1 Chapitre 16 QUESTIONS A COURT DEVELOPPEMENT 1. Pourquoi le taux sérique de transferrine combinée au fer augmente-t-il durant une infection ? Expliquez en quoi une bactérie capable de contrer l'élévation du taux de transferrine combinée au fer aurait ainsi une virulence accrue. Les transferrines sont des protéines plasmatiques qui fixent le fer circulant. Comme le fer est nécessaire à la multiplication des microbes (synthèse des cytochromes et de certaines enzymes), plus la transferrine se combine au fer circulant, moins il y en a de disponible dans le sang pour les microbes, ce qui freine leur croissance. La surcharge en fer favorise la multiplication des microorganismes et, en plus, le fer inhibe le chimiotactisme et la phagocytose, deux mécanismes qui permettent de détruire des microbes. La surcharge en fer augmente donc la virulence des microbes et, par ricochet, augmente les risques d'infection. 2. Il existe divers médicaments qui peuvent réduire l'inflammation. Dites pourquoi il peut être dangereux de mal utiliser ces anti-inflammatoires. La réaction inflammatoire est l’un des mécanismes de la deuxième ligne de défense contre les microbes ; il s’agit normalement d’une réponse bénéfique pour le corps qui freine la pénétration et la diffusion des microbes. L’usage abusif d’anti-inflammatoires en vue de réduire les effets secondaires dus à l’œdème et à la douleur (deux signes de la réaction inflammatoire) réduit aussi l’efficacité de ce mécanisme de défense. Le corps peut alors être fragilisé et devenir sujet à l’infection. 3. Le tableau suivant présente quelques microorganismes et associe à chacun un facteur de virulence. Décrivez l'effet de ces facteurs. Nommez une maladie causée par chacun des microorganismes. Microorganisme Effets du facteur de virulence Maladie Streptocoque du groupe A Pas d’opsonisation et pas d’activation de C5 à C9 Pharyngite Virus de la grippe Tue la cellule hôte Grippe 2 Mycobacterium tuberculosis Empêche la digestion dans le phagocyte Tuberculose Toxoplasma gondii Empêche la digestion dans le phagocyte Toxoplasmose Trychophyton Digère la kératine des cellules superficielles de la peau Pied d’athlète Trypanosoma cruzi Empêche la digestion dans le phagocyte Maladie de Chagas APPLICATIONS CLINIQUES N. B. Certaines de ces questions nécessitent que vous cherchiez des réponses dans les différents chapitres du livre. 1. Les personnes dont le nez et la gorge sont atteints d’une infection à Rhinovirus présentent un taux de kinines 80 fois plus élevé que la normale. Quels signes et symptômes doit-on s'attendre à observer dans ce cas ? Comment ces symptômes contribuent-ils à la propagation de l’infection ? Quelle est la maladie causée par les espèces de Rhinovirus ? Les kinines sont des molécules qui jouent un rôle dans la réaction inflammatoire ; elles ont pour effet d’augmenter la vasodilatation ainsi que la perméabilité des vaisseaux. Comme Rhinovirus infecte le nez, on peut s’attendre à ce que le liquide qui quitte les vaisseaux coule vers le nez et entraîne des écoulements abondants. Il peut aussi y avoir des écoulements des yeux. Dans la gorge, le virus peut provoquer des œdèmes et des tuméfactions qui, par exemple, font enfler les amygdales. Les écoulements permettent le nettoyage naturel des cavités mais contribuent aussi à la transmission des microbes, qui se retrouvent alors dans l’environnement, soit dans des mouchoirs de papier, sur les doigts ou dans l’air. Rhinovirus cause le rhume commun. 2. Les hématologistes font souvent faire la formule leucocytaire du sang à partir d'un prélèvement sanguin. Cette formule donne les proportions des divers types de leucocytes. Pourquoi ces valeurs sont-elles importantes ? Selon vous, qu'est-ce qu'un hématologiste est susceptible d'observer en voyant la formule leucocytaire d'un patient qui indique une neutropénie ? Quelle devra être l’attitude de l’infirmière auprès de ce patient ? La formule leucocytaire du sang à partir d'un prélèvement sanguin donne les proportions des divers types de leucocytes. Ces valeurs sont importantes parce qu’elles permettent de poser le diagnostic d’une infection. Dans ce cas, le nombre de leucocytes augmente habituellement puisque ces cellules interviennent normalement dans la défense de l’organisme contre les microbes. Un patient dont la formule leucocytaire révèle une neutropénie souffre en fait d’une diminution des granulocytes neutrophiles ; il s’agit d’un indice que la qualité de la résistance non spécifique du patient est amoindrie et qu’il est très susceptible à l’infection. L’infirmière devra prendre toutes les mesures nécessaires pour diminuer les risques d’infection de ce patient. 3 3. Janie est une enfant de trois ans dont la courte vie a été marquée par de multiples infections à répétition. Sa susceptibilité anormale aux infections a incité son médecin à vérifier la présence d’une déficience immunitaire. Les résultats des tests montrent un déficit d'adhérence leucocytaire, maladie héréditaire caractérisée par l'incapacité des granulocytes neutrophiles à reconnaître les microorganismes enrobés de C3b. En ce qui concerne l’agression microbienne, expliquez comment cette affection influe sur la résistance immunitaire de l’enfant. Ce diagnostic peut-il rendre compte des problèmes de santé de Janie ? Justifiez votre réponse. Normalement, les microorganismes enrobés de C3b sont plus facilement phagocytés. Il s’agit du phénomène de l’opsonisation, ou immunoadhérence, qui facilite l’ingestion des microorganismes par les phagocytes. L'incapacité des granulocytes neutrophiles à reconnaître les microorganismes enrobés de C3b fait en sorte que les microorganismes ne seront pas phagocytés et, par conséquent, qu’ils ne seront pas détruits. Le déficit d'adhérence leucocytaire réduit considérablement la deuxième ligne de défense non spécifique, entraînant ainsi chez la personne atteinte un risque élevé d’infection. C’est le problème observé chez la jeune Janie, qui subit des infections à répétition. 