SOREL Florent

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BENHAMOU Bruno
FLEURY Jean
SOREL Florent
1°S 4
Travaux Personnels Encadrés
La radioactivité présente-elle un danger pour
l’homme ? Cas de la centrale de tchernobyl
Année scolaire 2001 2002
Introduction au T.P.E pour une meilleure compréhension
La radioactivité est un phénomène complexe et mystérieux, qui ne se voit pas, qui ne
se sent pas, et qui engendre la peur. Peur justifiée ; son emblème, sorte de feuilles noir sur
fond jaune, signale le danger pour l'homme.
Alors posons-nous justement la question : quel danger et pourquoi y a-t-il un danger ?
Le but de ce rapport est de répondre à cette question.
Mais auparavant nous allons donner quelques explications
de base. Ensuite nous parlerons de la catastrophe nucléaire de tchernobyl qui a déjà montré
ses effets néfastes, notamment sur l’homme. Enfin nous étudierons le mécanisme des effets
biologiques sur l’environnement et les conséquences sur l’organisme humain.
Définitions
Radioactivité :
La matière est constituée d'atomes comportant une partie centrale, le noyau, formé de protons
et de neutrons. Certains noyaux sont instables ; le retour à un état stable passe par une (ou
plusieurs) transformation nucléaire, appelée désintégration.
La désintégration d'un noyau donne naissance à un nouvel élément et à l'émission de
rayonnements : c'est la radioactivité.
Rayonnements :
Lors de la désintégration d'une substance radioactive, des rayonnements sont émis ; ces
rayonnements sont invisibles et, très souvent, dangereux pour l'homme. Il existe quatre types
de rayonnements : α, β-, β+ et γ.
-Le rayonnement α est formé de particules positives : des noyaux
d'hélium 4. Il est caractéristique des noyaux « lourds » (nombre de masse > 200). Il est très
dangereux mais peut être arrêté par quelques centimètres d'air ou une simple feuille de papier.
-Le rayonnement β- est le rayonnement constitué d'électrons très
rapides représentés par e . Ces électrons sont pénétrants ; l'homme a donc des difficultés pour
s'en protéger. Ils sont arrêtés par plusieurs mètres d'air ou quelques millimètres d'aluminium.
-
-Le rayonnement β+ est exceptionnel, il n'existe que pour quelques
radio-nucléides artificiels. C'est le rayonnement constitué de positons représentés par e+. Les
positons, encore appelés anti-électrons (antiparticule des électrons), ont la même masse que
les électrons mais une charge électrique opposée + e ; d'où leur représentation e+.
-Les rayonnements γ ne sont pas des particules chargées comme les
trois rayonnements précédents. Ce sont des radiations électromagnétiques de même nature
que les rayons X mais beaucoup plus pénétrants. Ces rayonnements γ sont très dangereux
pour l'homme. Ils sont très difficiles à arrêter : il faut parfois plusieurs décimètres de plomb
ou plusieurs mètres de béton pour les absorber.
Ces rayonnements α, β, γ sont ceux que l'on appelle des rayonnements ionisants. Ces
rayonnements émis lors de la désintégration d'un élément radioactif arrachent des
électrons à la couche périphérique des édifices atomiques de la matière qu'ils traversent.
Cela provoque l'ionisation des molécules du milieu cellulaire. Il peut y avoir rupture de
liaison moléculaire. Tous les constituants de la cellule peuvent être touchés mais c'est
l'action des rayonnements sur la molécule d'ADN qui a le plus de conséquences.
Irradiation et contamination :
Il faut bien différencier la notion d'irradiation et la notion de contamination. Aussi, voici
ce petit rappel :
Irradiation externe : les sources émettant les rayonnements sont extérieures à l'organisme
mais les rayonnements le traversent.
Contamination externe : les substances radioactives sont déposées à la surface du corps.
Irradiation interne : les substances radioactives ont pénétré à l'intérieur de l'organisme soit
par inhalation soit par ingestion.
Cas de la centrale de tchernobyl
Le 26 avril 1986, la plus grande catastrophe de
l'industrie nucléaire se produisait à la centrale
nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine. Durant près de 10
jours, une partie importante des produits radioactifs
était rejetée dans l'atmosphère, formant un nuage
radioactif et des retombées sur toute l'Europe.
