Valeurs et principes font partie intégrante du mode de
fonctionnement de cette banque. Pour autant, comment sont-ils intégrés dans
les processus managériaux de cette organisation ? Selon le Directeur des
Ressources Humaines du Crédit Coopératif, les missions d’un DRH vont
bien au-delà des fonctions classiques inhérentes à toute organisation. « Dans
une banque classique, je serais uniquement DRH, ici je suis aussi
administrateur de l’Union des Employeurs de l’ESS (UDES)…. ». Il gère en
effet aussi plusieurs projets en lien avec l’ESS. Il en est de même pour la
plupart des salariés du Crédit Coopératif. Bien que sélectionnés à partir de
critères « métiers », un grand nombre d’entre eux sont aussi militants pour
l’ESS. « La plupart des salariés sont inscrits dans le champ associatif... cela
permet de mieux comprendre les besoins des clients et de mieux les
accompagner ».
La stratégie de l’organisation se décline donc selon plusieurs axes.
Un premier axe est économique de par la fonction de banque de cet
organisme : ainsi le Crédit Coopératif propose des produits bancaires
classiques. Un second axe est d’ordre solidaire, car en plus des produits
classiques, le Crédit Coopératif offre des produits solidaires et un
accompagnement sur mesure et sur le long terme pour ses clients. Enfin, un
troisième axe stratégique est politique, car le Crédit Coopératif est impliqué
aux côtés des acteurs privés ou publics (gouvernement, collectivités) dans
les actions de développement de l’économie sociale et solidaire. « On place
l’humain avant le capital, l’objectif du Crédit Coopératif n’est pas de faire
du chiffre mais d’accompagner les clients dans leur démarche… Avec les
produits solidaires, on travaille sur le sens donné au placement du capital ».
La dynamique de solidarité s’en ressent à tous les niveaux du
management. Même si l’organisation de type pyramidale domine, l’accent
est mis sur l’entraide entre managers. Ainsi le Crédit Coopératif privilégie
une gouvernance de proximité qui se décline en interne par l’incitation au
travail en équipe, l’accompagnement des collaborateurs en difficulté, et qui
se décline en externe par une présence importante des salariés du Crédit
Coopératif sur le terrain. « Au niveau du territoire, l’image du banquier il y
a 50 ans c’est un notable… aujourd’hui on a l’impression que c’est un
commerçant comme un autre, c’est différent avec le Crédit Coopératif. Les
salariés, les manager vont participer à beaucoup d’assemblées générales
15
d’associations ...cela permet au cadre de l’agence d’être considéré comme
un acteur local ».
Les salariés sont donc des acteurs engagés professionnellement et
sur le territoire. Il est donc du ressort de la gestion des ressources
humaines de pouvoir recruter, former et accompagner les salariés pour une
plus grande efficacité. En plus des spécificités liées aux recrutements
(présentées ci-dessus), le Crédit Coopératif met en place de nombreux
dispositifs de formation en interne. Les managers sont formés aux métiers
du Crédit Coopératif, aux valeurs de l’organisation, avec pour objectif de
devenir manager de proximité (avec les salariés, avec les clients). Un
important travail est mené également pour identifier les passerelles entre les
métiers pour faciliter les mobilités internes mais aussi les mobilités
interentreprises au sein de l’ESS. Par exemple, l’actuelle directrice de
l’organisation Finansol (qui propose des financements solidaires) travaillait
antérieurement au Crédit Coopératif. Ces passerelles permettent aux salariés
de pouvoir occuper des postes ou des fonctions dans d’autres organisations
tout en restant « sur le même terrain de valeurs ».
En ce qui concerne la politique salariale, elle se distingue d’une
autre banque par le fait qu’il n’existe pas ou peu de part variable pour les
commerciaux. Etant donné que la politique du Crédit Coopératif privilégie
l’accompagnement des clients, elle mise plus sur la qualité des relations et
l’implication sur le terrain plutôt que sur la vente à tout prix. Pour autant le
DRH précise que les salaires ne sont pas moins élevés que dans le privé et
même parfois supérieurs.