4. Delphine a accouché il y a quelques semaines d’un bébé chez lequel on a diagnostiqué une maladie héréditaire très rare, le syndrome de Chediak-Higashi. Les enfants atteints de cette maladie présentent des leucocytes phagocytaires anormaux. Ces derniers ont un nombre de récepteurs chimiotactiques inférieur à la normale et leurs lysosomes éclatent spontanément. En ce qui concerne l’agression microbienne, expliquez comment cette affection altère la résistance immunitaire de l’enfant, et comment elle influe sur sa santé et son espérance de vie. Normalement, la lutte contre les microbes met en jeu la participation de nombreux leucocytes phagocytaires, attirés par chimiotactisme sur les lieux de l’agression microbienne. Les phagocytes ingèrent les microbes et les emprisonnent dans une vacuole, laquelle fusionne ensuite avec un lysosome contenant des enzymes digestives. Le phagolysosome qui en résulte digère les microbes, permettant ainsi la destruction des microbes. Le phagocyte a donc rempli la mission qui lui incombe, soit la destruction des microbes. La maladie entraîne un déficit en récepteurs chimiotactiques, ce qui diminue l’attirance des leucocytes phagocytaires sur les lieux de l’infection. Le problème s’aggrave du fait que les phagocytes sont aussi en moins grand nombre (neutropénie) parce que les lysosomes qu’ils contiennent semblent éclater spontanément, provoquant la destruction des phagocytes. Globalement, la maladie entraîne une déficience de la phagocytose, qui est un mécanisme de défense de la résistance non spécifique. La vie de l’enfant sera en danger si l’infection est due à un microbe virulent. La maladie peut entraîner des infections à répétition et avoir une évolution mortelle. 4 5. Andréanne est atteinte de fibrose kystique du pancréas (mucoviscidose). Cette jeune fille a beaucoup de difficultés à suivre le rythme normal de ses études parce qu’elle est sujette à des infections respiratoires à répétition qui l’obligent à manquer des cours. Vous demandez à Andréanne pourquoi sa maladie la prédispose à un plus grand risque d’infections des voies respiratoires. Elle vous explique comment les voies respiratoires se débarrassent normalement des intrus microbiens et comment, chez elle, ce mécanisme est non fonctionnel. Décrivez ses réponses. Dans la fibrose kystique du pancréas, les glandes à mucus sécrètent un liquide abondant et visqueux qui a tendance à adhérer aux parois. Les glandes fréquemment atteintes sont celles du pancréas exocrine et les glandes de l’épithélium de la muqueuse bronchique. Cette maladie peut donc se manifester, en particulier sur le plan respiratoire, par un encombrement bronchique majeur. Normalement, l’escalier mucociliaire de la muqueuse bronchique effectue un nettoyage naturel grâce à l’action permanente des cellules ciliées de la muqueuse, qui balaient le mucus dans lequel sont englués les microbes. Sécrété en quantité normale par les cellules de la muqueuse, ce mucus permet un nettoyage efficace et une bonne protection contre les microbes de l’air. Or, dans cette maladie, la présence d’un épais mucus trop abondant retient les microbes trop longtemps dans les voies respiratoires ; ils ont donc l’occasion et le temps de s’installer, puis d’amorcer une infection, d’où le risque infectieux plus élevé. 6. Les manuels de techniques de soins infirmiers mettent l’accent sur l’observation régulière et attentive des téguments. Vous faites partie d’un groupe de stagiaires dans le service d’oncologie d’un hôpital, et vous devez faire une présentation sur ce sujet à vos camarades. Écrivez un résumé de cette présentation en précisant pourquoi il est nécessaire de prêter une attention particulière, après le bain, à la peau des personnes alitées et sous chimiothérapie anticancéreuse à base de médicaments antimitotiques. Faites le lien avec une plus grande susceptibilité aux infections cutanées. (Indice : voir les chapitres 12 et 21.) L’intégrité de la peau est essentielle afin que l’épiderme puisse agir comme première ligne de défense immunitaire. L’épiderme conserve son épaisseur normale par un renouvellement constant des couches superficielles (desquamation). De plus, il est continuellement protégé par des sécrétions contenant des substances antimicrobiennes, soit le sébum et la sueur. Les traitements antimitotiques administrés aux personnes cancéreuses réduisent la croissance des cellules souches et, par conséquent, empêchent le renouvellement tissulaire de l’épiderme ; la peau s’amincit. Par ailleurs, les glandes composées des tissus épithéliaux ne produisent plus de sécrétions, contribuant ainsi à l’assèchement de la peau. La peau mince et sèche est très fragile en cas d’abrasion ou de frottement. Lorsqu’un patient est alité, la possibilité de frottement et d’érosion de la peau est plus grande ; il est donc nécessaire d’observer minutieusement la surface de la peau pour vérifier l’apparition de zones irritées et inflammées sensibles à l’infection, qu’elle soit d’origine exogène ou d’origine endogène. Si ce patient est aussi soumis à une thérapie antimitotique, la fragilité de la peau est considérable. Après le bain, il est primordial d’effectuer un assèchement rigoureux de la peau afin de ne pas laisser de zones humides sensibles à la prolifération de mycoses. 5 Lorsque ces situations se produisent en milieu hospitalier, les risques d’infection nosocomiale sont élevés.