Après Swissmetal, LA BOILLAT PEUT EN CACHER UNE AUTRE A qui le tour ? Dans le conflit qui oppose les employés de la Boillat à Reconvilier à leur Directeur Martin Hellweg, la PMT n’a qu’un choix possible, prendre le parti des travailleurs. En effet, comment une instance d’Eglise pourrait ici défendre ce directeur qui, au nom de son capital injecté en actions dans le groupe Swissmetal, vient détruire la vie et l’avenir de centaines d’employés et de toutes leurs familles. Est-il tolérable que l’argent, même s’il s’agit de millions de francs, puisse valoir davantage que les heures consacrées sans compter par tous ces ouvriers à leur travail depuis des décennies ? La logique de Martin Hellweg est trop simpliste : « au final ce sont les chiffres qui parlent ». Comment un homme, même dénaturé et sans la moindre émotion, peut-il à ce point déconsidérer la valeur humaine. A qui faut-il avoir vendu son âme pour oser précipiter ses semblables à la fosse d’un signe de la main ? Face à lui, des dizaines de femmes et d’hommes. Des familles, des Communes, une médiation et des centaines de signataires et bientôt des milliers de manifestants. Eux, tous, sont solidaires. Ils se retrouvent, se parlent et cherchent à comprendre ; comment pareille infamie est-elle possible ? Sur place, à Reconvilier, nous avons parfois l’impression de vivre un cauchemar. Malheureusement c’est les yeux grands ouverts que la nuit se traverse et la brutalité du réveil renvoie toujours à une réalité plus sombre encore : la dernière déclaration du conseil d’administration. Il n’y a donc personne qui puisse apporter un peu de lumière dans les ténèbres ? Tout le monde est donc à la botte de l’Argent ; il n’y a plus que le Marché mondialisé qui gouverne : pauvres pantins sous leur coupole fédérale. Telle une cloche à fromage le Palais tient ses élus à distance de l’odeur crasse du mépris millionnaire qu’ils cautionnent et qui assassine le peuple contribuable, corvéable, soumis et méprisable. Depuis novembre 2004, la vallée de Tavannes se ride des traits de Germinal. Et si Zola commence comme Zorro, la chute risque, elle, d’être aussi dramatique que celle du célèbre ouvrage. Pourtant les métalos contemporains ne sont pas moins impressionnants que leurs prédécesseurs quand ils se rassemblent pour épancher leur lutte de cette solidarité sans faille ; ils se retrouvent désespérés, se rappellent haut et fort « que leur combat est digne et qu’ils ne pourront en sortir que vainqueurs », se tapent sur l’épaule et s’en vont chez eux, gonflés de fraternité affronter la pâle réalité de leur avenir angoissant. La PMT n’a d’autre choix que de prendre le parti de ces femmes et de ces hommes qui luttent pour sauvegarder leur outil de travail. Eux tous, ont reçu la Boillat en héritage. Comme nous tous avons reçu cette Terre où nous vivons. Non pas pour la piller mais pour lui faire porter son fruit. Naître travailleur c’est se reconnaître acteur d’un projet qui nous dépasse, participer à une œuvre de création, se donner presque entièrement à un projet de Vie. Contrairement à ce que dit la publicité et Martin Hellweg, l’argent, lui, ne travaille pas. Il ne rapporte que le prix du mensonge qui le cote virtuellement en bourse. La logique de l’appât du gain va peut-être gagner cette fois encore, mais sa proie est toute désignée. Les vainqueurs de cette lutte seront bel et bien les travailleurs. Parce que la solidarité et le partage sont des valeurs humaines intemporelles qui illumineront le cœur et le regard de tous les grévistes de la Boillat aussi longtemps qu’ils vivront. A leurs côtés, tous les travailleurs de ce pays en sortiront vainqueurs parce qu’à force de lutter les outils de production seront mieux protéger des vampires ultralibéraux. Quant à ces fossoyeurs du savoir-faire industriel local ils s’en iront sans jamais avoir eu sur les lèvres le goût de la justice. Alle le 3 avril 2006, Jean-Charles Mouttet