Tchernobyl, la centrale
Bien que d'autres incidents concernant l'activité nucléaire aient déjà eu lieu,
Tchernobyl tient aisément le haut de l'affiche médiatique jusqu'à devenir un symbole
des risques nucléaires. Régulièrement, l'accident apparaît dans les pages « santé » ou
« environnement » des quotidiens ; à la une le problème des cancers de la thyroïde, la
contamination des champignons, l'existence des sangliers radioactifs.
L'intérêt porté à cet accident rend utile de dresser un bilan quant aux conséquences
médicales et sanitaires de cet accident.
L’accident
Le 26 avril 1986, un des quatre réacteurs de la centrale
de Tchernobyl explosa et brûla. D'après le rapport
officiel, publié en août, l'accident avait été provoqué par
des essais non autorisés. Le réacteur ne put être
contrôlé, il y eut deux explosions, le couvercle du
réacteur fut soufflé et le cœur s'enflamma en brûlant à
des températures de l'ordre de 1500°C.
Des doses de radiations très élevées ont atteint
la population proche du réacteur et un nuage de
retombées radioactives s'est étendu vers l'ouest. Les
produits radioactifs se sont déployés au-dessus de
toute l'Europe.
Tchernobyl, centrale explosée
Contrairement à la plupart des réacteurs des pays occidentaux, le réacteur de
Tchernobyl n'avait pas d'enceinte de confinement. Une telle structure aurait empêcher les
produits radioactifs de s'échapper du site.
Afin d'arrêter l'émission de produits
radioactifs, les soviétiques ont déversé par
hélicoptère des milliers de tonnes de sable et
de plomb sur le réacteur détruit. Puis ils ont
injecté de l'azote sous ce réacteur pour le
refroidir et arrêter le feu. Un sarcophage en
béton et acier de 50 mètres de hauteur a été
achevé en novembre 1986.
Le sarcophage, baptisé Oukughe
L'émission de rejets radioactifs a duré 10 jours. Ce n'est qu'un jour et demi après l'explosion
que 50000 personnes habitant une zone de 30 km de rayon autour de la centrale sont
évacuées; au final, 350000 personnes d'Ukraine et de Biélorussie ont dû être déplacées depuis
des zones plus lointaines, mais copieusement contaminées cependant.
Le nuage radioactif
Au delà de 10000 mètres d'altitude, les éléments radioactifs ont formé au contact des
vents des masses d'air contaminées qui se sont disséminées sur l'Europe. Parce que le rejet
s'est effectué sur plusieurs jours sous des conditions météorologiques changeantes (les vents
en altitude), trois principaux nuages se sont formés :
-
le nuage initial poussé par un vent sud-est et nord-ouest s'est d'abord dirigé vers la
Scandinavie ;
ensuite les particules ont été émises vers le sud-ouest (Europe centrale et occidentale)
-
vers la fin du rejet, les matières radioactives ont pris la direction de l'Europe du sud.
C'est durant le mois de mai que cette grande quantité d'éléments radioactifs est retombée sur
l'Europe. Le nord de l'Ukraine, la Biélorussie (70% des retombées) ont été les régions les
plus contaminées. La Pologne et la Tchécoslovaquie ont été particulièrement contaminées
aussi et à un degré moindre l'Allemagne, la France et l'Italie.
En règle générale, plus on s'éloignait du site de Tchernobyl, plus la radioactivité
diminuait en raison de la dilution dans l'atmosphère des radioéléments. Mais ce nuage
radioactif qui a survolé l'Europe a provoqué des contaminations de niveau variable pas
seulement selon la distance et la direction des vents, mais aussi selon les précipitations. En
effet, le dépôt de particules radioactives a été intensifié par la pluie, provoquant ainsi des
"taches " de contamination.
Ce sont les radioéléments les plus volatiles qui se sont majoritairement retrouvés dans
le nuage radioactif :
- Notamment l'iode 131 (de période courte 8 jours) responsable d'une grande partie de
l'exposition aux rayonnements de la population durant les premières semaines, dont environ 5
. 1017 Bq ont été émis, ce qui représente quelque 20% de l'activité présente dans le cœur du
réacteur.
- Viennent ensuite le césium 137 (de période longue 30 ans) et le césium 134 (de période 2
ans). Le césium 137 est responsable de la majeure partie des expositions actuelles et futures
de la population ; environ 7. 1016 Bq de césium 137 ont été émis, soit environ 15% de
l'activité présente dans le cœur du réacteur (la carte des dépôts de césium 137 sur l'Europe est
disponible en cliquant ici).