La conception de la performance est donc différente d’une
banque classique. Les évaluations sont élaborées à partir d’indicateurs
classiques et économiques mais aussi à partir d’indicateurs qualitatifs. Etant
donné que le développement territorial est une orientation importante, un
bon manager sera celui qui saura travailler sur un territoire dans la
transversalité avec d’autres acteurs, qui saura manager une équipe, et qui
saura être légitime dans le secteur dans lequel il s’implique. Le Crédit
Coopératif porte également une attention particulière au respect des valeurs
définies dans la charte.
En conclusion, les problématiques managériales semblent être de
nature comparable à celles de toute autre organisation, avec un accent
particulièrement fort sur les valeurs au service de la mission. Cette
spécificité explique sans doute l’attrait croissant du Crédit Coopératif. Le
nombre de candidats à un emploi y a en effet augmenté sensiblement,
notamment depuis la période de la crise financière internationale de 2008,
ces derniers semblant vouloir privilégier des organisations à fortes valeurs
plutôt que des banques à enjeux uniquement économiques.
16
3. QUELQUES ENSEIGNEMENTS MANAGERIAUX :
Les deux cas étudiés ne sauraient être à eux seuls représentatifs du
monde de l’Economie Sociale et Solidaire, dont on a vu ci-avant l’extrême
diversité. Pour autant, ils illustrent une certaine réalité managériale et
permettent tout d’abord de s’interroger sur de possibles similitudes et
différences au regard des autres secteurs.
3.1. Similitudes et différences par rapport aux entreprises du secteur
marchand
En règle générale, les modes de fonctionnement semblent reposer
sur des logiques comparables quelle que soit l’organisation, en termes de
processus managériaux : les dimensions stratégiques, organisationnelles,
d’animation, et de pilotage de la performance reposent partout, à quelques
différences près, sur des choix et dosages entres objectifs, moyens et
contraintes. Ainsi les organisations de l’économie sociale et solidaire sont
soumises aux mêmes contraintes de gestion des moyens financiers ou
matériels et de pilotage du fonctionnement. C’est le cas par exemple en
matière de gestion des ressources humaines, où se retrouvent des processus
de recrutement, de formation, d’accompagnement, etc.
Toutefois il est important de souligner un certain nombre de points
qui, au sein de ce contexte, font leur particularité. Les deux cas étudiés
s’accordent à dire que la commercialisation des produits est beaucoup plus
offensive dans les organisations privées que dans leurs structures, où ils
privilégient l’accompagnement du client même si c’est parfois au détriment
d’une rentabilité financière de la démarche. Par ailleurs, le processus de
décision, d’essence démocratique, semble également plus lourd que dans la
plupart des entreprises marchandes, mais en revanche il permet de préserver
ce qui fait la richesse de ces organisations c'est-à-dire les valeurs qui
soutiennent leurs activités. Cette analyse reste cependant à nuancer selon le
style de management pratiqué dans les entreprises : on sait en effet que le
management participatif suppose en amont de la décision des temps de
consultation ou de communication particuliers, éventuellement compensés
pas une fluidité dans la mise en œuvre (Hermel 1988). On peut donc
considérer que le pilotage démocratique des ESS correspond peu ou prou à
des formes de management participatif de certaines entreprises.
