Unilet infos • Mai 2010 • N°135
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de leur hôte : les pupes de mouches. Ces
deux espèces sont en effet des parasi-
toïdes de pupes. La jeune larve va ainsi
trouver son hôte, s'y introduire et com-
mencer à le consommer jusqu'à prendre
entièrement sa place dans le puparium.
L’insecte passe par quatre stades lar-
vaires avant de rentrer en nymphose,
toujours dans la pupe parasitée. C’est
au stade d’adulte, une trentaine de jours
plus tard, qu’il émerge en creusant un
trou circulaire dans la pupe.
Quels résultats espérer ?
Les huit parcelles de brocoli suivies par
l’UNILET en 2009 étaient scindées en
deux catégories : 4 présentaient des
aménagements en bordure, de type haie
ou talus, et 4 n’en présentaient pas. Sur
chaque parcelle, 4 zones de travail ont
été définies à plusieurs distances de la
bordure, afin d’y effectuer des prélève-
ments de terre, des comptages d'œufs
et d'adultes, et des piégeages d’insectes
rampants (voir schéma ci-dessus).
Pour évaluer l'importance du parasi-
tisme, seuls les prélèvements de terre
permettent d'acquérir des données
exploitables. La méthode consiste à
recueillir les pupes de mouche, à les
identifier et à les mettre en élevage. De
cet élevage, peuvent naître des mouches
ou des insectes auxiliaires. Le suivi des
éclosions permet ainsi de mesurer le
niveau de parasitisme. Cette technique
est la seule pour détecter la présence de
l’hyménoptère Trybliographa rapae. Les
staphylins A. bipustulata et A. bilineata
sont quant à eux observés dans les
pièges pour insectes rampants (pièges
Barber), mais le piégeage ne permet pas
de savoir s’ils sont présents en tant que
prédateurs généralistes (opportunistes),
ou en tant que parasitoïdes de la
mouche du chou.
Sur les huit parcelles de brocoli étudiées
en 2009 en Bretagne, le parasitisme du
staphylin A. bilineata n’a pu être mis en
évidence. Celui de A. bipustulata a quant à
lui été mesuré, avec 0 à 4 % de pupes de
mouches parasitées suivant les parcelles.
Les résultats les plus étonnants concer-
nent Trybliographa rapae dont le parasi-
tisme varie de 0 % (sur la moitié des par-
celles) à 38 % sur une parcelle sans amé-
nagement. L’impact de ce petit hyménop-
tère ne doit donc pas être sous-estimé.
La présence d'aménagements en bordure
de parcelle ne semble pas expliquer les
différences de parasitisme sur cette pre-
mière année de suivi. En revanche, cette
étude met en évidence la présence de
mouche des semis, dans des proportions
qui vont de 0 à 10 % des pupes collectées.
Ces observations seront poursuivies en
2010 et 2011 en augmentant le nombre
de parcelles suivies, afin d'améliorer la
représentativité des prélèvements et de
mieux cerner la biologie et le comporte-
ment de ces insectes auxiliaires, qui
pourraient s'avérer être de futures
armes dans la lutte contre les ravageurs.
Mathieu SANDRONE
Schéma du dispositif expérimental en culture de brocoli
Zone de
bordure
0
30
230
230
2
30
2
5 20 30 40 50 m
Zone intermédiaire Zone centrale
Zone non-traitée
Echantillonnage
œufs : feutrines
sur 10 plants
Echantillonnage pupes :
prélèvement de terre
autour de 30 plants
Echantillonnage ennemis
naturels : 2 pièges
Barber distants de 2 m
Zone traitée
Prédateurs et parasitoïdes :
quelle différence ?
La prédation,
un comportement opportuniste
La prédation consiste, pour un insecte
carnivore, à se nourrir d'autres
insectes nuisibles aux cultures pour
se développer. Elle peut s’exercer à
différents stades de développement.
Par exemple, dans le cas des chry-
sopes, c’est la larve qui est un préda-
teur extrêmement vorace, s'attaquant
aux œufs de papillons, aux petites
chenilles et surtout aux pucerons,
adultes et juvéniles.
La prédation exercée par des insectes
adultes est plus connue. Les carabes
sont ainsi de gros consommateurs
d'œufs d'insectes ou de mollusques,
mais aussi de larves de diptères. Les
prédations entre adultes sont égale-
ment nombreuses, mais sortent sou-
vent de la notion d'insectes auxiliaires
(mante religieuse, libellule…). Citons
toutefois l'existence de diverses
espèces de diptères qui chassent au
vol d'autres diptères.
La prédation, lorsqu'elle touche à la
régulation des populations de rava-
geurs, est souvent très liée à une
autre notion qu'est l'opportunisme.
De fait, ces insectes très mobiles, qu'il
s'agisse des larves ou des adultes, ne
pistent pas leurs proies : ils les man-
gent quand ils les rencontrent.
Le parasitisme,
une affaire de spécialiste
En premier lieu, il est important de
distinguer insectes parasites et
insectes parasitoïdes. La distinction
tient dans le fait qu'un parasitoïde tue
obligatoirement son hôte pour pouvoir
finir son développement, alors qu'un
parasite, qui va partager une grande
partie de sa vie avec son hôte, a besoin
que celui-ci vive et survive le plus
longtemps possible.
Dans les deux cas, le parasitisme est, à
l'inverse de la prédation, une affaire de
« spécialiste ». Il s'agit en effet d'une
relation entre deux insectes, fruit d'une
co-évolution de ces deux espèces qui
partagent une même niche écologique.
Le plus souvent, les adultes pondent
directement dans les œufs de l'hôte
(ex : les trichogrammes sur les œufs
de la pyrale du maïs) ou dans les
larves. Ce sont les larves qui sont dès
lors considérées comme les parasites
ou les parasitoïdes. Plus rarement, les
adultes peuvent être les parasites
d'autres adultes.