pour leur campagne, et ils ont rempli les médias de propos ineffables émanant d’entrepreneurs
plus ou moins éminents. Ils ont même fait tourner un petit film professionnel sur la votation, afin
d’être également présents sur internet.
Et tout cela, avec un seul et unique objectif: faire croire aux gens qu’en accordant davantage de
vacances, on pourrait risquer des suppressions d’emplois. Cette menace était – et reste – tout
simplement fausse. Car des individus reposés et en bonne santé constituent le facteur essentiel du
succès de l’économie helvétique ; davantage de repos pour compenser la pression au travail est
une nécessité économique. Mais cette campagne d’intimidation a déployé tout son effet en raison
de la grande insécurité ambiante due à la crise de l’euro et aux perspectives conjoncturelles. Au
lieu du bien-être des individus et de la prospérité de l’économie suisse à long terme, de nombreux
votants ont fait passer au premier plan - ce qui est compréhensible - leur souci actuel de conserver
leur propre emploi.
Le Non n’est pas une solution: une forte charge de travail et certaines injustices continuent
d’exister
Il est également clair aujourd’hui que ce Non du 11 mars n’a pas résolu les problèmes soulevés
par l’initiative. Au cours des vingt dernières années, le monde du travail a énormément changé.
L’agitation est devenue de plus en plus grande, et la vie s’accélère. De ce fait, les travailleurs et
travailleuses doivent, eux aussi, accélérer leur cadence de travail, ce qui à la longue est mauvais
pour leur santé. Ces conditions de travail rendent de plus en plus de gens malades. En Suisse,
une personne sur deux souffre de douleurs dorsales, arrive de moins en moins à venir à bout de la
pression et doit cesser de travailler plus ou moins longtemps pour des raisons psychiques. Finale-
ment, cette situation nous coûte cher : le Secrétariat d’Etat à l’économie estime à 10 milliards de
francs par an les coûts de cette charge, nuisible à la santé, au lieu de travail.
De même, les injustices continuent d’exister en matière de réglementation des vacances: au-
jourd’hui, de nombreux cadres bénéficient déjà de six semaines de vacances, voire davantage. Les
travailleurs et travailleuses « normaux » tels que les chauffeurs de poids lourds, les agents de po-
lice ou de larges fractions du personnel soignant, qui ont continuellement une lourde charge de
travail et qui auraient besoin de toute urgence d’une meilleure compensation, doivent se contenter,
aujourd’hui comme hier, du minimum légal de quatre semaines de vacances.
Il est nécessaire d’agir, démographie oblige !
À cela s’ajoute qu’un travailleur sur trois quitte le monde du travail pour des raisons de santé avant
d’avoir atteint l’âge de la retraite. Voilà qui est effrayant ! D’une part, parce que ces chiffres recè-
lent des dizaines de milliers de tragédies humaines individuelles. En effet, les travailleurs et travail-
leuses concernés n’ont jamais eu pour objectif d’avoir une rente de l’AI ou de partir à la retraite de
manière anticipée. Beaucoup plus souvent, c’est simplement la seule et unique possibilité pour eux
de quitter la vie active d’une manière supportable, du moins financièrement. D’autre part, cette
« usure » de forces vives est également une absurdité sociétale. À elle seule, l’évolution démogra-
phique mènera d’ici à 2030 à une pénurie de main-d’œuvre d’environ 400'000 personnes. Au cours