L’Union Méditerranéenne des Confédérations d’Entreprises1 Jacques Sarraf2 L’Union Méditerranéenne des Confédérations d’Entreprises UMCE-Businessmed est formée des organisations nationales qui groupent l’ensemble des associations patronales dans les pays du Sud de la Méditerranée. L’Union qui représente tous les secteurs de production a été fondée en 2002 et établi son siège central à Tunis. Par la suite Chypres et Malte ont intégré l’Union Européenne mais leurs confédérations sont néanmoins demeurées membres de l’Union. La Turquie qui de par sa présence en Europe est devenue également membre de Businesseurope, l’organisation sœur, prend toujours une part des plus active aux travaux de l’Union qu’elle devait d’ailleurs présider jusqu’en 2007. Dès le départ, les confédérations membres et d’autres partenaires Européens ont voulu promouvoir grâce à l’Union, une concertation institutionnelle en vue de faciliter à l’horizon 2010 la création de la zone de libre échange prévue dans le processus de Barcelone. Cet objectif serait impossible à atteindre sans une plus grande ouverture, une plus grande libéralisation des échanges et la Présentation à la cinquième cession de travail du Sommet 2007 des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires, Athènes, 16 octobre 2007 . 2 Président de l’Union Méditerranéenne des Confédérations d’Entreprises, UMCE-BUSINESSMED 1 582688966 Page 1 of 8 généralisation de l’économie de marché. Ce à quoi l’Union s’est précisément attelée, par une réflexion commune, le partage des expériences, et le dialogue avec les instances politiques. L’Union espérait également guider les programmes régionaux, vers des politiques économiques plus efficaces, dont il sera question plus loin, en vue d’un développement harmonieux de la région et du bien-être social source de croissance et de productivité. Convergence de l’action avec les Conseils économiques et sociaux Le meilleur allié de l’Union est certes le Conseil économique et social. De par sa présence il unifie l’action des secteurs de production et réduit les conflits d’intérêt susceptibles d’exister entre les entreprises et les syndicats. Son action envers le développement et le bien-être social se conjugue avec celle de l’Union et tend à faciliter l’adoption d’une politique d’ouverture et l’expansion de l’économie de marché. Malheureusement dans la zone d’action de l’Union il n’existe jusqu’à présent que 3 Conseils économiques et sociaux, en Algérie, en Tunisie et au Liban. Bien sure il existe des Institutions similaires, mais d’expérience nous pouvons dire qu’elles s’attellent directement à budgétaires (qui 582688966 la négociation échappent salariale ou normalement aux au affectations domaine des Page 2 of 8 Conseils) et s’intéressent moins à l’économie de marché et à l’ouverture de l’économie. L’Union de par sa structure et ses relations souhaiterait contribuer à la création de Conseils économiques et sociaux dans les pays du Sud où elle exerce une certaine influence et où ces Conseils n’existent pas encore. L’assistance technique du Comité Economique et Social Européen à la réalisation de cet objectif serait la bien venue. La coopération régionale et ses contraintes La coopération Nord – Sud est notre objectif ultime. De nos jours il n’est de croissance que dans l’ouverture des marches, et désormais un marché n’est jamais assez grand pour atteindre la plus grande rationalité possible. L’adhésion de la Région à l’Europe est une chance car elle lui donne à terme un marché illimité qui élimine tout obstacle à l’amélioration de la productivité et par conséquent au rapprochement du standard de vie de la population. C’est pourquoi l’Union fut une inconditionnelle de la Politique de Voisinage, et elle le demeure. Cependant il en est de la coopération Nord – Sud comme de la globalisation. Il a fallu presque un demi siècle pour admettre que la Régionalisation est une étape obligatoire. La littérature dans le domaine est abondante3 et les émeutes autour des rounds de 3 Globalisation and its discontent, Joseph Stiglitz 582688966 Page 3 of 8 l’OMC sont là pour l’attester. La globalisation est un phénomène inéluctable, et une condition sine qua non pour un développement futur au niveau auquel serait parvenu l’humanité ; cependant toutes les nations ne sont pas prête si jamais il y en ait qui le sont vraiment4 C’est pourquoi l’ouverture au Nord devrait être soutenue par une ouverture préalable entre les pays du Sud. C’est ce que nous appelons notre politique Sud – Sud. L’évolution de la technologie du Sud permet difficilement aujourd’hui un échange équilibré avec le Nord. L’exportation de matières premières ou de travail non qualifié contre l’importation de produits et services sophistiqués donne certes des revenus aux pays du Sud mais ne permet pas l’amélioration de la productivité, c à d. du standard de vie. Le marché commun et son combat C’est le titre d’un livre5 paru vers la fin des années 50 pour illustrer les années de lutte qui ont précédé les accords de Rome en 1957. C’est pourquoi la vision d’un marché commun méditerranéen est légitime . Bien sure elle profite de l’expérience de l’Europe et de l’espoir que suscite un succès qui a été au-delà de toutes les prévisions ; mais elle est plus difficile encore, elle se réalise dans une conjoncture plus exigeante, au milieu de défis 4 5 Cf. les distorsions de la Politique agricole en Europe, de la subvention du Coton au Etats-Unis. Thèse en économie soutenue par Emile Saadia, Université St Joseph. 