-On trouve ensuite d'autres éléments (strontium 90, plutonium 239, ...) beaucoup moins
volatiles et pour lesquels, de ce fait, les activités émises ont été beaucoup plus faibles.
-
Effets de la catastrophe sur la santé de l'homme
L'iode et le césium sont les principaux isotopes
radioactifs libérés dans l’atmosphère par le réacteur
de Tchernobyl. L’iode 131 a une demi-vie ou période
de huit jours. Il a surtout été inhalé et ingéré dans
des aliments. Quant au césium 137, il a une demivie d’environ 30 ans. Toujours présent dans les sols
et la végétation, il continue à contaminer la
population par le biais des produits alimentaires.
Hommes travaillant sur la centrale
Qui a souffert de ces radiations ? D’abord les « liquidateurs » : selon les estimations, 600000
à 800000 soldats et fonctionnaires ont été expédiés sur place juste après l’explosion pour
neutraliser le réacteur et enterrer les déchets contaminés. Sur les 50000 de ces « liquidateurs »
qui ont travaillé sur le toit du réacteur, 237 ont été hospitalisés et 32 sont décédés. En avril
2000, Viacheslav Grishin, président de la Ligue de Tchernobyl, une organisation basée à Kiev
qui dit représenter les « liquidateurs », déclarait que depuis 1986, 15000 d’entre eux étaient
morts et 50000 devenus invalides. Il s’appuyait sur une estimation controversée de
Tchernousenko basée sur le taux de cancers lié aux quantités de radiations auxquelles le
chercheur ukrainien supposait que les « liquidateurs » avaient été exposés.
a) Iode-131 et les pathologies thyroïdiennes
L'iode radioactif augmente la fréquence des cancers, des nodules et des
hypothyroïdies.
Fait indiscutable lié à l’accident de Tchernobyl : l’augmentation considérable d’un
facteur 10 à 100, depuis 1990 du taux naturel de cancer de la thyroïde. Une fréquence accrue
notamment chez l’enfant de moins de 15 ans, en Biélorussie, au nord de l’Ukraine et dans le
sud de la Russie. Au banc des accusés : l’iode radioactif incorporé dans l’organisme. Cet
élément se fixe préférentiellement dans les cellules de la thyroïde. La fixation est d’autant
plus grande pour une population présentant une carence alimentaire en iode.
Les grandes quantités d'iode radioactif dispersées lors de
l'explosion du réacteur ont entraîné des irradiations non
négligeables de la thyroïde. Un premier bilan a fait état de 17000
enfants avec plus de 1 Sv à la thyroïde, 6000 enfants avec plus
de 2 Sv et 500 enfants avec plus de 10 Sv. Pour les 117000
personnes des territoires strictement contrôlés de Biélorussie et
de Russie, la dose thyroïdienne moyenne a été de 0,2 Sv pour les
adultes.
La thyroïde
En 1996, en Ukraine et en Biélorussie, 800 cas de cancers de la thyroïde ont été identifiés
chez les enfants. Les premiers cancers de la thyroïde sont apparus en 1989, la période de
latence étant au minimum de 3 ans et pouvant s'étirer jusqu'à 15 ans. Selon le professeur
Anatolievitch (directeur de l'institut endocrinologique national à Kiev), le pic de la maladie
est à attendre à partir de 2002.
1800 cas de cancer de la thyroïde attribués à Tchernobyl ont aujourd’hui été
recensés. Dans les régions les plus contaminées, comme à Gomel (Biélorussie), cette
pathologie est 200 fois plus courante chez les enfants qu’en Europe de l’Ouest.
b) Mutations génétiques et malformations
Les enfants issus de familles exposées aux retombées radioactives de Tchernobyl présentent
un taux de mutations génétiques deux fois plus élevé qu'une population témoin de GrandeBretagne, selon une étude publiée dans la revue scientifique britannique Nature.
L'étude a porté sur 79 familles habitant la région hautement polluée de Mogilev
(Biélorussie), à 300 km de Tchernobyl, et leurs enfants nés entre février et septembre 1994.
105 enfants britanniques, non-irradiés, ont servi de groupe de comparaison, pour cette
recherche conduite avec des chercheurs d'ex-URSS de Mogilev et de Moscou à partir de
prélèvements de sang. Ces mutations affectent la ligne germinale, c'est-à-dire qu'elle
représente des dommages permanents de l'ADN transmissibles à la descendance, selon
Nature.
