Quelques éléments de discussion :
1) les Aleochara adultes n'attaquent pas les pupes de mouche du chou en conditions naturelles
(Fuldner, 1965). Il sont en revanche prédateurs des oeufs et des larves de premier stade
(stades accessibles car à l'extérieur de la racine, au moins temporairement pour les larves L1).
Au laboratoire, on peut les observer également attaquer les larves L3 (stade qui quitte la
racine pour aller se nymphoser dans le sol).
2) les larves de premier stade d'Aleochara se déplacent dans le sol et découvrent les pupes de
mouche du chou selon un mécanisme inconnu (Lizé, 2005). Elles percent le puparium et
effectuent leur développement en consommant la nymphe de mouche du chou. Une seule
larve peut survivre par pupe. Si deux larves ou plus parasitent le même hôte, ces larves se
combattent jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une (voire aucune !)(Fournet, 1998).
3) A. bilineata est une espèce spécialiste qui ne parasite que les nymphes du genre Delia
(Fournet, 1998). A. bipustulata parasite également de nombreuses espèces coprophages ou
nécrophages (Fuldner, 1965).
4) le principe d'exclusion compétitive stipule que deux espèces ne peuvent durablement
coexister si elles occupent la même niche écologique (Wilson, 1950).
5) la quantité E de ressource exploitée par un consommateur en fonction de la quantité D de
de ressource disponible est décrite selon une fonction nommée réponse fonctionnelle. On
distingue trois types (Holling, 1959).
Type I : relation linéaire E = D jusqu'à atteindre un plateau (typique des filtreurs). Conséquence : le pourcentage
d'exploitation de la ressource reste stable, puis décroit quand on atteint le plateau.
Type II : relation logarithmique E = log(D) (l'efficacité d'exploitation décroît lorsque la quantité de ressource
augmente (typique des prédateurs : une grande abondance de proies entraîne de la confusion). Conséquence : le
pourcentage d'exploitation de la ressource décroît en permanence.
Type III : relation sigmoïde (l'efficacité croît d'abord de manière exponentielle E = D puis devient linéaire E =D
avant de décélérer et atteindre un plateau. Conséquence : le pourcentage d'exploitation de la ressource croît
initialement puis se stabilise avant de décroître. Ce type a été identifié chez certains parasitoïdes (REFS), lorsque les
proies isolées sont plus difficiles à exploiter que les proies en groupe.
6) certaines plantes émettent de manière très spécifique par leurs feuilles des substances
volatiles attractives pour les prédateurs et les parasitoïdes précis des larves d'insectes
phytophages en train de les attaquer (même lorsque l'attaque touche la racine). Ce phénomène
est connu chez le coton (Lewis, 1990) mais également chez le chou et le navet (Neveu 1996,
Grandgirard et al. 1999) en ce qui concerne l'hyménoptère parasitoïde Trybliographa rapae
.
On ne sait pas (encore) si les deux espèces d'Aleochara sont sensibles à ces substances.
ce parasitoïde n'a pas été inclus dans les données fictives stopmouches pour ne pas compliquer les choses. En
toute logique, un essai de terrain en Bretagne aurait du aussi donner des émergences de T. rapae à partir de
prélèvements de pupes de mouche du chou.