Certains systèmes mutualistes et coopératifs semblent donc être
moins orientés vers le profit et la rentabilité immédiate, et plus contraignants
dans leurs processus de fonctionnement. Pour autant, les salaires peuvent y
être plus élevés, le « turnover » très faible, et les candidatures pour intégrer
ces organisations de plus en plus nombreuses…
17
Plus généralement, il semble opportun d’éviter de comparer ces
organisations de l’ESS avec les autres organisations sous le seul prisme de la
rentabilité financière mais plutôt les appréhender comme un tout. En effet,
malgré la lourdeur de certains processus (liés en particulier à la gouvernance
démocratique) ou de démarches volontaires (telles que l’accompagnement
des clients), la performance de telles organisations repose sur une analyse
globale et sur une approche de long terme. Celle-ci doit prendre en compte
également les avantages financiers de non redistribution des dividendes à
des actionnaires, les relations clients finalement profitables sur le long
terme, le sentiment de travailler dans une démarche porteuse de sens pour
les salariés. Ces derniers ne sont pas, ou pas uniquement, soumis à une
pression de rentabilité mais sont supposés intégrer une démarche de
développement raisonnée, en partenariat et cohérence avec diverses parties
prenantes, démarche dans laquelle les valeurs prédominent. Les valeurs
promues semblent en effet régulièrement mises en avant dans les formations,
et dans la manière dont il convient de se comporter au travail. Ainsi, par
exemple, la solidarité est annoncée comme une valeur forte pour le Crédit
Coopératif, à la fois en interne entre salariés mais aussi en externe… Ces
organisations jouent aussi beaucoup sur la notion de confiance (ne rien
cacher, être transparent) à un moment où le doute porté sur la sincérité de
certains acteurs économiques, tous domaines confondus, est parfois pointé
par la presse.
3.2. Similitudes et différences par rapport aux organisations publiques
La problématique de la légitimité est donc fortement présente pour
les organisations sociales et solidaires. Cette légitimité passe notamment par
leur expertise dans leur secteur de référence (ESS), ce qui les amène à
s’impliquer au-delà du cadre même de leur organisation pour s’investir dans
des sphères plus politiques liées au développement même de l’ESS. Cette
légitimité passe aussi par des caractéristiques internes de l’organisation,
telles que la capacité des salariés de l’ESS a bien connaître les
problématiques de leurs clients, ce qui conduit ces organisations à procéder
à des recrutements axés à la fois sur des compétences métiers mais aussi sur
des compétences du secteur.
Plus généralement, on constate dans les organisations de l’ESS un
souci de préservation du bien public et de l’intérêt général assez
comparable aux préoccupations de la sphère publique. Si l’on reprend les
fondements mêmes de l’action publique qui s’appuient sur les grands
principes de continuité, égalité et mutabilité 15, on comprend bien que les
Principes formulés en France sous l’intitulé de “Lois de Rolland”, du nom
de leur auteur, Louis Rolland: Précis de droit administratif ; Paris, Dalloz ;
11 éditions de 1926 à 1957
15
18
finalités et valeurs de l’économie sociale et solidaire n’en sont pas éloignés.
Dans ce cadre, une autre similitude est certainement aussi celle des multiples
tensions entre des logiques qui peuvent s’opposer : les valeurs de l’intérêt
général et la recherche de performance, les logiques sociales et
économiques, les objectifs non spontanément compatibles des différentes
parties prenantes, les choix politiques et les processus bureaucratiques, les
spécificités du local et la nécessaire harmonisation globale, etc. L’une des
caractéristiques du secteur public est en effet en permanence de gérer ces
sources de complexité voire de paradoxe, ce qui semble exister également
dans le cas des entreprises sociales et solidaires. Or, dans un contexte où la
sphère publique se sent aujourd’hui souvent déphasée du fait de processus
de modernisation générateurs de déviations et pertes de repères, la question
est alors de savoir si de nouveaux modèles de l’action publique peuvent être
trouvés, en renforçant l’appui des processus sur un management par le sens
(Trosa et Bartoli 2011). A l’évidence, cette problématique est partagée par le
secteur public et par celui de l’économie sociale et solidaire…
3.3. Rapprochement avec les collectivités territoriales
Plus spécifiquement, la fonction publique territoriale semble
porteuse de points communs avec l’ESS. Si l’on reprend les deux cas de la
Macif et du Crédit Coopératif, on retrouve en effet quatre caractéristiques
essentielles :
-la territorialisation,
- la proximité de l’usager ou de l’adhérent,
- la dimension politique associée à la compétence technique,
- la prise en compte des multiples parties prenantes de l’action.