Il y a deux ans, Rosa Goncharova, de l’Institut de génétique
et de cytologie de Minsk, a indiqué dans une communication
que depuis 1986 les bébés nés avec des becs-de-lièvre, des
trisomies et d’autres anomalies avaient augmenté de 83%
dans les zones les plus contaminées, de 30% dans les
zones modérément contaminées et de 24% dans les zones
dites « propres ».
Un bébé malformé
c) Césium 137
Le césium 137 a la particularité de ressembler chimiquement au potassium. Aussi,
comme ce métal, se fixe-t-il facilement dans les tissus mous (muscles, reins, poumons, foie,
cœur, ...) ainsi que dans les tissus osseux des enfants. Comme tout corps radioactif, le césium
est susceptible, à plus ou moins long terme, d'induire des cancers.
En pratiquant des milliers d’autopsies, Youri Bandajevski et son équipe ont montré
que le césium 137 s’accumulait dans les tissus musculaires, à commencer par le cœur : 70%
des 2000 enfants contrôlés dans la zone très contaminée de Gomel (Biélorussie) souffrent de
pathologies cardiaques. La concentration de césium dans les reins provoque des
dysfonctionnements graves dès le bas âge. Le césium accumulé dans les muscles de l’œil
déclenche des cataractes : en 1997, à Svetlovici près de Gomel, 25% des 13-15 ans étaient
touchés. Pendant la grossesse, le placenta des futures mères stocke le césium qui irradie le
fœtus et à la naissance, elles nourrissent le bébé avec du lait contaminé. Les pathologies sont
variées, comme l'effondrement des défenses immunitaires.
De vastes zones de Biélorussie restent encore lourdement contaminées du fait de la
longue période du césium 137 (30 ans).
Bilan
a) En URSS
En tout et pour tout, 5 millions de personnes en URSS ont été exposées aux
radiations, essentiellement en Ukraine, Biélorussie et Russie. 135000 ont été évacuées et
soumises à des contrôles médicaux dans un rayon de 45 km. 850000 personnes vivent encore
dans les zones contaminées dans 1500 agglomérations. 119 villages ont été définitivement
abandonnés dans un rayon de 30 km autour de Tchernobyl, 3000 km² restant interdits car
contaminés à plus de 1600000 Bq/m² en dépôts de césium 137, essentiellement en
Biélorussie.
b) En France
La France a été divisée en trois régions :
l'ouest, avec moins de 750 Bq/m² de
césium 137 et 5000 Bq/m² en Iode 131 ;
une partie centrale recevant entre 750 et
3000 Bq/m² de césium 137 ; et l'est, la
plus contaminée, recevant entre 3000 et
6000 Bq/m² de césium 137 et 20000 à
50000 Bq/m² pour l'iode 131. Depuis
l'accident, la contamination n'a cessé de
décroître. Aujourd'hui elle est faible sur la
majeure partie du territoire.
Néanmoins, à l'échelle locale, l'activité de
césium 137 peut être deux fois supérieure
à la moyenne. Ce sont les zones très
arrosées (taches de contamination) entre
le 1 et le 5 mai 1986 correspondant
souvent à des zones forestières en haute
altitude et donc difficilement accessibles,
comme les Vosges ou les Alpes.
Par ailleurs, le risque de cancer de la thyroïde en relation avec les retombées de
Tchernobyl est faible. L'ISPN (Institut de Sûreté et de Protection Nucléaire) a calculé
pour un enfant de l’est de la France une dose à la thyroïde de 10 mGy à 16 mGy, c’est à
dire 10 à 1000 fois plus faible qu’une irradiation médicale. L’augmentation du
nombre de cancer de la thyroïde serait plus liée au progrès de dépistage. En effet, un
nodule thyroïdien n’est décelé cliniquement que dans 4 à 7% des cas pour les
populations où la carence alimentaire en iode a été corrigée (cas de la France).
Cependant, la Corse a été fortement touchée par les retombées de Tchernobyl. En ce
qui concerne l'iode 131 radioactif, on aurait pu protéger la population sans inconvénient
économique important puisque, du fait de sa courte période (8 jours), il aurait suffit de
transformer toute la production du moment en lait UHT à consommer plus tard pour
se protéger de l'iode 131 concentré dans le lait. Rien n'a été fait pour ne pas affoler la
population. On sait aujourd'hui que des enfants corses ont des problèmes thyroïdiens
mis en évidence par le docteur Lefauconnier qui, avec la CRII RAD, incrimine le nuage de
Tchernobyl.
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