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1. Certains groupes ont un « accès privilégié » aux médias et attirent plus que d’autres
l’attention et l’intérêt des journalistes. Est-ce en fonction des relations que les représentants
des groupes entretiennent avec les journalistes sur la durée ? Est-ce plus ponctuellement lié
aux capacités de mobilisation différenciées des groupes socio-professionnels ? Comment les
représentations qui en découlent s’infléchissent-elles ?
2. L’impact des représentations médiatiques sur les groupes professionnels et leurs membres.
Comment les groupes et surtout leurs porte-parole parviennent-ils à diffuser et à contrôler la
définition qu’ils souhaitent présenter d’eux-mêmes ? S’ils sont tenus à élaborer des stratégies
pour satisfaire aux exigences des médias, comment les membres s’identifient-ils aux images
journalistiques et publiques qui sont données du collectif auquel ils appartiennent : vont-ils se
les réapproprier ou s’en distancier ?
Pour comprendre ces logiques, nous nous référerons à la sociologie des groupes d’intérêt et à la
sociologie des mobilisations, comme domaines de recherche spécialisés de la sociologie et de la
sociologie politique. Nous aborderons enfin une troisième dimension complémentaire, dont nous
faisons l’hypothèse qu’elle devient une médiation centrale dans la construction de la représentation
des groupes professionnels :
3. Les politiques publiques et le rôle d’experts des groupes professionnels dans ces politiques.
Les tâches accomplies, l’autonomie et la fonction sociale des professions et des
professionnels sont tributaires des politiques étatiques qui régulent leur champ professionnel.
Ainsi, les médias évoquent les médecins et le personnel soignant quand ils traitent de la
politique de la santé et de l’assurance-maladie, les enseignants lorsqu’ils commentent les
réformes de l’école, les agriculteurs touchés par la politique agricole menée à l’échelle
européenne et internationale. Les représentations diffusées s’inscrivent dès lors dans un
registre qui tend à évaluer les capacités des groupes professionnels à « s’adapter » à la
« modernisation » de leur secteur d’activité. Il est intéressant d’étudier dans quelle mesure les
représentants des groupes se voient accorder ou prennent la parole dans ces
reconfigurations politiques, en tant qu’acteurs concernés ou touchés. Parallèlement, les
journalistes se spécialisent-ils dans la couverture d’un domaine d’action publique pour en
devenir des experts-clés dont l’opinion reconnue et autorisée va infléchir ou légitimer les
réformes?