Le lien entre le politique, la technicité, la relation de proximité avec
les clients sur un territoire, ressemblent donc finalement de très près aux
problématiques des collectivités territoriales. A ceci s’ajoutent les relations
entre élus et directeur général, comme les décrivent la Macif. La Macif et le
Crédit Coopératif ont également en commun de se positionner sur le marché,
tout en préservant leur priorité de service solidaire. Cela confère aux
managers l’obligation d’une responsabilité globale, pour d’une part gérer au
mieux et assurer l’efficience de l’activité, et d’autre part respecter des
principes et valeurs exigeants.
Le texte de l’Association des Dirigeants Territoriaux présenté au
colloque Airmap (ADT-INET 2014), montre que les modes de gouvernance
des collectivités territoriales aujourd’hui sont mis en question, du fait d’un
contexte déstabilisant au regard des missions de service public. Ce contexte
est en effet marqué par des techniques gestionnaires omniprésentes qui
peuvent amener, si on n’y prend pas garde, à confondre la fin et les moyens
19
et à perdre de vue la finalité du service public qui est de satisfaire des
besoins sociaux. C’est la raison pour laquelle un certain regain d’intérêt en
faveur des modalités de management des entreprises de l’ESS est en train de
s’y manifester.16
3.4. Quels enseignements pour concilier sans confondre fins et moyens ?
L’exemple de la Macif et du Crédit Coopératif montrent que les
valeurs de l’organisation peuvent jouer un rôle fédérateur permettant de
concilier peu ou prou les fins et les moyens.
Plus généralement, dans les organisations où le sens et la finalité de
l’action sont forts, il semble que certaines modalités particulières de
fonctionnement soient perçues comme plus adaptées. Ainsi par exemple, la
prise de décision démocratique paraît considérée comme nécessaire dans ces
formes d’organisation, afin d’éviter que les objectifs sociaux ne soient
subordonnés aux finalités économiques (Levesques, Mendel, 1999). Dès
lors, la question de la conciliation entre ce type de vision stratégique et la
recherche de performance est posée (Bartoli, Keramidas, Mazouz, 2011).
Les organisations non marchandes (« non profit ») sont d’ailleurs souvent
définies comme « un dispositif de compromis destiné à gérer les tensions
entre plusieurs formes de coordination et impliquant les formes de
coordination
marchande,
domestique,
solidaire,
administrative,
démocratique » (Enjolras, 1994 : 94 ).
Les fins sociales ou sociétales peuvent-elles faire fi des questions
de moyens ou doivent-elles être « assouplies » pour s’assurer une survie
minimale ? S’il est probable que des tensions internes existent aussi dans ces
organisations, tant les écarts entre intention et mise en œuvre sont
inévitables, le rôle fédérateur du sens de la mission semble jouer un rôle
majeur pour les rendre supportables. La motivation des agents, supposés
fonctionner selon des règles collectives en conformité avec les pratiques et
les valeurs affirmées dans l’organisation, est également évoquée comme un
facteur de succès permettant de compenser les difficultés engendrées par
l’insuffisance des moyens.
Ces caractéristiques sont-elles exclusivement réservées au monde
social et solidaire ? Il serait abusif et trop hâtif d’affirmer que ce type de
valeurs et principes est absent du fonctionnement des entreprises. On rejoint
ici le concept de « Management responsable et intégré »17, susceptible de
concerner toute forme d’organisation, et qui prend appui sur quatre pôles :
Voir le symposium Larequoi-ADT Inet à l’Université de Versailles StQuentin sur : « Pour un management social et solidaire ! », 5 novembre 2014
17
Voir travaux du Laboratoire de Recherche en management Larequoi, ISM,
Université de Versailles Saint-Quentin
16
20
« Stratégie – Structure – Culture - Comportements (SSCC)» (Bartoli et
Hermel 1989) dans certaines entreprises ayant choisi une approche globale
de la performance, non exclusivement financière. Les deux cas d’ESS
examinés précédemment s’intègrent également tout à fait dans ce modèle à
travers chacun des pôles, par la volonté de respecter un cap stratégique, de
structurer les statuts et l’organisation en conséquence, de développer une
culture de valeurs sociales et solidaires, et de s’appuyer sur les
comportements engagés des parties prenantes. Nos recherches ultérieures
s’efforceront de tester l’existence de formes de management responsable et
intégré s’appuyant sur ces quatre pôles dans d’autres organisations sociales
et solidaires.