582688966 Page 4 of 8 géopolitiques majeurs, elle concerne un grand nombre de pays au départ, et différentes cultures, ce qui ne facilite pas l’entente. Cependant le Marché commun méditerranéen est incontournable pour que les économies de la Région décollent et deviennent capables de profiter de leur intégration à l’économie de l’Europe. Le Sud de la Méditerranée compte aujourd’hui 265 MN d’habitants et réalise un Produit Intérieur Brut consolidé de 1,635 BN de dollars. Quatre pays représentent 80% de la population globale: l’Egypte, la Turquie, l’Algérie et le Maroc 6. Trois pays sont désormais des économies avancées avec plus de 20,000 dollars par habitant : Chypres, Israël et Malte ; trois autres dépassent les 7,000 dollars : la Turquie, la Tunisie et l’Algérie. La croissance en 2006 a été relativement lente dans la Région malgré la présence d’une économie mondiale porteuse. La croissance réelle la plus forte a été réalisée par l’Algérie, l’Egypte et la Jordanie : autour de 6%, alors que la plupart des pays émergents7 dans le monde ont dépassé les 8% cette année. La croissance réelle moyenne de l’ensemble de la Région (compte non tenu de la Palestine dont l’économie fut en décroissance en 2006) ne dépasse pas 4.2%. Deux raisons majeures et contradictoires sont à la base des difficultés économiques de la Région : 6 7 Respectivement 77 MN, 70 MN, 33 MN et 33 MN d’habitants. Pays émergents: pays désormais capable d’assurer leur croissance sans aide extérieure. 582688966 Page 5 of 8 - L’insuffisance de l’ouverture commerciale8 de la plupart des pays de la Région : la moyenne pondérée de son commerce extérieur étant l’équivalent de 13.5 % du PIB ; - L’incapacité de s’ouvrir plus, sans risque économique sérieux, au commerce extérieur. Le fond du problème Pour « émerger » la Région a besoin d’une plus grande ouverture, d’abord entre les pays de Sud, ensuite de l’ensemble concerté de ces pays vers le Nord. Le problème majeur qui handicape l’ouverture est le manque d’homogénéité entre les systèmes économiques du Sud ; et malgré la convergence encouragée par les Accords d’Association9 le mouvement demeure lent spécialement pour deux raisons complémentaires : - Le contrôle des changes dans plusieurs pays de la Région, malgré l’assainissement de leurs finances, un budget équilibré et l’absence de dette extérieure. En dehors du Liban et d’Israël, aucun pays n’a une dette extérieure supérieure à 30% de son PIB, et la moyenne générale des 12 pays tombe à 22% ; ce qui est bon selon toutes les normes. - Un niveau de protection qui demeure élevé, et qui ne peut baisser sans mettre en péril beaucoup d’industries et L’ouverture économique calculée comme la demi somme de (l’importation + l’exportation) sur le PIB. 9 Les pays dont pour une raison ou une autre l’Accord d’Association à l’Europe n’a pas été ratifié encore, ont déjà signé ou exprimé officiellement le souhait de le faire. 8 582688966 Page 6 of 8 d’exploitations agricoles. Déjà le chômage est un problème endémique dans la plupart des pays de la Région et l’émigration pour cause économique demeure forte malgré les difficultés sans cesse grandissantes des pays d’accueil. Une Mission commune à définir Toutes les mesures de développement économique et/ou social sont utiles, mais certaines sont indispensables, celles dont dépendent les facteurs déterminants la mutation de la Région. Deux éléments semblent prioritaires en vue d’une plus grande ouverture et d’une meilleure mise à niveau : L’autonomie monétaire et le plein emploi. Peu de monnaies s’il en est en dehors de l’euro du dollar et du yen sont à l’abri de la spéculation, les autres ont le choix entre le contrôle des changes et l’indexation et tous les deux ont un effet néfaste sur l’économie réelle. C’est seulement dans une coopération régionale engagée et l’aide européenne que l’on peut sortir des régimes inhibant. Dans des pays où le chômage demeure excessif, il est difficile de courir le risque de déstabiliser une industrie ou de privatiser un secteur économique demeuré aux mains de l’état. Cependant c’est la seule solution pour permettre à l’économie d’évoluer et de s’adapter aux conditions de la conjoncture nationale, régionale ou mondiale. Le facteur déterminant pour limiter le « risque » est 582688966 Page 7 of 8 certes l’assurance chômage et elle demeure au dessus des possibilités de la plupart des pays du Sud. Nous parcourons la Région en tenant ce discours aux autorités et à la communauté économique. Nous souhaitons canaliser les politiques publiques vers de tels objectifs fondamentaux directement liés à l’ouverture. Nous savons que sans elle il n’est plus de progrès significatif possible, de croissance soutenue ou de productivité qui permette un développement harmonieux et équilibré, ainsi que la promesse d’une vie meilleure et d’une stabilité sociale, source de paix et de prospérité. Nous invitons les Conseils économiques et sociaux concernés par la Région et à leur tête le Comité Economique et Social Européen à se pencher sur notre expérience et à partager nos convictions, pour que nous puissions poursuivre une œuvre commune, et constater dans les plus proches délais : - L’avènement de pays émergents qui se rapprochent d’une année à l’autre du standard de vie de l’Europe, avec l’aide de l’Europe ; - L’établissement d’un marché commun méditerranéen qui donne naissance à ces pays émergents, capable de tirer profit de leur relation avec les pays avancés du Nord. 582688966 Page 8 of 8