Armand Colin s’occupe personnellement de l’édition, le manuel est publié en 1884 et connaît
un succès immédiat grâce à sa forme et à son contenu, en 1895 il en est déjà à sa 75ème
édition. A l’histoire est dévolue la mission essentielle : former de bons citoyens, des électeurs
et surtout des soldats. Le devoir de l’instituteur est d’inculquer les valeurs de la République et
le patriotisme en vue de la revanche. Le « Petit Lavisse » est un puissant instrument au service
de l’enracinement de la République et de ses valeurs.
3) le traumatisme de la défaite
La défaite de 1870 contre la Prusse est pour lui un choc émotionnel. L’humiliation de la
défaite le marque encore plus que ses contemporains. L’Empire s’effondre sans que personne
ne tente de le relever, le régime est discrédité par la défaite. C’est suite à cet évènement qu’il
décide de partir pour l’Allemagne où il restera 3 ans. Il s’intéresse à l’histoire de la Prusse et à
son système éducatif afin de comprendre l’énigme de la défaite et les fondements de la
puissance prussienne pour pouvoir copier le modèle en France et permettre à celle-ci de se
reconstruire. Ainsi, derrière l’histoire de la Prusse, c’est celle de la France qu’il cherche à
expliquer. Dès son retour il publie plusieurs ouvrages sur l’histoire de la Prusse : Etudes sur
l’histoire de la Prusse (1879), Etudes sur l’Allemagne impériale (1881), portrait comparé des
Trois Empereurs d’Allemagne (1888). Les « provinces perdues » et la nécessité de les
reconquérir sont présentes dans de nombreux ouvrages et aussi dans ses manuels.
II. L’histoire au service de la grandeur de la République
1) Le rôle central de la Révolution Française
Il reconstruit l’histoire autour de la RF, point charnière ayant crée un avant et un après. L’idée
s’impose que la RF a fait de la France une nation à part, exemplaire. Il souhaite ancrer la
République dans toute l’histoire de France en récupérant l’AR(Ancien Régime). Pour
lui,l’histoire ne la France ne commence pas en 1789 mais bien avant et la République n’est
qu’une concrétisation d’une longue évolution. Son but principal est de montrer l’unité de la
France. Il ne raisonne pas par période comme c’est le cas de son modèle, Michelet mais a une
vision continuiste de l’histoire de France qui se trouve dans son Histoire de France en 27
volumes. Il s’agit pour lui de souligner le fait que la France se soit toujours relevée, qu’elle ait
toujours réussi à surmonter les crises, ce qui lui permet de parler d’une « solidité française »,
d’exalter la France, nation « indestructible ».
2) Les rois ont fait la France grâce à des héros populaires
Ce sont des héros symboliques tels que Vercingétorix ou encore Jeanne d’Arc qui ont soutenu
les rois de France dans leur exercice du pouvoir. Jeanne d’Arc a soutenu Henri VII et a sauvé
la France au péril de sa vie. Pour lui l’histoire doit s’incarner dans des personnages auquel on
peut s’identifier, on doit pouvoir se souvenir d’eux.
III. Lavisse le pédagogue
1) former des citoyens et des patriotes
« Dans ce livre, tu apprendras l’histoire de la France. Tu dois aimer la France, parce que la
nature l’a faite belle et l’histoire l’a faite grande. » Voila comment commence le Petit Lavisse.
L’enseignement de l’histoire devient essentiel dans cette époque marquée par la défaite, elle
doit permettre d’aller aux origines pour se reconstruire et devenir plus fort face à l’ennemi
allemand. Lavisse met sa discipline au service de la refonte de l’esprit national, veut que les
études historiques constituent un puissant moyen d’éducation nationale et assure la
permanence et la diffusion marquée par la défaite et la hantise de la revanche. Il sait se servir