A l’heure où les thèmes de la responsabilité sociale, du
management par le sens, et de l’éthique dans les affaires sont fortement
véhiculés dans les discours stratégiques et parfois dans les pratiques mises
en œuvre (Hermel et Bartoli 2013), on peut constater que certaines
entreprises s’efforcent également d’appliquer ce type d‘approche. Certains
considèrent qu’il s’agit là d’un effet direct ou indirect de mimétisme ou
d’enseignement des pratiques de l’économie sociale et solidaire. Ainsi,
Bayle et Dupuis (2012) énoncent à propos de l’ESS : « Elle contribue au
renouvellement des modèles d'entreprise via notamment une plus grande
prise en compte de la Responsabilité Sociale des Entreprises (R.S.E.). De
très grandes entreprises s'en inspirent pour développer de nouvelles formes
de philanthropie ».
Qu’il s’agisse d’un effet de contamination ou d’une coïncidence
liée à un contexte qui y pousse, n’est finalement pas si important…
L’ancienneté et la résilience du secteur de l’ESS restent une preuve de
réussite possible de la conciliation du social et de l’économique, qui semble
particulièrement souhaitable dans des contextes exigeants et turbulents.
CONCLUSION
Les organisations non marchandes doivent concilier à la fois les
dimensions sociales et économiques, sachant la finalité de leur action
(projet, service, mission) y est plus importante que les moyens engagés
(même si ceux-ci, il ne faut pas le nier, sont importants pour le bon
fonctionnement de la mission), et que donc la finalité sociale prime sur la
finalité économique. Sur ces bases, nous avons cherché à savoir si des
pratiques managériales issues des organisations sociales et solidaires
pouvaient être utilisables ou enrichir la réflexion managériale d’autres
organisations qui sont de plus en plus en quête de sens dans leur manière de
fonctionner. Dans cet objectif, nous nous sommes appuyés sur les cas du
Crédit Coopératif et de la Macif.
21
Cette recherche révèle un certain nombre de similitudes
managériales avec d’autres organisations qu’elles soient privées ou
publiques, mais aussi certaines différences qui en font leur originalité. Les
similitudes portent sur le fait que toute organisation reste soumise aux
mêmes contraintes de fonctionnement et repose sur des processus
managériaux, stratégiques, organisationnels, d’animation et de pilotage qui
nécessitent un juste équilibre entre objectifs, moyens et contraintes. Par
ailleurs, le mode de fonctionnement des organisations sociales et solidaires
se révèle finalement très proche de celui des collectivités territoriales, dans
la mesure où la notion de territoire y est très présente, et où la préservation
de l’intérêt général doit concilier à la fois les logiques sociales et
économiques en tenant compte de la diversité des parties prenantes.
Nous constatons également que les logiques sociales qui
prédominent dans le fonctionnement des organisations de l’ESS ont
nécessité la mise en place de pratiques spécifiques : gouvernance
démocratique, affirmation des valeurs, proximité managériale… De telles
pratiques ne sont pas totalement absentes dans les autres formes
d’organisation, mais elles n’y sont pas prioritaires, la logique économique
prédominant dans la plupart des entreprises marchandes.
Cependant, l’analyse de deux mouvements complémentaires amène
à penser qu’il existe une relative tendance au rapprochement entre ces
univers marchand, non marchand, et hybride : d’un côté l’importance de
plus en plus souvent accordée par les entreprises et les administrations à la
Responsabilité Sociale, au management par le sens, ou au management
participatif, et de l’autre la nécessaire intégration des contraintes
économiques et gestionnaires dans les organisations sociales et solidaires. A
l’image de ce qu’on pu constater Thierry et Perrin (2005) n’y aurait-il pas
une frontière de plus en plus poreuse entre les pratiques managériales des
organisations de l’ESS et celles des organisations privées ou publiques ?
22
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23
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24
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