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156 pages 
 
 
Ulrich Beck
 poursuit son étude de l’avenir de l’Union européenne. Il y a quelques années, ce 
sociologue allemand, spécialiste de la société du risque, avec Edgar Grande, analysait avec 
beaucoup de finesse l’avènement d’un empire européen dont il souhaitait qu’il évolue vers un 
empire  européen  démocratique
.  Cette  fois,  il  décrypte  l’évolution  actuelle  de  l’Union 
européenne face à crise économique et financière. Son étude est encore remarquable et très 
convaincante  Elle  est  précédée  d’une  préface  de  Daniel  Cohn  Bendit  qui  en  partage  très 
largement les analyses.  
 
Pour l’auteur, l’Europe, du fait de la crise de l’Euro et surtout de la dette dans plusieurs Etats 
membres de la zone Euro, serait devenue une Europe allemande. Cette évolution se serait faite 
grâce au rôle déterminant de la puissance économique allemande utilisée très habilement par 
la chancelière  Angela  Merkel.  Cette  dernière  qualifiée de  « Merkaviel » aurait  habilement 
jouée de la puissance allemande pour changer le rapport de force en Europe et permis de 
passer d’une Allemagne européenne à une Europe allemande. La crise, y compris grâce à sa 
tactique politique de l’hésitation devant les décisions difficiles, aurait permis à la chancelière 
de  devenir  incontournable  pour  les  Etats  en  difficulté  de  la  zone  Euro,  mais  aussi 
indispensable à son propre pays. Sa récente réélection la confirme dans sa position politique 
hégémonique,  même  si  elle  est  obligée  de  concéder  la  création  d’une  coalition  dont  elle 
gardera la maîtrise. L’auteur analyse avec une grande précision les piliers du merkiavélisme.  
 
Ainsi, l’Europe construite en grande partie pour limiter définitivement la puissance guerrière 
allemande par « un plus jamais ça » a permis à l’Allemagne de redevenir une puissance civile 
démocratique  de  premier  rang  qui  considère  son  modèle  de  développement  économique 
comme  le  seul  possible  pour  les  autres  Etats  européens.  La  crise  lui  permet  d’imposer  un 
modèle d’austérité, de rigueur et d’économie, comme un impératif catégorique. Elle vise une 
 
 Ulrich Beck est aussi membre du Groupe Spinelli 
 Ulrich Beck, Edgar Grande, Pour un empire européen, Flammarion, 2007